Disclaimer : Les personnages et l'univers de Saiyuki appartiennent à Kazuya Minekura
rating : M (en raison des lemon même si c'est soft et même si j'ai longtemps hésité à mettre en T)
note de l'auteur : cette fic aura plusieurs chapitres. Etant récente dans l'univers de Saiyuki, j'espère ne pas avoir fait trop d'OOC et avoir pu cerner et retranscrire les émotions des différents protagonistes, même si ce premier chapitre est essentiellement sur Sanzô.
Merci de laisser vos commentaires, bons ou mauvais, c'est toujours riche d'enseignements et cela peut faire avancer l'auteur.
SAIYUKI - Une erreur de la nature
Chapitre 1
Au tout début de la route vers l'ouest
- Aïe
La douleur vive lui vrillait les tempes, lui transperçait le cerveau et le fit péniblement revenir à lui. La première chose qu'il vit était la lumière aveuglante et rougeoyante du soleil couchant qui se reflétait sur le plafond au-dessus de sa tête et qui lui fit refermer ses paupières avec une grimace de douleur. Il se rendit compte progressivement que les muscles de ses bras et de sa nuque le faisaient également souffrir. Lorsque la sensation douloureuse s'atténua enfin, il rouvrit ses yeux et tenta de se redresser. Un cliquetis de chaîne accompagna son geste, ce qui acheva de le réveiller tout à fait. Il souleva ses poignets devant ses yeux et constata la présence de bracelets métalliques reliés par une chaîne fixée dans le mur de la pièce où il se trouvait.
- Merde ! Maugréa-t-il tout en cherchant mécaniquement son paquet de cigarettes.
Il se rendit compte que sa tenue de moine avait disparu, de même que son sûtra, son revolver et son paquet de cigarettes.
- Merde ! Répéta-t-il de plus en plus irrité, une veine commençant à palpiter nerveusement sur son front. Goku ?
Aucune réponse.
- Gojyo ?
Idem ...
- Hakkaï ?
Idem ... c'était parfait ! Il était seul. C'était déjà çà, mais enchaîné sur un lit inconnu et sans clopes. Son regard améthyste parcourut la pièce qui semblait être la seule d'une maisonette sans doute perdue dans la nature. Comment était-il arrivé là ? Son dernier souvenir remontait au matin, alors qu'ils devaient tous reprendre leur route ...
Le matin même
- On y va !
- Sanzô ! Attends ! On n'a pas pris le petit-déjeuner !
- On y va !
- Mais Sanzô ! J'ai faim !
- Encore ! Tu viens de te taper la moitié des provisions qu'on a acheté hier, stupide singe !
- Qu'est ce t'as dit le kappa ?!
Hakkaï suivait la scène avec sa morgue et son sourire habituel tout en tentant de calmer ses deux compagnons. Sanzô commençait déjà à avoir la migraine alors que la journée ne faisait que commencer ... Il sortit son baffeur et distribua généreusement quelques coups sur les crânes des deux écervelés qui lui servaient de compagnons dans ce voyage insensé.
- La ferme, vous deux ! Je vous ai déjà suffisamment entendu pour aujourd'hui ! On y va ! Ne m'obligez pas à le répéter encore une fois !
Hakkaï leva les mains en signe d'apaisement devant un Sanzô toujours furieux.
- Gojyo n'a pas tort sur les réserves ... Goku les a déjà bien entamées et nous ne tiendrons pas jusqu'au prochain village.
Il n'obtint aucune autre réponse qu'un « Tss » de la part du blond qui tirait déjà comme un forcené sur sa clope.
- Je propose que vous alliez prendre le petit-déjeuner et je vous rejoins après avoir fait quelques courses ...
- Je vous donne une demi-heure et vous attend ici ! Fit le blond avec autorité en tendant la carte des trois divinités à Hakkaï avant de s'installer sur un banc situé à quelques mètres de là.
- Waouw ! Merci Sanzô ... tu viens le kappa, c'est par là les bonnes odeurs ! S'écria un Goku aux yeux illuminés de joie et suivit par un Gojyo grognon jusqu'à ce qu'il aperçoive la serveuse du restaurant.
Le silence retomba autour du moine qui écrasa sa cigarette nerveusement. Il s'en rallumait une autre lorsqu'il perçut un mouvement sur sa droite. Il fronça un sourcil tout en voyant une silhouette protégée dans un long manteau moir à capuche s'approcher de lui. Yokaï ? Non. Aucune aura maléfique n'entourait la silhouette assez frêle. Il se tranquillisa et la vit passer devant lui sans s'arrêter jusqu'à ce qu'il l'entende murmurer un nom que le vent emporta avec lui.
« Koryu »
Il cligna des yeux et se redressa aussi vivement que s'il avait été piqué par un scorpion. Impossible ! Qui osait prononcer ce nom ? La silhouette s'effaçait déjà au détour d'une ruelle et il courut pour tenter de la rattraper. Il la vit au bout de la ruelle et devina un sourire sur le visage à demi caché par la grande capuche noire.
« Koryu »
Le vent amenait à nouveau ce prénom vers lui.
- qui es-tu, enfoiré ? Hurla Sanzô en sortant son arme qu'il pointa dans la direction de l'inconnu qui disparut à nouveau de son champs de vision.
Il courut jusqu'à l'endroit et le revit plus loin. Ce petit jeu dura encore quelques minutes jusqu'à la sortie du village, à la lisière des bois, au pieds de grands et vieux cerisiers en fleurs. Il était essoufflé, aux aguets et extrêmement énervé.
