Voici (quasiment) la première fiction que j'ai publié sur HPF et , j'y tiens beaucoup, et même longtemps après quand je la relis, je lis certains passages et je me dis "mais comment j'ai fait pour avoir cette idée". C'est une fiction hyper courte, déjà terminée. Je voulais continuer la re publication de mes fictions d'HPF sur . Merci à tous pour vos lectures.

Lucy

Il faisait frais en cette nuit de juin 1978, quand quatre silhouettes encapuchonnées apparurent d'un coup, semblant sortir de nulle part, dans la rue d'une petite banlieue résidentielle du sud Londres. La rue était calme et silencieuse, un chat miaula d'effroi et traversa à toute vitesse le bitume, pour rentrer dans un jardin de l'autre côté de la rue. Les quatre silhouettes étaient vêtues de longues robes noires et des capuches leur couvraient le visage. Ils marchèrent un moment, puis ils tournèrent à droite au bout de la rue. La température baissa encore de quelques degrés, les Mangemorts s'arrêtèrent devant une jolie petite maison de deux étages. Une balançoire en bois grinçait dans le jardin et de la lumière filtrait par les rideaux du deuxième étage.

« Nous y voilà, dit une des silhouettes d'une voix caverneuse.
- Tu es ému, cousin ? lança durement une voix de femme, en se retournant.

Une des quatre silhouettes se tenait en arrière, et semblait beaucoup moins sereine que ses condisciples. C'était à elle que s'adressait la voix de femme.

- Oui Bella... murmura le plus jeune des Mangemorts.
- Bon, qu'est-ce qu'on attend ? demanda le quatrième.
- Entrons !

Bellatrix Lestrange, la seule femme du groupe, ouvrit la porte de la maison d'un coup de baguette magique, et elle vola en éclats. Les quatre Mangemorts entrèrent dans la maison sans chercher à êtres discrets. Regulus Black se tenait toujours en arrière, inquiet de la tournure qu'allait prendre les événements. Des cris retentirent à l'étage.

- Benjy ! cria une femme qui semblait totalement terrifiée.

Des bruits de bas se firent entendre dans les escaliers, un homme relativement jeune apparut dans la cuisine, face aux quatre serviteurs de Lord Voldemort. Bellatrix le regarda avec dégoût et mépris.

- Benjy Fenwick ! Traître à ton sang ! lança-t-elle.

L'homme brandit sa baguette, menaçant ses ennemis.

- Que me voulez-vous ? demanda-t-il.
- Tu es un traître à ton sang, tu as sali ton sang pur en épousant cette moldue… Tu as refusé de rejoindre les rangs du Seigneur des Ténèbres alors qu'il t'offrait une place ! Et tu oses te battre contre lui…
- Personne ne se refuse au Seigneur des Ténèbres, personne ne dit non à Lord Voldemort, glapit Bellatrix.
- Tu es condamné à mourir, Benjy.

Rodulphus Lestrange, le mari de Bellatrix, lança la sentence d'un ton glacial. Mais l'homme n'était pas prêt à se laisser faire, il désarma Rodulphus, mais il n'eut pas le temps de lancer un autre sortilège, Bellatrix lui lança un Expelliarmus qui vit voltiger la baguette dans la cuisine.

- Avada Kedavra ! proclama-t-elle froidement.

Un jet de lumière verte sortir de sa baguette et frappa l'homme de plein fouet. Il sembla comme figé, restant immobile pendant quelques instants. Puis il s'effondra, son corps tombant lentement sur le carrelage de la cuisine. Il toucha le sol en grand fracas. Des bruits se firent à nouveau entendre, une personne, la femme que l'on avait entendu crier, courait à l'étage. Regulus entendit également des pleurs d'enfants. Une petite fille. Il suffoqua, une petite fille, un enfant était là, à l'étage, et son père venait se tomber raide mort sur le carrelage de leur cuisine. Qu'avaient-ils fait ? Oh mais, qu'avaient-ils fait ?

Avant qu'il puisse s'interroger plus longtemps, Rabastan Lestrange, le frère de Rodulphus, le tira vers l'étage où sa cousine et son mari était déjà monté. Regulus vit le couple qui menaçait avec leurs baguettes la femme de Benjy Fenwick. La jeune femme blonde se tordait de douleur sur le parquet de la chambre, les suppliant d'arrêter. C'était une moldue, le cadet des Black le savait. Il aurait du la mépriser, il avait toujours eut cette attitude avec les nées moldues de Poudlard, mais là, il avait pitié d'elle, il sentait dans sa peau, dans son sang, la douleur de la moldue.

