Disclaimer : Les personnages et l'univers de Torchwood appartiennent à leurs créateurs.
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Traduction de la fic de Zephyras13 (avec son autorisation): To the sticking place.
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La première fois que j'ai lu cette histoire j'ai eu vraiment le coup de foudre. Pour moi il s'agit d'une des plus belles, des plus abouties, des plus originales et des plus réussies fics que j'ai lu en Anglais. C'est vous dire comme je l'ai aimée. Il s'agit d' UA. On retrouve les épisodes et les événements de Torchwood mais de façons différentes et pas nécessairement dans le même ordre chronologique que la série ainsi que de nombreuses références à Dr Who. Le texte est pratiquement tout au présent mais on s'y fait. D'ailleurs je trouve que cela ajoute quelque chose de plus à l'histoire, à vous de voir. J'espère que vous lui ferez bon accueil.
Comme d'habitude un grand merci à Alpheratz pour son aide.
Bon, j'arrête mon bla-bla et je vous souhaite une bonne lecture!
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Texte au présent- Univers Alternatif- Slash- Bisexualité- Violence caractéristique- Angst-Multi pairing-Romance.
Rating M
Jack/Ianto
Chapitres : 6
Nombreuses références aux épisodes Torchwood et Dr Who.
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Comme je le signale désormais dans toutes mes fics, ou traductions il n'y a rien qui m'agace plus que les gens qui mettent mes histoires dans leurs favoris ou dans leur Alert story ou je ne sais quoi encore sans même me laisser un petit message pour me dire ce qu'ils en ont pensé, et puis surtout pour remercier l'auteur, Zephyras13 pour son travail. Bon, je sais que je ne peux rien y faire mais à chaque fois ça me fait un peu grincer des dents, voilà. Les reviews c'est quand même encourageant. Je ne sais pas pour vous mais pour moi c'est important de savoir ce que les gens pensent de mes histoires ou traductions !
D'autre part le site n'est-il pas basé sur un "échange auteur-lecteur" ? Sinon et bien on prend et on ne donne pas et ça c'est quelque chose que j'ai du mal à supporter alors si vraiment vous ne voulez pas reviewver j'aime autant que vous ne mettiez pas mes fics dans vos favoris, ça m'évitera un sentiment de frustration à chaque fois.
Rating M
To The sticking place
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Chapitre 1
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Macbeth:
If we should fail?
Lady Macbeth:
We fail?
But screw your courage to the sticking place,
And we'll not fail.
Macbeth Act I, Scene 7
To the Sticking place
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Jack vociférant au téléphone n'est pas inhabituel, mais après dix minutes d'insultes à répétition, Suzie Costello soupire et gravit les escaliers pour lui dire de la fermer parce que cela terrorise la nouvelle recrue qui est morte de trouille.
-...n'avez pas le droit d'interférer dans la manière dont je dirige les choses ici ! Suzie s'approche suffisamment pour distinguer ses paroles. Qu'est-ce que j'en ai à foutre, Hartman! Ne vous mettez pas dans la tête que vous pouvez entrer ici comme dans un moulin et nous les briser...Oh, je vous en prie, ce n'était pas la fin du monde ! Nous avons très bien réussi à repousser ces Caxtarids sans votre aide ni celle de l'UNIT !
Suzie ouvre la porte doucement, prenant soin de ne pas faire de bruit et se glisse dans le bureau de Jack aussi discrètement que possible, même si elle n'a pas besoin de se soucier de déranger son patron qui est beaucoup trop occupé avec son dernier d'une longue lignée de coups de fils avec la garce d'administratrice de Torchwood Un, Yvonne Hartman pour ne pas la nommer.
-C'est mon équipe, gronde Jack dans le récepteur. Sa main serre le téléphone si fort qu'on dirait qu'elle va se briser, et elle est aussi compétente en combat au corps à corps qu'au maniement des armes à feu. Nous ne voulons pas d'un de vos robots psychotiques, xénophobes et énervants. Je préfèrerai prendre des Caxtarids, des Plasmavores et même des Daleks plutôt qu'un de vos déchets assassins dans ce...Qu'est-ce que vous dites? Je n'ai pas le choix ? Qu'est-ce que vous allez faire ? Me tuer ?
Suzie blêmit et résiste à l'envie d'arracher le téléphone de la main de Jack avant qu'il ne fasse plus de dégâts. Autant Torchwood Trois est fondamentalement autonome, autant Torchwood Londres a le pouvoir de leur rendre les choses plus difficiles s'ils le veulent. Bien que ce soit pour des raisons différentes Suzie veut aussi peu d'ingérence de Torchwood Londres que Jack. Elle aime l'ambiance chaotique et le manque total de bureaucratie de l'endroit avec un patron qui ne se soucie pas des protocoles et des règlements. Elle croise nerveusement les bras sur sa poitrine et observe le Capitaine par dessus l'énorme pile de paperasse délaissée sur son bureau, le maudissant pour ce truc dingue qu'il a fait, attirant par là les foudres de Torchwood Un sur eux.
Tout à coup le visage de Jack s'assombrit de rage et il bondit sur ses pieds.
-La Reine a dit quoi? Hurle t-il.
Suzie est prise d'une sueur froide.
-Que se passe t-il, Jack ? Questionne t-elle.
Il lui jette un rapide coup d'œil mais ne répond pas.
-Elle ne peut pas faire ça, dit-il à la fois désespéré et en colère. Il y a une putain de Faille dans le temps et l'espace ici! Comment est-on censé faire ce putain de job si elle nous coupe les vivres? Et vous, qu'est ce vous lui avez dit, bordel ?
-Jack, murmure Suzie.
-Vous...Gronde Jack tremblant de fureur. Vous...Comment osez...Vous êtes...Il se creuse la cervelle pour trouver un mot exprimant sa rage et finit par hurler quelque chose dans une langue que Suzie ne connait pas avant de reposer brutalement le téléphone sur son bureau, faisant tomber et s'éparpiller au sol la pile de documents.
-Bordel ! Hurle t-il en passant la main dans ses cheveux. Putain de nom de dieu!
-Jack ! Crie Suzie commençant à être sérieusement inquiète, que se passe t-il ?
-Apparemment, après cinq putains d'années il parait que nous sommes en sous-effectifs, siffle t-il, en frappant du poing sur le bureau en chêne. Maintenant elle décide de nous "donner un coup de main".
-Nous allons avoir de nouveaux membres ? En déduit Suzie, se demandant en quoi c'est un problème. En quatre ans de Torchwood elle n'a jamais vu Jack aussi en colère.
-Hartman, cette peau de vache, grogne le Capitaine en faisant des va et vient devant la paroi vitrée de son bureau. Elle a convaincu la reine que nous sommes une sorte de... filiale incontrôlable et maintenant si nous refusons le transfert elle nous coupera les fonds !
-Tu crois qu'ils vont nous envoyer des espions ? Demande t-elle en s'avançant près du bureau de Jack. Elle voit par la fenêtre Owen et la nouvelle technicienne, Toshiko observant avec inquiétude la scène se déroulant au dessus d'eux.
-Je connais leurs espions, répond Jack en grinçant des dents de manière peu séduisante. J'aurai pu faire avec de foutus espions, mais Hartman a décidé que nous avions besoin d'agents de terrain et elle nous envoie de Londres un de ses...assassins! Il cracha le mot comme un blasphème. Il y a une raison pour laquelle je n'ai plus de contacts avec Torchwood Un depuis que j'ai pris le contrôle ici. Ils tirent et posent les questions après et "si c'est des aliens, c'est pour nous". Ce sont tous des branleurs xénophobes. Et maintenant ils nous en envoient un.
Il s'écroule sur sa chaise et se penche sur son bureau, la tête dans les mains.
-Elle est en train d'essayer de détruire tout mon travail. Juste quand j'ai enfin remis cet endroit d'aplomb...Elle nous envoie un de ses meilleurs agents, vraiment !
Suzie observe le Hub à travers la paroi de verre, crasseux et en désordre, comme d'habitude, le bureau d'Owen et la technicienne tremblante derrière son ordinateur ( Dieu, elle n'est là que depuis une semaine et déjà ses manières de petite souris craintive hérissent Suzie). Elle se demande ce que l'agent de Torchwood Un, habitué à la tour rutilante de Canary Wharf va penser de cet endroit.
Plus tard, quand Yvonne Hartmann lâche enfin le nom, Suzie est quelque peu déçue quand Jack dégote le dossier de Ianto Jones. La plupart du contenu est classé secret, même les circonstances de son recrutement, mais il n'a que vingt-deux ans. Presque un bébé. Elle n'a pas honte d'admettre qu'elle aurait souhaité quelqu'un d'un peu plus excitant.
Mais quand Jack se débrouilla pour extorquer d'autres informations auprès de vieux amis, elle regretta aussitôt son souhait.
Ils savent. C'est la première pensée qui traverse l'esprit de Ianto Jones à l'instant où il est présenté à l'équipe des quatre membres qui composent Torchwood Trois. La réaction haineuse du Capitaine Jack Harkness quand Ianto le rencontre sur la Place n'est pas étonnante car tout le monde à Torchwood Un sait que le Capitaine méprise de près ou de loin tout ce qui a un rapport avec la maison mère, mais les regards d'horreur, de dégout, de répugnance et de crainte qu'il reçoit de l'équipe quand il entre dans le Hub par ce ridicule et impraticable ascenseur invisible ne peuvent être ignorés. Ianto n'est pas particulièrement surpris qu'ils soient parvenus à découvrir cette information classée secrète dans son dossier mais il mentirait s'il niait avoir espéré prendre un nouveau départ à Cardiff.
Torchwood Cardiff est un désastre, pense t-il avec dédain, tout en arpentant le petit Hub souterrain. C'est un vrai foutoir, des détritus, des pizzas à moitié mangées, de la paperasse trainant partout sans aucune organisation, des dispositifs aliens exposés de façon flagrante à l'air libre et...c'est une main humaine dans un bocal ?
-Voici Ianto Jones, présente Harkness d'un ton bourru, sans même se donner la peine de cacher le fait qu'il trouve Ianto exécrable. Jones, voici Owen Harper, notre médecin.
Il désigne un petit homme aux cheveux bruns qui lui jette un regard de profond dégout. Ianto fait une note mentale pour le tenir à distance.
-Toshiko Sato, notre experte en technologie.
Harkness désigne une femme de type asiatique, Japonaise d'après son nom, assise devant plusieurs écrans. Elle n'ose même pas établir un contact visuel avec lui et rentre la tête dans les épaules, sur la défensive, ce qui semble être une réaction automatique quand Harkness fait attention à elle.
-Et Suzie Costello. La femme hausse les sourcils d'un air combattif et quand Ianto lui adresse un bref salut poli elle a un rictus de dégout. C' est la commandante en second. Elle s'occupera de votre intégration dans votre nouveau poste. Toute demande de renseignement passe par elle. Des questions ?
Ianto hausse les sourcils, ironique et Harkness se renfrogne, semblant réaliser son erreur.
