La boite à musique

Prologue

J'ouvrais la porte. Je posais mon sac de courses puis avec ma main droite, je tâtais le mur pour trouver l'interrupteur. Une fois enclenché, les dalles lumineuses au plafond se mirent à éclairer la pièce d'une douce lumière blanche. Je venais d'entrer dans mon repère, dans mon antre. J'étais en sécurité ici. Cet endroit que j'avais bâti de mes mains quelques années plutôt, était le seul endroit où je pouvais me cacher dans New York. Personne ne viendrait me chercher ici. Et c'est dans cet endroit que je commençais ma nouvelle vie. C'est dans cet endroit que j'allais faire comprendre à toute l'Amérique qu'ils n'auraient jamais dû m'enfermer. Ou qu'ils n'auraient jamais dû me laisser m'échapper.

En effet, il y a une semaine, j'avais réussi à m'évader de la prison dans laquelle j'étais enfermé depuis longtemps, trop longtemps, c'est pourquoi je devais continuer à me cacher si je ne voulais pas qu'on me trouve. Cependant, ces quatre années enfermées, m'avaient quand même permises de mettre au point un plan diabolique. L'idée m'était venue dans la librairie de la prison, pendant que je lisais un roman de mon auteur préféré : Richard Castle. Et ma merveilleuse planque était l'endroit parfait pour mettre mon plan au point. Alors voilà, ça faisait déjà une semaine que j'observais mes futures victimes via des caméras que j'avais posé la première nuit après mon évasion. J'attendais le moment parfait pour mettre mon plan à exécution, même si j'étais de plus en plus pressé que ce moment arrive.

Ce matin j'avais pris le risque de sortir pour aller faire des courses. Je n'aimais pas sortir parce que je ne savais pas si les autorités avaient diffusé ma photo. Mais il me fallait des vêtements neufs parce qu'à part mon pyjama et ma combinaison de prison orange, je n'avais rien. J'étais donc sorti de ma cachette ce matin à la première heure, vêtu de mon pyjama tout troué. Je m'étais dit que les gens me remarqueraient moins si j'étais en pyjama que si je portais ma combinaison orange. Mais je n'étais pas suicidaire non plus. J'avais quand même pris un revolver au cas où les choses tourneraient mal. Et tout c'était bien passé. J'avais même pu m'acheter les provisions de nourriture dont j'avais besoin. Personne ne m'avait remarqué.

Je me réinstallais devant mon ordinateur. Rien n'avait bougé. Mes futures victimes étaient exactement au même endroit que là où je les avais vu avant de partir. J'étais déçu. Les personnes que j'avais choisi, étaient censées me donner du fil à retordre. Mais je m'absentais deux heures et rien n'avait changé. Je rangeais mes courses puis je mis une musique d'ambiance pour me changer un peu les idées. La matinée se passa tranquillement. Mes futures victimes ne bougeaient pas du bâtiment dans lequel elles se trouvaient ce qui me facilitait considérablement la tâche. La faim se fit sentir dans mon ventre. Je quittais mon écran deux minutes pour mettre ma pizza au four et avec l'espoir que quand je reviendrais, les choses auraient un peu bouger.

Lorsque ma pizza fut enfournée, je retournais à mon ordinateur. Rien n'avait bougé. Lassé, je décidais d'aller prendre une douche. En me levant de mon fauteuil, mon regard se posa sur les centaines de photos de mes victimes que j'avais faites cette semaine. Un petit sourire se dessina sur mes lèvres. J'aimais jouer à l'espion comme ça. J'adorais ce jeu. Surtout quand on savait avec quelles personnes je jouais ! Mais bientôt ces photos me seraient inutiles puisque presque toutes ces personnes seront là avec moi, et je pourrai enfin commencer à jouer. Pour de vrai. Mais je conserverais quand même ces clichés dans une boîte. Comme des trophées, des souvenirs. Et puis je les trouvais beaux. J'étais fier de moi. C'était de l'art. Tout ce que j'allais faire était de l'art. Certains me disent que je suis un meurtrier. Moi je trouve que je suis un artiste, et l'art, c'est beau. On ne devrait pas punir un artiste comme moi. Et j'allais leur prouver.

Une fois ma contemplation terminée, je me dirigeais vers la salle de bain. L'eau bouillante sur ma peau aida à me détendre un peu. Tout ceci me stressait terriblement. Mais si je me détendais trop, j'allais m'endormir. Alors sur un coup de tête, je tournais le robinet d'eau froide. Mes muscles se raidirent d'un coup sous l'effet de l'eau glacée. Au bout de quelques minutes, mes idées remises en place et mon cerveau bien éveillé, j'éteignis l'eau et sortis de ma douche. Puis je m'habillais et retournais dans la cuisine. Je pris ma pizza dans le four et retournais la manger devant mon ordinateur. L'après midi se déroula tranquillement elle aussi. Sur les coups de sept heures, les choses commencèrent à bouger. Je suivais mes futures victimes partout grâce aux caméras de New York que j'avais piraté. Au bout de vingt minutes, ils étaient tous rentrés chez eux. Ce petit bout d'action m'avait fait du bien. Et ce qui était encore mieux, c'est qu'ils étaient tous rentrés chez eux et qu'ils se trouvaient tous seuls. Ce soir était le bon, j'allais enfin pouvoir mettre mon plan à exécution. J'attendrais deux heures du matin et je passerais enfin à l'action. Je mettais mon réveil et sautais dans mon lit. Il fallait que je me repose un peu. Une longue nuit m'attendait.