Shelter from the Storm


Bonjour à tous

C'est la suite de "Past"

"Past" commençait six mois après que Cuddy a perdu Joy.

Dans Shelter, leur relation est établie depuis six mois.

Le titre est inspiré d'une chanson de Bob Dylan.

Je remercie mon Ninja pour toutes les informations et les conseils qu'elle m'a donnés pour développer toute la première partie de cette fic. Comme toujours, la série et ses personnages ne m'appartiennent pas.

Rated M pour les descriptions physiques difficiles, les mentions à la dépendance et aux addictions, ainsi que pour les scènes où House et Cuddy sont intimes.

Bonne lecture à tous.


« L'homme est un apprenti,

La douleur est son maître

Et nul ne se connaît

Tant qu'il n'a pas souffert »

Alfred Musset

CHAPITRE I

Mardi 7 juillet, 23H

Un coup de tonnerre crève le silence dans un fracas terrible et le salon est traversé d'une lueur étourdissante, remplacée aussitôt par une obscurité insondable. La pluie tomba aussitôt en cascade – lourde et menaçante. La télévision diffuse une maigre lumière qui se projette sur la moquette et les meubles alentour. Une lampe allumée à droite éclaire le reste de la pièce. La pluie assourdissante qui tombe sur le toit de la villa couvre le son de la télévision. Un nouvel éclair, suivi du tonnerre, fait sursauter Cuddy. Allongée sur le canapé, elle remonte ses jambes et se colle un peu plus contre son compagnon. Quelques secondes à peine de silence et, déjà, le vent s'engouffre dans les branches des arbres, les entraînant dans une danse endiablée et sinistre. Le tonnerre gronde toujours au loin, réclamant avec fureur l'attention des habitants de Princeton.

« Éteins-la télé », fait-elle à l'intention de House qui dormait à moitié.

« Mais ça commence juste à devenir intéressant », se plaint-il en ronchonnant.

« Tu te plaindras encore plus si ça ne fonctionne plus », réplique Cuddy.

Et comme pour lui donner raison, un éclair illumine à nouveau la villa, suivi aussitôt d'un craquement sourd et puissant. Cuddy fronce les sourcils, n'appréciant pas spécialement les caprices du ciel. Une fine pluie s'abat désormais sur les vitres, remplissant le salon d'un fond sonore étonnamment reposant.

« Contente ? », siffle-t-il en l'éteignant.

« Si tu te levais pour débrancher, ce serait encore mieux … »

« Si t'es d'humeur à marchander des heures de consultation, ça peut peut-être s'envisager », rétorque House avec le sourire.

Cuddy roule des yeux et se lève débrancher la prise. Avec un soupir de contentement à peine dissimuler, House glisse sur le canapé et s'allonge de tout son long. La jeune femme, poings sur les hanches, le regarde faire en soupirant. Le Diagnosticien ricane devant sa fureur déguisée.

« Tu te souviens des sujets dont on avait dit qu'on ne devait pas parler ? », demande-t-il.

House tourne la tête vers elle, son regard océan soudainement illuminé par un éclair. Cuddy hoche faiblement la tête. Elle revient vers lui et lui fait signe de lui faire une place. Le Diagnosticien se redresse légèrement et repose sa tête sur la cuisse de Cuddy sitôt qu'elle est installée. La jambe droite calée contre le dossier du canapé, House esquisse un sourire, le regard sérieux.

« Un sujet en particulier ? », l'encourage-t-elle alors qu'il garde obstinément le silence.

Sans un mot, House sort un tube de Vicodin de la poche de son jean, le fait tourner entre ses doigts, les comprimés glissant le long des parois. Cuddy passe les mains dans ses cheveux et attend qu'il dise quelque chose. Les éclairs et le tonnerre continuent de gronder mais ils lui semblent désormais plus lointains, moins impressionnants. Est-ce simplement une impression, celle laissée par le regard de son compagnon qui suit la danse improvisée de la Vicodin ?

« Je crois que si tu me le demandais, je pourrais … changer », commence House.

« Seulement si tu penses que la Vicodin a changé l'homme que tu étais avant, Greg. »

« Ce n'est pas le cas ? »

« A toi de me le dire », répond doucement Cuddy.

Ses doigts de pianiste se referment autour du tube dans un soupir.