-Peu importe, se corrige Harkness et Ianto garde le silence, toujours au garde à vous en dépit du fait qu'il a des tonnes de questions. Mais laissez moi mettre les choses au point, ajoute le Capitaine d'un air sombre, laissant tomber toute prétention de professionnalisme. Vous allez voir que les choses fonctionnent différemment ici. Vous êtes maintenant sous mes ordres, ce qui signifie que vous suivrez les règles de Torchwood Trois, pas celles de Londres. Compris ?
-Oui monsieur, répond Ianto avec calme car même si Harkness fait montre d'une irritabilité puérile, il ne va certainement pas le suivre dans cette voie.
Pour une raison inconnue cela semble encore plus exaspérer le chef de Torchwood Trois.
-Ne croyez pas connaitre d'avance ces règles, prévient-il et Ianto réalise avec une pointe d'irritation qu'il n'existe probablement pas de manuel de code de bonne conduite. Ici vous êtes un bleu, une paire de bras supplémentaires jusqu'à ce que nous trouvions des recrues convenables autre part. Le "et je me débarrasserai de vous" est implicite. Et cessez ce garde-à-vous ridicule. Nous ne pratiquons pas non plus ces conneries ici. C'est clair ?
-Oui monsieur, répète Ianto abandonnant le garde-à-vous. Toutefois je suis tenu de vous informer que les ordres de Londres se substituent aux vôtres dans certaines situations.
Harkness a le visage déformé par la fureur et Ianto remarque avec amusement une veine bleue palpiter à sa tempe. Il grince des dents, semblant se retenir de le poinçonner au visage.
-Et ces situations seraient...? Questionne Harkness avec aigreur, serrant les poings dans les poches de son manteau militaire excessivement tape-à-l'œil. (Cependant c'est un très joli manteau).
-Classifiées, répond Ianto froidement se demandant pourquoi, si Jack Harkness est vraiment aussi entêté Hartman ne l'a pas déjà tué.
Harkness le dévisage en plissant les yeux mais Ianto refuse de détourner le regard, toujours calme et posé.
-Logique, commente le Capitaine d'un ton maussade en se détournant et Ianto est frappé par l'immaturité d'un homme qui est de plus de dix ans son ainé. C'est ce qu'il semble en tout cas. Le dossier de l'homme est bizarrement dépourvu de toute information relative à son âge, ce qui est assez étrange.
-Je serai dans mon bureau, annonce inutilement le nouveau patron de Ianto, comme s'il aurait pu être ailleurs et il grimpe les escaliers vers le deuxième étage du bunker souterrain. Il est à toi, Suzie ! Ianto le regarde s'éloigner avec un scepticisme grandissant ( Il est vraiment obligé de faire froufrouter son manteau comme ça ?) et se tourne vers Suzie Costello.
-Par ici, dit cette dernière. Je pense que vous allez avoir droit au grand tour.
Il ne rechigne pas. Il est évident depuis qu'il a mis le pied dans cette salle ( Où descendu du plafond ? )qu'il détonne dans le paysage.
-Une petite question, demande t-elle avec curiosité. Combien d'armes avez-vous sur vous ?
-Dix-sept, madame, répond Ianto automatiquement.
Harper et Sato lèvent le nez du travail qu'ils faisaient semblant de faire lors de sa confrontation avec Harkness.
-Dix-sept ? Répète Harper comme s'il avait mal entendu.
Ianto fronce les sourcils. Ce n'est pas exagéré considérant le nombre de poches qu'il y a dans sa veste.
Le nombre d'armes qu'il porte ne semble pas autant tracasser Costello que Harper.
-Vous venez de m'appeler Madame ? Demande t-elle horrifiée. Bon dieu, je sais qu'à Londres vous êtes des connards froids comme des glaçons, mais ne m'appelez plus Madame.
-C'est noté, répond Ianto cérémonieusement. Elle est la Commandante en second après tout.
Elle lui fait faire tout d'abord le tour de l'étage principal, avant de l'entrainer vers les niveaux supérieurs et Ianto feint de ne pas remarquer que Harper et Sato suivent chacun de ses mouvements.
oooooooooo
La vie quotidienne est terriblement différente à Torchwood Trois, bien plus que ce que Ianto avait pu imaginer quand il avait été informé de son transfert. Pour commencer, même si à Londres ce n'était pas extraordinaire d'être réveillé au milieu de la nuit en raison d'un événement lié au travail, ce n'était certainement pas la norme. À Cardiff, il semble que chaque nuit il est tiré de son sommeil à trois heures pour s'occuper d'aliens plus ridicules les uns que les autres, passés à travers la Faille.
Le personnel est en petit nombre et les lieux sont exigus mais ce qui surprend vraiment Ianto c'est qu' à Torchwood Trois les gens sont différents. Ils sont brillants, c'est sûr, mais dans une si petite équipe c'est une obligation d'être brillant. Le problème est qu'ils sont...tellement inadaptés pour le travail de Torchwood. Si bruyants, remettant tout en cause, décontractés et grossiers, à la limite de l'insubordination. Aucun d'eux n'est Gallois, ce qui l'ennuie un peu et ils semblent croire que puisqu'il l'est il parle couramment la langue. C'est absurde, d'autant plus que moins d'un quart de la population du Pays de Galles la parle et presque tous ceux-là vivent à la campagne.
Harkness est l'homme le plus téméraire qu'il ait jamais rencontré, se précipitant toujours la tête la première dans le danger, contrairement à tous les chefs que Ianto a connu jusqu'à présent. Harper est caustique et méprisant, plus comme un adolescent boutonneux qu'un homme possédant un diplôme en médecine et il ne manque jamais une occasion de s'en prendre à Ianto sur sa conduite professionnelle, son uniforme et le fait que Ianto n'est pas enclin à des débordements d'émotions. Cela s'explique après avoir lu son dossier mais Ianto le trouve lourd et insipide et essaye de l'éviter autant que possible.
Sato, elle, est plutôt terrifiée par lui. Dès qu'il entre dans la pièce elle essaie de se faire toute petite mais comme elle vient de passer les huit derniers mois dans une cellule de détention de l'UNIT, il ne lui en tient pas rigueur. Même Costello, la seule qui lui adresse la parole volontairement a un coté cruel qui ne convient pas à sa position. Il sont tellement spontanés, si...humains, comparés aux membres froids et impersonnels de Torchwood Londres auxquels il est habitué que cela le fait se sentir très vieux, malgré qu'il soit le plus jeune d'entre eux. Ils ont tous été embauchés par Harkness, bien sûr, ce qui est une évidence quand Ianto remarque leur jeunesse et leur attrait. Ce qui correspond aux rumeurs perfides qui circulent à Torchwood Londres et que Ianto n'a jamais vraiment cru, mais il se demande, après ces dernières semaines à écouter leurs commentaires incessants sur leurs vies sexuelle, (même Sato s'y est mise une fois) s'ils ne couchent pas les uns avec les autres.
Pour ce qui est des tâches les plus basiques ils sont paresseux et incompétents. À son arrivée ils n'ont même pas un système de classement, juste une pièce remplie de classeurs vides recouverts de piles de documents en désordre. Et quand Ianto demande des explications à ce sujet, Harkness suggère d'un ton narquois que si ça l'ennuie tant, il peut se charger de tout classer. C'est assez stupide de sa part car il donne techniquement à Ianto son aval pour mettre le nez dans ses dossiers.
À Torchwood Trois les choses sont ou extraordinairement animées ou ennuyeuses à mourir et tandis que Sato peut toujours s'occuper des mises à jour sur les ordinateurs, les autres surfent sur le Web( Ianto est certain que Harkness et Harper passent le plus clair de leur temps à mater du porno) ou à jouer à des jeux. Ianto a peu de gout pour ce genre d'activité et il y a une limite au temps qu'on peut passer au stand de tir ou bien à faire du café buvable. Donc c'est lui qui s'occupe de nettoyer derrière eux. Cela lui donne aussi une excuse pour rester quand Harkness sort, ainsi il peut pénétrer dans les fichiers privés de l'homme et fouiller son bureau. Le Capitaine n'est pas complètement stupide. Certains dispositifs de verrouillages sont assez difficiles à passer mais en sept mois Ianto a pénétré presque tous ses fichiers personnels et rapporté certaines choses assez intéressantes à Hartman. Les fichiers traitent pour la plupart de technologie alien que Harkness a récupéré sans en faire part à Londres, mais il y a également une quantité étonnante de références au "Docteur" dans ses notes personnelles, sur son journal et dans son ordinateur. Harkness semble l'avoir rencontré personnellement par le passé et il apparait qu'il attend avec impatience de le revoir de nouveau. Ianto se demande quel genre de relation ( Non, pas ce genre de relation. Nom de dieu, Torchwood trois est en train de lui donner des idées tordues) il a avec l'Ennemi Numéro Un de Torchwood, mais ce ne sont pas vraiment ses affaires. Il n'est qu'un pion dans la lutte de pouvoir entre Torchwood Un et Harkness et si Hartman sait quel lien existe entre le Capitaine et le Docteur, elle ne va certainement l'en informer.
Mais quand même, Torchwood Trois est si...ils ne portent même pas leurs armes correctement. La plupart du temps de façon désinvolte et négligée, sans étui à révolver, ce qui laisse à penser qu'ils se sont appris à tirer les uns les autres. Ou bien comme ils les portent tous de la même manière, il est probable que c'est Harkness qui leur a enseigné, transmettant sa méthode incorrecte à ses subordonnés et Ianto essaye de ne pas se sentir mal chaque fois qu'il les voit manier leur arme. S'il avait plus d'autorité il les trainerait au stand de tir et leur montrerait la bonne façon, mais il n'en a pas donc il garde la bouche fermée.
Une fois ils trouvent un ptérodactyle (ou ptéranodon?) et décident de le garder comme animal de compagnie. Ianto admet le trouver magnifique, mais tout de même... il évite d'émettre un commentaire à ce sujet parce que la seule raison pour laquelle ils n'ont pas fait des remarques grossières et condescendantes sur son âge c'est qu'ils sont trop occupés à être dégoutés et à avoir peur de lui.
Ils ne l'aiment pas particulièrement. Correction : Ils ne l'aiment pas du tout. Ils n'aiment pas la facilité avec laquelle il manie ses armes, sa capacité de tuer si nécessaire. Harkness a pratiquement piqué une colère quand il a fait explosé la cervelle d'un Weevil(Pardon d'avoir tué un alien féroce avec des dents de la taille de ses index). Il est trop sérieux, trop conventionnel, trop...Torchwood Un à leur gout. Il n'est pas aussi brillant qu'eux. Juste déterminé et calme. Ils pensent que son opinion sur le fait que les aliens sont une menace n'est qu'étroitesse d'esprit. Ils pensent qu'il est un monstre quand ses actions n'ont été que de sauver des vies humaines, mais la vérité est qu'ils se font des illusions. Il sont trop perdus dans l'univers merveilleux qui les entoure pour voir la mort et la destruction tomber sur des gens ordinaires qui veulent juste vivre leurs vies.
