Les rayons de soleil de l'après-midi m'éveillent d'un songe bien agréable. Je rêvais qu'une aventure sans pareille frappait à ma porte et m'entraînait loin, très loin de la Comté et de ses douces plaines verdoyantes. Bien sûr, ce n'est pas près d'arriver. Rien n'arrive jamais ici. Pas le plus petit incident, aussi loin que ma mémoire remonte. Les journées ici sont longues, monotones, paisibles. Je soupire et me relève doucement, sentant l'herbe douce et fraîche de Cul-de-Sac se froisser sous mes doigts écorchés. Je retiens une grimace de douleur et serre fermement les poings, comme pour cacher mes blessures. Oncle Bilbon ne va pas être content.
-« Lenya, où es-tu ?! »
Quand on parle du loup. Je me penche et regarde mon oncle qui se tient juste à côté de la porte ouverte du smial*. Bilbon remarque alors ma présence et lève la tête en fronçant les sourcils. C'est la principale expression de son visage que je connais quand il s'adresse à moi. L'inquiétude. En dehors des moments où il me sourit affectueusement bien sûr. Comme si il pouvait m'arriver quoi que ce soit de pire qu'une chute à l'intérieur des frontières de la Comté.
-« Je suis là Oncle Bilbon. Je faisais juste une petite sieste. »
Bilbon continue de me fixer, l'air sévère. On dirait qu'il attend quelque chose de moi.
-« Montre moi tes mains. »
Je sais que je n'y couperai pas. Résignée , je tends mes mains à mon oncle qu'il prend avec soin dans les siennes. Son froncement de sourcils se fait plus marqué alors qu'il examine attentivement les coupures légères sur mes paumes. Pour détendre l'atmosphère, et peut-être aussi pour échapper au sermon, je le taquine joyeusement :
-« Attention Oncle Bilbon, tu vas finir par avoir des rides à force de t'inquiéter comme ça pour moi. »
-« Il faut bien que quelqu'un le fasse. Tu as encore utiliser ton arc, n'est ce pas ? »
Je hoche la tête face à l'accusation. Voilà un an maintenant que, grâce à des dessins trouvés dans un coffre à la maison, j'ai pu construire un arc assez résistant. Depuis lors, je m'entraîne tous les jours avec. C'est un moyen comme un autre de tromper mon ennui. Et je deviens plutôt douée. J'ai même proposé à mon oncle de prendre les Sacquet de Besace pour cible. Mais il m'a répondu que, même si ce serait tout à fait délectable à regarder, la loi ne serait certainement pas du même avis. Dommage.
-« J'ai accepté que tu fasses du tir à l'arc pour t'amuser, mais si tu te blesses en le faisant… »
Je sens que la conversation ne va pas dans mon sens et je n'aime pas ça.
-« Ce ne sont que des égratignures. J'ai juste trop forcé aujourd'hui, je te promets de ne pas toucher à mon arc demain. Juré. »
Ma promesse a l'air de faire son effet, puisque mon oncle lâche mes mains et me dit (m'ordonne ?) d'aller les soigner.
-« Les bandages sont dans la cuisine et la pommade-»
-« Dans le salon, je sais Oncle Bilbon. Tu sais bien que ce n'est pas la première fois que je me blesse pourtant. »
Je l'entends marmonner :
-« Pas besoin de me le rappeler. »
Je saute du toit de Cul-de-Sac sous l'œil atterré de mon oncle.
-« Parfois je me vraiment si tu es vraiment une Hobbit. Je n'ai jamais vu quelqu'un qui cherche autant à attirer les ennuis. »
Un sourire d'excuse et je m'engouffre dans la maison. Même si je ne suis pas née ici, je m'y suis toujours senti chez moi. L'histoire de ces murs m'est toujours apparu comme étant mienne, alors que je ne partage aucun lien de parenté avec Bilbon. Il m'a adopté lorsque j'avais 10 ans. J'en ai aujourd'hui 34, à peine la majorité chez les Hobbits.
Je fouille les placards remplis du salon puis, crème à la main, je m'assoies à côté de la fenêtre dans le hall d'entrée. La froideur de la pommade sur ma peau contraste étrangement avec la chaleur du soleil qui brille de tout son éclat en cette fin d'après midi. Il caresse mon visage, m'invite à sortir, à courir à travers les bois parfumés bordant la Comté, à m'aventurer jusqu'au confins de la Terre du Milieu pour voir si, même là-bas, il brille de la même façon. Je ne suis jamais allée plus loin que Bree, et pourtant qu'est ce que j'en ai envie ! Oncle Bilbon a raison, je ne suis vraiment pas normale. N'importe quel Hobbit se trouverait horrifié face à l'opportunité de quitter son cher foyer alors qu'il n'y a rien que je désire plus au monde que de le découvrir.
De l'agitation à travers la fenêtre me détourne de mes pensées. Bilbon est en pleine discussion avec un homme vêtu de gris. Aucun des deux n'a l'air très content. Mon oncle surtout a l'air agacé, voire même effrayé. Qui donc peut bien être ce mystérieux inconnu qui met mon oncle dans tous ses états. C'est mon boulot normalement ! Je m'avance vers la porte d'entrée pour dire deux mots à cet enquiquineur quand celle-ci s'ouvre violemment, découvrant ainsi Bilbon qui claque la pauvre porte.
-« Qui est-ce ? »
-« Une vielle connaissance, rien de plus. »
-« Pas une bonne alors. Est-ce que tu lui devrais de l'argent par hasard ? »
J'éclate de rire en voyant l'air outré de mon oncle.
-« Va préparer le dîner plutôt que de raconter des bêtises, veux-tu Lenya ? »
Le repas se déroule sans encombrement. Bilbon a cependant l'air un peu ailleurs, ce que je lui fait remarquer.
-« Je suis juste fatigué, c'est tout. Je vais aller me coucher, tu ferais bien d'en faire de même. »
Avec ma bonne humeur habituelle, je débarrasse la table et souhaite bonne nuit à mon oncle en déposant un bisou sur sa joue rebondie. A peine une minute plus tard, je m'écroule sur mon lit et glisse vers de délicieux songes où des terres inconnues s'offrent à mes yeux émerveillés.
Mais une mauvaise fée décide que mon sommeil doit être écourté, puisque un vacarme retentissant me réveille sans pitié. J'enfile une robe de chambre verte pâle et court jusqu'à la source du bruit. C'est alors que je vois mon oncle en compagnie des créatures les plus improbables qui soient dans la Comté : deux nains. Les cheveux grisonnants, de longues barbes, à peine plus grands que moi.
-« Oncle Bilbon ! Qu'est ce qui se passe ?! »
Apparemment, il est aussi perdu que moi quand à la raison de cette arrivée tardive et impromptue. Il tente de m'expliquer qu'il avait trouver ces nains à sa porte, prétextant qu'ils étaient attendus chez nous, quand un nouveau cognement se fait entendre à la porte. Bilbon gémit misérablement, totalement dépassé par la situation.
-« Laisse mon Oncle, je vais répondre. »
Et ils vont voir l'accueil que je vais leur faire ! Depuis quand réveille t-on ainsi des honnêtes gens pour piller leur garde-manger ?! D'une main ferme, j'ouvre grand la porte.
Et c'est alors que mon cœur arrête de battre et que mon souffle se retrouve coincé dans ma gorge.
* Un smial est un trou de hobbit, mais en plus luxueux et confortable, comme celui de Bilbon Sacquet.
C'est la première fois que j'écris une fanfiction sur Le Hobbit, et aussi la première fois que je me tente à l'Original Character. Des avis, des conseils please :) ?