« J'aurais toujours mal. »

« Je sais et …. »

« J'ai triché. La seule fois où tu as réussi à me les enlever, j'ai triché. »

« Pour des heures de consultations, sourit la jeune femme en secouant légèrement la tête. L'unique raison pour laquelle tu n'as pas tenu ce pari, c'est parce que tu es parti du principe que ça ne servait à rien et que tu ne gagnerais rien en jouant complètement le jeu. »

« Et qu'est-ce que je gagnerais cette fois ? », relève House, un brin sarcastique en levant les yeux vers Cuddy.

« Ce n'est pas à moi de répondre à cette question », réplique la Doyenne.

House roule des yeux, se relève d'un coup et, les sourcils froncés, pose brusquement la Vicodin sur la table basse, aussi violemment que s'il avait été brûlé. Cuddy le regarde s'asseoir au bord du canapé, et le dos courbé, se passer les deux mains sur le visage d'un mouvement empli de lassitude. La pluie reprit de plus belle, si subite et si drue qu'elle grésille sur le toit comme un feu de forêt galopant.

« Pourquoi on discute de ça exactement ? », demande-t-il en tournant la tête vers elle.

Cuddy esquisse un sourire et se rapproche de lui.

« Parce que tu commences à avoir confiance en toi. Et en nous », fit-elle en s'asseyant en tailleur.

« Mais quelle horreur », grogne House en se penchant vers elle, trahi par son sourire malicieux.

« Tu trouves ? », s'exclame Cuddy en éclatant de rire.

« Je suis en train de donner raison à Wilson. Et c'est très mauvais pour mon image ! »

« Pour ton ego surtout, oui », réplique la jeune femme en se laissant embrasser.

Ils échangent un premier baiser furtif, suivi d'un autre, appuyé, c'est leur façon de finir la journée des autres, puis de commencer leur nuit. Lisa l'attire à elle dans un nouvel éclat de rire lorsqu'il ronchonne contre son cou. Ses doigts glissent dans ses cheveux, elle vient chercher ses lèvres pour ne plus les lâcher. Le Diagnosticien l'embrasse doucement d'abord puis la fait basculer sur le canapé, se plaçant sur elle sans cesser de l'embrasser. Cuddy enroule ses jambes autour de son bassin et sourit contre son cou quand elle sent ses mains baladeuses passer sous son tee-shirt et remonter le long de ses flancs. Ses mains à elle griffent lentement son crâne, rendus fébriles par les frissons qu'elle sent monter le long de ses reins. Cuddy tire sur les bords de son tee-shirt et lui passe par-dessus la tête, retrouvant ses lèvres aussitôt le tee-shirt enlevé. Elle caresse son torse tandis que les lèvres du Diagnosticien descendent dans son cou.

Six mois déjà qu'il fait partie de sa vie et qu'elle se réveille presque tous les matins dans ses bras. Tout lui paraît toujours nouveau et il ne cesse de la surprendre. L'un comme l'autre apprécient, chaque jour un peu plus, ces moments câlins qu'ils s'offrent sans attendre de contre-partie. Il arrive que Cuddy lui en fasse la remarque mais elle n'insiste jamais. Il n'a jamais été très expansif pour parler de ses sentiments il garde pour lui ce qui se passe entre eux et surprend la Doyenne par son attitude. Elle se l'était imaginé vantard, comme il l'a toujours été. Mais le voir ainsi, réservé et secret lui plaît beaucoup. Cuddy ne peut s'empêcher de le taquiner à ce sujet, et s'amuse encore plus de le voir si peu réceptif à ses taquineries.

House remonte légèrement son débardeur et dépose un baiser au-dessus de son nombril, détachant le bouton de son short en la sentant bouger son bassin, frissonnante d'anticipation. Il revient à hauteur de son visage et se saisit de ses lèvres, quémandant sa langue avec un sourire mutin.

« Chambre », souffle-t-elle à bout de souffle.

Le Diagnosticien passe les mains dans son dos, resserrant ses bras autour de sa taille de guêpe. Elle niche son nez dans son cou et veut protester quand il se lève tant bien que mal. Impatient, il la fait taire d'un baiser, éteint la lampe, et boite dangereusement vers leur chambre, les jambes de la jeune femme enroulées autour de ses hanches.