C'est pourtant...agréable parfois, de ne pas être entouré de gens aussi blasés et cyniques que lui, de gens capables de s'émerveiller sur la complexité de la technologie alien au lieu de traiter leurs découvertes comme des ressources pouvant être utilisées dans l'intérêt de la Grande-Bretagne. À son horreur, il se rend compte qu'il commence à apprécier leurs excentricités et leur comportement lunatique. Harkness est courageux et dévoué (il vit dans la base). Harper a un humour grinçant et est tenace, Costello est enthousiaste et travailleuse, Sato est brillante et loyale et plus tard, il découvrira que Cooper a des principes élevés, presque au niveau de sa naïveté mais bonne comme Ianto aurait parfois souhaité l'être.
Mais il a un travail à faire. Il a été envoyé là pour surveiller les activités de Torchwood Trois (Et puis il n'est toujours pas parvenu à pirater l'unité centrale malgré ses aptitudes. Il n'est rien comparé à Sato) et laisser tomber son personnage d'agent de Torchwood Un, impersonnel, ne ferait que rendre les choses plus compliquées. Donc ils le détestent et avec ses remarques dédaigneuses il s'assure qu'ils pensent que lui aussi ne les aime pas, même si le temps passant cela ne peut pas être plus éloigné de la réalité. Et peut-être que cela fait un peu mal. Mais d'autre part ils ont mis la main sur son dossier ce qui fait qu'ils le haïront toujours. Donc il ne prend pas tout cela trop à cœur.
oooooooooo
Même après une année passée à Torchwood Trois il est toujours l'outsider, la personne qui fait que les conversations s'arrêtent quand il entre dans une pièce, celui qui est à cheval sur les règles, qui leur rappelle sans cesse combien leurs actions sont dangereuses et contre le protocole. Il se fond dans le décor quand rien ne se passe mais pendant le combat il est le tueur sans morale ni émotion dont ils doivent se méfier et prévenir des excès de zèle. Il n'a pas vraiment tué quelqu'un depuis son transfert à Cardiff car Harkness a donné l'ordre explicite que Ianto ne tue personne sans son approbation, mais il est toujours celui qui tire dans les jambes du revendeur humain de bons aliens pour l'empêcher de s'échapper, celui qui dégomme les Weevils sans la moindre hésitation, celui qui se fiche du bien-être des visiteurs aliens arrivés par accident.
Ianto a enfoui sa conscience en lambeaux au plus profond de lui-même et est prêt à faire n'importe quoi pour son travail. Il ne sait plus le nombre de fois où Harkness l'a attrapé par le col pour le plaquer contre le mur et lui hurler des obscénités après qu'il ait fait quelque chose que l'autre homme trouve manifestement détestable.
Mais c'est son but après tout. Il exécute toute la sale besogne, celle qui fait que les autres ne pourraient pas se regarder en face s'ils s'en chargeaient eux-mêmes, les choses dont ils préfèrent ne pas entendre parler, et surtout il les fait sans se plaindre. Il les fait parce que personne d'autre ne les fera et quelqu'un doit s'en occuper si la race humaine veut survivre dans cet univers dur et impitoyable. Mais plus que tout il le fait parce qu'il le peut, parce que la part de lui qui aurait protesté contre ses actions est morte depuis longtemps et qu'il n'en a plus rien à foutre.
Il n'a pas toujours été ainsi. Il fut un temps, il y a des années de ça où il ressemblait plus à un garçon de son âge. Il allait au pub, regardait des films de James Bond, avait des rencarts. Mais Torchwood avait terni cette partie de sa vie, rendant ses anciens intérêts quelconques et vains, parfois même puérils. Travailler pour Torchwood c'est comme être une pierre longuement polie et façonnée par l'eau jusqu'à ce qu'elle atteigne la forme requise. C'est lent, inévitable et à la fin vous êtes totalement méconnaissable, il ne reste rien de ce que vous avez été autrefois. Mais c'est quelque chose que Ianto Jones est venu à accepter des années auparavant. Maintenant cela le dérange à peine.
Et Jack Harkness, ce foutu Harkness... Parfois Ianto le hait. Il hait ce stupide accent américain, cet agaçant sourire étincelant, ses commentaires pleins d'esprit alors qu'à chaque instant ils risquent d'être tués par des aliens, et plus que tout il hait son béguin aveugle et irrationnel pour cet homme. Ianto s'est déjà imaginé avec des hommes avant, mais jamais avec son patron, et certainement pas un patron qui ne peut pas le blairer. Mais Ianto est un professionnel, donc il enfouit sa toquade au plus profond de lui même(disons, pour tenir compagnie à sa conscience) et la vie continue.
Mais bien sûr c'est Torchwood Trois alors un jour ou l'autre il sait qu'il perdra ses derniers lambeaux de dignité et quand cela arrive c'est de la pire manière possible.
Et ce n'est pas drôle, malgré ce que prétend Owen.
Jack Harkness baille, à moitié endormi et s'étire. Il se tourne de l'autre coté du lit et tire la couette à lui en grognant. Il entend un froissement et le lit se met à trembler violemment.
-Qu'est-ce qui se passe, bordel! S'exclame une voix venimeuse. C'est une blague!
Jack ouvre les yeux et se retourne pour découvrir avec horreur Jones à coté de lui dans le lit, pale et choqué, bien évidement nu, assis et serrant convulsivement le drap autour de sa taille.
-Oh non, non, non, non, c'est pas possible ! S'exclame t-il. Son regard parcourt frénétiquement la pièce, à la recherche d'un signe qui lui indiquerait qu'il s'agit juste d'un mauvais rêve. Un très mauvais rêve. Un cauchemar.
-Vous...Commence Jones furieux. Sa main droite va à sa hanche à l'endroit ou se trouverait normalement son arme si, Jack se souvient nettement avec effroi il ne l'avait pas enlevé avec ses dents la nuit précédente.
-Bon, dit-il levant les mains d'un geste défensif. Toutefois vu la manière dont Jones agrippe le drap il ne va probablement pas lui sauter dessus et tenter de l'étrangler à mains nues. D'abord, que diable faites vous ici ? Non. C'est une mauvaise question.
-Comment ça, c'est une mauvaise question ? Siffle Jones en colère.
Jack l'ignore.
-OK, la dernière chose dont je me souviens est... Merde, qu'est-ce que j'ai fait hier ? Outre ce qui est évident.
Jones se met à rougir.
-Bon, alors, il y a eut des rapports d'émeutes dans un centre commercial huppé, se souvient Jack en passant distraitement la main dans ses cheveux.
-Le centre commercial Saint David ! S'exclame Jones.
-Nous sommes allés enquêter. Tosh a apporté ce nouveau scanner qu'elle a mis au point...
-Vous nous avez fait virer de Marks & Spencer pour avoir flirté avec le directeur...
-Nous avons localisé ce parfum sur Queen's street...
-...et son assistant.
Tosh a trouvé quelque chose de bizarre dans un des échantillons que nous avons rapporté au Hub.
-Harper en a accidentellement pulvérisé près du ventilateur...ajoute Jones. Puis il s'arrête, encore plus pâle, son torse criblé de cicatrices de balles se raidit. Il y a une multitude de meurtrissures suspectes sur son cou.
-Je vais m'habiller, prononce t-il prudemment, son accent Gallois bizarrement amplifié et nous ne parlerons plus jamais de ça.
Jones sort du lit, s'enveloppe dans les draps, récupère son pantalon sur le sol et se dirige vers la porte.
-Hé ! Ce sont mes draps ! Crie Jack dans son dos ( Tout autant marqué de cicatrices, mais pas autant que sa poitrine) et Jones lui adresse un geste grossier en retour.
-Fils de...Grogne Jack comme Ianto disparait de sa vue. Il a soudain désespérément envie d'une douche, un besoin presque hystérique et urgent de faire disparaitre les traces de Jones sur lui.
Quand il était très jeune et donc un homme différent, il ne se serait pas soucié d'avoir couché avec un sociopathe meurtrier, en fait il a couché avec ce genre de types pas mal de fois mais là c'est différent (Il s'agit de Jones, nom de dieu!) et il se sent un peu malade.
Il sort du lit, frotte ses yeux bouffis et grimace à la douleur familière.
Oh non, non, non, non ! Sérieusement ? Sérieusement ? C'est assez mauvais d'avoir baisé avec Jones mais en plus il n'était même pas au dessus ?
Il émet un chapelet de jurons en sourdine et se rend aux douches, essayant de se calmer en pensant avec plaisir aux différentes façons dont il va tuer Owen.
À sa surprise il trouve le médecin dans les douches, fredonnant joyeusement, du shampoing dans les cheveux.
-Tu as l'air merdique, lui fait remarquer ce dernier. Jack ne l'avait jamais vu aussi gai. Pas de bol, mon pote!
-Toi, répondit Jack calmement, tu t'es fait une partie à trois avec Suzie et Toshiko, hein?
-Et c'était foutrement génial! Annonce Owen triomphalement.
-Je te fais sauter ta paye ce mois, rétorque Jack vicieusement.
Owen le regarde d'un air soupçonneux.
-On dirait que tu as un balai dans le cul. Oh, mon dieu, Jones.
-La ferme.
-Tu t'es fait Jones ? lâche joyeusement Owen. Oh, nom de dieu! C'est...C'est...Comment a-t-il réagi ? S'il te plait, dis moi que ça l'a juste rendu dingue, même un peu.
- Disons que s'il avait eu son arme je suis sûr à 100% qu'il m'aurait tiré dessus.
Owen se met à glousser et Jack envisage toutes les manières dont il peut le tuer et cacher son corps de façon à ce que personne ne le retrouve jamais.
-Euh, tu aurais pu faire pire... commente Owen généreusement en se rinçant la tête. Il est de si bonne humeur qu'il ne fait même pas de réflexion sur la nudité de Jack. Je présume que Jones est attirant...dans, tu sais, dans le genre gamin. Il continue, incertain: Je veux dire, objectivement...
-Finis cette phrase et je fais vraiment sauter ton salaire, menace Jack.
Owen sourit sardoniquement.
-Oui monsieur! S'exclame t-il avec un petit salut.
Il cherche le savon que Jack fait délibérément tomber.
"Ne cherche pas des noises à Jones", est l'une des premières choses que Tosh et Owen lui disent la première fois qu'elle met les pieds à Torchwood. Elle ne sait pas s'ils plaisantent parce qu'elle en est encore à assimiler que oui, les extra-terrestres non seulement existent mais qu'il y en a aussi pas mal à Cardiff, plus qu'ailleurs et en plus une sérial-killer s'est fait exploser la tête juste devant elle il y a quelques jours de cela. Et pour aggraver les choses ils ont l'air d'avoir un gout immodéré pour les plaisanteries. Alors comment savoir ?
-Non, sérieux, renchérit Tosh doucement, l'air très sérieux, comme ils chargent le SUV de trucs laissés par une comète son premier jour (ou nuit ?) de travail. Il y a un wagon d'autres règles mais celle-ci est en haut de la liste.
-OK, répond Gwen en observant le jeune homme sérieux qui porte le même type de vêtements que les agents secrets dans les films. Elle suppose que c'est Jones. Pourquoi?
Owen et Tosh échangent un regard.
-Il n'est pas exactement...Commence Tosh.
-Il a tué sa petite amie il y a deux ou trois ans de ça, la coupe Owen le visage plein de dégout. Ils travaillaient tous les deux pour la branche de Londres et elle s'est rebellée. Je ne connais pas les détails main elle a enfreint les règles et il l'a tuée. C'est comme ça qu'il est devenu agent de terrain.
