IMPORTANT: Je suis désolée d'annoncer que cette traduction est actuellement en hiatus. En effet, la fic originale (inachevée) n'avait plus été mise à jour depuis début juillet 2012. Ensuite l'auteure, GraciellaRed74, a publié un (et un seul chapitre) le 13 avril 2013. GraciellaRed ne sait pas encore dans quelle mesure elle sera capable d'écrire et de publier régulièrement (visiblement, la publication va encore être très perturbée pendant un certain temps). Donc, en concertation avec elle, j'ai décidé de ne reprendre la traduction que lorsque la fic en anglais sera achevée. Mille excuses aux lectures frustrés... :(

Crédits: Il s'agit d'une traduction de la fic de GraciellaRed74 intitulée Badass and Beauty. L'univers et les personnages appartiennent aux créateurs de la série The Walking Dead. Le personnage original et l'intrigue de cette histoire appartiennent à leur auteure, GraciellaRed74.

Résumé: Un personnage féminin original a été ajouté au groupe de Rick et elle (Grecia, que l'on prononce "Gree-Shah") fait partie (pour des raisons dramaturgiques) du groupe de Rick depuis le début de la première saison. On en saura plus sur la personnalité de Grecia, notamment grâce à des flash-backs. Cette histoire joue un peu avec la temporalité de la série, mais en gros elle commence quelque part dans la deuxième saison, après la découverte de Sophia dans la grange d'Hershel, mais bien avant la mort de Shane. Le groupe de Rick a fusionné avec celui d'Hershel et les deux groupes se sont installés dans la ferme, à l'intérieur de la maison. La tension entre Rick/Lori/Shane sera exploitée dans cette fic ainsi que l'intrigue amoureuse entre Maggie et Glenn et la relation platonique entre Daryl et Carol. Cette histoire montre l'évolution de deux groupes séparés qui fusionnent en une seule "colonie" plus importante et plus unifiée qui s'organise en un groupe plus fort, plus réglementé et auto-suffisant dans un monde post-apocalyptique. Ils deviennent plus structurés et plus forts en formant un tout et ils essayent de découvrir comment vivre dans un monde infesté de zombies, tout en faisant face aux défis de la survie au jour le jour, de la menace d'autres groupes de survivants et bien sûr de celle des "rôdeurs" (ainsi que je traduis "walkers", c'est-à-dire les zombies). Mais ce qui sera au cœur de cette histoire, c'est que tandis que ce groupe plus large change et évolue, changeront et évolueront également les choses entre une craintive ancienne top model et star de la téléréalité, à savoir la très réticente Grecia et Daryl, plus réticent encore.

Rating M pour la violence et les descriptions sexuelles que contient cette histoire.

Note de la traductrice: Le résumé ci-dessus est une traduction approximative du résumé que l'auteure fait elle-même de sa propre histoire. Mais, en tant que traductrice, mais surtout que lectrice, je voudrais ajouter deux ou trois choses.

En tant que lectrice, j'ai été très déstabilisée lorsque j'ai commencé la lecture de cette fic. Et le personnage de Grecia me semblait être un tel cliché que j'ai failli abandonner la lecture... Je me suis forcée à lire quand même quelques chapitres et je ne l'ai pas regretté. Le personnage va évoluer, et va évoluer vite! Elle deviendra très rapidement quelqu'un de très intéressant, soyez sans crainte! Il faut juste un peu s'accrocher au début. Et ça en vaut vraiment la peine car j'ai rarement lu un texte amateur d'une telle qualité!

En tant que traductrice, c'est un véritable défi. C'est un mélange d'argot et d'images très poétiques. Les phrases sont très longues. Et quelqu'un a décrit le style de l'auteure comme "un torrent de la pensée". Et c'est véritablement ça! Vu la complexité du travail, vos commentaires me seront précieux. Comme les chapitres sont en plus assez longs, je ne pense pas parvenir à tenir le rythme d'une publication quotidienne. Tant que j'aurai encore Where do we go sur le côté, je pourrai poster quelque chose tous les jours. Mais après, je ferai de mon mieux...

