Titre : Directeur de Poudlard, honneur suprême ou prise de tête ?
Auteur : Bron-Yr-Aur, alias NottySnake (de retour parmi les vivants)
Genre : Humour, ou du moins une tentative d'humour. Peut-être un peu de romance, genre série américaine.
Disclaimer : Les personnages et l'univers d'Harry Potter sont la propriété exclusive de J.K. Rowling. Le reste est à moi.
Note : Toute ressemblance avec une fic déjà existante est parfaitement involontaire. Le plagiat me rebute et m'énerve, je n'ai aucunement l'intention de voler l'œuvre d'un autre auteur, que ce soit sur ce site ou sur un autre. Si vous jugez qu'il y a trop de points communs avec une autre fic, dites-le moi, que je puisse trouver un moyen d'y remédier sans trop de dégâts.
Chapitre 1 : Kingsley Shacklebolt, ou le cadeau empoisonné
Assis bien droit sur la chaise tout à fait inconfortable de son nouveau bureau, Kingsley Shacklebolt, ex-Auror de renommée internationale, se demandait s'il ne venait pas de commettre la plus grosse erreur de sa vie. Il n'avait plus vingt ans, il était d'ordinaire sage et réfléchi, et pourtant il venait d'accepter une offre d'emploi, comme un enfant aurait accepté sans méfiance une crème glacée de la part d'un inconnu. Il avait cru décrocher le gros lot, un boulot tranquille, loin des poursuites dans la nuit noire et des batailles sanglantes dans les catacombes, mais il s'était fait avoir comme un bleu. L'année qui s'annonçait allait être bien plus dure et éprouvante que toute sa carrière d'Auror, guerre comprise. Car à partir de ce jour, et jusqu'à ce que le ministère nomme un autre pigeon crédule à sa place, Kingsley était le nouveau directeur de la célèbre école de magie Poudlard.
Ce n'était pas la foule croissante et incessante des élèves qu'il craignait, il avait l'habitude des enfants, avec tous les Weasley pour qui il avait dû jouer le baby-sitter… Non, ce qui lui faisait peur, c'était ce qu'il tenait entre les mains. Une lettre de Minerva McGonagall, ancienne directrice de l'école et ministre de la magie, lui demandant de reconstituer toute l'équipe pédagogique de Poudlard. Oui, vous avez bien lu, toute l'équipe. Seuls les postes de garde-chasse, occupé par Hagrid qui avait abandonné à regret son poste de professeur de soin aux créatures magiques depuis qu'il s'était coincé le dos en coursant un Nifleur particulièrement audacieux, de concierge, occupé comme toujours par Rusard (le vieux grigou en avait encore pour longtemps, apparemment), d'infirmière, tenu par Mme Pomfresh qui continuait encore et toujours à soigner les maux les plus absurdes, et enfin celui de professeur de divination, Sybille Trelawney et son service à thé ainsi que Firenze et sa salle féerique étant toujours là malgré le mépris que portait Minerva à cette discipline, avaient échappé à la décision sans équivoque de l'ancienne directrice. Binns, après qu'un élève particulièrement effronté (Kingsley le soupçonnait d'être un cousin des Weasley) ait réussi à lui faire comprendre qu'il était mort, avait démissionné pour pouvoir hanter la bibliothèque tranquillement, laissant son poste vacant. Les autres professeurs, ainsi que Mme Pince, étaient tous partis à la retraite à peu près en même temps, étant plus ou moins de la même génération (à part celui de défense contre les forces du mal qui s'était jeté du haut de la tour d'astronomie), laissant Kingsley avec la liste des postes libres, c'est-à-dire presque tous.
Et ce n'était pas tout. Scandalisée par les innombrables fautes d'orthographe et de grammaire et l'absence totale de ponctuation présentes sur quatre-vingt-dix-neuf pour cent des devoirs des élèves, que ce soit les première ou les septième année, McGonagall avait profité de son nouveau statut de Ministre de la Magie pour instaurer une nouvelle matière obligatoire, et non magique par-dessus le marché : l'anglais. Les élèves de Poudlard étaient maintenant obligés d'écrire correctement, tels des Moldus, et les sanctions étaient très sévères pour les tricheurs. Une élève de quatrième année avait dû nettoyer l'enclos des Véracrasses de Hagrid à la façon des Moldus après que le professeur (Mlle. Faith Thomas, une jeune Moldue, qui avait démissionné, voulant retourner apprendre à des élèves dépourvus de pouvoirs magiques, qu'elle jugeait moins vicieux et fourbes) l'ait surprise en train de mâcher sa gomme Je-sais-tout, une nouvelle friandise de chez Honeydukes, qui prenait un goût amer quand on faisait une faute d'orthographe, et un goût acide pour les fautes de grammaire.