Gwen déglutit et jette de nouveau un coup d'œil à Jones. L'horreur l'envahit tout entière. Elle a l'impression d'être plongée dans un bain glacée.
-Et le Capitaine Harkness l'a embauché ?
-Bien sûr que non ! Répond Owen avec véhémence, la toisant comme si c'était de sa faute qu'elle ne soit pas au courant. Il a été transféré par les plus hautes instances. Torchwood Un a prétendu que nous étions à court de personnel mais c'est surtout pour nous surveiller. Jack et Torchwood Un, qui est notre base d'opérations à Londres ne s'entendent pas. Pas du tout. Ils n'ont pas la même idée sur la façon de traiter les aliens. Eux, la plupart du temps ils les tuent. D'après son dossier Jones a tué plus de trente personnes.
Gwen regarde de nouveau le jeune homme tout en se demandant pour la nième fois si avoir accepté ce job n'a pas été une grosse erreur. Peut-être qu'elle aurait dû rester dans la police, loin de ce genre de violence institutionnalis...
Tosh a probablement remarqué l'expression de crainte sur son visage.
-Ne t'inquiète pas, la rassure t-elle, nous ne faisons pas ce genre de choses ici et Jack ne laisse pas Jones faire. Il est ici depuis un petit peu plus d'un an et il n'a tué personne, je te le jure.
Elle se tourne vers Owen, attendant qu'il confirme ses dires. Il acquiesce et Gwen se sent un petit peu mieux.
-Nous pensions juste que tu devais savoir parce que..
-Allez, dépêchez-vous! Crie Jack en attrapant une boite en métal près de Jones. Ils s'engouffrent dans le SUV et la discussion est close.
Quelques heures plus tard, plus tôt qu'elle l'aurait voulu, elle découvre exactement le genre d'homme qu'est Ianto Jones.
-Et si elle ne mord pas à l'hameçon ? Questionne Gwen avec inquiétude, tenant son arme aussi éloignée que possible tout en se cramponnant au siège du SUV. Et si elle ne quitte pas son corps ? Comment allons-nous la tuer ? (1)
-Si elle meurt, l'alien mourra aussi, non? Demande Jones assis sur l'autre siège. Nous aurons donc juste à la tuer.
-La...la tuer ? Gwen en reste bouche bée. Elle se penche en avant pour le regarder. Les autres restent calmes. Nous...nous ne pouvons pas. C'est juste une pauvre fille dont un alien a squatté le corps !
-Il y a déjà deux personnes mortes, réplique Jones, et si nous ne pouvons pas le faire sortir, elle mourra de toute façon. Nous ne pouvons pas risquer qu'elle tue plus de civils et Harper a déjà prouvé qu'elle n'est pas sure, même enfermée.
-Va te faire foutre, Jones, déclare Owen du siège du passager.
-Mais ce n'est pas de sa faute! Proteste Gwen, se sentant malade, vous ne pouvez pas juste l'euthanasier comme un animal! C'est pas juste! c'est...
-Nous n'allons euthanasier personne, déclare Harkness d'un ton irrité et, de son siège placé derrière elle, elle peut voir ses mains serrer le volant avec force. Compris, Jones ?
-Oui monsieur, répond-il l'air las.
Gwen déglutit de nouveau et regarde l'arme qu'elle tient dans ses mains. Le doute l'envahit encore plus.
Elle lève les yeux et voit Harkness regarder Jones dans le rétroviseur. Le jeune homme ne semble pas s'en apercevoir.
Jack tient parole. Personne ne meurt sauf le parasite, mais au fond d'elle même Gwen appréhende l'idée que ce nouveau travail si excitant puisse la changer.
Le temps calme ses craintes. En fin de compte Jones ne suggère pas de tuer des filles innocentes sur une base régulière et la plupart du temps il reste seul, loin des autres. Parfois, les journées lentes, Gwen oublie presque sa présence. Même après cet horrible incident avec Jasmine.
Mais cela ne change rien parce que Jack le contrôle et ne le laissera causer du tort à personne tant qu'il est le responsable. Jones l'écoute, probablement par obligation, pas comme s'il respectait vraiment les opinions du Capitaine, mais c'est la meilleure alternative. Gwen fait confiance à Jack et malgré son malaise, refoule ses doutes et se concentre sur son travail.
Selon Jack les fées ne peuvent pas être contrôlées. Elle ne peuvent pas être tuées ni stoppées. Elles enlèvent des enfants depuis l'aube de l'humanité et la seule chose qu'elles veulent et de choisir leur "élu". (2)
-Si elles le veulent elles peuvent déclencher de gigantesques tempêtes, déchainer les océans, couvrir le monde de glace, tuer tout ce qui vit, déclare l'enfant en se débattant dans les bras de Jack. Laissez-moi partir!
C'est facile de prévoir la suite.
Avant qu'ils s'en rendent compte Ianto presse le canon de son arme contre la tempe de la petite fille.
-Et si je la tue ?Demande t-il calmement. La forêt entière devient silencieuse ainsi que Jack, Gwen et l'enfant tétanisée près de lui. Elle est votre "élue". Que va t-il arriver si je la tue?
-Jones, NON! Hurle Jack en tenant Jasmine plus fermement. Posez cette arme!
Ianto l'ignore.
-Insensé ! Siffle la fée en colère, le visage laid et les traits tordus. Nous allons vous réduire en lambeaux!
-Avant ou après que j'ai logé une balle dans sa tête ?
Ianto appuie son arme contre le crâne de l'enfant, espérant contre tout espoir que sa théorie est correcte.
-Jones ! Crie Gwen, qu'est-ce que vous faites ?
-Ce ne nous fera aucun mal si vous tuez l'élue, gronde la fée, mais par contre nous vous détruirons.
Le ton est coléreux mais il n'y a aucune trace de peur dans sa voix et Ianto, bien à contrecœur, la croit.
-Alors d'accord, dit-il calmement en baissant son arme.
Jack desserre son emprise sur Jasmine et l'attrape par le col.
-Vous êtes un fils de pute! Lui hurle t-il au visage. Mais Ianto est seulement déçu que son plan n'ait pas fonctionné. Il n'a pas peur de Jack.
Il soutient stoïquement le regard furieux du Capitaine. Ce dernier n'a qu'une envie : Le tuer. Mais Ianto se fiche que Jack déverse sa colère sur lui.
Jack se retourne, agrippe d'une main l'épaule de Jasmine tout en tenant fermement sa veste de l'autre. Ses traits se contorsionnent, son regard brille d'un air soupçonneux, mais en fin de compte il prend la seule décision possible.
-L'enfant n'aura aucun mal ? Demande t-il au désespoir.
Ianto se détourne et range son arme dans son étui.
Personne dans le reste ne l'équipe ne parle à Jack après cela mais même en recherchant désespérément leur pardon, ce dernier trouve encore le moyen d'être en rogne après Jones. Ça pourrait être drôle car Jack se trouve dans la même position que Ianto chaque jour sauf que rien qu'à croiser son regard on voit qu'il est malheureux. De son coté Ianto l'évite le reste de la journée et essaye d'échapper à son regard glacé et furieux. Malheureusement Jack a d'autres plans.
Le bruit de quelqu'un trifouillant sa serrure le réveille à deux heures du matin. D'habitude il n'a pas le sommeil léger mais les troubles de stress post traumatiques existent, non? Il saisit son pistolet sur sa table de nuit, l'arme et se redresse lentement. Il est sur le point de poser les pieds par terre quand la porte s'ouvre. L'intrus la ferme doucement derrière lui et des bruits de pas familiers parviennent aux oreilles de Ianto.
Il peut les reconnaitre partout car, franchement, combien de personnes portent des godillots de la seconde guerre mondiale ?
Il considère l'étrangeté de la situation puis repose tranquillement son arme sur la table de chevet. Il se recouche, les bras derrière la tête et fixe le plafond.
Le bruit de pas s'approche et cesse devant sa porte ouverte. Ianto perçoit le son étouffé de la laine contre le bois. Jack Harkness s'appuie contre le cadre de la porte, sans entrer dans la pièce. Il y a un long silence.
-Vous débarquez souvent chez vos employés en pleine nuit ? Demande Ianto dans l'obscurité, fixant toujours le plafond.
À son crédit, Jack ne réagit pas au fait que Ianto est conscient de sa présence.
-La petite fille, questionne le capitaine d'une voix froide, vous l'auriez vraiment tuée?
-Si la nécessité s'en était fait sentir, mais cela n'a pas été le cas donc quel est exactement le but de votre présence ici ?
-Ainsi vous tueriez une enfant innocente juste parce que vous considérez que c'est une menace étrangère ? Interroge Jack d'une voix froide.
Sa désapprobation des méthodes de Torchwood Un émane si fortement de ses paroles qu'il n'a même pas besoin de nommer leur base des opérations.
-Non, répond Ianto, essayant de ne pas laisser percer l'irritation dans sa voix. J'aurai tué une innocente fille dans la but de sauver d'autres enfants qui auraient pu être enlevés après elle.
-C'est tout ce qu'elle est pour vous ? Un chiffre ?
-Tout est un chiffre, murmure Ianto.
Jack se sent écœuré. Il se redresse.
-Donc il n'y a personne au monde que vous ne seriez prêt à sacrifier ? Demande t-il sans passion.
Le ton de sa voix suggère qu'il est sur le point de frapper Ianto avec quelque chose de dur et lourd.
-C'est vrai, répond Ianto.
Mais c'est un mensonge. Il y a approximativement cinq personnes au monde (qui sont encore vivantes) qu'il ne pourrait pas tuer. Il est lié à quatre d'entre elles par le sang mais l'une d'elles est debout dans cette pièce.
Mais ce ne sont pas les affaires de Jack et c'est plus facile pour tout le monde que Torchwood Trois continue à penser à lui comme à un soldat sans émotion.
-Vous êtes un malade, déclare Jack dégouté.
-Oui, évidement, murmure Ianto en enfonçant ses doigts dans le couvre-lit pour tenter de maitriser sa fureur subite. Mais dites-moi, monsieur, quelle est la différence entre sacrifier un enfant et...dirons-nous, douze enfants ?
Jack inhale brusquement et Ianto aurait pu regretter d'avoir évoqué cette histoire mais il est maintenant trop fâché pour s'en soucier.
-Comment...Lâche Jack d'un ton crispé.
-Les archives militaires ne sont pas aussi sécurisées que le gouvernement le croit, répond Ianto en se redressant sur ses coudes.
Il contemple la silhouette de Jack dans la pénombre.
Ce dernier reste silencieux et Ianto ne peut distinguer l'expression de son visage.
-Je ne sais pas ce que vous faisiez en 1965, réplique Ianto. Il me semble aussi que le voyage dans le temps n'était pas encore maitrisé, mais peu importe. La véritable question est : Que faites-vous dans mon appartement ?
La question reflète un sous-entendu qu'il ne pense pas avoir besoin de vocaliser pour que Jack saisisse l'idée.
Il voit le visage de l'autre homme s'animer un peu dans l'obscurité mais ce dernier ne répond pas.
-Sortez ! Gronde Ianto.