Remerciements: Je ne peux décemment pas commencer cette traduction sans remercier l'auteure, GraciellaRed74, qui non seulement a eu la gentillesse d'accepter que je traduise sa formidable histoire, mais qui est en plus très investie dans cette traduction. Elle en est un véritable acteur. Je la remercie de toujours être présente pour répondre à mes multiples interrogations, mais aussi de participer activement à la traduction de certains passages plus délicats car elle comprend le français. Sachez que je lui transmettrai tous les commentaires car c'est quelqu'un qui a véritablement à cœur d'entretenir une relation avec ses lecteurs. Dans ce but, elle a même créé un forum pour cette histoire (il se trouve parmi les forums du site dans la section Walking Dead si vous souhaitez aller y jeter un œil. Si ça vous intéresse, je peux demander à ce qu'on y crée un sujet de discussion en français) et un album photo qui illustre certains éléments de l'histoire (l'adresse de l'album se trouve sur le profil de GraciellaRed74).

Remarque: Ce chapitre contient une description à caractère sexuel.


La Belle et le Rebelle

1. L'homme rêvé

« Ouuuiiii… » Grecia entendit le mot franchir ses lèvres, à la fois ses efforts pour garder le silence et les doigts talentueux et avides s'enfonçant de plus en plus profondément entre ses jambes transformèrent ces trois simples lettres en un sifflement enroué de désir dans l'immobile obscurité. Elle n'avait jamais dit le mot "oui" comme cela auparavant, absolument jamais, jusqu'à aujourd'hui, avec lui.

« Chuuuuut », elle fut immédiatement rappelée à l'ordre, la grande main, forte et rugueuse, qui n'était pas occupée entre ses cuisses se noua dans sa longue chevelure qui perdait de sa coloration artificielle et tira sèchement et redoutablement sa tête en arrière pour qu'il puisse embrasser sa gorge; ses lèvres, sa langue et ses dents firent connaissance avec la parfaite peau pâle de la jeune femme. Elle obéit instantanément, laissant les choses se produire, le laissant lui faire ça, luttant pour ne pas gémir tandis que la plus grande partie du poids de l'homme s'effondrait sur ses formes accueillantes; ses cuisses étant écartées, largement ouvertes à la volée comme les portes à double battant des vieux saloons du Far West, et le doux cliquetis sans pudeur d'une boucle de ceinture se détachant du cuir alors qu'une fermeture éclair s'ouvrait lentement, dent après dent. Le bruissement du tissu et l'imperceptible clac de l'élastique de la taille du vêtement envoyèrent un frisson la parcourir et elle se sentit se tortiller avec impatience pour sentir le long membre dur et tressautant dardant contre les replis de ses chairs roses et humides. Tout en elle vibrait et brûlait, plus vivante qu'elle ne s'était jamais sentie auparavant, en particulier durant un rapport sexuel. Partie la petite fille si focalisée sur le poids qu'elle pesait et sur les grosseurs qu'elle laissait apparentes dans certaines positions; elle ne redoutait pas les mains pétrissant sa poitrine, fausse et spongieuse au toucher, chirurgicalement augmentée en un 95C. Aucune de ses imperfections, réelles ou imaginées, qui la menaient toujours aux larmes lorsqu'elle se tenait devant un miroir, n'afflua dans son esprit. Les seuls talents qu'elle possédait étaient de savoir comment se rendre séduisante et belle, c'était tout ce qu'on lui avait jamais appris à faire, mais essayer si dur d'atteindre cet objectif l'avait rendue coincée, peu sûre d'elle et empruntée, sans parler d'anorexique, aussi cliché que cela soit. Mais à cet instant elle n'était plus rien de tout cela; elle avait gagné l'attention de ce… de cet homme qui était si… fantastiquement… mâle, si sauvage et dangereux et incroyable comme aucun autre homme dans sa vie ne l'avait jamais été ou n'avait jamais su l'être. Tout ce que Grecia pouvait ressentir à présent, c'était la manière dont il la voulait, la manière dont il la touchait comme s'il pourrait bien la dévorer rien qu'avec ses mains rugueuses, comme s'il ne pouvait se repaitre d'elle, comme s'il n'y avait pas de rôdeurs dans ce monde et que le seul danger qui existait était de succomber de l'envie d'enfouir sa grosse queue profondément en elle et de la baiser jusqu'à ce qu'ils en soient tous les deux délirants.

