Prologue
Draco parcourait la Forêt Interdite au milieu d'une nuit de pleine lune, à croire qu'il était complètement inconscient. Mais pourtant ce n'était pas le cas. Il avait une mission. Une mission qu'il avait décidé d'entreprendre seul. Une mission où il était sûr de ne pas en revenir indemne.
Il cherchait quelqu'un, ou plutôt quelque chose qui s'était depuis bien longtemps installée sur ces terres maudites, et qui avait commis la plus grande stupidité de sa vie : lui enlever à jamais son unique amour. Cette créature avait déjà enlevé et dévoré plus d'un, et continuait encore. Draco lui, l'avait déjà vu. Cette créature aux pupilles rouges sang, aux canines jaunâtres, à cette immense gueule béante, d'où s'échappait la vie de son ami par des litres de ce liquide écarlate. Il n'avait que onze ans. Pour une raison qui lui était complètement inconnu, la créature l'avait épargné, en s'enfuyant après lui avoir volé l'être qu'il avait aimé le plus au monde. Maintenant, dix longues années s'étaient écroulées, sans que Draco ne puisse enlever ce poids qui le condamnait à être l'unique assassin de son meilleur ami. C'était lui qui l'avait incité à l'accompagner dans un lieu qui leurs étaient formellement interdit. Il avait tué l'homme de sa vie à l'âge de onze ans. Et maintenant, il allait le venger en tuant son meurtrier et en le rejoignant vers la mort qui aurait dû l'emporter lui et non son amour, longtemps auparavant. Voilà quel était son but. Il ne demandait rien de plus que de tuer un assassin.
Draco marchait vite dans la pénombre, légèrement éclairée par la lune bleutée. Ses bottes en cuir noir écrasaient les feuilles sèches sous ses pieds, brisant le silence pesant de la nuit. Les arbres formaient sur le sol, une série d'effroyables ombres qui faisaient souvent penser à Draco, qu'une chose tentait de l'attraper par derrière. Il n'avait pas peur, mais restait sur ses gardes. Il s'était de toute façon résigné à mourir une fois sa vengeance accomplie. Rien ne l'empêcherait d'atteindre son but. Baguette en main, Draco scrutait de ses yeux orageux, toute la forêt en quête d'un mouvement suspect qui pourrait l'intéresser. Aucun mouvement. Aucun bruit. Rien ne se passait depuis deux bonnes heures, et Dracon continuait à s'enfoncer dans les profondes ténèbres, sans peine ni remords. Il accomplirait son destin écrit depuis ce jour.
Draco venait de déboucher sur une immense clairière quand un ululement strident rompit le silence. Il réprima tout de suite l'envie de se boucher les oreilles quand il remarqua la terrifiante silhouette à l'autre bout de la plaine. Un œil rouge sang l'observait, le fixait, le dévorait du regard. L'ombre était courbé à quatre pattes sur le sol, malgré son effroyable maigreur, la créature tenait debout d'un air sauvage, prêt à bondir sur lui afin de lui dévorer le cœur et l'âme. Cet œil le fixait, l'autre disparu, n'ayant laissé derrière lui qu'une orbite creuse et sombre, baignée de sang séché depuis des décennies. Les babines retroussées, la bave coulante entre ses canines flavescentes et formant une flaque transparente à ses pattes.
La bête se mit en position d'attaque, une lueur malfaisante traversant furtivement ses pupilles écarlates. Draco s'était déjà protégé d'un sort et attendait la première offensive de son adversaire. Une colère noire l'avait assaillit lorsqu'il reconnut cette iris fendue, d'un rouge carmin incandescent, dévoilant une haine, une aversion, un dégoût d'une ampleur exécrable. Des sentiments intenses tournés vers lui. Vers sa personne en particulier.