Jack obtempère et claque la porte de manière puérile derrière lui.
Ianto se laisse retomber sur son lit et tente de se convaincre que la douleur qu'il ressent au creux de son estomac n'est pas due à la culpabilité.
Et puis arrivent...les cannibales.(3)
Owen avait passé tout le trajet jusqu'au petit village des Brecon Beacons à se plaindre, sur la campagne en général et sur le Pays de Galles en particulier. Il s'était montré vraiment pénible. Mais maintenant, enfermé dans un sous-sol plein de restes humains ayant été dévorés par les habitants de la maison, Ianto commence à penser que Owen n'avait pas tort. Pour voir le bon coté des choses, Gwen n'est plus en train de jouer à de stupides jeux d'écoliers, demandant cruellement à Ianto quelle est la dernière personne qu'il a embrassé. Techniquement c'est Jack mais la dernière personne qu'il a vraiment embrassée est Lisa. Il lui répond que cela ne la regarde pas.
Mais ce n'est pas le sujet. Le sujet c'est qu'ils sont enfermés dans ce sous-sol et bien que cela ne dérange pas Ianto de mourir dans l'exercice de ses fonctions, il préférerait ne pas être coupé en morceaux et dévoré.
Tosh travaille à les faire sortir de là; Ianto sait que Jack lui a appris comment s'évader de la cellule la plus sécurisée après qu'elle ait été libérée de l'UNIT mais ils n'ont pas d'outils adéquats. Il aurait eu quelque chose dans sa veste mais ils l'ont prise avec ses armes et il se sent nu sans elle. Soudain la porte s'ouvre et une femme entre deux âges franchit le seuil.
Ianto a déjà assez été humilié pour la journée. Il lui arrache l'arme et la lui brise sur sa tête avec la crosse avant même qu'elle puisse cligner des yeux.
-Jones ! Hurle tosh tandis que la femme s'écroule au sol.
-Bon, constate Ianto en inspectant le corps. Elle a l'air humaine.
-Donc...ce sont des humains ? Chuchote Tosh encore sous le choc.
-Ils sont peut-être possédés par quelque chose, commente Ianto sombrement. Allons-y. Je garderai ça si j'étais vous, suggère t-il en désignant le pied-de-biche dont elle vient de s'emparer.
Tosh acquiesce.
Malheureusement ils ne vont pas très loin. Ils se retrouvent coincés par un homme gigantesque dans une cuisine transformée en boucherie de fortune.
Pourtant, même avec l'odeur nauséabonde des restes humains tout autour d'eux, Ianto ne commence à ressentir de l'écœurement que quand il remarque le regard de convoitise que l'homme pose sur Tosh.
Habituellement Toshiko Sato essaie de ne pas penser à Jones. Ce n'est pas comme s' il lui avait fait quelque chose, mais chaque fois qu'elle pose les yeux sur lui elle revoit les gardes rébarbatifs de la prison de l'UNIT qui l'avaient enfermée dans une cellule minuscule pendant huit mois de sa vie qu'elle ne retrouverait jamais. Chaque fois qu'il la regarde elle sent la combinaison marron, rêche et miteuse sur sa peau et les murs semblent se refermer sur elle. Ce n'est pas juste parce qu'elle va vraiment mieux, elle a beaucoup progressé alors que lui reste à l'écart. Elle a arrêté de sursauter au moindre bruit, vaincu sa peur des ascenseurs et autres espaces exigus ( la plupart) et a pas mal repris confiance en elle.
Mais piégée par un cannibale meurtrier qui prévoit de la manger ou de la violer, ou les deux, elle commence à apprécier sa présence.
-Vous vous foutez de moi ? Demande soudain Jones, aucune crainte apparente sur son visage. Nous avons fait tout ce chemin pour ne trouver qu'une bande de ploucs consanguins?
L'homme se désintéresse de Tosh et porte son regard fou sur Jones, le fusil légèrement baissé pour compenser leur différence de taille.
-Qu'est-ce t'as dit ? Prononce t-il lentement, d'une voix irritée.
-Cause c'est plutôt pathétique, s'pas ? Continue Jones de cette voix condescendante que Tosh déteste.
Son accent s'épaissit et sonne plus classe ouvrière que l'instant d'avant.
De l'autre coté de la pièce un adolescent les mains liées dans le dos gémit de douleur.
-Je m'attendais à quelque chose d'un peu plus intéressant, ouais, continue Jones, les yeux fixés sur le canon du fusil du cannibale. Peut-être quelque chose de mauvais, avec des crocs et des griffes, assez féroce pour que ce foutu Jack Harkness me laisse le tuer. Laissez-moi vous dire c'est parfois un sombre crétin. Mais non, bien sûr que non, il faut que ce soit quelque chose d'aussi pathétique que des cons de cannibales!
-Tu veux mourir, viande ? Gronde l'homme en appuyant le canon de son fusil plus près du visage de Ianto.
-Oh, je vous en prie, vous avez probablement oublié de charger ce foutu fusil, se moque Ianto. Je parie que vous êtes aussi stupide que l'autre en bas avec sa cervelle répandue au sol, hein ?
Les yeux de l'homme s'élargissent.
-Gildas ! Percy! Allez voir si Hél...
Jones passe à l'action. il repousse le canon et assène à l'homme un coup de poing violent dans l'estomac qui l'envoie s'écraser sur la massive table en bois au centre de la pièce. Rapide comme l'éclair il balance sa main droite et le nez de l'homme explose dans des éclaboussures de sang. Il le frappe encore une fois à la tête pour faire bonne mesure. L'homme s'effondre inconscient dans les bâches en plastique.
-C'est bien, une bonne chose de faite, commente Jones avec un rictus haineux.
Tosh laisse échapper un souffle tremblant tandis que Ianto essuie le sang de l'homme sur son pantalon.
-B...Bon, dit-elle se maudissant pour son bégayement, nous devrions...
-Hé, bordel, à quoi tu joues !
Le cri provient de l'autre pièce. Deux hommes font irruption, le fusil à la main.
Jones attrape Tosh par la veste.
-Cours ! Siffle t-il en la poussant vers la sortie.
C'est ce qu'elle fait. Elle pleure en traversant les bâches de plastique, ouvre la porte à toute volée et court dans la nuit froide, à travers la forêt. Elle entend crier et...Oh mon dieu, tirer mais elle se sent lâche et ne s'arrête pas jusqu'à ce qu'elle entre en collision avec Owen.
-Tosh ! Halète ce dernier. Tosh, que s'est-il passé ?
-Ce ne sont pas...Elle tremble et s'accroche à Owen tandis qu'il examine ses blessures. Ce sont des humains, des cannibales. Ils ont assassiné les villageois. Il m'a dit de courir, alors j'ai...Je l'ai laissé là-bas, il est...
-Des cannibales ? Murmure Gwen. Tu veux dire...
-Elle va bien, marmonne Owen. Ne t'inquiète pas, Tosh, c'est Jones. Nous devrions plutôt nous faire du souci pour les cannibales.
-Hé, par ici! Crie Gwen vraisemblablement à Jack, mais c'est un agent de police qui surgit des buissons, l'arme à la main.
-Mais qu'est-ce que vous faites ? Questionne Owen avec colère en se retournant. Tosh s'agrippe à lui. Une vague de terreur la parcourt.
Le policier sourit. Il est si jeune, à peu près le même âge que Jones, il a des fossettes...
-Posez vos armes, ordonne t-il froidement. Doucement.
Dix minutes plus tard ils sont de retour dans la grande maison et Tosh blêmit devant le tableau qui se présente à elle.
-C'est quoi ça ? S'étrangle le policier. Qu'est-ce qui s'est passé ici, bordel!
L'endroit tout entier est un véritable gâchis.
Les tables, les chaises et les placards gisent fracassés au sol, les bâches en plastiques sont déchirées et cinq corps sont disséminés sur le plancher. Elle se rend compte, consternée que le plus éloigné, juste à coté de l'escalier est celui de Jones. Il a été battu et est presque méconnaissable.
-Il a tué Percy et Trysta ! gémit un des deux hommes debout en désignant la forme prostrée de Jones serrant contre lui son bras ensanglanté. C'est un putain de dingue, voilà ce que c'est!
-Fils de...Oncle Evan! Le policier le pousse de coté pour examiner l'homme qui a menacé Tosh dans la cuisine. Il est toujours à l'endroit où Jones l'a laissé.
Le seul autre homme debout, la soixantaine environ les vise avec son arme avant qu'ils ne tentent de profiter du déplacement du policier.
-Vous...vous êtes les villageois ? Réalise Tosh avec horreur.
-Mais...tous les villageois sont morts, murmure Gwen.
-Evidement, déclare Owen d'un ton mi sarcastique, mi horrifié, ça se passe dans cette foutue campagne. Vous êtes des putains de malades !
-J'ai dit la ferme ! Crie l'homme en tirant un coup de feu au sol.
Owen ouvre la bouche pour répondre quand toute la pièce commence à trembler et Jack arrive, comme d'habitude, juste un peu en retard, pour sauver tout le monde.
Dès que le capitaine s'arrête de tirer, Tosh se précipite vers Jones.
-Owen ! Crie t-elle.
Le médecin abandonne le cannibale qu'il était en train d'examiner pour la rejoindre.
-Oh merde! Grogne t-il en soulevant la chemise du Gallois pour dévoiler les blessures sur sa poitrine. Merde! Il pourrait avoir une hémorragie interne !
Jack fait un pas en avant pour regarder Jones. Son visage se tort de dégout mais il ne fait aucun commentaire.
-Il n'est pas mort, commente Owen en examinant les bras et les jambes du jeune homme. Certainement une commotion cérébrale, probablement des côtes fêlées, le bras droit cassé, ses genoux meurtris et...
Jones pousse un gémissement de douleur. Il ouvre les yeux et les referme aussitôt.
-Jones, l'intime Owen en lui prenant la main, Jones, reste avec nous, essaie de ne pas t'évanouir, ne bouge pas, nom de dieu, l'ambulance va arriver!
-Le go...
-Quoi ? Demande Tosh en touchant son visage avec hésitation.
-le gosse, marmonne Jones en dodelinant de la tête. Le gosse, à l'étage.
-Gwen ? Crie Jack, il y a un gosse à l'étage. Va...non, tant pis, j'y vais.
Tosh lève les yeux et remarque pour la première fois que le coté droit de la veste de Gwen est dégoulinant de sang.
Sur le sol Ianto laisse échapper un faible gémissement.
Deux heures plus tard Jack et Owen sont assis dans la salle d'attente du Brecon War Memorial Hospital pendant que Gwen et Jones se font rafistoler. Gwen émerge suivie du jeune homme, le bras droit dans le plâtre, boitant et l'air hébété.
-Mais qu'est ce que tu fous? Gronde Owen en marchant droit sur lui, tu dois rester ici au moins une semaine après...
-La ferme, grommelle Jones, je vais bien.
-Jones, peut-être que ce serait mieux si tu..., mais il l'ignore.
-Allons-y, grogne t-il. Il passe devant eux en boitant et pousse la double porte de sortie.
-Bon, dans ce cas, partons de ce bled, commande Jack d'un ton renfrogné en suivant le Gallois.