« Je ne pourrais pas le faire seul », articule House longtemps après, leurs respirations toujours difficiles. « Je tricherai, j'abandonnerai … Ce sera plus fort que moi. »

Cuddy ferme les yeux et se tourne vers lui, glissant sur le flanc droit pour lui faire face. Rouvrant les yeux, elle lui sourit et dépose un baiser sur son torse.

« Est-ce que c'est une façon de me demander de t'aider ? »

« A moins qu'il y ait quelqu'un de planqué sous le lit, oui », s'amuse le Diagnosticien.

« Comment ? », continue Cuddy sans tenir compte de sa remarque.

House garde le silence et s'allonge sur le dos, les draps en travers du torse. Une canine mordillant sa lèvre inférieure, la jeune femme se redresse, calant son coude dans un oreiller. Son compagnon fixe le plafond, elle distingue bruit de sa respiration qui reprend un rythme normal. Cuddy ouvre la bouche et inspire, attendant qu'il se lance. C'est une -sinon la- conversation la plus sérieuse qu'ils ont eu depuis qu'ils sont ensemble. Il lui pèse toujours plus de le voir prendre de la Vicodin, s'en rend-il compte ? Elle ne le sait pas, ne souhaite pas le savoir pour l'instant.

« Je n'en sais rien », répond finalement House. « Laisse-moi réfléchir. »

Elle ne dit rien, il tourne la tête, il veut savoir ce qu'elle en pense. Cuddy sourit malicieusement et vient déposer un baiser amoureux au coin de ses lèvres.

« C'est toi qui décides », souffle-t-elle en s'allongeant, son dos tout contre lui.

Le Diagnosticien reste éveillé un long moment, écoutant Cuddy s'endormir et la pluie tomber sur le toit de la villa. La jeune femme bouge dans son sommeil, obligeant House à se décaler légèrement. Il passe un bras autour de sa taille, sentant son cœur battre contre ses tempes. Pourquoi a-t-il choisi d'aborder ce sujet ce soir-là ? Le mensonge n'a pas eu place dans cette conversation, il se sait incapable de le faire seul. La Vicodin lui permet de travailler, de réfléchir, de vivre. Il ne sait pas non plus ce qu'aurait été sa réaction si on lui avait dit qu'un jour il souffrirait autant. S'il avait le choix une seconde fois, il était presque sûr de faire le même. Une heure passe ainsi sans qu'il ne sente le sommeil l'envahir, il regarde un long moment Cuddy dont le sommeil n'est en rien dérangé par les réflexions de son compagnon.

8 mai, deux mois plus tôt

« Je suppose que vous savez quel est le sujet que nous souhaiterions aborder aujourd'hui, Docteur Cuddy. »

« Le contraire vous surprendrait sans doute, Docteur Richardson. Je sais très bien pourquoi vous m'avez demandé de venir à cette réunion. »

Cuddy posa ses mains à plat sur le bureau en bois, attendant que l'un d'eux se décide à poursuivre. La veille, son assistante lui avait annoncé que le Conseil se réunissait et que sa présence était, tout particulièrement, requise. Dans les heures qui avaient suivi, la réunion lui était sortie de l'esprit, impliquée dans son travail et dans plusieurs rendez-vous. Lorsque House était passé la chercher en fin de journée, le simple fait de le voir lui avait rappelé ce qui l'attendait le lendemain. Elle évita de regarder Wilson, assis trois chaises plus loin à sa droite. L'oncologue l'avait informée aussitôt qu'il avait pu de cette réunion, assurant la Doyenne de son soutien. La jeune femme lui avait demandé de garder le silence, arguant de sa capacité à faire accepter sa relation avec House au Conseil.

« Très bien. Vous nous pardonnerez donc d'aller droit au but. »

La Doyenne fit un geste vague de la main, ses bracelets en argent résonnant sur la surface en bois. Elle les invita à continuer, prête. Richardson chercha l'assentiment de ses collègues et braqua ses yeux sur la jeune femme.

« Il est inutile », reprit-il, « de vous cacher la surprise que nous avons ressenti lors de la soirée de charité organisée il y a cinq jours. »

« Ma relation avec le Docteur …. »

« Votre relation avec le Docteur House est justement la question, Docteur Cuddy. Vous savez, aussi bien que nous, qu'entretenir une relation avec un de ses collègues, ou un de ses employés, est fortement discutable. »

Cuddy grimaça intérieurement, se rendant compte que le sujet semblait plus sensible que ce à quoi elle s'est préparée. Elle pencha légèrement la tête sur le côté.