Kingsley soupira, se massa les tempes, et se mit au travail. Quatorze professeurs et un bibliothécaire à recruter en deux mois, ça allait être dur, surtout pour lui. Il était un homme d'action, pas un bureaucrate. Mais il avait dit oui, et maintenant il récoltait ce qu'il avait semé.
« Bienvenue en enfer, annonça le portrait de Phinéas Nigellus d'un ton solennel. »
Il se réveilla tard le lendemain, la marque des parchemins sur lesquels sa tête avait basculé imprimée sur sa joue et des cernes impressionnantes sous les yeux. Mais il s'en moquait, il avait trouvé quelqu'un pour un des postes. Quelqu'un qui n'allait pas pouvoir se retenir de sauter de joie en lisant sa lettre de convocation, se dit-il en souriant. En y repensant, c'était effectivement la personne parfaite pour ce poste : souriant, motivé, capable de remettre à sa place un élève un peu trop insolent… Il siffla Foghorn, son hibou, et continua de sourire pendant qu'il attachait la missive à la patte de l'animal, qui pencha la tête sur le côté, se demandant pourquoi son maître semblait si satisfait. Il ne reçut en réponse qu'une caresse sur la tête et s'ébroua, mécontent que Kingsley le prenne encore une fois pour une espèce de chien. Il s'envola en lançant un « Tu ne voudrais pas que je remue la queue, aussi ? » méprisant que son maître ne comprit évidemment pas. Haussant les épaules, l'ex-Auror se replongea dans ses dossiers et n'en sortit que pour le repas du soir, pour y retourner juste après.
Pendant tout un mois, il passa ses journées assis au bureau circulaire dans la grande pièce vide, à lire dossier après dossier, à les relire, à chercher des noms, à les perdre puis les rechercher encore, à se frotter les yeux et à manger des sandwichs rassis avec pour seule compagnie les portraits des anciens directeurs, dont la moitié ne l'aimait pas et ne faisait rien pour l'aider, et son hibou, plus grognon que jamais. Et quand il eut fini, que toutes les convocations furent envoyées à leurs destinataires, il s'effondra sur son lit et s'endormit. Il passa la semaine suivante à rattraper le sommeil qu'il avait en retard et à se préparer mentalement au jour J, le jour où tous ceux qu'il avait appelés à devenir professeurs lui diraient « oui » ou « non ». Et, aussi étonnant que cela puisse paraître, le grand Kingsley Shacklebolt stressait.
Kingsley triturait une vieille plume, nerveux. Dans dix minutes, le premier professeur se présenterait devant sa porte. Les yeux fixés sur l'horloge, il regardait la trotteuse comme s'il pouvait faire avancer le temps un rien plus vite juste avec la force de son regard. Les yeux dans le vague, il avait depuis longtemps perdu le fil lorsqu'il entendit une voix joyeuse prononcer avec entrain le mot de passe (Palsambleu) avant de frapper à la porte. Il eut à peine le temps de jeter les restes de sa plume sous le bureau avant que le visage aux traits juvéniles et la tignasse mal coiffée d'Olivier Dubois se retrouvent juste sous son nez. Tout excité, l'ancien gardien se mit à sautiller sur place comme un gamin le jour de son anniversaire.
« Je suis là, Monsieur le directeur ! J'ai répondu à votre appel, je peux avoir le poste ? Hein dites ? Attendez, ne me dites pas que vous êtes revenu sur votre décision… Non, vous ne pouvez pas faire ça ! Je me suis levé à cinq heures ce matin rien que pour être sûr d'être réveillé à temps et… »
« Olivier, je… »
« Parce que je suis venu à balai, vous savez ! Parce que bon le transplanage et moi ça fait au moins quatre, et puis c'est tellement rafraîchissant le balai de bon matin ! C'est pour ça que vous devez me donner le poste, Monsieur ! »
« Justement, je ne… »
« Pitié, je nettoierai les toilettes de Mimi Geignarde, je ferai la révérence devant Rusard, je serai gentil avec le Baron Sanglant, ou pire encore, je passerai une semaine –vous vous rendez compte, une semaine, c'est inhumain- sans toucher un seul balai, mais s'il vous plait, il faut que vous… »
« Dubois ! »
Le fait d'en venir à crier pour stopper le monologue mélodramatique d'Olivier donnait déjà mal à la tête à Kingsley, et il se demanda soudain si il allait tenir jusqu'à la fin de la journée. Il soupira, posa les mains sur le bureau, et regarda son cadet avec l'air le plus exaspéré qu'il avait en réserve.