La bête l'avait elle aussi reconnue. Cette odeur…. Ce parfum…. Celui qui lui avait arraché l'œil droit, avec ce morceau de bois embrasé. Il lui avait ôté la vue du côté droit, ce qui eut pour mérite de créer une rébellion au sein de sa meute. Après cet épisode dans la grotte, où il avait sans pitié, dévoré le petit bipède qui accompagnait son ennemi en face de lui, quelques années auparavant, beaucoup des siens ne le jugeaient plus apte à diriger le clan. Ils avaient sans plus trop tardé, tenté plus d'une fois de le destituer pourtant, leur tentative restait sans grand succès. Malgré les nombreuses cicatrices le défigurant et celles lui vrillant douloureusement le corps, il en était ressortit vainqueur.
Et maintenant, il n'avait qu'une envie.
Ce vengé de cet imbécile ignorant et totalement inconscient qui aurait dû se laisser dévorer sans rechigner. Peut-être lui aurait-il épargné milles et une souffrance qui l'attendait depuis une dizaine d'années. Il pouvait se montrer de bonne fois quelques temps.
En tout cas, en cet instant si précieux, l'impatience qui le poussait à planter ses crocs jaunâtres dans cette chair si douce, si pâle, le démangeait à tel point qu'il dû y mettre beaucoup pour ne pas lui sauter dessus et lui arracher la tête au passage.
De son côté, Draco était à peu près dans le même état que son ennemi, sauf que lui, il était rongé par une rage noire incontrôlable.
Les souvenirs de son enfance frappaient son esprit par vagues déchaînées. Depuis le moment même où il avait fait cette stupide proposition à son meilleur ami, jusqu'au moment où celui-ci gisait sur le sol, inerte. La vie l'ayant quitté au moment où ses cris de douleur et de peur s'estompaient pour laisser place au long silence qui s'en était suivit où la créature le fixait de ses yeux écarlates fendus.
Ce monstre avait détruit sa vie, le seul être qu'il pouvait aimer de tout son cœur, sachant que celui-ci lui renvoyait les mêmes sentiments. Cette animal avait brisé deux existences en à peine trente secondes. Il le haïssait pour cette erreur, mais aussi, retournait ses sentiments contre , maintenant il allait se faire un plaisir de détruire cette immonde bestiole.
Draco était si éprit de ses réflexions qu'il ne remarqua pas du tout les silhouettes menaçantes qui s'avançaient lentement dans la clairière, de plus en plus éclairée par la lueur bleutée du ciel sombre. Il ne sortit de ses pensées qu'au moment où un concert – ou plutôt un magnifique requiem dédié exclusivement à sa personne - de grognements sourds s'éleva. Il regarda autour de lui, et sursauta sous le choc. Des créatures semblables à son plus grand ennemi lui faisaient face à chaque fois qu'il tournait la tête. Il y en avait partout. Draco était complètement encerclé.
Il plissa les yeux et distingua dans la pénombre l'assassin de son meilleur ami se déplaçant lentement vers lui. C'était parfait, il attendait cela depuis bien longtemps. Cette
créature ne lui souhaitait que la mort suite à une longue séance de tortures en règle. Et elle s'en donnerait à cœur joie pour réaliser son désir. Draco devait rester sur ses gardes, son ennemi pourrait le dépecer avec l'unique usage de ses longues canines aiguisées telle une dizaine de lames à double tranchant.
Il fixait la bête, examinant chacun de ses mouvement, absorbé par la puissance émanant de son cors durement meurtrit. Draco ignorait totalement tous ses autres assaillants, ce qui eut été sa plus grande erreur. Il ne distingua qu'à la dernière seconde l'ombre d'un de ces monstres qui bondissait gueule béante, prêt à s'abattre sur lui.
En un mouvement brusque, Draco se retourna et lui lança un sort au moment même où les crocs sombres de la bête atteignaient sa jugulaire pour la lui trancher en un coup sec. La créature retomba au sol dans un bruit sourd, mêlant couinements et gémissements. Quelques secondes plus tard, elle ne bougeait plus. Des grognements menaçants s'élevèrent lorsque la bête rendit l'âme. Tous les membres de la meute redressèrent le museau et hurlèrent dans une synchronisation parfaite à la lune bleue. C'est donc au moment même où ils braquèrent leurs pupilles réduites en fines fentes rouges sur le sorcier que Draco compris alors qu'il venait de commettre l'irréparable.