« Je suis parfaitement capable de gérer House, si c'est cela votre principal sujet d'inquiétude », assura la Doyenne sur un ton calme et posé.

« Est-ce que cela vous amuse, Docteur Cuddy ? », demanda gravement Henley. « Trouvez-vous qu'il n'y ait rien de légitime dans nos interrogations ? Vous connaissez mieux que nous la manière de travailler du Docteur House. Nous voulons être sûrs que votre relation quelle qu'elle soit avec House ne change en rien le contrôle que vous avez sur lui ici. »

« Rien n'a changé depuis … »

« Depuis combien de temps ? », l'interrompit la chef d'un département.

« Rien n'a changé depuis que House et moi sommes ensemble », continua Cuddy sans se laisser démonter. « Depuis six mois. »

La jeune femme sourit intérieurement en découvrant les regards surpris de ses collègues. Ils ne semblaient pas s'attendre à ce qu'elle leur annonce aussi franchement. Cuddy vit Wilson dissimuler un sourire en baissant la tête, la main dans les cheveux. Ils étaient les seuls à savoir que les six mois n'étaient pas encore franchis. Mais qu'importait finalement ? Le plus important était de convaincre le Conseil que rien ne changeait dans sa manière d'envisager son travail de Doyenne.

« Excepté que je rentre plus tôt chez moi les soirs », termina Cuddy. « Ce qui soit dit en passant ne porte préjudice ni à vous ni à l'hôpital. »

Une femme qu'elle appréciait beaucoup, responsable du service de pédiatrie, lui apporta son soutien d'un signe de la tête et d'un sourire. Wilson nota cela avec plaisir, comprenant que Cuddy était doucement en train de gagner les faveurs du Conseil.

« C'est contraire à certaines règles que nous fixons pour les employés », releva Henley.

« La plupart des employés », répliqua-t-elle. « Nous ne serions pas ici à discuter d'une telle relation si c'était une toute autre personne que House. »

« Le pensez-vous vraiment ? »

« Le Docteur Cuddy a parfaitement raison », s'interposa Ridgway. « Nous avons tous quelque chose à reprocher à House, des … comptes à régler pour certains », ajouta-t-il en jetant un coup d'œil à Richardson. « Il faut cependant avouer que cela relève de votre vie privée et que nous n'avons pas à prendre de décisions à votre place. »

Cuddy sortit la première de la salle et monta à l'étage des diagnostics sans attendre, après avoir échangé quelques mots avec Wilson. L'oncologue la regarda s'éloigner dans le couloir, un sourire grave sur les lèvres, ravi de voir que si leur relation était parfois compliquée, ils ne seraient pas contraints par le Conseil d'Administration à certains choix difficiles. La jeune femme patienta un moment dans le bureau du Diagnosticien ne voulant pas les déranger. House lui lançait des regards fréquents, visiblement impatient de savoir ce qu'elle était venue lui dire. Foreman et Thirteen sortirent.

« Alors ? Est-ce que j'ai le droit de t'embrasser en plein milieu du hall sans qu'une meute de chiens me saute à la gorge et me traîne sur le parking pour me mettre en pièces ? »,ironisa le Diagnosticien en passant dans son bureau.

« Non. Et puis, c'est loin d'être le genre d'obstacle qui t'arrête d'habitude ... »

« Comment ça non ? », releva-t-il en fronçant les sourcils.

Avec un sourire, Cuddy s'approcha de lui et passa ses bras autour de sa taille. House fronça les sourcils et pencha la tête en arrière pour l'inviter à s'expliquer.

« Ça c'est moi qui te l'interdis », l'informa la jeune femme en déposant un baiser au coin de ses lèvres.

« Sorcière », grogna-t-il. « Alors ? »

Cuddy sourit plus franchement et lui raconta brièvement ce qui s'est passé. Son compagnon l'écouta attentivement et l'embrassa doucement sitôt qu'elle eut terminé. Cuddy joua avec un bouton de sa chemise rose pâle un instant et retourna travailler quand Taub revint dans le bureau avec les résultats du labo.

TBC ...