- Montre-toi, enfoiré que je te bute !
Il entendit un bruit au-dessus de lui, leva la tête, tira plusieurs coups de révolver et s'écroula après avoir ressentie une intense douleur dans sa nuque. L'inconnu se tenait devant lui à présent.
- tu es solide, Koryu ... mais il est l'heure de dormir maintenant !
- Enfoiré, je vais te buter, hurla-t-il en visant l'individu qui donna un grand coup de pied dans le flingue et l'envoya valser dans les airs.
- Dors !
Ce fut la dernière chose que Sanzô entendit avant de sombrer dans l'inconscience suite à un coup de pied en plein visage.
A présent, c'était le crépuscule. Il voyait le coucher du soleil à travers l'unique petite fenêtre et le ciel prendre de chaudes couleurs orangées. Il tira sur les chaînes lui liant les poignets mais sans résultat. Elles étaient solides et bien ajustées, lui laissant juste assez de liberté pour pouvoir s'asseoir sur le lit.
Le martèlement dans ses tempes commençait à s'atténuer et sa vision devenait plus nette. Il y avait une table basse, deux chaises, une commode, un petit coin cuisine sous la fenêtre et une porte devant mener à une salle de bain minuscule. L'ensemble était à peine plus grand qu'une chambre d'hôtel en somme. Il reconnut sa tenue de moine soigneusement pliée sur la commode avec au-dessus son sûtra enroulé, son revolver et ses cigarettes. Le tout, hors d'atteinte évidemment.
Deux constatations. Il était vivant et son sûtra était toujours là.Ce n'était donc pas un yokaï à la solde Gyumao. Il ne lui restait plus qu'à attendre le retour de son geôlier et tenter de s'échapper. Mais qui osait l'appeler ainsi ? Il avait retourné la question une bonne centaine de fois dans sa tête lorsque la porte s'ouvrit à la volée sur la nuit et sur la silhouette sombre qui se découpait à peine sur l'extérieur plongé dans le crépuscule.
- Ah ! Je vois que tu es enfin éveillé ! J'ai du frapper un peu trop fort tout à l'heure ... je m'en excuse !
La voix le surprit. Elle était douce, légèrement rauque ... féminine ?! La porte se referma sèchement à cause du vent et l'inconnue déposa ses paquets sur la table avant de diriger vers la commode. Elle se saisit du paquet de cigarettes et le lança sans prévenir à Sanzô qui le rattrapa sans difficulté dans un cliquetis de chaîne. Elle fit de même avec le briquet et un cendrier.
- Ne m'en veux pas si je ne t'approche pas, Koryu ...
- La ferme !
- Mais je préfère éviter tant que tu seras dans cette humeur exécrable.
- La ferme !
Sanzô inspira une bouffée de la cigarette qu'il venait de s'allumer.
- C'est vrai que tu es désagréable, Koryu ...
- Assez !! hurla-t-il en jetant le cendrier dans la direction de la silhouette qui l'évita, le laissant s'écraser contre le mur dans un bruit mat.
Le mouvement fit glisser la capuche sur ses épaules, dévoilant un visage fin aux traits doux, aux yeux en amande avec des prunelles pourpres, encadré par une jolie chevelure châtain clair qui cascada librement jusqu'au milieu de son dos. Seule une longue mèche d'un rouge aussi vif que celui de Gojyo contrastait dans cette nuance douce. C'était bien une femme et s'il prenait en compte les critères d'un certain kappa libidineux, une très belle femme. Il s'était laissé avoir par ce petit bout de femme, tout juste aussi grand que Goku ? Cela le contraria encore d'avantage, si c'était possible. Mais comment ...
- Comment je connais ton véritable nom, Genjo Sanzô, autrefois nommé Koryu ? L'interpella la jeune femme en souriant. Nous avons deux ou trois choses en commun tous les deux mais nous y reviendrons plus tard ...
Il inhala encore une bouffée et resta silencieux tout en cogitant ces quelques mots. Il ne la connaissait pas, il en était sûr. Qui était-elle et pourquoi l'avait-elle attiré ici ? Elle le scrutait toujours, la tête légèrement baissée, les yeux fermés et un grand sourire fendant son visage.
- Je te répondrais plus tard pour tout cela ... mais d'abord il faut que je prépare le diner. Tu dois avoir faim et il faudra aussi que je soigne ta mâchoire.
Il ouvrit de grands yeux surpris. Il n'avait pas parlé à voix haute pourtant ou devenait-il fou ?
- Ah oui, je ne te l'ai pas encore dit ! Je peux lire dans tes pensées alors ne tente pas un coup tordu dans mon dos ... je me dépêche de préparer le dîner. Tu veux boire quelque chose ?
Elle avait pris l'une des canettes de bière posées sur la table et la lui jeta. Le cliquetis des chaînes accompagna à nouveau le mouvement du bras de Sanzô. Il lui jeta un regard torve avant de s'adosser au mur et d'ouvrir la bière.
- Je sais ... Tu vas me tuer. C'est aussi pour çà que tu es enchaîné car il est exclu que je meurs. J'espère que tu me comprends.
Elle le dévisagea avec le même sourire qu'un peu plus tôt avant de laisser glisser le manteau qui tomba au sol. Elle l'enjamba et s'affaira en cuisine avec la dextérité que Hakkaï aurait eu ... enfin sans doute, puisqu'il ne l'avait jamais vu faire et s'était contenté de déguster ses plats. Elle aurait été au goût de Gojyo, c'était certain. Elle était vêtue d'un pantalon de cuir qui soulignait ses jambes fuselée et ses fesses, d'un bustier de cuir lacé sur l'avant et de longs bracelets qui couvraient ses avant-bras. Comme lui, elle portait un bandeau noir autour de son front et sa mèche rouge retombait en boucle souple sur son visage.