« Je n'ai aucune intention de changer d'avis, Olivier. Vu qu'apparemment ce job t'intéresse vraiment –il essaya de masquer le ton sarcastique qu'avait pris sa voix, mais sans succès- je te nomme officiellement professeur de Quidditch et arbitre de Poudlard. »
Il trouvait sa tirade un peu trop pompeuse, mais ça n'avait pas l'air de déranger Olivier, qui semblait euphorique. Il sortit sans dire un mot, les yeux brillants comme si c'était Noël et un sourire jusqu'aux oreilles.
Bon, au moins il y en a un qui est content, pensa Kingsley. Il savait que tant qu'Olivier Dubois pouvait voler, rien ne pouvait le mettre en rogne. A part peut-être un certain Marcus Flint, mais celui-ci avait disparu de la circulation depuis sa terrible collision avec son propre attrapeur lors d'un match en début de saison. Kingsley avait même entendu dire qu'il était parti de l'hôpital avant que les médecins ne lui en donnent l'autorisation. On n'avait plus entendu parler de lui depuis. Chose curieuse, Dubois avait l'air presque nostalgique quand on évoquait son ancien rival. Sûrement parce qu'aucun de ses adversaires n'aurait jamais le talent et la détermination de Flint, même si celui-ci était destiné à boiter pour le restant de ses jours.
Des bruits de pas ramenèrent soudainement Kingsley à la réalité. Il reprit contenance et autorisa la personne à entrer, et son sourire disparut alors qu'apparut le visage vide d'expression de Blaise Zabini.
« Mr. Le Directeur, lança le Serpentard sans qu'aucune émotion ne semble le traverser. »
« Mr. Zabini. »
Kingsley tendit le formulaire au jeune homme, qui le signa et s'en alla sans dire un mot. L'ex-Auror soupira et s'appuya sur le dos de sa chaise, préoccupé. La plupart des sorciers avaient catalogué tous les anciens Serpentards comme Mangemorts, et les innocents en souffraient bien plus que les véritables disciples de Vous-Savez-Qui. Blaise Zabini, quant à lui, était de ceux qui avaient préféré ne pas prendre part à la guerre et rester neutre, mais la populace ne voyait en lui qu'un Serpentard, et donc un truand et un détraqué. Kingsley espérait que les jeunes gens qu'il avait embauchés sauraient accorder leur confiance à l'ancien Serpentard, car il serait le seul professeur à avoir fait ses études dans cette maison.
Le reste des entretiens se passèrent sans anicroches, ponctués de réactions plus ou moins enthousiastes de la part des jeunes recrues.
A la fin de la journée, Kingsley était exténué, même s'il n'avait une fois de plus bougé de son bureau que pour le repas. Tous ces jeunes professeurs surexcités à l'idée de transmettre leur savoir à de jeunes sorciers lui avaient donné atrocement mal au crâne. En jetant un coup d'œil aux formulaires remplis et signés, il ne put s'empêcher de remarquer que parmi les nouveaux professeurs, il y avait une majorité assez importante d'anciens Gryffondors. Sur quinze personnes, il y avait sept anciens Gryffondors, trois anciens Poufsouffles, deux anciennes Serdaigles, un seul Serpentard et une jeune fille qui avait fait ses études à Beauxbâtons. Kingsley haussa les épaules. Il faisait peut-être un peu de favoritisme, mais personne ne lui reprocherait, étant donné que Gryffondor était la maison du Sauveur…
Kingsley se frotta les yeux, ignorant ostensiblement le ricanement moqueur du portrait de Phinéas Nigellus, et espéra qu'il tiendrait jusqu'à la fin de l'année. Séparément, les jeunes professeurs avaient réussi à lui donner la migraine, et il préféra ne pas imaginer ce que ça donnerait lorsqu'ils seraient tous ensemble à la même table que lui. La dernière chose qui traversa l'esprit embrumé par le sommeil de Kingsley avant qu'il ne s'endorme est qu'il devrait placer lui-même les professeurs lors des repas, pour éviter que le festin ne tourne mal.
A suivre dans le chapitre 2 : Cormac McLaggen, ou le culte de la personnalité