Aucune échappatoire n'était à prévoir dans ce duel à un contre une dizaine. Mais pourtant, il ne regrettait pas du tout son geste et s'en félicitait même. Beaucoup n'auraient pas eu une telle chance ou plutôt, une telle expérience pour réaliser ce qu'il venait de faire. Soit il serait mort sous les crocs de cette créature et se ferait dévorer le reste du corps, soit il serait tombé automatiquement dans les pommes, vu l'haleine putride de l'animal et…. Servirait aussi de nourriture aux bêtes sauvages. Au choix.
Dans tous les cas, Draco était encerclé par une meute de bête, semblable aux animaux longtemps gardés en cage sans eau, sans nourriture et pour seul divertissement, la couleur du fond de leur enclos rouillé. Cette créature ressemblait très vaguement à un loup. Il portait ses caractéristiques physiques mais en plus enlaidis.
Draco savait très bien contrôler ses sentiments, il n'avait pas peur… il n'avait absolument aucune crainte face à ces créatures certainement beaucoup plus fortes que lui. Il. N'avait. Pas. Peur…
ok c'est bon, arrêtons de le martyriser. Il avouait tout de même que ces bestioles lui faisaient un peu flippé, mais bon. Pour le bien de l'humanité, il allait éradiquer cette espèce de la surface du globe terrestre, afin que tous ceux, morts sous l'assaut de ces bêtes cruelles soient enfin venger !... oui, cette motivation l'aiderait à les vaincre.
Bon, il devait maintenant en éliminé un maximum. Mais ce n'était pas équitable, il ne pourrait jamais prendre toute la situation en main, il mourrait avant même d'en avoir tué six ou sept.
Draco se redressa, sans lâcher sa baguette et observa autour de lui, cherchant un moyen d'emmener chacun de ces enfo**r*s avec lui dans les limbes. C'est donc à ce moment-là qu'il tomba enfin sur quelque chose de très intéressant. Cela le fit presque sauter de joie et il se maudit de n'avoir pas trouvé cette faille pourtant évidente beaucoup plus tôt. Cette meute recrutait des membres incompétents.
Draco ferma lentement les yeux. Puis, quelques secondes plus tard, il s'élançait déjà vers une de ces créatures en deux fois plus petite que la normal. Ce devait certainement être un jeune « loup » tout juste entré à l'âge adulte. C'était peut-être bien sa première chasse car le petit tremblait comme une feuille et observait du coin de l'œil l'air paniqué, les deux autres monstres trois fois plus grands que lui à ses côtés.
Quand il remarqua enfin le regard orageux et calculateur de Draco poser sur lui, avec ce très léger sourire en coin, les tremblements du petit animal tout maigrichon redoublèrent d'intensité.
Il S'était tapit au sol couinant sans arrêt, fermant les yeux et priant pour qu'on épargne sa pauvre vie. Étrangement, Draco eut plus de peine que de pitié pour la petite bête. Elle ne semblait pas avoir choisi son camps mais plutôt d'y avoir été forcé. Draco qui était sur le point de lui trancher la gorge se retint de justesse et eut juste assez de temps pour faire un magnifique salto au-dessus du petit tas d'impuissance. Il lui laisserait la vie pour cette fois.
Sans un regard de plus pour l'animal, Draco se mit à courir jusqu'à atteindre la forêt. Son corps esquivait chaque obstacle avec souplesse et agilité tandis que la meute se lançait à sa poursuite. Chacun des monstres ne tardèrent pas à le rattrapé, mais Draco enchaînait sort après sort sans freiner. Il s'en sortait plutôt bien mais le seul problème était son endurance. Il pourrait encore tenir longtemps mais pas éternellement. Il savait qu'il n'aurait pas le temps de tous les tués avant d'y passer. Il fallait qu'il agisse de façon différente.