- C'est sûr, je serais à son goût ! Commenta-t-elle en se tournant vers lui. Et je te plais ?
Il écrasa d'une main furieuse la canette de bière et lui jeta un regard menaçant.
- Garce ... Que me veux-tu ?
Elle leva la main en signe d'apaisement comme l'aurait fait Hakkaï, à ceci près qu'elle tenait un long couteau dans l'autre main.
- Désolée ... Je lis dans tes pensées et çà t'agace mais j'y suis obligée ... sinon je crains de te voir t'enfuir avant que nous l'ayons fait ...
- Nous n'ayons fait quoi ? Marmonna-t-il en se rallumant une cigarette.
- Mais notre enfant bien sûr ! Annonça-t-elle en éminçant une tomate.
La cigarette tomba sur son jean, tout comme sa mâchoire dut tomber sous le coup de la surprise. Il se reprit aussitôt et se dressa comme il put sur le lit, écumant de rage et tirant comme un fou sur les chaînes qui l'entravaient, laissant une marque rouge sur sa peau.
- C'est quoi ces salades, garce ?
- Inutile de monter sur tes grands chevaux, Koryu. C'est ainsi ! Garde tes forces ...
- Ne m'appelle plus Koryu ! Éructa-t-il de rage.
Elle fronça légèrement un sourcil et le dévisagea de son regard rouge sang.
- C'est ton nom ! Comment devrais-je t'appeler ?
- Je vais te tuer, garce !
- Peut-être un jour, murmura-t-elle soudain sérieuse, mais pas aujourd'hui. D'abord tu vas manger, je te soignerai puis ...
- çà suffit ! Qui es-tu, garce ?
Pourquoi fallait-il toujours qu'il tombe sur des folles furieuses lors de ce voyage ? Elle lui jeta un regard où il lut une profonde douleur juste avant que son caractère affable reprenne le dessus ... un peu comme Gojyo quand certains l'insultait en le traitant de métis, de malheur ambulant. Elle avait bien les yeux rouges mais les cheveux chatains clairs, avec une seule et unique mèche rouge.Elle devait suivre ses pensées puisqu'elle entortilla la mèche en question autour de son index.
- Oui, une seule. Je ne suis pas une vraie sang-mêlée, ni une vrai humaine ... plutôt une erreur de la nature ...
Elle se détourna et finit ses préparatifs en silence. Sanzô s'était rassis sur le lit. Il devait rêver, c'était cela ! Enfin, plutôt cauchemarder. Personne ne connaissait son nom, du moins parmi les vivants de ce monde. Comment cette « erreur de la nature » pouvait-elle le connaître ? Quant à son projet délirant !! Il s'alluma une nouvelle cigarette, tentant de se calmer et de raisonner froidement.
Le bruit d'un meuble que l'on poussait vers le lit attira son attention et il vit la table arriver devant lui. Elle y disposa tout pour le dîner et des odeurs appétissantes vinrent lui chatouiller les narines, lui rappelant qu'il n'avait rien mangé depuis la veille. Goku aurait été ravi par les différents plats. Elle prit place sur une des chaises, en face de lui, se tenant à bonne distance et commença à le servir avant de faire de même pour elle.
- Ce n'est pas empoisonné, précisa-t-elle. Et évite de tout renverser en donnant un coup de pied dans la table. J'ai faim et toi aussi, aussi évitons de gâcher de la nourriture quand tant de gens n'en ont pas.
Elle avait débité tout cela en continuant de les servir, sans même voir le pied qu'il levait pour envoyer valser la table.
- Quelle poisse, je sais ! Continua-t-elle en lui souriant toujours. C'est embêtant pour toi que je puisse ainsi lire à livre ouvert dans ton esprit, n'est-ce pas ?
- tss
Il grogna, croisa les bras et s'assit en face d'elle. Les chaînes lui permettaient de manger mais sans quitter le lit et elle s'arrangeait pour être toujours hors de portée. Si son regard améthyste aurait pu tuer, elle serait morte sur place.
- Tes amis viendront, mais pas tout de suite ... Je les ai orientés sur une mauvaise piste. Nous aurons donc tout notre temps, conclut-elle en lui décochant un nouveau sourire. Tu devrais manger un peu ...
- tss
Il lui décocha un autre regard meurtrier et commença à manger. En fait, elle cuisinait aussi bien que Hakkaï, ce qui n'était pas peu dire. Elle lui redonna une bière et en prit un également avant de finir rapidement son repas. Elle s'alluma une cigarette et exhala lentement la fumée, dessinant de petits cercles blanc gris qui s'élevaient et mourraient au-dessus d'eux.
- tu n'es vraiment pas bavard, Koryu ...
- Cesse de m'appeler comme çà, garce !
- Pff ... j'apprécie le silence et la solitude, mais comme nous sommes deux, nous pourrions bavarder un peu.
- Ferme-la ! Ou plutôt, dis-moi ce que tu comptes faire maintenant !
- Eh bien, d'abord soigner ta mâchoire endolorie avec ceci.
Elle s'était levée, cigarette aux lèvres et avait pris dans l'un des sacs un tube de pommade. Elle recula la table et se planta face à lui.
- Je crois qu'il est préférable que je raccourcisse tes chaînes ... tu ne parais pas bien disposée à mon égard.