Les paupières de la jeune tressaillirent, tentées de voler un instantané de la silhouette pleine de désir au-dessus d'elle, mais ses mains l'emportèrent sur sa vue dans l'exploration de son nouvel amant, les doigts ambitieux de Grecia enserrant son dos puissant, l'attirant plus près alors que son propre dos se cambrait sur le chêne dur du plancher de la salle à manger d'Hershel, ses mains agrippant effrontément chaque fesse rondement burinée du postérieur masculin et rendant ses propres besoins connus d'une façon qui la surprenait. Elle n'avait jamais été comme cela auparavant durant une relation sexuelle, elle ne pouvait jamais être "dans l'instant" ou être autre chose qu'ignorante et contrite, elle ne pouvait jamais désirer l'homme avec lequel elle était, ni même désirer quoi que ce soit de sexuel. Elle avait été un top model, et donc une sorte de déesse du sexe, et donc on attendait d'elle qu'elle ait des activités sexuelles, et donc ça la stressait, et donc c'était horrible… mais maintenant… whoa… elle ressentait tout cela, impénitente, dans chaque recoin d'elle-même, chaque attouchement de ces mains rugueuses sur sa peau lisse tordant en elle quelque chose de dangereux qui menaçait d'exploser, et Grecia voulait que ça arrive… ironiquement, ses photos, son émission de téléréalité, et ce poster pour Playboy qu'on l'avait poussée à faire, tout cela avait fait d'elle le catalyseur d'à peu près tous les fantasmes masculins, mais elle, personnellement, n'avait jamais eu d'orgasme avant… beaucoup de sexe, un mariage avec un joueur de la position arrêt-court des Brave's Allstar d'Atlanta et même une "femme à hommes" qui se revendiquait comme telle, mais pas d'orgasme, pas un seul. Mais ça allait changer, une si délicieuse tension la saisit, des doigts puissants la mouvant de plus en plus proche de la surface de l'extase, une grosse queue dure si proche de l'embrasser à un endroit d'elle-même qu'elle avait toujours été contente de négliger… jusqu'à maintenant… elle voulait cela, elle voulait jouir… elle voulait qu'il amène son corps à cette reddition… elle le voulait, lui.

La bouche de l'homme quitta la peau besognée de son cou, la main puissante et rugueuse se détachant de sa longue chevelure pour maintenant se poser sur le sol à côté de sa tête alors qu'il supportait son propre poids au-dessus d'elle. Les doigts entre ses jambes avaient cessé leurs tourbillonnements, se déplaçant de son entrejambe à celui de son amant, stabilisant ce qui arrivait au premier plan, pulsant entre eux. Grecia s'entendit gémir, l'anticipation était trop merveilleuse pour qu'elle puisse s'en empêcher, et elle s'attendait, et espérait, être réprimandée encore pour n'avoir pas gardé le silence. « Ta gueule! » siffla-t-il, plus fort cette fois, plus en colère, mais Grecia but à cette vulgarité, et en voulait davantage, tendant la main pour le toucher, pour l'obliger à se dépêcher. Ses paupières demeurèrent closes, elles ne s'ouvriraient pas, les ouvrir mettrait fin à tout ceci quelque part, elle le savait… mais… ce qu'elle ne savait pas, c'était qui…