Comment faire pour les atteindre sans pour autant user autant d'énergie ? Plus il réfléchissait, moins il trouvait de solution. Il valait mieux pour l'instant, qu'il s'en remette à son instinct très fiable. Draco continua donc encore une demi-heure. Cependant, il était déjà à bout de souffle. La magie lui manquait de plus en plus, son énergie était drainée à une vitesse folle, sa vue se troublait de plus en plus et il manqua de peu de se prendre une branche entre les deux yeux, celle-ci allant plutôt lui égratigner la joue gauche. Un fin filet de sang y apparut et ne tarda pas à couler le long de sa pommette.
Les bestioles dressèrent leurs oreilles et émirent un léger gémissement d'extase qui hérissa les cheveux blonds pâles de Draco sur son cou. Cette odeur leur plaisait et pas qu'un peu. Il essuya vivement la trace rouge lui barrant le visage et reçu des grognements plaintifs en réponses à ce qu'il venait de faire.
Ces bêtes sauvages voulaient vraiment goûter à sa chair. Elle avait l'aire aussi délicieuse que ce qu'elle y paraissait ? Lui, tout ce qu'il voyait, c'était un froussard dégoulinant de sueur et chuintant le sang de teinte noirâtre. ce sang que ces créatures sortis tout droit de l'un de ces film d'horreur moldu encore à la mode sur Terre, faisaient gicler sur son si beau visage.
Voilà ce qu'il pensait de lui. C'était un véritable connard prétentieux, arrogant, capricieux depuis sa venue au monde lorsqu'il n'était pas encore formé et que son père, petit spermatozoïde et fier de l'être, ce battait farouchement contre ses frères afin d'atteindre la belle damoiselle ovule. Sérieux, il n'aurait jamais dût se féconder ce petit fétus. Il ne pouvait pas rester chez lui et attendre un peu plus longtemps ?
Enfin, en gros il se détestait depuis le jour où son parrain avait retrouvé son petit corps recroqueviller sur lui-même au fond de cette grotte tout tremblotant, alors qu'il répétait dans une litanie sans fin le nom de son meilleur ami et premier et unique amour.
Il ne se pardonnerait jamais de ne pas l'avoir sauvé alors qu'ils s'étaient tous deux promis de veiller l'un sur l'autre. Il avait failli à sa parole. Il n'était pas digne de confiance.
Un autre jeune loup, beaucoup moins docile que l'ancien le suivait de près. En un coup de mâchoire aux talons il aurait pût le faire chuter et le tuer en un rien de temps. Mais cette animal semblait plus du genre à agir AVANT de réfléchir et là, il ratait une occasion en or.
Draco fonçait directement dans un arbre et ne semblait pas sur le point d'éviter la collision. Il se précipitait sans ralentir vers le tronc d'arbre qu'il n'abattrait pas d'un spectaculaire coup de tête si c'est cela que vous supposiez toutes. Un léger sourire en coin garnissait son visage pâle, ce qui lui donnait une expression des plus machiavéliques.
La créature n'avait encore absolument rien remarqué. Elle se léchait les babines une énième fois sans parvenir à se contrôler.
Tout à coup, le garçon disparut de son champ de vision. Il ne put ressentir que la douleur qui se profilait à partir de son museau noir dégoulinant de morve maintenant remplacé par du sang, jusqu'aux fortes vibrations parcourant son corps. Cela faisait atrocement mal. Il s'étala au sol en se tordant et prit son museau ensanglanté dans ses pattes, essayant en vain de fuir la douleur. Tout ce qu'il pouvait faire c'était de rester là, à attendre que la douleur cesse en gémissant comme un petit louveteau qui venait de recevoir la correction de sa vie. Ce gamin le paierait cher !