Elle écrasa sa cigarette dans le cendrier et tira sur les chaînes, les faisant glisser dans les anneaux ancrés dans le mur. Il fut rejeté en arrière et se retrouva littéralement collé au mur, assis sur le lit, dans l'incapacité totale de bouger.
- Garce ! Cria-t-il encore une fois, le regard de plus en plus mauvais.
- Je sais ...tu es ennuyeux et tu te répètes ..
Elle s'installa à califourchon sur ses jambes, ce qui finit de l'immobiliser et souleva son menton. Ses prunelles rouges s'accrochèrent à celles améthystes du blond qui ne bougeait plus.
- Qu'y a-t-il ? Je te fais peur, Sanzô ?
Un rictus mauvais étira les lèvres du moine.
- Je n'aurais jamais peur d'une garce dans ton genre !
- Tss ... Je sais que tu n'aimes pas te retrouver sans défenses ... tu te sens vulnérable ...
- Ferme-là ...
- Garce ... oui, je sais. Mais j'ai un nom, même si tu t'en fiches ...
Elle bougea légèrement et se rapprocha encore de lui, de façon à ce que leurs visages se touchent presque. Elle ouvrit le tube et avec un geste lent et caressant, appliqua la crème sur la mâchoire douloureuse de Sanzô qui grimaça légèrement. Il voulut secouer la tête mais elle le maintenait fermement de sa main restée libre. Même si elle semblait de constitution fragile, elle était en fait étonnement forte, ce qui expliquait la facilité avec laquelle elle avait pu l'assommer, le transporter, l'enchaîner ici.
- Ma mère était une sang-mêlée ..; çà explique la couleur de mes yeux et de cette mèche et me donne plus de résistance et de forces qu'une femme ... disons ordinaire ...
Il ouvrit des yeux surpris, pour la seconde fois. Sa mère, une sang-mêlée ?
- Impossible ... je sais, répondit-elle en souriant à sa question silencieuse. On dit qu'ils sont stériles et pourtant, je suis bien là ... je te répète, je dois être une erreur de la nature ... et encore, tu ne sais pas tout ...
Ses doigts tièdes et agiles massaient délicatement sa mâchoire et sa joue droite marquées par son coup de pied. Il sentait une chaleur incontrôlable monter en lui et en éprouva un bref sentiment de panique ... qu'il calma en se mordant l'intérieur de la joue.
- Tu utilises toujours la douleur pour te maîtriser, Sanzô ?
Son regard violet vira au pourpre profond et il tenta de se libérer les poignets, voulant serrer son cou gracile jusqu'à entendre craquet ses os sous ses doigts. Cette idée lui arracha un sourire mauvais.
- J'ai bientôt fini. Tiens-toi tranquille, Sanzô, murmura-t-elle.
A priori, elle avait enfin abandonné le « Koryu » et cela le soulageait légèrement. Les doigts tièdes effleuraient à présent sa joue gauche, là-même où il s'était mordu.
- Ne me touche pas ...
- Garce ! Finit-elle en souriant toujours et en se rapprochant encore de son visage.
Elle se jouait de lui et cela le mit à nouveau en rage. Il ouvrit la bouche pour l'insulter une nouvelle fois mais il fut stoppé net lorsqu'elle posa sa bouche sur la sienne et qu'elle força la barrière de ses lèvres. Elle avait un goût de fruits et de de menthe, il avait un goût de tabac et d'alcool. Il n'eut pas le temps de réagir et sentit sa langue s'enrouler à la sienne alors qu'elle se pressait contre lui. Cela ne dura que quelques secondes mais il eut l'impression que ce fut bien plus long. Elle se décolla de lui tout en maintenant sa tête entre ses mains, les yeux vissés aux siens.
- Bien, très bien ... mais ...
Elle bondit avec souplesse en arrière, juste avant qu'il ne lève l'une de ses jambes pour la déloger. Elle atterrit gracieusement devant le lit et lui sourit.
- Tss, Sanzô ... n'aurais-tu pas apprécier cet avant-goût.
Elle passa sa langue sur ses lèvres et lui adressa un clin d'oeil coquin. Pour toute réponse, il cracha sur le côté et sourit en retour.
- Garce ! C'est tout ce que tu obtiendras de moi !
- C'est là que tu te trompes ! J'ai versé quelques gouttes de somnifères dans la canette que je t'ai tendue tout à l'heure ... pas de quoi t'assommer, juste de quoi faire taire cette agressivité décidément trop présente pour quelqu'un de ton rang ...
Elle agita devant lui une petite fiole qu'elle avait sorti de la poche de son pantalon.
- Non ! Cria-t-il, même s'il commençait déjà à ressentir les effets du sédatif.
Il avait soudain l'impression que son corps pesait des tonnes et il s'affaissa légèrement sous son propre poids. Elle sourit tout en s'excusant et détendit les chaînes avant de le coucher sur le lit et de s'asseoir à côté de lui.
- Tu as les cheveux si blonds ... aussi blonds que le soleil ... est-ce pour cela qu'il t'a recueilli ?
Il se força à ouvrir les yeux et réussit à lui saisir la main qu'elle passait dans ses cheveux.
- Ne me touche pas ! Souffla-t-il
- Tu ne t'avoues donc jamais vaincu, Koryu ? Murmura-t-elle à son oreille.