« Putain, Grecia ! » Maintenant, il était vraiment agacé et sa voix était si forte, juste à côté de son oreille, et avait l'air soudainement… réelle. Ses yeux bleu pâle s'ouvrirent alors d'un coup, stupéfaits lorsque tout ce qu'elle vit au-dessus d'elle était le dessous de la table à manger d'Hershel, sous la quelle elle avait installé, de nuit, son lit, si on pouvait l'appeler comme ça; l'espace dans la maison d'Hershel, maintenant qu'ils vivaient à seize sous le même toit, était une denrée précieuse. Le dessous de la table à manger était littéralement tout ce qu'il était resté lorsque Grecia avait emballé ses paquets de choses inutiles et déménagé dans la maison. Elle n'était plus sûre de la raison pour laquelle elle conservait son book, ou la ridicule gamme de parfums et cosmétiques qui portait son nom. Personne dans le groupe ne pouvait croire que c'était là le matériel de survie qu'elle avait emporté dans l'urgence du déclenchement de l'épidémie; c'était juste une chose de plus qui leur faisait penser qu'elle était stupide. Mais Grecia savait qu'elle n'était pas stupide… mais elle savait également qu'elle en avait l'air malgré tout. Choisir de dormir sous la table à manger n'améliorait certainement pas cette image, mais, en vérité, elle aimait être là-dessous. Ça lui donnait l'impression d'avoir son propre abri; c'était intime, un espace à part qui la tenait à l'écart de tous les autres. Elle ne s'intégrait pas bien au sein du groupe et n'avait aucune idée sur la marche à suivre pour y parvenir. Ils la connaissaient tous, la plupart d'entre eux avaient regardé son programme de téléréalité et avaient ri lorsqu'elle avait geint et pleuré quand le dentiste avait posé sur ses dents le dernier revêtement plus blanc que la blancheur de la porcelaine, avaient trouvé hilarant qu'elle ne puisse pas actionner les vitesses d'une voiture manuelle, se moquaient toujours d'elle à propos de l'épisode où elle s'était avancée tout au bout de la jetée pour prendre une photo de la lune parce qu'elle « pourrait en être plus proche de là ». Tout cela était un peu plus facile à oublier sous la table, où il n'y avait personne pour lui pointer tout ça, mais ce n'était pas l'unique raison pour laquelle elle aimait être là-dessous. Cette table était une chose de plus entre elle et les éventuels rôdeurs qui pourraient s'introduire dans la maison ! Rôdeurs ! Morts-vivants ! Zombies ! Peu importe leur nom, Grecia était terrifiée par eux, elle donnerait n'importe quoi pour ne plus avoir à un voir un seul du reste de sa vie. Mais l'abri et ses terreurs mis à part, Grecia essayait à présent de comprendre ce qui se passait, bon sang. Pourquoi était-elle en train de contempler le dessous de la table et non pas… lui, qui qu'il soit. Comment avait-il pu lui faire ressentir tout ce qu'elle avait ressenti et ne pas être la première chose qu'elle voyait en ouvrant les yeux ?

Un rêve… Ça avait seulement été un rêve, commença-t-elle à réaliser, se réveillant enfin complètement, faisant de son mieux pour essayer de s'en débarrasser… et puis, à sa grande crainte, elle le vit lui… Grecia avait peut-être le dessous de la table à manger rien que pour elle, mais elle avait aussi un importun "voisin du dessus". La tête de Daryl était maintenant visible, pendant à l'envers, alors qu'il lui lançait un regard noir depuis l'endroit où il était penché pour pouvoir la voir depuis son lit du dessus de la table à manger; ses cheveux blond foncé collés sur son front, ses yeux bleus presque invisibles dans les replis de son visage furieux et groggy alors qu'il aboyait sur elle, grondant et s'énervant. « Ta gueule ! Arrête tes conneries ou j'descends et j'te botte le cul pour que tu la fermes ! »

