Titre original : Eight

Auteur : Lily Elizabeth Snape

Traductrice : PetiteMary

Disclamer : Les personnages sont à J.K. Rowling, l'histoire est à Lily Elizabeth Snape. Je n'agis qu'en tant que traductrice.

Résumé : Harry, âgé de huit ans, se fait maltraiter par les Dursleys. Rogue est un sorcier particulièrement froid et distant. Sévérus peut-il offrir à Harry l'enfance à laquelle il n'a pas eu droit?


Chapitre 1

« Sévérus, j'ai des nouvelles plutôt surprenantes pour toi » commença Dumbledore dans un léger froncement de sourcils.

Depuis la défaite finale de Voldemort en 1981, il savait pourtant que je détestais sortir des cachots plus que nécessaire. J'avais tellement honte… même si personne ne le savait, excepté Albus, bien sûr. C'est principalement pour cette raison que je tâchais tant bien que mal d'éviter de le croiser.

Je m'assis dans le large fauteuil en cuir, celui-là même que j'avais toujours préféré parce qu'on pouvait se perdre dedans. Je parcourus des yeux les divers bibelots et autres objets qui trônaient sur le bureau – tout sauf le directeur lui-même.

« J'étais au ministère l'autre jour, pour m'occuper des affaires de Poudlard, et je me suis senti un peu nostalgique. J'ai fait un détour par la salle des archives et j'ai demandé à voir le certificat de naissance d'Harry Potter. »

Je fis mine de me lever.

« Albus, qu'est-ce que tout cela a à voir avec moi? J'ai une potion très instable sur le feu, et elle pourrait être complètement ratée si je n'y retourne pas bientôt!

- Assieds-toi, mon garçon. Tout cela est en lien direct avec toi, j'y viens. Comme tu le sais, quand une personne est incarcérée à Azkaban, tous ses droits – autant sorciers que juridiques – sont abolis. Quand j'ai lu le certificat du petit Harry, ce n'était plus le nom de Sirius Black qui était inscrit sous le titre de tuteur et de parrain, comme c'était le cas à la naissance de l'enfant. Le nom avait été remplacé par le choix de sa mère. Est-ce que tu as une idée de qui ça pourrait être? »

Dumbledore me regarda fixement. Je le sentis davantage que je ne le vis.

« Le choix de Lily? Lily n'était proche de personne à l'école, comme vous le savez bien. Je ne prétends pas être resté en contact avec elle après la graduation. Franchement, Albus…

- Il n'y a donc absolument personne qui tenait à elle? Personne avec qui elle était liée, Sévérus?

- Vous ne pensez quand même pas à… moi, Professeur? »

Lily m'aurait choisi moi, entre tous?

« Nul autre que vous. Maintenant, c'est à vous de décider ce que vous voulez faire de l'enfant. Évidemment, je vais vous aider à faire les arrangements nécessaires. Ses gardiens actuels ont déjà été contactés et ils préfèrent de loin qu'il revienne dans notre monde. Je vous laisse quelques instants de réflexion. »

Le vieil homme me repoussa d'un geste de la main, m'indiquant que l'entretien était terminé.

Je fis quelques pas vers la porte, puis m'appuyai sur le mur de pierre, résolut. Je ne pouvais pas renier la seule amie que j'aie jamais eue, même après sa mort.

« Si c'était ce que souhaitait Lily, alors je dois m'occuper de l'enfant. »

C'était le moins que je puisse faire; après tout, Loly m'avait sauvé de bien des peines durant nos années à poudlard, et le bébé Harry m'avait involontairement libéré de ma servitude.

Ressemblant à s'y méprendre à un esprit au clair de lune, Albus sautilla jusqu'à moi et me tapa l'épaule.

« Très bien, très bien. Occupons-nous des arrangements permanents, maintenant. »

Nous transplanâmes au Ministère et commençâmes à remplir les formulaires nécessaires. Après quelques heures, je partis avec en main une adresse moldue. Grimaçant en constatant que je portais toujours mon habituelle robe noire, je marchai tout de même résolument le long de Privet Drive. Je regrettais ma décision folle et sentimentale à chaque pas que je faisais. Depuis quand Sévérus Rogue prenait-il des décisions avec son coeur?

« Depuis que Lily est entrée dans ta vie » répondit une petite voix dans ma tête.

Après avoir cogné fortement à la porte du numéro quatre, la caricature typique de la femme au foyer moldue apparut de l'autre côté.

« Vous devez être M. Rogue? demanda-t-elle avec une fausseté maladive.

- Professeur Rogue » répondis-je narquoisement.

Je détestais déjà cette créature à la face de cheval. Elle n'était absolument rien, en comparaison avec sa soeur.

« Nous ne vous attendions pas si tôt, dit-elle, poussant la porte pour sortir sur le balcon. Le petit Harry n'est pas prêt, si j'ose dire. Pourquoi ne reviendriez-vous pas dans une semaine ou deux? C'est ce que j'avais convenu avec M. Dumbledore.

- Professeur Dumbledore, corrigeai-je. Et je ne reviendrai pas une autre fois. Écartez-vous. »

Je crachai les mots hors de ma bouche avec tant de force et de malice que la femme lâcha un grognement d'indignation, avant de me libérer le chemin. Elle me conduisit au salon.

« Je vais aller faire du thé pendant que Harry prépare ses affaires. Harry, mon chéri? » croassa-t-elle.

…..

Elle m'appelait son "chéri »?

« Oui, m'man? » répondis-je immédiatement depuis ma tanière.

J'aimais à penser que mon placard était un peu comme un refuge, une grotte peut-être; n'importe quoi sauf ce que c'était en réalité. Je n'en sortis pas. Je n'en sortais jamais, à moins qu'on me dise de le faire.