- Jamais ... surtout pas face à un adversaire assez lâche pour endormir sa victime ! Siffla-t-il en plantant ses yeux rageurs quoique plus flous dans les siens. Elle recula un peu et il vit une lueur blessée traverser ses prunelles rouges. Mais elle se reprit et sourit encore, tout en lui caressant la joue avec tendresse ... Elle s'alluma une cigarette et exhala la fumée la suivant des yeux, pensive avant de la lui mettre entre les lèvres. Il inhala une longue bouffée, espérant que cela suffirait à le sortir de cette espèce de torpeur cotonneuse dans laquelle il se trouvait. A choisir, si elle devait mener son projet à son terme, il aurait préféré s'endormir.
Lorsqu'il rouvrit les yeux, il la vit juste au-dessus de lui. A choisir l'un des quatre, pourquoi n'avait-elle pas pris pour cible le kappa libidineux aux cheveux rouges. Il aurait été ravi de servir de cobaye enchaîné à cette mante religieuse.
- Il est très beau ... mais il n'est pas Sanzô, murmura-t-elle en lui embrassant l'oreille puis en descendant dans son cou.
Il retint son souffle lorsqu'elle effleura son torse et qu'elle passa sa main sous son tee-shirt noir.
- Ne me touche pas, garce ! Répéta-t-il faiblement en tentant de lever un bras pour la repousser sans y parvenir
Enfer ! Il n'y avait plus rien à faire !
- Je suis désolée d'en arriver à ce point ... je préfèrerais que tu sois plus vif, mais tu ne te laisserais pas faire, soupira-t-elle.
Elle lui saisit sa main pour y déposer un rapide baiser avant de la poser au creux de ses reins tout en se serrant contre lui.
- Koryu ... Pourquoi repousses-tu avec tant d'acharnement tous ceux qui pourraient faire tomber les défenses que tu as dressées autour de ton coeur ?
Il hoqueta alors que le parfum discret de la chevelure châtain de la jeune femme lui emplissait le nez. Ses caresses légères commençaient à le faire frémir. Son corps affaibli le trahissait. Chacun de ses muscles se détendaient progressivement au contact du corps tiède de la jeune femme. Elle pesait à peine sur lui et involontairement il resserra son étreinte. Elle semblait fragile et sans défenses alors que c'était lui qui l'était.
- pourquoi moi ? Chuchota-t-il en cherchant toujours à lutter pour rester éveillé et lutter contre ces sensations qui montaient en lui.
- parce que tu es Sanzô, répondit-elle sur le même ton. Parce que je n'ai eu que le choix de l'homme et que tu me plaîs avec ton caractère de chien et tes cheveux solaires ... parce qu'il t'a choisi ...
- il m'a choisi ? ... qui ?
Il ne put finir car elle l'embrassait à nouveau, sans se presser, tout en douceur, comme si elle se souhaitait pas l'effrayer. Egaré par les effets nébuleux du sédatif, trahi par son corps qui ne répondait plus à sa raison et désarmé par cette douceur qu'elle opposait à chacune de ses insultes, il se laissa faire avant de prendre part à ce baiser. Elle soupira et se recoucha contre lui tout en lui caressant les muscles fins mais biens dessinés des bras, des pectoraux.
- Je suis partagée, murmura-t-elle. Je ne sais pas si j'apprécie vraiment ce Sanzô là... celui qui se laisse faire, sans forces ...
- Tu n'aurais rien dans mon état normal, garce ...
- Je sais. Mais à présent, t'y forcer me donne quelques scrupules.
- Alors laisse-moi partir ! Cria-t-il avec une force qui la surprit.
- Je ne peux pas.
Il sentit ses larmes tièdes couler et s'interrogea sur la raison de ces larmes soudaines. C'était le monde à l'envers !
- Je dois le faire ! Je n'ai pas le choix !
Il la vit se relever et commencer à ôter l'un après l'autre ses vêtements jusqu'à se retrouver nue devant lui. Il détourna les yeux mais son image s'était imprimée dans son cerveau. Elle était parfaite selon les critères de quelque humain que ce soit ... ou quelque montre ... ou quelque kappa. Elle s'approcha de lui et se remit à ses côtés, leux peaux juste encore séparées par les vêtements qu'il portait. Il serra les dents à ce contact qui faisait naître en lui des sensations nouvelles et contradictoires.
- Laisse-toi faire, Koryu ... Je te promets que tout se passera bien et que tu oublieras jusqu'à mon existence après çà ...
- Garce ... laisse-moi ! Tenta-t-il encore une fois luttant autant contre lui-même que contre elle.
Son corps ne lui obéissait pas. Il était lourd et s'échauffait au contact de la jeune femme qui caressait chaque parcelle libre de sa peau. Ses doigts glissèrent sous le tee-shirt noir et le remontèrent. Ses lèvres suivèrent le même chemin, le laissant hors d'haleine et frissonnant. Il ne savait même plus si cela lui plaisait ou le dégoûtait. Son esprit semblait s'éloigner toujours plus de son corps qui agissait de sa propre volonté. Son bras la serra un peu plus contre lui dans un léger cliquetis de chaîne. Elle les regarda et effleura du bout du doigt les marques rouges laissées par les fers sur ses poignets.
- Je suis désolée, murmura-t-elle à nouveau en croisant le regard améthyste.
Elle y lut de la résignation, de la colère et du désir mêlés et lui sourit avec douceur. Ses mains se posèrent sur son jean avant de le faire glisser le long de ses jambes ... opération qui fut assez difficile en raison de la résistance du blond. Son regard améthyste s'était légèrement affolé quand il se retrouva en tee-shirt, impossible à ôter en raison des chaînes. Elle s'installa à califourchon au-dessus de lui et prit sa tête entre ses mains avant de l'embrasser avec tendresse. Sa langue jouait avec la sienne. Ses prunelles rouges s'excusaient encore pour elle. Les mains de Sanzô se posèrent dans le creux de ses reins et remontèrent le long de son dos en caresses maladroites. « traître ! » jura-t-il pour lui-même.
