"Création et destruction, la folie de l'Atome.
Trésor de l'ancien monde; peste du nouveau siècle.
Dans le désert dévasté de ce que fut Washington jadis, nous luttons pour notre survie : la paix des un, l'éradication des autres. Baignés dans la chaude lueur des radiations, nous changeons physiquement, nous changeons mentalement. S'accrocher à la morale, aux principes ou bien se laisser aller aux instincts primaires, espérant réchapper à la réalité dans laquelle nous vivons. Peuple de fous, de sauvages et de lâches que nous sommes, qui sait lorsque nous perdrons le peu d'humanité qui nous reste, lorsque nous deviendrons des bêtes et plongerons dans l'obscurité. Il n'existe plus de chose telle que la culture du savoir, nous cultivons les armes, nous vivons pour la violence. La démence s'étend sur les terres désolées : le cancer que nous y avons injecté s'est répandu dans le blé que nous mangeons, l'herbe de nos vaches, le lait de nos mères. Chère guerre, le prix est en train d'être payé et la rage n'a pas encore cessé d'être. L'humain détruit l'humain, et tout le reste meurt avec lui."
Les mots à peine visibles écrits sur l'étiquette d'une boite de conserve se frottent contre les phalanges érodées d'un squelette, assis comme endormi dans une cabane défoncée. Le vent fait onduler les bribes de tissu restant sur les ossements, et l'étiquette s'envole. Son court voyage s'arrête dans les mailles d'une barrière de fer, maculée de sang coagulé. Le texte quitte un mort pour un autre, et une bourrasque le déchire sur des barbelés. Les lambeaux de papier s'enfouissent sous le sable, une histoire s'arrête.