« Viens dans la cuisine, mon chéri » appela-t-elle. Ça devenait vraiment bizarre. Elle en mettait sûrement pour le visiteur. Mais les visiteurs ne me voyaient jamais, encore moins le lendemain d'une punition. Tandis que je refermais la porte de mon placard derrière moi, un homme grand et mince, avec un visage dur, me cria :

« Prépare toutes tes affaires. Nous ne reviendrons pas. »

Je les regardai en alternance, lui et tante Pétunia. À qui devais-je obéir? Je décidai que s'il m'amenait avec lui, il valait mieux l'écouter. Tante Pétunia se précipita à ma rencontre.

« Nous allons d'abord le laisser dire au revoir à cette vieille maison en paix. Allons prendre un thé sur le patio, d'accord? »

Elle l'amena plus loin, bien qu'il n'en semblait pas ravi. Je me demandais quel sort il me réservait. Où m'emmenait-il? Pourquoi? Il semblait très fâché; avais-je fait quelque chose de mal? Ces pensées se bousculaient dans ma tête tandis que j'emballais ma tenue de rechange dans mon sac d'école. Je savais que je devais laisser mes manuels scolaires; ils ne m'appartenaient pas. Je pris mes jouets de fortune et mes crayons cassés… et tout le reste qui était bien à moi. Je rangeai le placard du mieux que je pus, replaça le lit et le matelas déchiré et fermai la porte pour de bon.

Je balançai le sac sur mon épaule, mais le reposa rapidement. C'était une mauvaise idée. J'attendis un moment dans l'entrée, mais l'homme me vit et se dépêcha de venir me rejoindre.

« Il est temps d'y aller » dit-il en se dirigeant vers la porte d'en avant. Je le suivis sans me retourner.

Nous prîmes un taxi jusqu'à King's Cross, et attendîmes l'arrivée du train à la plateforme 7. Ce train était en direction de Manchester, je me doutais bien que ce serait un long voyage. J'avais beaucoup de questions à poser, mais je n'osais pas. Je savais ce qui arrivait quand je parlais sans qu'on m'ait préalablement adressé la parole. Je devais pratiquement courir pour arriver à suivre l'homme. Il ne me regarda vraiment que pendant que nous attendions, et je vis son visage se tordre de haine. Même si je ne pouvais pas lire ses pensées, j'étais certain qu'il se disait « Ignoble monstre! » ou quelque chose du genre.

Une fois montés dans le train, il me guida jusqu'à un compartiment. Ce dernier n'était pas rempli comme les autres autour, et nous avions la petite pièce pour nous seuls. Je suis restée sur le pas de la porte, me demandant où aller. Je savais que je ne serais pas autorisé à m'asseoir sur les coussins, mais j'espérais avoir le droit de m'installer par terre. Je n'avais vraiment pas envie de rester debout jusqu'à Manchester.

Le James miniature resta debout au milieu de la place; Harry était le portrait craché de son malheureux père. Il regardait le plancher, perdu dans ses pensées.

« Probablement en train de préparer quelques insultes! »

Je le foudroyai du regard, déterminé à prendre le dessus.

« Assieds-toi » ordonnai-je, et le morveux effronté eut le culot de s'asseoir sur le plancher! Je l'attrapai par le bras et l'installa sur le banc, maudissant ma décision de le reprendre avec vigueur. Il émit un petit gémissement, mais je n'y portai pas attention. Le bougre allait apprendre à rester dans les rangs. Pas étonnant que la soeur de Lily ait été si contente de s'en débarrasser. Et je ne pouvais croire qu'il ait vraiment décidé de partir vêtu de ses pires vêtements de jeu. Son costume était visiblement utilisé pour joueur au rugby ou un autre de ces activités inutiles. Il avait probablement passé la journée précédente à jouer; ses cheveux étaient gras, son visage et ses mains couverts de saleté. Je remarquai qu'il tira ses genoux sous son menton au bout d'un moment.

« En train de bouder, sans aucun doute. Enfin, au moins il est silencieux. »

Je fermai les yeux et me réveillai en entendant l'annonce de la station de Manchester. J'eus le sentiment qu'il avait passé tout le trajet à me regarder dormir, mais quand je commençai à le dévisageai, il détourna de nouveau les yeux en direction du plancher. J'étais un peu surpris qu'il n'ait pas dormi durant le long voyage.

« Il se croit probablement trop vieux pour faire la sieste. Un grand homme de huit ans! »

Je fis un signe du menton et il me suivit sur la plateforme. La prochaine partie du voyage serait la plus désagréable. Je maudis Dumbledore pour avoir insisté sur l'importance de se déplacer sans magie.

« L'enfant serait bien trop effrayé par les moyens de transport sorciers. Ne pars pas du mauvais pied! » l'avait réprimandé le directeur.

Nous grimpâmes dans une voiture de location et prîmes les routes rugueuses de Ashton-Under-Lyne jusqu'à la pathétique maison de mon enfance. Le taxi nous laissa au sommet de Spinner's End, prétendant que les pavés causeraient des dommages à son châssis. Je le payai – négligeant le pourboire – et il partit en bougonnant et en faisant des gestes grossiers.

J'avais d'abord pensé amener l'enfant à Poudlard, mais j'en étais arrivé à la conclusion que courir après un petit drôle à travers l'immense château serait beaucoup trop éprouvant. Alors que nous arrivions au bas de la colline, je me demandai si je n'avais pas fait une autre erreur; mon estomac était plein de peur et d'acide quand nous approchâmes la demeure familiale.

« Nous pouvons toujours partir demain matin, décidai-je. Et puis par la barbe de Merlin, nous n'aurons qu'à transplaner à Pré-au-lard! »

Ça me permit de me sentir un peu mieux.