Ils s'interrompirent à bout de souffle et elle sentit la preuve du désir enfin éveillé du jeune moine. Elle poursuivit ses caresses lascives avec ses mains, ses cheveux et l'ensemble de son corps. Elle soupira lorsqu'il osa des caresses plus osées sur son corps. Enfin, il se libérait malgré lui de son carcan de dureté. Elle se glissa sur lui et il s'enfonça en elle. Il eut un hoquet de surprise et elle émit un gémissement d'aise en imprimant un mouvement de va-et-vient de plus en plus fort. Elle sentit le corps de Sanzô se tendre et son souffle devenir plus saccadé et rapide ... elle sentit ses ongles s'enfoncer dans son dos et la griffer ... il tentait toujours de se maîtriser.
- Laisse-toi aller, Koryu ... une fois dans ta vie ...
Il secoua la tête, sa conscience tentant de reprendre le dessus sur son physique. Mais elle ne le laissa pas faire et accéléra encore son rythme, l'embrassant avec ferveur. Il se laissa gagner par sa fougue et lui rendit son baiser avec fièvre alors même qu'il rendait les armes au même moment qu'elle. Elle s'écroula sur lui et sentit son souffle saccadé et les rythmes affolés de son coeur. Leurs corps étaient recouverts d'une fine sueur. Elle le sentit bouger et vit son regard améthyste fixer le sûtra, sa tenue de moine et son révolver. Elle n'aurait pas su dire ce qui lui manquait le plus à ce moment.
- Laisse-moi seul ! Murmura-t-il sur un ton acerbe.
- Je n'ai ...
- Laisse-moi ! Hurla-t-il en la repoussant avec violence.
Les effets du sédatif commençaient à se dissiper et il attrapa le paquet de cigarette et le briquet tombés à terre. Elle se redressa de toute sa hauteur et le dévisagea une lueur furieuse dans ses prunelles flamboyantes. Ses joues étaient encore roses. Elle prit une couverture et la jeta sur Sanzô qui la repoussa d'un geste sec.
- Tu as peur de me voir à présent ? Grogna-t-il avec colère.
- Non, Koryu ... ne fais pas çà ...
- pas quoi ? Et ne m'appelle plus ainsi !!
Le briquet passa à quelques centimètres de son visage et s'écrasa contre le mur.
- Tu as eu ce que tu voulais, garce ... Alors casse-toi et fous-moi la paix !
La gifle magistrale qu'il reçut le surprit mais ne le figea pas. D'un mouvement souple, il l'attira vers lui et la bascula sur le lit, emprisonnant ses mains dans l'une des siennes et posant l'autre sur son cou. Elle le dévisagea vaguement affolée alors qu'elle sentait les doigts se resserrer. Comment pouvait-il être déjà aussi vif avec la dose de sédatif qu'il avait pris ?
- Je crois que tu as oublié ta prudence ! Siffla-t-il, plus mauvais que jamais.
- Non, je ne peux plus lire dans ton esprit ... je suis ... c'est une question de fatigue ... tu me fais mal, geignit-elle.
- çà ne fait que commencer, garce ! Qui es-tu ? Comment connais-tu mon nom ?
- C'est mon père qui me l'a appris ... suffoqua-t-elle tout en tentant de se libérer. Laisse-moi, je t'en prie Koryu ...
Les doigts se resserrèrent d'avantage et elle crut sombres dans l'inconscience mais un claque la fit revenir à elle.
- Oh non ! Cracha-t-il furieusement. J'attends des réponses et tout de suite !
- Ma mère est partie quand elle était enceinte ... et mon père a été élu à une importante fonction ...
- ton histoire ne m'intéresse pas ! Comment connais-tu mon nom ?
- Il t'a recueilli quand il était Sanzô ... et nous écrivait ... c'est comme çà que ... aïe ...
- Arrête de mentir ! Hurla-t-il en serrant toujours plus fort le cou gracile.
La tête de la jeune femme commençait à dodeliner et ses paupières se fermèrent.
- c'est la vérité ... Il était amené à avoir cette fonction ... c'est sûrement pour çà que j'ai pu naître d'une sang-mêlée ... c'était mon père, même s'il ne m'a jamais vue ...
Les larmes coulèrent le long de ses joues et elle ferma ses yeux, sombrant dans l'inconscience.
- Non ! Cria-t-il en la secouant furieusement. Tu mens ...
Il se rendit compte qu'elle ne bougeait plus et cessa de la secouer, relâchant son cou. Des marques rouges apparaissaient déjà sur sa peau claire.
- Merde ! Cria-t-il
Il faillit jurer une seconde fois lorsqu'il s'aperçut qu'elle était toujours nue sous lui et s'empara de la couverture pour la couvrir avant de renfiler son jean. Opération rendue délicate à cause des chaînes qu'il portait toujours. Il voulut ensuite s'allumer une cigarette mais se rappela avoir jeté le briquet un peu plus tôt. Son rire sans joie le surprit lui-même. Tout allait de mal en pis ! Il jeta un regard de biais à la jeune femme toujours inconsciente ; son cou allait bleuir, c'était certain. Il y avait été fort mais avait cru devenir fou lorsqu'elle avait parlé de son maître, qu'il considérait comme son père. Ce n'était pas possible ! Il avait eu une enfant avec une sang-mêlée ... « c'était mon père même s'il ne m'a jamais vue ! » avait-elle crié. Etait-ce vrai ?