« Chuuuut »… « Ta gueule ! » Oh mon Dieu ! Une expiration profonde et pleine d'effroi quitta les poumons de Grecia à vive allure et elle s'assit si promptement que son front manqua de s'écraser comme une crêpe contre le dessous de la table… le bruit sourd et la secousse qui en auraient résulté n'auraient fait qu'irriter davantage Daryl… de qui elle venait de rêv... non… oh non… Grecia n'était même pas en train de formuler cette phrase dans sa tête ! Mais c'était trop tard… elle se rendit compte de qui elle avait rêvé… même si elle n'avait pas vu une seule fois son visage… elle l'avait senti, l'avait senti partout… et ce qu'elle avait senti ressemblait à Dar… non ! Comment diable pouvait-elle seulement savoir à quoi ressemblait Daryl au toucher de toute façon ? Les seules fois où ils s'étaient jamais touchés avaient été les moments occasionnels où il avait posé sa main sur son bras pour lui faire baisser son fusil, ou où il avait attrapé son poignet ou son épaule pour la pousser derrière un arbre ou derrière quelque chose qui pouvait servir de couverture pendant qu'ils étaient dehors à patrouiller à la recherche de rôdeurs. Il n'y avait aucune romance entre eux; vraiment aucune. Grecia était en plus assez sûre qu'ils n'étaient même pas amis. Daryl lui faisait une peur bleue ! Enfin, avant… enfin, toujours un peu maintenant… mais c'était un peu différent à présent. Pour quelque raison, il semblait avoir développé un drôle d'intérêt pour elle, il avait convaincu Rick de lui donner une chance de prouver sa valeur en intégrant et en servant dans ce que Rick surnommait les "Forces Défensives". Mais ce que Daryl aimait appeler "entrainement", Grecia le comprenait plutôt comme des heures de torture dans les bois autour de la ferme, à monter et descendre en courant sur les collines escarpées et boueuses tout en tenant son fusil de chasse Savage 110 au-dessus de sa tête, ou Daryl lui criant et lui hurlant dessus pendant qu'elle luttait pour vider toutes ses cartouches sur de multiples cibles mouvantes, et puis pour recharger son arme et tout recommencer en moins d'une minute et demi. Okay, quand ça relevait de n'importe quelle stratégie de survie, elle n'était vraiment pas préparée, elle n'y connaissait rien, et elle était sûre qu'elle n'était pas douée pour quoi que ce soit dans ce domaine; Daryl avait raison d'essayer de l'entrainer, en particulier comme elle avait demandé de faire partie des Forces Défensives, mais quand même. Daryl lui avait dit des semaines auparavant quand ils avaient commencé cet "entrainement" qu'il allait « l'endurcir à sa manière », mais quel était l'intérêt s'il allait l'enterrer avant que ça n'arrive ? Et comment diable pouvait-elle avoir eu cette sorte de… rêve érotique à propos de Dar… no ! Elle ne l'appréciait même pas ! Il ne l'appréciait pas ! Elle était simplement… coincée avec lui; il avait accepté de l'entrainer et puis, comme ça, il l'avait transformée en une sorte d'étrange animal de compagnie à lui, trainant avec elle, la traitant comme une malheureuse petite créature qu'il avait capturée et mise dans un bocal avec quelques trous percés dans le couvercle. Mais voilà qu'elle avait été rêver de Daryl… et c'était bon, en plus ! Oh mon Dieu ! Et alors le cœur de Grecia fit un plongeon raté jusque dans sa gorge quand elle se rendit compte d'autre chose… elle s'était entendue dire des choses…Oh mon Dieu !

Okay, elle pouvait gérer ça… espérait-elle. Elle allait simplement jouer les idiotes… qui pouvait faire ça mieux qu'elle de toute façon ? Elle prit une autre inspiration profonde et se força à regarder les yeux fixes et menaçants de Daryl et son visage à l'envers… et elle essaya de ne pas penser à ses mains rugueuses ou à sa grosse et dure… non ! « Qu-qu-quoi ? » Ce n'était qu'un seul mot, mais elle bégaya en le disant, elle dut se mordre la langue et se recomposer avant de continuer, se rappelant qu'elle n'avait aucune preuve sur laquelle spéculer quand à la taille de… non, arrête de penser à ça ! Bon sang, elle avait vu plein de pénis, toutes bizarres, dégueulasses et stupides qu'étaient ces choses… alors pourquoi était-elle si bêtement fascinée par celui de Daryl ? Oh mon Dieu… arrête d'associer le mot "pénis" à Daryl ! Assez ! Grecia se serait bien giflée là tout de suite si ça n'aurait pas eu l'air encore plus flagrant, choisissant plutôt de creuser dans ses propres côtes avec l'ongle cassé de son pouce, parvenant d'une certaine manière à reprendre le contrôle, se tournant une fois de plus vers Daryl-à-l'envers avec une touche de sa propre véhémence. « Qu'est-ce que tu veux ? »