-Merci Seigneur ! S'exclame Owen en levant les yeux au ciel alors qu'il est un athée convaincu.
Sur le chemin du retour Jones repose son visage contre la fenêtre de la banquette arrière. Lui et Gwen grimacent à chaque fois qu'ils roulent sur une bosse. Tosh essaie de se retenir de le regarder parce qu'il semble particulièrement jeune, plus jeune qu'il a jamais eu l'air de toute cette année et demie où ils ont travaillé ensemble.
-Hé Jones ! L'interpelle Owen du siège du passager pour la sixième fois. T'endors pas, je me tue à te le dire. Merde, je savais qu'on aurait dû te laisser à l'hôpital.
Jones laisse échapper un petit reniflement amusé.
-Oh, je t'en prie, ce n'est rien comparé à être torturé par un Killitane.
Il y a un long silence horrifié. Ils tournent tous la tête lentement pour dévisager Jones.
-Ou un Foamasi, ajoute ce dernier. (4)
-Je pense que vous avez l'esprit encore confus, conteste Jack en regardant Jones dans le rétroviseur. Les Foamasi sont une race intrinsèquement pacifique.
-Ouais, mais ils ne la ferme jamais, réplique le Gallois.
Il y a une nouvelle pause et Owen se tourne sur son siège pour dévisager Jones.
-Tu viens de faire une plaisanterie ? Demanda t-il l'air horrifié. Oh merde ! Ce doit être la fin du monde.
-J'ai eu une commotion cérébrale pour m'être fait tabasser par des villageois minables d'âge moyen venus de nulle-part, marmonne t-il en fermant les yeux. Vous devez me pardonner si je ne suis pas dans mon meilleur moment.
Gwen laisse échapper un petit rire qui se transforme rapidement en quinte de toux.
-Ils étaient d'âge moyen, d'accord, confirme Tosh, mais c'étaient des cannibales d'âge moyen. Ça doit compter pour quelque chose, non?
Même dans la pénombre du SUV elle voit les commissures des lèvres de Jones esquisser un léger sourire.
Jones est assis, la tête rentrée dans les épaules, torse nu sur la table d'autopsie. Owen Harper regarde d'un air furieux son torse, examinant le processus de cicatrisation. C'était à prévoir que ce petit branleur allait déchirer ses points. Bien sur les cicatrices qui vont avec sont restées mais Owen passe là-dessus, dieu merci.
-Je vais bien , assure Jones l'air mal à l'aise, ça fait une semaine et je tiens le coup.
Il remet précautionneusement son tee-shirt avec sa main valide et tire sa veste dessus.
-Dors suffisamment, prescrit Owen brièvement. Pas d'heures supplémentaires et ne tire pas pendant quelques temps.
-Tu sais, je peux tirer avec ma main droite, répond Jones grimaçant légèrement en se laissant glisser de la table.
-Ce n'est pas une raison, marmonne Owen sombrement. Dehors, maintenant. J'ai un alien gluant à examiner.
Jones se conforme en lançant un regard dédaigneux à l'autre homme.
Parfois Owen le hait vraiment. Non, c'est un mensonge. Il le hait tout le temps. Il sait que son transfert ici n'est pas l'idée de Jack mais est-ce qu'il ne pourrait pas accidentellement tirer sur Jones et qu'il foute le camp ?
C'est déjà suffisant que Torchwood Un espionne leurs moindres faits et gestes, mais de toutes les personnes qu'ils auraient pu envoyer, il a fallu que ce soit le psychopathe qui a exécuté sa copine pour " Menace à la sécurité de l'Empire" ou autre connerie du même genre. Owen n'arrive pas imaginer à quel point il doit être tordu pour avoir même pensé faire une telle chose et quand il songe à sa pauvre Katie il déteste Jones encore plus.
Cela empire quand le Gallois rapporte ses blessures à ses patrons de Torchwood Un. Il en résulte une nouvelle altercation entre Jack et Yvonne Hartman qui remet en cause ses capacités de chef d'équipe.
Mais la vie suit son cours. Owen tourne un peu plus autour de Gwen. Tosh tombe amoureuse d'une gonzesse alien qui manque presque de les tuer et il s'avère que ces derniers jours elle a capté toutes leurs pensées. (5)
Owen et Gwen doivent attendre pour lui demander ce qu'elle a exactement entendu car le corps de Mary est encore en train de refroidir sur le plancher du Hub, une balle au milieu du front (Au moins Jones est un tueur efficace) et elle est toujours en état de choc pendant que Jack l'interroge dans la salle de réunion.
Finalement Jack sort et ils entrent en hésitant dans la pièce. Gwen lui lance un regard sévère, signifiant clairement qu'il doit être gentil.
-Tosh, dit-elle prudemment en de balançant d'un pied sur l'autre, tu vas bien ?
Elle hoche la tête distraitement et des larmes coulent sur ses joues.
-Ouais.
Il y a une pause.
-Ecoute, dit Owen, mais Gwen lui poinçonne le bras.
-Nous nous demandions juste...Quand tu avais ce...enfin, cette...capacité tu...
Le regard de Tosh est suffisamment éloquent et Owen jure intérieurement mais avant qu'il ne puisse s'en assurer Jones entre dans la pièce et s'empare d'une pile de dossiers à l'extrémité de la salle de réunion.
-Jones ! S'exclame Tosh.
Le Gallois qui s'apprêtait à sortir s'arrête et se tourne pour lui faire face. Il ne semble pas du tout inquiet au sujet de la capacité de Tosh et Owen se demande une fois de plus si Jones n'est pas secrètement un robot diabolique.
-Tu...dit-elle doucement. Tu ne penses qu'au travail ?
Jones n'hésite pas une seconde.
-Oui.
Ils le regardent tous les trois avec répugnance.
-Rien d'autre ?
Tosh regarde vers le sol comme si elle avait honte. Depuis le désastre des cannibales elle parle plus à Jones que d'habitude, probablement parce que cet andouille lui a sauvé la vie.
Jones s'en va. Owen et Gwen reportent sans enthousiasme leur attention sur Tosh.
Une fois qu'il est établi que Tosh sait tout au sujet de leur petite liaison, Owen va chercher sa veste à l' étage inférieur et rentre chez lui.
-...voulait dire quoi ? Demande Jones à Jack au sujet de Mary.
Il est occupé à faire un de ses cafés sublimes. Après l'avoir gouté la première fois ils ont tous fait un pacte pour un : Ne jamais laisser personne d'autre faire le café et deux: Que Jones ne le sache jamais.
-Elle a dit que vous sentiez différent, continue Jones. Elle a demandé ce que vous étiez.
Jack lui lance un regard glacé.
-Ce ne sont pas vos affaires.
Le Capitaine attrape son manteau et se dirige vers la sortie. Jones le regarde d'un air soupçonneux.
Après cela il semble ne plus y avoir de répit. Suzie revient à la vie et ils la tuent de nouveau et Owen rencontre Diane. (6)
-Et Diane...Diane est merveilleuse, drôle, sexy et si loin de son époque. Pour la première fois en trois ans et demi Owen ne pense pas à Katie pendant qu'il est avec une autre femme.
Mais tout tourne mal. Elle le quitte alors qu'il la supplie de ne pas partir, il rompt avec Gwen, puis il y a la débâcle avec le Weevil et il ne peut même pas pleurer Diane correctement parce que Torchwood Un est victime d'un massacre.
Les appels de détresse arrivent tard le jeudi soir, mais avant même d'arriver à comprendre ce qui se passe Jack reçoit un appel de l'UNIT l'informant que Torchwood Un a succombé face à une race alien, les Sycorax qui voulaient se venger. Owen se souvient avoir lu quelque chose à ce sujet il y a deux Noëls de ça. Tout ce qu'on peut dire c'est que Torchwood Un a emporté les Sycorax dans sa chute. Mais tout n'est pas fini car Jack découvre une référence au "Docteur" et déclare leur départ à tous pour Londres afin de récupérer les restes de Torchwood Un.
-Mais qui diable est ce "Docteur" ? Demande Owen tandis qu'ils chargent le SUV.
-Tu ne le sais pas ? Répond Jones incrédule, prenant la parole pour la première fois depuis des jours.
Owen pense avec cruauté que le choc de la chute de Torchwood Un semble l'avoir frappé durement.
Jones se tourne vers Tosh et Gwen qui semblent perplexes.
-Vous ne savez pas qui est le Docteur ? Après tout il est mentionné dans notre charte.
-Vraiment ? Répond Gwen curieuse. Qui est-il?
-C'est un extra-terrestre, un ennemi de Torchwood, répond Jones simplement. L'ennemi de la Couronne, comme il est écrit dans la charte.
-Plus maintenant, intervient Jack d'un ton désagréable en déposant une boite en métal dans le coffre.
Owen le regarde, confus.
-Qu'est-ce que ça veut dire "plus maintenant"?
-Et bien on dirait que nous sommes les seuls qui restent, sauf deux qui ne comptent pas vraiment, explique Jack froidement. Il agit bizarrement depuis qu'il a lu la liste des 800 morts, même s'il avait constamment souhaité voir Torchwood Un disparaitre. On dirait donc que je suis devenu le seul responsable, dit-il en jetant un regard glacé à Jones qui hausse les sourcils mais ne dit rien, toujours aussi pale qu'au moment où il a entendu les nouvelles de l'attaque. Et le Docteur n'est pas notre ennemi, il ne l'a jamais vraiment été.
-Jack ! S'exclame Gwen déroutée, mais ce Docteur extra-terrestre était là ! Comment savoir qu'il n'a rien à voir avec tout cela ?
-Parce que je le sais, c'est tout, répond le Capitaine d'un ton définitif.
-Mais Torchwood a été fondé en 1879, non? Questionne Tosh. Comment pouvait-il...Il est immortel ?
Jack émet un rire étouffé.
-Pas vraiment, répond-il refusant de s'étendre sur le sujet.
Ils s'engouffrent dans le SUV pour trois heures et demi de route pour atteindre les décombres de ce qui avait été Torchwood Un.
oooooooooo
L'UNIT avait enlevé tous les corps avant que Jack ne les fiche dehors, mais il y a des taches de sang partout et tout a été réduit en miettes. À peine sont-il arrivés qu'il disparait. Tosh se débrouille pour récupérer ce qu'elle juge utile. Pour Owen tout se ressemble alors il finit par errer dans les couloirs vides avec Jones, qui est toujours aussi pale et silencieux.
Ils se trouvent dans les sous-sols quand Owen donne un coup de pied à une porte qui s'ouvre sur une enfilade de pièces avec des armoires pleines de dossiers qui semblent avoir été épargnées.
-C'est...
-Les archives, le renseigne Jones en entrant dans la salle. Il effleure un des dossiers du bout des doigts. Harkness les voudra probablement vu que le serveur central a grillé.
-Génial, grommelle Owen imaginant déjà le travail qui les attend. Il ferait mieux de nous les faire embarquer par l'UNIT parce que je suis sûr que nous n'en avons pas la possibilité.
Jones tire un tiroir laissé entrouvert et en extirpe un fichier. Il l'ouvre en grimaçant. Il y a du sang séché partout sur les pages.
-Celui est complètement fichu, commente t-il d'un ton neutre.