Il prit entre ses doigts une mèche châtain clair de la jeune femme. Il devait bien reconnaître que c'était l'exacte couleur de celle de son maître ... elle avait le même sourire également. Elle gémit faiblement dans son sommeil et se tourna vers lui sans le vouloir. Il vit la marque rouge que sa main avait laissé sur sa joue et l'effleura. Malgré tout ce qui s'était passé, il ne se sentait pas particulièrement fière de l'avoir frappé. Il retira sa main et grogna ; il avait besoin d'une clope et vite ...
La jeune femme s'éveilla après quelques heures. Elle toucha machinalement son cou et s'aperçut que Sanzô la fixait de son regard améthyste si profond. L'aube naissante se reflétait sur ses cheveux et auréolait son visage de lumière.
- Je comprends qu'il t'ait pris pour le soleil, chuchota-t-elle avant de sauter sur ses pieds pour s'enfuir loin de lui.
Mais elle se prit les pieds dans la couverture et chuta lourdement au pied du lit Un cliquetis métallique accompagna le bruit de sa chute et elle se rendit compte qu'il avait tenté de la rattraper par le bras. Leurs visages étaient à nouveau si proches qu'elle eut le souffle coupé en se noyant dans ses prunelles la couleur si particulière. Il semblait hésiter, attendre quelque chose d'elle ... mais quoi ? La douleur à son cou la ramena à la réalité et elle battit prudemment en retraite pour s'enfermer dans la salle de bains après avoir ramassé ses vêtements éparpillés autour du lit. Sanzô entendit l'eau couler longuement puis attendit encore un moment avant de la voir sortir, vêtue et le sourire à nouveau vissé aux lèvres. Sa joue était rouge et son cou prenait une couleur bleue, lui rappelant sa brutalité.
- Ce n'est rien, avança-t-elle en lui jetant un briquet. J'ai déjà connu pire et je n'ai pas été prudente. Du café ?
Il attrapa le briquet et grogna un « hmf » qu'elle prit pour un oui.
- Quand vas-tu me libérer de ces chaînes ? Fit-il sur un ton cassant.
- dès que tes amis seront en vue. Ils ne devraient plus tarder à présent, répondit-elle avec un sourire en lui tendant une tasse fumante et plus surprenant , ses affaires. Je vais devoir sortir car quelques yokais, une dizaine je crois bien, sont dehors ... à ma recherche ou à la recherche de ceci.
Elle désigna le sûtra tout en buvant tranquillement son café. L'arrivée des yokais ne semblait pas le moins du monde la perturber. Elle finit son café, rinça la tasse, s'empara d'un arc et ajusta un carquois dans son dos.
- Je vais régler ce problème, tu as de quoi te défendre maintenant.
Elle entendit le cliquetis sec de l'arme dans son dos mais ne se retourna pas, la main sur la poignée de la porte.
- Je sais que tu en as envie Sanzô, mais tu es encore empli de doutes suite à notre conversation ... alors je sais que tu n'en feras rien ...pour aujourd'hui ... Je reviens dès que j'ai fini !
Elle se retourna et lui fit un petit signe de la main, la tête inclinée, les yeux clos et un grand sourire sur les lèvres avant de sortir.
Les bruits de combats s'élevèrent aussitôt au-dehors et il soupira agacé. Malgré ce qui s'était passé il ne pouvait laisser une femme seule face à dix yokais qui en avaient sans doute après lui. Pourquoi l'auraient-ils pourchassée elle ? Deux coups de revolver firent sauter ses chaînes et il s'habilla en hâte avant de sortir pour faire face à un spectacle incroyable.
Trois yokais gisaient déjà à terre, transpercés par des flèches. Un quatrième tomba à ses pieds et il la vit. Agile, gracieuse et surtout rapide, elle visait et tirait avec la précision d'un métronome. Deux autres périrent sous ses coups mortels et elle avait toujours conservé son sourire.
- C'est le moine Sanzô ! Cria l'un des yokais survivants en se précipitant sur lui.
Il s'écroula d'un coup de révolver qui surprit la jeune femme. Elle se retourna vers lui quelques secondes ... quelques secondes de trop où elle fut balayée par un yokai qui la renversa à terre. Il fut aussitôt transpercé d'une balle tout comme ses deux compagnons encore vivants. Sanzô la visa et la tint en joue alors qu'elle se relevait, a priori très contrariée par sa présence.
- Evidemment tu en as profité pour te libérer ... c'est pas très loyal, puisque j'étais sortie pour te défendre !
- tss ... je sais me défendre tout seul ...
Elle commença à récupérer ses flèches, se moquant royalement du flingue pointée sur elle.
- Et pourquoi as-tu interrompu mon combat ? Je maîtrisais parfaitement la situation !
- Tss ...
Elle finit de récupérer ses flèches et les rangea dans son carquois avant de s'allumer une cigarette.
- Baisse ton arme, Koryu ! Lança-t-elle. Je sais que tu ne vas pas me tuer et je n'ai aucune intention belliqueuse à ton égard ... alors relax !
Il visa et tira vers elle. La balle siffla à gauche de son oreille sans la toucher mais sans qu'elle ne fit un seul mouvement pour l'éviter. Au contraire, elle avança vers lui et la maison.
- Tss ... grommela-t-il tout en s'allumant une cigarette.
- Je rentre pour préparer un petit-déjeuner. Tes compagnons de voyage auront sûrement faim et soif après t'avoir cherché durant presque vingt-quatre heures ... surtout Goku ...