- Tu n'en as pas assez encore ? dit Bellatrix dans un murmure de desaxée.
- En voilà plus pour toi alors, ajouta son mari, vas-y mon amour.
- Oui, mon amour… Endoloris !

La femme redoubla de cris, sa souffrance redoublant de plus belle. Regulus la regardait, hagard, il ne comprenait pas. Si Bella voulait la tuer, qu'elle la tue, pourquoi la faire souffrir ainsi ?

- Bella, arrête ! Je veux m'amuser un peu, cria Rabastan pour couvrir les hurlements de la femme.
- T'amuser ?
- Oui, Bella, c'est ce que je dis, refuses-tu d'obéir ?

Bellatrix grommela, mais elle sortit, suivi de son mari Rodulphus et de Regulus, qui n'avait aucune envie de savoir ce que Rabastan voulait dire par « s'amuser », bien qu'il se doutât de la chose. Ils entreprirent de visiter les autres pièces, pendant que Rabastan se jetait sur la femme. Les trois autres Mangemorts arrivèrent devant une porte fermée sur laquelle était écrit avec des lettres en bois ; Lucy.

Les trois Mangemorts poussèrent la porte et arrivèrent dans la chambre d'enfant. C'était une jolie petite pièce au papier de couleur rose pâle et aux motifs de fleurs. Il y avait une maison de poupée dans un coin, et dans l'autre coin un petit lit d'enfant sur lequel se tenait une petite fille blonde qui serrait ses bras autour de ses genoux qu'elle avait ramenés contre elle. Elle était épouvantée, cela se lisait dans ses yeux. Des peluches étaient posées sur son lit, il y avait également des jouets par terre. Bellatrix donna un coup de pied dans une des poupées en porcelaine qui vola dans la chambre et se brisa contre un des murs. La petite fille tressaillit, et regarda avec des grands yeux les trois intrus.

- Du rose, il n'y a rien de plus laid ! lança Bellatrix. Et ces jouets, c'est bien pour des sangs mêlés, ça ! Une sang pur ne s'abaisse pas à jouer aux poupées !

Elle s'approcha de la petite, pencha sa tête vers elle et la sentit comme on examine un animal. Puis, elle releva la tête d'un coup, avec tout le mépris dont elle était capable, elle posa ses yeux foncés sur la gamine apeurée et dit :

- Regulus ! C'est ton initiation, ta première mission.

Regulus s'était avancé quand sa cousine avait prononcé son nom. Il avait peur de ce qu'elle allait dire, de ce qui allait suivre. De la pièce d'à côté sortaient des cris d'homme et de femme. La mère de la petite fille appelait à l'aide, suppliait, et l'homme… eh bien, c'était des cris de jouissance. Il était en train de… Regulus ne pouvait même pas l'imaginer.

Et soudain la dure et sèche voix de femme qui appartenait à sa cousine lança l'ordre qu'il redoutait.

- Tues-la.

Regulus regarda sa cousine avec un air d'incompréhension. L'ordre tombait comme un couperet, il tranchait l'air, détruisant toute la vie de la petite chambre d'enfant. C'était pourtant simple, l'ordre avait cheminé jusqu'au cerveau du jeune Black et il l'analysait rapidement. Il regarda la petite fille, puis Bellatrix, puis la petite fille, puis Bellatrix. Il avait l'impression que le sang chaud qui coulait dans ses veines était devenu un liquide glacial et métallique. Et ce liquide froid se dirigeait vers son cœur, glaçant chaque partie de son corps. Il ne pouvait pas, il ne pouvait pas tuer une petite fille terrorisée, sans défense. Elle le regardait en tremblant, elle avait tout compris, bien sûr, c'était une petite fille intelligente. Elle plongeait ses grands yeux dans le regard de Regulus, et il se revoyait enfant... C'est possible, se disait-il,pointe ta baguette, lance le sort, et voilà, c'est tout. Si tu ne le fais pas, Bella ne pourra pas te protéger. Il avait peur, oui, lui, Regulus Black, il était effrayé. Il tremblait de peur. Négocier, tu peux peut-être négocier, pensa-t-il.

- Bella, elle a cinq ans !
- Tu discutes mes ordres Regulus ?
- Non, non…
- Il n'a jamais tué, le gamin ? demanda l'époux de sa cousine.
- Il semblerait que non...