Tout en se tortillant pitoyablement au sol, le loup distingua la silhouette de sa proie à des mètres au-dessus de lui. Il était debout sur l'une des branches de l'arbre qui l'avait salement amoché. Draco avait transplané jusque là-haut et maintenant, il se moquait ouvertement de celui qu'il venait de berner. Mais il n'eut pas le temps de savourer un peu plus ce moment, les autres le suivaient de près et certains s'avéraient assez déterminer pour le poursuivre jusqu'à quatre mètre du sol…
étrange... il était pourtant sûr que ces mammifères n'avais jamais acquis la faculté de grimper aux arbres, et n'avaient encore moins la capacité de franchir aussi vite la forêt en planant de branche en branche avec agilité au-dessus du sol ! En même temps on ne pouvait pas appeler cela des « loups ». Ils n'en avaient que partiellement l'apparence.
Draco continua à parcourir la Forêt Interdite en bondissant d'arbre en arbre en s'aidant de son agilité et de sa souplesse ainsi que d'un tout petit peu de sa magie. Mais cela ne tiendrait pas longtemps, tout comme ses tout premiers plans. En baissant furtivement les yeux, Draco put remarquer la présence de celui qui voulait faire de sa peau un décor mural en plein milieu de sa tanière : Le grand chef était en bas. Il l'avait reconnu. Les deux ennemis se gaugeaient du regard tout en avançant vers un lieu tout à fait inconnu. Draco ressentait une irrépressible envie de se retrouver enfin seul face à lui afin qu'il puisse lui arranger le portrait autant qu'il le pouvait encore.
Il devait se débarrasser des autres en un seul coup, mais comment ? Comment échapper à une meute de loups enragés sans y laisser sa peau ainsi que le leader de ce groupe de meurtriers assoiffés de sang derrière lui?
Plus les secondes passaient, plus il ressentait l'irrépressible envie de torturer la chair meurtri de cette bête immonde mêlant poils, substance visqueuse, poussières et feuilles mortes, le tout s'accrochant désespérément à la toison hirsute. Cette bestiole était d'une laideur exécrable et dégageait une forte odeur nauséabonde qui témoignait à merveille que cette « réadaptation-du-loup-garou-version-j 'ai-la-rage » n'avait jamais connu les biens faits d'une savon parfum lavande, d'une baignoire modèle piscine pleine à craquer d'eau chaude et garnie de magnifique pétales de roses ainsi qu'une goutte d'eau de Cologne à la même effluve que le gel douche utilisé.
En résumé, cette chose qui le poursuivait était d'une difformité atroce et puait autant qu'une décharge à ordure moldue.
Elle le fixait de son unique œil carmin, où la même lueur malfaisante qui traversait souvent les pupilles orageuses de Draco se reflétait de plus en plus.
Draco sursauta légèrement quand une petite goutte d'eau vint s'échouer au beau milieu de son front. Il leva les yeux au ciel et ceux-ci s'illuminèrent lorsqu'il remarqua ce qui se passait au-dessus de sa tête. Il avait déjà remarqué que le vent s'était levé et progressait rapidement allant jusqu'à lui en donner des frissons. Cette bourrasque ne lui était pas inconnue. Cette froideur, ce sifflement aigue entrecoupé mais toujours persistant à ses oreilles. Le même blizzard qui s'était abattu le jour de sa « mort ».
Une énorme tempête s'annonçait. Le tonnerre grondait de l'autre côté où sa famille devaient certainement être au chaud bien enroulés dans une épaisse couette bien douillette. Il aurait voulu partager un tel moment avec Lui. Mais ce souhait était totalement irréalisable. Il passait toutes ses nuits d'orages avec pour seul compagnie, le tableau d'un de ses ancêtres accroché de peu de travers sur le mur le plus délaissé de sa chambre qui lui bourrait le crâne du matin au soir d'idioties aussi stupides les unes que les autres. Des nuits blanches à ressasser sans arrêt le passé, ignorant par-dessus tout son arrière-arrière-arrière-arrière-et des poussières-grand-père.