-Mais qu'est-ce qui déconne chez toi? Gronde Owen. La rage d'avoir perdu Diane ajoutée à cette destruction tout autour deux lui fait s'en prendre à Jones. Des gens sont morts ici, montre un peu de respect, bordel!
Jones pose le dossier au dessus du classeur.
-Des gens meurent partout, dit-il froidement. Ne crois pas que ces gens sont spéciaux juste parce qu'ils ont été tués par des aliens. Tout le monde est pareil dans la mort.
Des moments comme ceux-là Owen n'arrive pas à croire que Jones n'a que vingt-trois ans.
Le Gallois fait demi-tour et se rend dans la pièce voisine avant qu'Owen ne réponde. Le médecin n'a pas d'autre choix que trainer derrière lui en essayant d'éviter de marcher dans le sang séché.
La salle suivante est plus grande. Elle ressemble à une bibliothèque pleine de rayonnages couverts de livres et de parchemins.
-Oh, il est encore là! S'exclame Jones l'air content.
Il se presse au travers des étagères tombées et des livres éparpillés au sol. Owen le suit jusqu'à un espace vide dans le centre de la pièce où se trouvent plusieurs ordinateurs cassés et encore plus de sang.
Jones s'arrête au milieu et s'accroupit lentement. Il place sa main à plat sur le plancher. Il regarde sous sa paume et finit par se lever après un long moment.
-Je travaillais ici, explique t-il. Mon premier job à Torchwood.
-Quoi? S'exclame Owen malgré lui.
Il n'a jeté qu'un coup d'œil au dossier de Jones et s'est montré trop préoccupé par le fait qu'il ait tué sa petite amie pour s'intéresser à ce qu'il faisait avant d'être agent de terrain.
-Assistant chercheur, le renseigne t-il d'un ton bizarre mais son visage est tourné de l'autre coté et Owen ne peut voir son expression. Quatre ans, presque cinq.
-Tu as été embauché à dix-neuf ans ? Demande Owen choqué, pas simplement à cause de son âge au moment de son embauche mais aussi par le fait que Jones a commencé à travailler pour Torchwood avant lui. Tu n'es pas allé à l'Université ?
-Tout le monde ne peut pas se permettre de faire des études supérieures, réplique Jones en ramassant un livre au sol. Il le feuillette en se retournant de façon à ce qu'Owen ne puisse distinguer son profil.
Si cela avait été une autre personne Owen aurait eu un peu honte, mais il s'agit de Jones, l'homme qui a tué sa petite amie pour son maudit job. Il refuse de céder sur le terrain de la moralité à un homme qui ne le mérite manifestement pas.
-Je me tire, déclare-il. J'ai mieux à faire que t'écouter évoquer tes souvenir au sujet de ton ancien boulot de gratte-papier.
Jones ne proteste pas mais le suit d'un air pensif à travers la bibliothèque vers l'autre salle.
Ils partent quelque jours plus tard après avoir catalogué tout le matériel utile ainsi que les livres et les fichiers afin que l'UNIT les leur expédie. Jack est le seul qui ne ramène rien de personnel. Un sac noir contenant un étrange pistolet, une paire de lunettes 3-D et une panoplie d'instruments bizarres qu' Owen ne reconnait pas et que Jack ne laissera pas trainer à proximité du médecin.
oooooooooo
Les jours suivants Jack est de mauvaise humeur et irritable. Lui et Tosh se font aspirer par la Faille et se retrouvent en 1941 et ce fichu Ianto Jones fait obstacle pour les ramener. (7)
-Ne t'avise pas d'essayer de m'arrêter, espèce d'enfoiré, gronde Owen en resserrant sa poigne sur la clé de la Faille.
-Pose ça, prononce le Gallois une arme pointée sur son cœur.
-Tu n'es qu'un fils de pute ! Hurle Owen. Ils sont coincés en 1941 ! Ils vont mourir là-bas et je sais bien que tu n'en a rien à foutre, mais je vais le faire! la Faille m'a pris mon amour et mon Capitaine et je vais les ramener !
-Vous les gens, siffle Jones l'air furieux et déterminé vous tombez amoureux aussi souvent que vous lavez votre linge. Ne pense plus à elle, Harper. Tu ne l'as connu qu'une maudite semaine. Elle est partie, elle t'a quittée et elle ne reviendra pas. Tu n'as pas idée du chaos que tu vas provoquer en ouvrant la Faille. Nous pourrions tous être aspirés dedans. Est-ce que ta semaine de baise vaut ça ?
-Ferme ta gueule! Souffle le médecin trop en colère pour avoir peur de Jones. Qu'est-ce que tu connais à ce sujet ? Tu es un cinglé, Jones. De ce que j'en sais tu as tué ta copine pour une putain de promotion, alors ne prétends pas connaitre quoi que ce soit au suj...
Le coup part et Owen reste pétrifié par la douleur. Il regarde son épaule, puis Jones.
-Tu...halète t-il. la douleur le traverse. Qu'est-ce...
Mais ce n'est pas terminé. Il se précipite sur le Manipulateur de la Faille, la clé toujours en main mais avant qu'il ne puisse agir un autre coup de feu retentit et c'est son autre épaule qui est en feu. Il tombe au sol, la clé glisse de sa main et il regarde complètement sonné les bottes noires de Jones descendre les escaliers et s'approcher de lui.
Non, pense t-il, ce n'est pas comme ça que ça va finir. Il ne va pas abandonner, il ne va pas laisser faire un infâme assassin répugnant qui ne connaitra jamais le grand amour. Comme Jones approche en parlant trop doucement pour qu'Owen entende il frappe. Avec ses dernières forces il plie les jambes et envoie valdinguer Jones puis fonce sur le Manipulateur de la Faille, mettant la clé en place. Jones l'attrape et le jette contre les escaliers mais c'est trop tard. La machine démarre. C'est fait.
Owen pousse un cri de douleur.
-Espèce d'idiot! Hurle Jones et tout devient noir.
oooooooooo
Quand il se réveille il est allongé sur la table d'autopsie. Jones est au-dessus de lui, appliquant des compresses sur ses blessures.
-Connard ! Parvient à exhaler Owen. Sale petit...
-Reste tranquille, gronde Jones ou je te tire encore dessus, à un endroit vital ce coup ci, comme j'aurai dû faire la première fois.
-Fils de pute, l'injurie Owen.
Il gémit de douleur quand Jones appuie un petit trop fort sur son épaule gauche.
-Owen, où sont les analgésiques ? Demande Gwen.
-Mon kit est...sur mon bureau. La poche extérieure.
la tête de Gwen disparait de sa vue et il l'entend grimper les escaliers.
-Toi...Halète Owen, tu vas être viré. Tes patrons ont été anéantis, il n'y a plus personne pour te sauver de...
-Je serai un peu plus inquiet si j'étais toi. Tu as brisé la règle numéro un : Tu as ouvert la Faille.
-Ouais, l'arrête Owen en commençant à réaliser. Jack, il est...
-Je suis ici, résonne la voix contrariée du Capitaine. Je n'arrive pas à croire que je dis ça mais Jones a raison. Tu n'avais pas le droit de déconner avec la Faille.
-J'ai fait ce que j'avais à faire, siffle Owen furieux que Jack ne soit pas plus reconnaissant. J'ai sauvé votre peau, merde!
Jones attrape le menton d'Owen et le force à le regarder.
-Pour l'instant, intervient-il. Toujours pas de signe de Bilis mais tu peux me croire. La prochaine fois que tu essaies d'ouvrir la Faille, je te tue.
-Ça suffit, l'interrompt Jack.
Jones lâche le menton d'Owen, l'antipathie inscrite sur son jeune visage.
Gwen lui injecte assez d'analgésique pour même lui faire oublier qu'il s'est fait tirer dessus et pour l'heure Owen est assis et examine les bandages sur sa poitrine.
-Nous ne devrions pas l'emmener à l'hôpital ? Entend-il Tosh demander.
-Je vais bien, grogne le médecin. Il lance un regard noir à Jones. C'est le plus mauvais bandage que j'ai jamais vu.
-Tu t'en remettras, rétorque Jones en quittant le secteur médical.
-Tu ne vas pas me tirer dessus, dit Gwen Cooper désespéré à Jones. Bilis avait raison. Il a dit d'ouvrir la Faille et que tout reviendrait à la normale. Owen a raison. Je vais faire revenir Rhys.(8)
-Eloigne-toi de l'ordinateur, Gwen, ordonne Jack. Mais rien sur Terre ne peut faire obéir Gwen.
-Ne t'avise pas d'essayer de me donner des ordres, regarde de qui tu as pris le parti, Jack Harkness ! S'exclame Gwen en désignant Jones. Tu es vraiment comme lui ?
Owen se place devant elle pour la protéger et elle ressent une bouffée d'affection pour lui et Tosh derrière eux . Ils essayent d'ouvrir la Faille parce que c'est certain que cela les sauvera tous et Rhys, son pauvre et merveilleux Rhys reviendra.
-C'est un piège! Toutes ces fissures dans le monde sont des diversions, des mensonges. C'est ce que veut Bilis ! Explique Jack.
-De quoi as-tu peur, Jack? Attaque Owen.
-Vous êtes fous, lâche Jones. Vous avez eu des visions, n'est-ce pas ?
Tosh en arrête de taper sur son clavier et Gwen cligne les yeux de surprise.
-Quoi ? Demande Jack paumé.
-Ces visions sont des leurres, continue Jones avec condescendance. Vous êtes vraiment naïfs. Vous y croyez véritablement? C'est une ruse de Bilis et vous tombez dedans comme les abrutis que vous êtes, évidemment.
-La ferme! Crie Gwen.
-Vous êtes aveugles, siffle t-il. Chaque mot est comme un coup de couteau dans sa poitrine. Après ce que nous avons vu aujourd'hui vous croyez vraiment que quelque chose de bon sortira de la Faille ?
-Tu ne dis que de la merde ! Crie Owen.
À coté de Jones Jack dégaine subitement son Webley.
-Je t'ai ordonné de bouger, dit-il d'un ton glacé.
-Qu'est-ce que tu fais ? Demande Tosh en colère.
Gwen prend une profonde inspiration, priant tous les dieux qu'elle connait de l'aider à trouver les mots pour convaincre Jack de ce qui doit être fait.
-Allons, Jack, murmure t-elle.
-Donc vous la jouez collectif, constate Jack d'un ton mauvais. Toshiko, la pauvre fille qui baise avec n'importe quel alien de passage qui lui offre un pendentif! Et Owen? Si fort qu'il entre dans une cage avec un Weevil, tellement il a envie de se faire tailler en pièces.
-Je t'en prie, murmure Gwen en avançant d'un pas chancelant malgré les canons de Jack et Jones braqués sur elle. Je dois faire revenir Rhys.
Jack baisse son arme une fraction de seconde. Sa bouche se tord.
-Ouais, c'est vrai que tu es si amoureuse de Rhys que tu passes la moitié de ton temps dans le lit d'Owen.
La fureur brouille sa vision et avant même d'avoir pu réaliser ce qu'elle fait elle lui balance un coup de poing.
-Va te faire foutre! Hurle t-elle.
