Bon, allez, faut que je me lance...

Et c'est avec un grand plaisir que je vous présente ma première fic dans le thème des web shows ! Et je vais essayer de placer plein de petits monde dedans, enfin, de ceux que je connais, c'est à dire... un nombre assez limité en fait... enfin je crois... BREF ! Bonne lecture ! *disparaît dans un nuage de fumée parce que ça fait cool*


C'était dans ces vieilles rues pavées et crasseuses de la future ville lumière que grouillaient les pauvres gens vivant dans la misère. Là où sur les dalles de pierre, ruisselaient l'urine et les déchets jetés en pagaille par les fenêtres des immeubles, chatouillant avec horreur les narines des divers piétons qui ne s'étaient guère habitués à telle puanteur

On y trouvait surtout des nouveaux travailleurs à l'usine, dans ces lieux, ces gueux ne pouvant vivre que dans des appartements moisis et immonde avec un loyer que trop cher pour eux, et à peine quelques-une d'entre elles avaient l'eau courante, ce qui en faisait les plus chères des environs. Tout n'était que crasse ici ! Et les marchés et boutiques, aux pieds de ces immeubles s'effritant, se trouvaient au plus loin des nouvelles usines de textiles et de métallurgie qui broyaient les oreilles et les mains des pauvres ouvriers qui suaient comme des bêtes sous la chaleur des machines.

Ah oui ! L'âge industriel s'était annoncé, avec ses problèmes sur les faibles gens. Et les nobles, eux, s'en foutaient royalement ! Tant qu'ils avaient leur pain quotidien, leur belle brochette d'or et leur filet-mignon d'argent, sans oublier les vêtements de pierres précieuses... ils ne se plaignaient pas. Et c'est qui répugnait les pauvres hères, mais qui ne pouvaient changer leur vie comme bon leur semblait, eux.

Un gamin aux cheveux bruns distribuant le journal passa dans la rue. Il circulait avec aisance parmi tous ces hommes qui, le matin, reprenaient mollement et sombrement la route d'un travail pénible. Le pauvre enfant, à l'allure trop amaigrie pour son âge, habillé de haillons, criait à tue-tête la nouvelle du jour à ces passants qui l'ignoraient merveilleusement bien. Cependant, le gosse avait du cran, et n'hésitait pas à aller directement tirer le vêtement d'une quelconque personne pour lui vendre sa paperasse. Quitte à faire la rencontre du sol ou d'une main. Mais le pauvre, il se devait de gagner sa vie !

Un homme à la tignasse étonnamment ébouriffée s'approcha de lui, et prit un de ces journaux faits de ce papier jaunâtre qui sentait le tabac. Il glissa dans la main squelettique de l'enfant quelques sous, de quoi manger pour la journée voire la semaine, car il y en avait des pièces d'argent. Le jeunot regarda avec grande surprise le visage de l'homme.

Des lunettes comme on en faisait si bien à l'époque, avec des verres de bien basse qualité, rattachés entre eux par une vieille lanière de cuir d'une teinte brunâtre et de la même couleur (si ce n'est légèrement plus foncée) que la crinière de l'inconnu. Des yeux marrons, sombres, mais gardant une certaine lueur chaleureuse, qui s'alliaient très bien avec sa peau légèrement rougie à cause de la chaleur qu'émanaient les usines situées à plusieurs dizaines de mètres. Des vêtements, pour peu qu'on les trouvasse originaux, n'étaient pas de simples frusques d'ouvrier : ils avaient une certaine classe, qui rendait l'homme encore plus bizarre. D'autant plus qu'il arborait un sourire se voulant carnassier, qui effrayait légèrement le môme. Celui-ci en frémit.

« Merci m'sieur... » bafouilla l'enfant en détaillant les sous qu'il avait désormais en main. « Mais pourquoi m'en donnez-vous autant ? Je n'vends qu'des journaux moi ! »

Il releva la tête, et constata avec une grande surprise la disparition soudaine de l'inconnu et de son journal, qu'il repéra plus loin dans la rue, marchant à contre-sens de la masse de gens.

« Oh ! Ne t'inquiète pas pour lui. Ce ne sont pas ces quelques sous qui vont le ruiner. » lui susurra-t-on à l'oreille, le faisant sursauter.

