PROLOGUE
Il y a parfois...Des moments où l'on commence à se poser des questions. Pour mon cas, je supposerais que cela a commencé en troisième dans mon petit collège de campagne. Pourquoi est-on vivant ? Quel est le sens de tout ça ? Pourquoi ai-je conscience des choses? Suis je peux-être différente au fond ? Bon d'accord, c'est souvent un poil narcissique, mais il fallait avouer que tout le monde le pensait. Cependant, il y a des questions plus profondes, plus cherchées, plus spéciales. Vous savez, par exemple, le petit-ami imaginaire que l'on a tous eu au moins une fois dans sa vie dans le but de combler une sorte de « vide ». Il vient parfois d'une série, c'est parfois un chanteur, un acteur, un comique ou seulement le propre fruit de son imagination. Ce fut dans cette dernière catégorie que le mien se créa à l'aube de mes treize ans. Rien de spécifique croyez-vous, une silhouette vague, clichée des beaux-gosses hollywoodien sans aucune profondeur et épaisseur psychologique. Un robot presque, qui sauverait la demoiselle un détresse prise dans un gang, attrapée par des terroristes, ce genre de divagation. Et s'en fut ainsi jusqu'à la nuit la plus dangereuse du monde, où les nuages et la pluie venaient de se réunir criant leur rage contre l'humanité…
Mes pas venaient de s'accélérer, de s'affoler alors que j'entendais mon téléphone répéter en boucle une même sonnerie sans jamais s'arrêter. Une musique bien connue pour ma part : Sunday Bloody Sunday, un air que j'avais toujours assez apprécié et adoré par la conviction qu'il en dégageait. Il me semblait cependant évident que je ne pouvais répondre à cet appel alors que les cordes les plus longues du monde tombait sans trêve sur ma capuche pas assez imperméable pour protéger la rousseur de mes cheveux. Les rues étaient pavées de dalles et dont chaque espace n'était qu'une issue à quelques brindilles de voir enfin la lumière du jour et à quelques mégots de s'exébitioner prouvant encore une fois leur victoire contre l'humanité. Et alors que mon regard venait de se perdre sur ce sol s'étendant à perte de vu, mon pied se prit ainsi dans un espace bien trop large qu'il ne devait être et je pus voir les pierres se rapprocher de mon visage en direct. Et encore aujourd'hui, je me surprends à me revoir au sol, pleine de boue, le nez et le crane en sang, les mains dans les poches, ne bougeant plus. Quelle idiote. Il m'arrive même parfois de revenir en cette époque. Parfois dans une autre, visualiser l'ensemble de mes actes et m'en faire un bilan. Ah, quelle époque bénite.
,,,,,Attendez ? Vous croyiez vraiment que j'étais morte là ?
Pas du tout, je suis allée à l'hôpital et j'ai survécu. Je suis vivante, vivante comme jamais. Ni un fantôme ou un esprit. Mon cœur bat, mes poumons bougent.
...Mais j'ai foutu un de ses bordels en y pensant. Un véritable désordre tel un personnage de théâtre tragique.
En fait...J'ai tout détruit. Je parle dans un vide, dans un espace totalement lacunaire et vous, vous lisez ces phrases, ces lettres noires. Je ne suis pas Mallarmé, au Baudelaire, je ne suis pas douée avec les mots mais toute ces formes ne sont que le restant de mes conneries, ils ne restent plus que ces pages passant de main en main.
Vous vous souvenez de mon premier monologue ? Celui sur les questions existentielles ? Aujourd'hui, il n'en reste qu'une seule qui flotte encore sur les langues des gens :
Comment peut-on en finir ?