Ses yeux sont tellement remplis de larmes qu'elle remarque à peine Owen ramasser l'arme de Jack tombée au sol.
-Ne bouge pas, le somme Jones tranquillement en pressant le canon de son révolver contre sa tempe.
Elle se pétrifie tandis qu'Owen pointe le Webley de Jack dans sa direction.
-Pose ton arme, ordonne t-il.
La bouche de Jones se tord de dépit.
-Merde! S'exclame Tosh, nous avons besoin de faire un scan de la rétine.
Jack essaie de se relever mais Owen le repousse et pointe de nouveau son arme sur lui.
-Nous vous relevons de votre commande, Capitaine! Crie t-il furieux. Nous allons ouvrir la Faille et retrouver ce que nous avons perdu !
-Combien de putains de fois je dois vous le dire ? Riposte Jones pressant toujours le canon contre sa tête. Ils sont morts et ouvrir la Faille ne vous les ramènera pas!
-Je dois le ramener, siffle Gwen. Je ne m'attends pas à ce que tu comprennes.
-À quel coût ? Rit Jones. Tu ne sais pas combien de gens peuvent mourir? Combien de petits amis d'autres personnes ? Tu n'es pas le centre de ce putain d'univers!
-Ouais, tu t'y connais question petite amie, hein, Jones ? Questionne Owen sombrement.
Le Gallois change de cible et pointe son arme sur Owen, le visage déformé par la colère.
-Owen, commande Jack toujours au sol. Pose ton arme.
-Reste où tu es ! Lui crie Owen faisant aller son pistolet de lui à Jones.
-Tu prends les rênes, Owen? demande férocement Jack en se relevant. Pour ça il faut avoir une plus grosse paire de couilles!
Owen fait feu. Gwen voit avec horreur Jack tomber à la renverse, mort.
-J'en ai marre que les gens doutent de moi! Crie Owen en tirant encore plusieurs fois.
Le révolver contre la tempe de la jeune femme tombe dans un grand fracas.
-Qu'est-ce...Halète Jones, sa voix montant dans les octaves. Qu'as-tu...
Elle le frappe avant qu'il ne les tue tous, lui donne un coup de genou dans l'aine et un coup de poing dans le visage. Il tombe à genoux l'entrainant avec elles et ils se battent jusqu'à ce qu'elle entende un bruit sourd et que Jones se mette à trembler convulsivement. Tosh presse un fusil paralysant contre les côtes du Gallois qui tombe dans l'inconscience. Gwen se tourne pour regarder le corps de Jack.
-OK, murmure Owen en tremblant, son pistolet toujours à la main. Allons-y.
oooooooooo
Quelques heures plus tard ils sont tous debout autour du corps de Jack à la morgue.
-Tu en es certain? Murmure t-elle.
-Il est froid, répond Owen, la voix enrouée. Aucun signe vital.
-Mais, commence t-elle en se raccrochant à la moindre lueur d'espoir, il a survécu quand tu lui as tiré dessus. La première fois que je l'ai rencontré il m'a dit qu'il ne pouvait pas mourir.
-Il avait tort.
-Très intelligent, gronde Jones. Très bon travail. Juste...putain de brillant.
Il s'en va et Gwen étouffe un sanglot.
-Je veux rester assise près de lui, dit-elle parce que Jack ne peut pas être mort. Il ne peut pas, c'est tout.
Il se réveille trois jours plus tard et le soulagement est comme un verre d'eau glacé dans le désert. Il la remercie, étreint Tosh, pardonne à Owen et fait même un signe de reconnaissance à Jones et tout est parfait.
Et puis il disparait.
Cela fait dix mois, une semaine et quatre jours et Jack Harkness ne voit toujours pas de fin à la torture. Il a essayé de s'échapper six fois mais en vain et il est fatigué, tellement fatigué.
Gwen et Owen sont morts. Il y a trois mois de cela le Maître lui a joyeusement montré leurs derniers instants sur grand écran. Gwen, si belle et forte a laissé les balles destinées à Owen cribler son corps tout en hurlant des imprécations en se jetant dans la ligne de feu. Il ne sait rien au sujet de Tosh, ni de Jones et il vit dans l'espoir ( Comme s'il avait le choix), qu'ils sont, ainsi que la pauvre Martha toujours en vie.
La salle des chaudières est bouillante, toujours si chaude et les fumées sont si épaisses qu'il se rappelle difficilement ce qu'est une goulée d'air frais. Il arrive à peine à se souvenir de ce que c'est de ne pas avoir ces menottes implacables autour de ses poignets qui entravent le moindre de ses mouvements. Mais il ne peut pas craquer. Pour le Docteur, pour Gwen, pour Tosh, pour Martha et pour cette pauvre Tish qui lui apporte sa nourriture chaque jour. Il a été poignardé, abattu, explosé, décapité, écorché, brulé, affamé, noyé, battu, électrocuté, étranglé, écrasé, mutilé et empoisonné mais il ne craquera pas.
Chaque jour Tish lui dit la date, mais le temps ne semble pas fonctionner ici de la même manière que sur Terre où les centaines d'autres planètes qu'il a visité. Même après avoir vécu une centaine d'années à Cardiff le temps ne lui a jamais semblé aussi déformé et étrange.
Donc quand il entend le bruit d'un choc suivi de la vision du corps d'un de ses gardes s'écrasant au sol il ne sait plus combien se temps s'est écoulé depuis sa dernière tentative d'évasion. Il cligne ses yeux gonflés par la fumée. Quelques secondes plus tard la porte s'ouvre. Il se rend compte qu'il connait le visage devant lui.
-Salut Jack! S'exclame Jones.
Le jeune homme s'approche de lui un petit sourire aux lèvres.
-J...Jones ?
Jack ne l'avait jamais vu porter des vêtements aussi décontractés. Un jean et une chemise sale. Ses cheveux sont plus longs. Il a une cicatrice sur la joue qui ressemble à celle que ferait une lame Toclafane.
-Que...que faites-vous ici? Parvient-il à exhaler tandis que Jones extirpe une pince à cheveux de sa poche. Il se poste en face de lui, si proche que Jack peut sentir la poudre à canon sur ses vêtements. Jones se saisit de la menotte droite de Jack et commence à trifouiller la serrure.
-Passager clandestin sur un vaisseau de ravitaillement, explique Jones avec un petit sourire content. La sécurité est devenue vraiment laxiste, je pense que vous devriez vous plaindre.
Jack émet un petit rire qui l'étonne lui-même.
-Je vois que vous avez appris quelques trucs depuis la dernière fois que je vous ai vu.
Jones sourit mais garde les yeux rivés sur sa tâche.
-En fait j'ai appris ça il y a des années quand j'étais un jeune délinquant.
-Jones, lâche Jack, Owen...Owen et Gwen sont ...
Le sourire de Jones disparait.
-Je sais, dit-il doucement.
-Tosh! Qu'est-il arrivé à Toshiko ? Questionne Jack frénétiquement.
Jones s'arrête une fraction de seconde et Jack n'a pas besoin d'un autre signe. Il ferme les paupières tandis que ses yeux se remplissent de larmes.
-Ça a été rapide, explique Jones doucement en le regardant dans les yeux.
Il y a un petit clic et la main droite de Jack est libre.
-Bien, commente Jack reconnaissant. Il fait bouger ses articulations raides.
-Donc je suis le seul qui reste, constate Jones avec un sourire teinté d'auto dérision qui éclaire son visage comme il de déplace pour s'activer sur la menotte gauche.
Jack a travaillé deux ans avec lui et il ne l'a jamais vu autant sourire que ces dernières minutes. C'est choquant de voir à quel point il a changé cette dernière année. Jack se souvient des derniers moments de Gwen, le regard froid de Tish. Tous ceux avec qui il a été en contact se sont endurcis et sont devenus des gens cruels qu'il avait eu du mal à reconnaitre, mais il semble que Jones se soit adouci.
-C'est incroyablement ironique si vous réfléchissez, continue Jones. Jack sent son souffle caresser son oreille gauche. Je suis devenu agent de terrain au risque de me faire tuer et qu'est ce qui m'arrive ? Je suis le dernier putain d'agent de Torchwood sur Terre.
-Jones... commence Jack mais il est interrompu par le son de l'alarme et se pétrifie.
ALERTE ROUGE! Retentit une voix mécanique. ALERTE ROUGE! INTRUS! INTRUS!
-Merde! S'exclame Jones en laissant retomber ses mains. Il tourne sur lui-même, ferme les yeux et inspire profondément, les poings serrés.
-Mais qu'est-ce que tu fais ? Siffle Jack en le tutoyant. Cours!
Jones se tourne et lui offre un nouveau sourire, triste cette fois-ci.
-C'est trop tard, Jack.
-Non! Gronde le Capitaine.
-C'est fini, se résigne Jones horriblement serein face à la mort imminente. J'ai toujours su que cela risquait de finir comme ça mais je devais essayer.
-Il seront là dans une seconde, crie Jack en se battant avec la menotte restante. Fiche le camp!
Jones secoue lentement la tête. Jack l'attrape par le col avec sa main libre et le pousse en arrière.
-Cours espèce d'idiot!
Jones pose la main sur son cou et le serre fermement. Il pose l'autre sur la joue de Jack, se penche et l'embrasse.
Jack émet une petite exclamation de surprise puis ferme les yeux, laisse Jones passer sa main libre autour de son cou et l'embrasse désespérément en retour. Il tire Jones aussi près de lui qu'il est humainement possible, savourant la sensation des bras de l'autre homme autour de sa taille, sa poitrine, ses hanches et sa bouche tout contre lui, goûtant le métal et la poudre à canon et plus que tout: la vie.
Des voix retentissent au loin et le moment est terminé. Jones rompt le baiser, les lèvres gonflées, le visage rouge, les paupières à demi fermées. Il presse son front contre celui de l'autre homme.
-Jack, prononce t-il doucement.
La voix douce prononçant son prénom, teintée du léger accent Gallois le fait frissonner.
Jones se retire et fait un pas en arrière, puis un autre.
-Je voulais emmener quelque chose avec moi en partant, déclare t-il, toujours souriant, puis il tire son arme à feu de l'arrière de son pantalon. Les cris sont maintenant plus forts et Jack entend des bruits de pas précipités, mais tout ce qu'il peut faire c'est regarder Jones. Et je suis désolé, Jack.
Il court le long du flanc tortueux du Valiant, juste quelques secondes avant que les gardes ne fassent irruption par la porte grillagée métallique, à deux doigts de trébucher sur le corps de leur compatriote mort. L'homme de tête découvre Jack à moitié libre et pointe son arme.
-Espèce de stupide con...
Puis il y a un tir et tout devient noir.
Il se réveille à nouveau menotté, juste à temps pour voir le corps de Jones criblé de balles trainé lentement sur le sol.
Jack hurle.
.
FIN DU PREMIER CHAPITRE
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1) Episode 1-02 Premier jour
2) Episode 1-05 Petits mondes
3) Episode 1-06 La récolte
4) Races d'aliens dans Dr Who
5) Episode 1-07 Cadeaux grecs
6) Episode 1-10 Hors du temps
7) Episode 1-12 Capitaine Jack Harkness
8) Episode 1-13 La fin des temps