Le marmot n'osa pas se retourner vers son interlocuteur, et avala difficilement sa salive. Il entendit rire dans son dos, ce qui l'effraya encore plus. Et sans qu'il s'y attende, une main se posa sur le crâne du marmot pour lui ébouriffer les cheveux.

« Il est ici depuis peu, mais sache que si il est venu dans le quartier ouvrier, c'est qu'il a une bonne raison. »

Puis l'intrus pouffa. Il pinça légèrement les oreilles de l'enfant, qui lâcha un léger gémissement et qui se retourna pour détailler ce nouveau personnage. En voyant son beau bleu de travail, bleu comme l'étaient ses iris, il se dit qu'il était sans doute ouvrier. Un léger bouc ornait son menton ; plus haut, sa chevelure châtain n'avait rien de comparable avec l'homme précédent. Celui-ci avait l'air plus sympa, et le gamin lui sourit légèrement, intimidé.

« Savez-vous qui il est ? Pourquoi semblez-vous le connaître, alors que tout l'monde le regarde d'travers ? » demanda le petit en essuyant la morve qui commençait à lui couler du nez avec un mouchoir sorti de sa poche trouée.

L'autre homme ne répondit pas de suite, humant l'air ambiant tandis qu'il réfléchissait à une réponse adéquate.

« Lui ? C'est Antoine. Juste une connaissance. Et depuis peu, je le croise de plus en plus souvent. » répondit-il en donnant un petit coup sur la visière de la casquette du petit.

Le gosse lui sourit à pleines dents, montrant un joli trou, preuve du passage d'une petite souris.

– Ben m'sieur, on peut dire qu'vous êtes gentil vous. Tout l'monde passe à côté d'moi sans me voir. J'espère vous revoir. Moi c'est Kriss ! » se présenta-t-il à l'homme, qui ne put retenir un petit rire nerveux en voyant la réaction de ce marmot (qui à vue d'œil semblait avoir à peine douze ans).

– Moi, c'est Mathieu. Ravi de te connaître, petit Kriss. » gloussa-t-il avant de regarder une vieille montre à gousset, dont le tic-tac régulier et cristallin tintait délicieusement à l'oreille.

« Bon. C'est pas tout, mais c'est que je travaille aussi. »

Mathieu pinça cette fois-ci la joue du gamin. Ce dernier eut une petite moue qui lui défigura le visage, mais il eut un radieux sourire en saluant son nouvel ami qui s'en allait vers l'usine.

Kriss continua sa route, sautillant gaiement, et reprenant sa petite vente de journaux en criant à gorge déployée, et armé d'un joyeux sourire qu'il n'avait que rarement montré aux gens.


Ses chaussures crissaient sur le parquet fraîchement ciré des vestiaires. La pièce pauvrement garnie de meubles était faiblement éclairée par la lumière jaunâtre des quelques lampes à pétrole disposées de part et d'autre. Quelques bancs récemment nettoyés ainsi que quelques casiers croupissaient ici.

Il y flottait toujours cette vieille odeur de sueur et de moisi. Mais il ne s'en souciait plus, depuis le temps qu'il venait ici. Peu de gens venaient dans ce lieu reculé de la caserne de police, après la création de nouveaux espaces pour se changer plus rapprochés des terrains d'entraînement.

Mais c'était ici que lui et ses deux frangins préféraient venir avant de se lancer dans leur travail.

Jérémy posa sur le banc son sac en peau de porc offert par sa vieille tante, avant d'enlever ses chaussures et de glisser sur le bois luisant avec ses chaussettes bien trouées. Il parcourut quelques mètres avant de s'arrêter au niveau du mur.

Il recommença son jeu vers l'autre côté du vestiaire, ne se souciant guère de ses deux aînés qui commençaient déjà à revêtir leur belle tenue noire aux boutons dorés ornementés.

« Peux-tu arrêter tes pitreries ? On a déjà dix minutes de retard. Et j'ai pas envie qu'on se fasse engueuler parce qu'on est arrivé encore plus à la bourre au travail pour la troisième fois de la semaine ! » gronda Alexis en coiffant son casque de policier.