Tout doucement, ce vent se levait et frottait les feuilles des arbres l'une contre l'autre, entraînant le bruissement insupportable du feuillage dense. Les espèces plus étranges les unes que les autres fuyaient sans attendre à travers les bois en quête d'un refuge adéquate, le temps que ce mauvais temps fasse son chemin.
Face à ce phénomène toute à fait naturel, Draco voyait en cela une grande opportunité de vaincre ces monstres. Mais il manquait tout de même de temps. Il était sûr et certain que la Pleine Lune était la seule responsable de la soudaine puissance de cette meute. Elle devait disparaître, et les nuages de cette tempête pouvaient l'aider à y parvenir. Pourtant, l'orage n'était pas encore arrivé, et Draco était épuisé et à bout de souffle. Il ne tiendrait pas plus longtemps.
Il se précipitait à travers les branches, ne sachant plus quoi faire face à cette épreuve de plus. Il désespérait totalement. Le feu embrasait son cerveau et ses yeux se voilaient progressivement. Il atteignait ses limites. Il allait finalement perdre conscience quand tout à coup... plus rien.
Le vide total.
Plusieurs secondes étaient déjà passées, bientôt une minute et il n'atteignait toujours pas la branche suivante. Il ne sentait plus rien à part peut-être le vent battant férocement ses cheveux. Il aurait préféré resté dans ce petit cocon qui lui ouvrait grand les bras au lieu de retomber dans la gueule des loups mangeurs d'hommes – où certainement de choses tout à fait incomestible – qui le poursuivaient encore.
Mais malgré cela, un rêve ne durait jamais, hélas. Draco se réveilla brutalement, totalement stupéfié par la scène qui se déroulait devant ses yeux et souhaitait être passé du rêve au cauchemar.
Ce qu'il craignait au moment où il avait passé les portes de l'autre monde durant ces quelques secondes arriva et le frappa en pleine figure. Il tombait. Oui, il tombait de plus de vingt-cinq mètres d'altitude et le vent qui lui frappait le visage redoublait d'intensité.
De plus, son crâne était sûr de ressentir en premier le choc de cette collision inévitable entre le sol et lui-même. Mais le pire restait à venir.
Les réadaptations-du-loup-version-on-a-la-rage le poursuivaient encore et au grand damne de notre héros, « souriait » d'un air machiavélique qui en disait long.
En résumé, il était mort. Aucune échappatoire. Mais il le savait depuis le début qu'il ne survivrait pas. Il espérait tout de-même qu'il parviendrait à les exterminer tous avant ce moment fatidique.
Alors tout allait vraiment s'achever ainsi ? La cervelle éparpillée sur le sol de la forêt Interdite avec une dizaine de ces créatures dansant sur leurs deux pattes arrières en appliquant l'un de ces rituels où ils sacrifiaient des créatures vivantes pour on ne sait quel dieu ? Était-ce vraiment son destin ?
Draco ferma les yeux en attendant sereinement ce moment. Il en avait assez de se battre contre lui-même. Il voulait mourir et rejoindre son meilleur ami dans cet autre monde que les moldus disaient être un endroit merveilleux coulant sous la gaieté, l'amour, la joie et bla bla bla...enfin il souhaitait tout de même que ce ne soit pas exagéré tout de même. Il aimait son côté calculateur, sûr de lui ainsi que ce masque d'arrogance qu'il chérissait et qui l'avait sauvé mainte et mainte fois. Alors que notre futur défunt se rapprochait progressivement du sol noir et sec de la Forêt Interdite, une dernière pensée traversa son esprit.
Comment, non mais franchement COMMENT (bordel de merde) pouvait-on tombé entre les bras de Morphée et en ressortir la seconde d'après pour se rendre compte que finalement ce mythe était un bel enc*** assassin.
En tout cas, il lui restait qu'une seul chose à dire avant de s'en aller.
« - Adieu monde crueeeel!(Et allez tous vous faire enculer bande de connard ! Wouhouuuu! Oh yeah !)