« J'veux qu'tu fermes ta putain d'gueule, c'est ça qu'je veux ! » Les paroles de Daryl rebondirent vers elle comme un ballon de basket courroucé; il n'était pas du tout décontenancé par l'irritation qu'elle essayait d'afficher. « Tu parles dans ton sommeil ! Arrête ou j'fous l'rideau là-bas en boule et j'te l'enfonce dans l'fond d'la gorge ! »

Grecia se sentit des sueurs froides, glacées, ses pires craintes confirmées… Daryl l'avait entendue… ou… attends un peu… ce n'est pas parce qu'il l'avait entendue, que ça voulait dire qu'il avait compris… n'est-ce pas ? « Désolée, » elle acquiesça son cœur battant la chamade et les rouages de son esprit tournant si vite qu'elle n'avait même pas remarqué l'accent de soumission qu'elle avait soudainement eu dans la voix. Elle avait une question de plus à poser… et la réponse était, eh bien, potentiellement la fin de sa vie de merde telle qu'elle la connaissait. Mais elle devait la poser, elle devait savoir. Sa bouche était sèche et elle batailla contre le besoin de serrer ses genoux contre sa poitrine et de se cacher, ce qu'elle fit pourtant. « Qu'est-ce que je disais ? »

« Allez ! » La voix qui lui répondit était forte et exaspérée, mais ce n'était pas celle de Daryl. Elle ne provenait même pas de la salle à manger, mais fut plutôt immédiatement identifiée comme étant celle de Shane mugissant depuis le divan du salon qu'il avait clamé comme étant son territoire. « On a tous des planches à couper et un putain d'mur de quatre mètres cinquante de haut à construire demain autour d'ici, l'travail commence tôt ! Alors fermez vos gueules, tous les deux ! »

Quand Shane criait, il y avait quelque chose dans sa voix ces temps-ci qui laissait un silence de mort quand elle s'élevait, et cet instant ne constituait pas une exception. Grecia se sentit frissonner un peu mais essaya résolument de l'ignorer, se demandant pendant un moment qui était le plus dangereux au sein de leur petit groupe, Daryl ou Shane, quand Daryl se pencha un peu plus vers Grecia, baissant la voix autant qu'il le pouvait tout en laissant transparaitre son énervement à son encontre, bien que son expression se soit adoucie un peu, semblant presque prendre une teinte d'inquiétude. « Chuis pas souvent d'accord avec lui ces temps-ci, » admit Daryl, mais il regarda alors mieux Grecia et se recomposa un air de méchanceté sur le visage. « Mais, là ouais ! » accorda-t-il dans un grognement.

« Ça me convient parfaitement, » fit-elle avec un haussement d'épaules, se recouchant sous la table, et alors Grecia soupira… de soulagement; si Daryl avait entendu quelque chose qui révélait la trame du rêve qu'elle avait eu, il ne lui aurait pas juste botté les fesses pour la faire taire avant de retourner dormir, pas vrai ? Il se serait emballé s'il l'avait entendu s'écrier « Oh oui, baise-moi, Daryl, baise-moi ! », n'est-ce pas ? Oh non… pourquoi diable avait-elle formulé cette phrase dans sa tête ? Pourquoi n'avait-on pas créé de la javel pour la mémoire ? Grecia en avait besoin… pour beaucoup de choses en réalité, mais là maintenant, surtout pour ce rêve… cet incroyable… mais terrible rêve. Daryl n'en savait rien, heureusement… mais Grecia bien… alors, quoi maintenant ?