C'était pour servir le Maître des Ténèbres, pour que ses parents soient fiers de lui, pas comme son frère, le traître, qu'il avait rejoint les rangs du Maître. Mais cette mission, tuer des gens, des petites filles... Bien sûr, il savait... Mais il y a une différence entre savoir ce que l'on doit faire et le faire. S'il tuait cette gamine, il deviendrait un monstre, il perdrait toute humanité... Mais s'il ne la tuait pas… Il essayait de se convaincre qu'il pouvait le faire, mais au fond de lui, il trouvait cela injuste, indigne d'un sorcier de haut rang. C'était une petite fille sans défense, elle n'avait pas de baguette, et même si elle en avait eu une, elle n'aurait pas su s'en servir. Ce n'était pas ce qu'il était censé faire. Ce n'était pas pour cela qu'il s'était engagé.

- Black ! glapit Rodulphus. Tu la tues ou tu te la fais ?
- Je… Je…

Regulus se gifla mentalement de sa réponse non constructive. Je la tue, je ne la tue pas, je la tue, je ne la tue pas, il se répétait cela en boucle. Il hésitait, il leva sa baguette, et au dernier moment, il la rabaissa, ne pouvant agir.

- Regulus ! Qu'est-ce que tu attends ?
- Je ne peux pas Bella, c'est une enfant !
- Et toi, quel gamin tu fais !

Bellatrix Lestrange partit dans un rire démentiel, attrapa Regulus, qui reculait, par le bras, serrant ses longs ongles noirs sur la manche de la robe de son cousin, et elle lui dit :

- Restes ! Regarde !

Regulus la vit lever sa baguette, un terrible sourire aux lèvres. Elle savourait cet instant, elle appréciait la mise à mort plus que le combat en lui-même. La sorcière prit une profonde inspiration et lança le sort de mort.

- Avada Kedavra !

Comme pour le père, la lumière verte sortit de la baguette et atteignit en quelques secondes la petite fille, qui ne bougea pas, ne gémit pas, attendant la mort. Le jeune Black se dit que cette enfant était plus courageuse que lui, et que toutes les personnes dans cette pièce. Elle mourut en silence, dans son lit, entourée de ses jouets et des photos de ses parents, c'est-à-dire de toute sa vie. Regulus la regarda tomber au ralentit, et il sentait mal, il avait la nausée. Sa respiration se bloqua, son cœur battait comme un fou, il paniquait totalement. Sa cousine était exactement ce qu'il aurait du être, mais il venait de comprendre qu'elle était tout simplement détraquée...

Bellatrix et Rodulphus retournèrent voir où en était Rabastan, laissant Regulus seul avec une petite fille morte et ses démons. Il allongea l'enfant dans son petit lit, l'installant sous ses couvertures, avec ses peluches dans les mains. Il tremblait comme une feuille quand il murmura :

- Bonne nuit ma jolie petite fille.

D'un coup, il quitta la chambre en courant, il descendit les escaliers tout aussi rapidement, passant la porte d'entrée de la maison, et il vomit. Il vomit sa haine, sa colère, sa peur, tous les sentiments qu'il ressentait ce soir. Il resta un moment, appuyé contre le mur, respirant difficilement. Il fallait qu'il se reprenne, il ne pouvait pas se laisser attendrir et atteindre si facilement. Lorsque les trois autres Mangemorts redescendirent, il était rentré se rincer la bouche, et il les attendait devant la porte. Ils sortirent, et Bellatrix s'adressa à lui de sa voix si dure.

- Regulus, nous avons décidé que nous ne dirions rien au Seigneur des Ténèbres, car c'était ta première mission, et tu es très prometteur à Ses yeux. Mais la prochaine fois, tu devras tuer. C'est ta dernière chance.

Il hocha la tête pour montrer son accord, mais seul ce geste s'accordait avec les paroles de Bellatrix Lestrange, au fond de lui, il venait de comprendre, de réaliser ce qu'il avait fait en choisissant la marque. Il devrait tuer, torturer, assassiner s'il ne voulait pas subir le même sort... Regulus savait ce qui l'attendait et il savait qu'il n'en serait pas capable.

Les quatre silhouettes traversèrent la rue, retournant à leur point de départ. Dehors, on sentait l'odeur de l'orage, la pluie se faisait menaçante. L'atmosphère était étouffante et lourde, et Regulus transplana, soulagé de fuir cet endroit qui l'avait changé à jamais.