Jérémy eut une moue boudeuse. Puis il alla lui aussi se changer, à côté de son dernier frère, qui finissait de lisser sa veste du plat de la main.

« À quoi on est affecté aujourd'hui ? » demanda le plus jeune, en essuyant quelques traces de doigts laissées sur les verres de ses vieilles lunettes carrées.

« Même chose que les jours précédents, je suppose... » répondit David.

– Tant qu'on continuera d'arriver en retard, tu m'étonne qu'ils nous refilent un travail aussi chiant, à la direction. » grogna Jérémy qui tentait d'enfiler son pantalon en sautillant sur place.

Puis il mit sa veste, son casque, et rangea le reste de ses affaires dans son sac. Qu'il balança dans un casier dont il verrouilla le cadenas.

« Y a aussi le fait qu'on connaisse François depuis des années. Sinon, ils nous auraient jamais foutu ce travail entre les pattes. » reprit Alexis. « Alors on peut continuer d'arriver en retard, parce que le temps que l'affaire sera pas finie... »

Il rangea à son tour ses affaires, faisant bruyamment claquer la porte de son casier décoré de toutes sortes de dessins de femmes. Puis, les trois frères quittèrent les vestiaires en tenue de travail. Ils se rendirent à leur bureau, à la recherche d'une quelconque actualité concernant ville.


Adossé contre un mur, dans une des rues les plus pauvres de la ville, Antoine lisait son journal, froissant de plus en plus les pages à chaque fois qu'il les tournait. Chaque information, chaque image qu'il voyait ne l'intéressait guère. Mais se renseigner sur les nouvelles du jour était une des rares occupations qu'il avait, depuis son arrivée dans cette partie de la ville.

Vite lu, il replia le journal de quelques coups secs, le rangea dans sa veste et rentra à l'appartement, toujours en évitant ceux qui s'en allaient travailler.

Il ne lui fallut que peu de temps avant d'atteindre l'immeuble dans lequel il vivait à présent. Avec ses quelques huit étages, le bâtiment avait une forme géométrique triangulaire, et comportait en son centre une petite cour agrémentée de fleurs et de bosquets.

Une fois sur le pas de la porte de son logis, après avoir grimpé les trois étages de l'escalier en colimaçon, décoré d'un vieux tapis rouge empestant le vieux et le tabac à en faire donner le tournis, il sortit de sa poche une clé dorée. Il la fit jouer dans la serrure, jusqu'à faire retentir un petit clac.

Il entra, jetant manteau, journal et clé sur la petite table de l'unique pièce qui composait l'endroit. Une pièce pauvrement meublée, d'une tapisserie jaune verdâtre qui le dégoûtait au plus haut point, et d'un lit double. Un bac en bois pour le bain une fois par semaine, si il trouvait l'eau nécessaire, ainsi qu'une petite cheminée pour se réchauffer l'hiver, et une malle dans laquelle se trouvait tous les effets personnels de l'occupant habituel des lieux.

Car Antoine n'habitait ici que depuis quelques jours, et il se devait de dormir sur un vieux matelas à même le sol. Sur cette même table sur laquelle il avait jeté ses affaires, il y avait un mot, signé par le vrai propriétaire.

J'ai vu que tu étais parti plus tôt ce matin. Si jamais tu rentres, laisse-moi te donner un conseil : évite de trop te faire remarquer dans la rue. Personne ne doit savoir d'où tu viens et quel est ton vrai nom. Alors si besoin, emprunte dans ma malle ma tenue de ville. Elle est certes pauvrement chic, mais elle te permettra de mieux te fondre dans la masse. Moi, je garderai mon costume d'ouvrier.

Mathieu

Antoine replia la lettre et la reposa là où il l'avait trouvée.

« Ce Mathieu est vraiment un chic type. » se confia-t-il à son reflet, se posant devant l'unique miroir de la pièce. « J'ai de la chance d'avoir trouvé quelqu'un comme lui. Au moins, il n'a pas l'orgueil des saletés de nobles de la ville. »


Bon, en espérant que personne ne ce soit endormi devant, je vous remercie d'être allé jusqu'au bout de ce chapitre, et si vous pouvez m'écrire une petite review de ce que vous en avez pensé :3