Elle passa devant, ignorant totalement l'arme sous son nez, ce qui énerva passablement Sanzô qui la suivit. Après tout, s'il l'avait voulu, il l'aurait déjà tuée ou laisser tuer par les yokais au lieu de lui sauver la vie. Il se retroouva face à une tasse fumante et n'eut d'autre choix que de poser l'arme sur la table pour la prendre.Si la situation de la nuit lui avait parut incontrôlable et insensée, celle du matin était carrément irréelle. Elle était là, préparant quantité de plats avec dextérité et rapidité, après avoir liquidé des yokais et lui était assis là, à la regarder faire. Ahurissant ! Elle lui jeta un journal sur la table en souriant.
- Je sais que tu aimes lire le matin ou le soir d'ailleurs ... Il est d'hier mais bon, çà t'occuperas bien mieux que broyer du noir.
Il lui jeta un regard noir avant de se saisir du journal et de commencer sa lecture. Durant environ une heure ils restèrent ainsi et n'échangèrent pas un mot. Un vrombissement motorisé se fit entendre au loin. Elle jeta sa cigarette par la fenêtre, prit son carquois et ses flèches, son sac et son manteau et sourit à Sanzô qui la braquait à nouveau de son arme.
- Je pars, Sanzô ... Peut-être nous croiserons-nous un jour ...
- Nous n'en avons pas fini !
- Me concernant, si. Et range ton arme ... tu vas finir par blesser quelqu'un sans le vouloir ...
- La ferme, garce !
- Tu es ennuyeux, Sanzô ... tu te répètes ...
Elle lui fit un signe de la main et sortit, se portant tranquillement au-devant des trois acolytes du moine qui lui coupèrent la route. Sa capuche s'envola et ses cheveux cascadèrent dans son dos.
- Wow !! murmura Gojyo en sautant de la voiture. Hello belle brune ... C'est à toi qu'on doit tous ces tours et détours ?
Elle se rapprocha de lui et lui prit le menton entre le pouce et l'index tout en lui adressant un sourire charmeur.
- Bonjour, Gojyo ... tu es toujours aussi attirant ... et aussi charmeur ... Combien en as-tu donc mis sous tes draps depuis tout ce temps ?
Il ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes, surpris d'être battu sur son propre terrain.
- On se connaît ?
- On peut le dire comme çà ...
- Qui t'es toi ? Où est Sanzô ? Les interrompit Goku en pointant son bâton devant elle.
- Oh, le singe ! Tu vois pas que je discute avec la demoiselle, là !
- Ferme-la kappa pervers ! Je veux savoir où est Sanzô ! Sanzô ! Sanzô !
Il continua de l'appeler plusieurs fois jusqu'à ce qu'un gargouillis d'estomac l'interrompe.
- Oh ... J'ai faim !
- Je m'en doutais un peu, aussi vous ai-je préparé un bon et copieux petit-déjeuner à l'intérieur ... pour m'excuser de vous avoir fait courir toute la nuit !
- Waouw ! Un vrai petit-déjeuner !
- Ferme-la donc un peu, con de singe ! Fit Gojyo en lui tapant sur la tête. Je croyais que tu t'inquiétais pour ton moine pourri !
Ils continuèrent leur dispute sous le regard amusé de la jeune femme et de Hakkaï venu à sa rencontre, Hakuryu perché sur son épaule.
- Veuillez les excuser, mademoiselle. Ils sont comme d'habitude. C'est bien vous qui avez entraîner Sanzô ici ?
- Oui, effectivement ...
- Je suppose qu'il va bien puisque vous n'avez pas pris la fuite à notre arrivée.
Elle répondit à son sourire et s'inclina devant lui avec respect.
- Aussi bien que d'habitude en tout cas. Prenez bien soin de lui, tous les trois ... et de vous trois aussi ... tant d'espoirs reposent sur vous ! Bon appétit et au revoir ...
Elle s'inclina à nouveau devant lui et partit rapidement sous son regard émeraude étonné et celui de Sanzô qui était sur le seuil de la maisonnette. Hakkaï le rejoignit.
- On dirait que tu vas bien, Sanzô et que tu as toujours le sûtra ... Ce n'était donc pas un assassin de Kô ou Gyumao ...
- Vous avez mis le temps pour venir ! Marmonna le moine d'une voix peu amène.
- Sale kappa pervers !
Con de singe !
Ces deux remarques firent sortir Sanzô de ses gonds et il tira deux coups en direction des querelleurs qui blêmirent avant de s'approcher de lui.
- On dirait que notre moine va bien ! Grommela Gojyo. Tu connais cette beauté ?
- Waouw ! Quel festin !
Goku venait de repérer le petit-déjeuner sur la table.
- Mais tu la connais, Sanzô ? Répéta-t-il à la suite de Gojyo
- Non ! Grommela le blond en s'allumant une cigarette et en suivant la silhouette qui disparaissait au bout du chemin.
- Mouais, fit Gojyo. Tu la connais pas et vous passez tous les deux la nuit ensemble, seuls au milieu de nulle part !
- Encore un mot et je te bute !
- C'est quoi son nom ? Elle cuisine drôlement bien ! Venez goûter !
La voix enthousiaste de Goku fit sourire Hakkaï qui jeta un coup d'oeil à Sanzô.
- Une erreur de la nature, murmura le blond pour lui-même avant de lancer d'un ton sec. On y va ! On a de la route aujourd'hui ...
à suivre ...
merci par avance d'avoir tout lu ... et pour une petite review ...
