Disclaimer : "A moi, a moi" font les mouettes du monde de Nemo. "Pas à moi, pas à moi", fait l'auteur, mademoiselle Clio.
Saison : 4, juste après "Tabula Rasa" (4x06).
Note : J'ai récidivé... Cette fic sera longue, mais je vous informe que j'ai beaucoup de chapitres d'avance, et que je publierai (au moins) deux fois par semaine, donc en théorie les suites ne tarderont jamais, et la fin arrivera bel et bien.
Il faut attendre quelques chapitres avant d'arriver à l'essentiel, le temps que les éléments se mettent en place, et que le temps passe. J'aurais du tourner mon histoire autrement pour arriver vite dans le vif du sujet, c'est vrai, mais à présent le début est écrit et riche en éléments utiles pour la suite, donc...
Un grand merci à Badwolf pour ses supers bêtas, et à Miyu et Chromo pour leurs lectures avisées !
Bonne lecture, j'espère ! N'hésitez pas à utiliser le tout nouveau bouton vert en fin de page pour donner votre avis.
Jour J
La surface bleue de l'océan ondulait calmement au rythme de la brise marine. Le clapotis des flots égayait un paysage monotone fait de vagues et de reflets scintillants. Jusqu'à ce qu'un bruit d'eau effrayant traverse l'atmosphère. La mer se déchira pour laisser apparaître une coque grise et luisante, qui s'éleva lentement dans les airs.
- C'est un vaisseau ! fit un homme avisé.
- Je vous l'avais dit ! cria joyeusement une voix à l'accent canadien.
Une quarantaine de personnes se trouvaient sur la plateforme nord de la Cité d'Atlantis, petite péninsule encadrée par les flots. Si une dizaine seulement était vraiment nécessaire à l'opération qui était en train de se dérouler, toutes avaient unanimement le nez tourné vers le ciel, où l'Apollo manœuvrait. Sous son flanc étaient tendus des câbles reliés à la forme qui venait d'émerger, et qui oscillait doucement à cinq mètres de hauteur.
Sheppard rejoint le groupe et vint se placer aux côtés de Carter, qui les bras croisés et les yeux plissés observait le spectacle.
- Alors c'est un vaisseau.
Sam se tourna vers lui avec un sourire, répondant un simple « oui ».
- A plus de cent mètres de profondeur… fit pensivement le lieutenant-colonel, le regard dirigé vers l'Apollo.
- C'est incroyable qu'il ait voyagé avec nous quand nous avons changé la Cité de planète, fit la voix de Keller à la droite de Carter.
- Et bien, en vérité il n'était pas au fond de l'océan, mais bloqué dans l'un des couloirs menant à une entrée sous-marine d'Atlantis », expliqua la nouvelle dirigeante, « et ce sans doute depuis des milliers d'années. Il a suivi tous les mouvements de la Cité, jusqu'à notre dernier amerrissage ici, qui a sans doute du être la secousse de trop : il s'est désencastré et a commencé à basculer vers le fond de l'océan. Sa masse se détachant de celle de la Cité, nous avons pu nous rendre compte qu'il y avait un élément étranger dans la structure d'Atlantis.
- Enfin, c'est la version de McKay, ajouta Sheppard, railleur.
- Je suis aussi de son avis, précisa Sam.
Keller hocha la tête. Non loin de là, l'astrophysicien en question s'affairait à guider l'Apollo, en criant dans son oreillette. Et il parvenait justement à ses fins, puisque l'appareil câblé se rapprochait enfin du sol, une vingtaine de mètres devant lui.
- RECULEZ ! RECULEZ ! cria-t-il aux curieux agglutinés derrière lui. On ne sait pas ce qu'il y a dedans !
- Prudence Rodney, et prévenez-nous dès que vous avez du nouveau, lui signifia Carter en faisant signe à tous les spectateurs de la suivre de l'autre côté de la plateforme.
McKay ne fit même pas signe d'avoir entendu, et se retourna avec impatience vers l'engin, cinq scientifiques demeurant à ses côtés. Tous perçurent le bruit mat qui salua l'arrivée de l'engin sur le sol atlante. Rodney se précipita pour mieux l'observer.
Long et effilé, le vaisseau avait la longueur d'un Jumper, mais se révélait beaucoup plus tassé que ce dernier : plus large mais avec seulement un petit mètre soixante-dix de hauteur. Sa structure gris métallique contrastait avec le noir opaque de son cockpit, qui s'étendait sur toute sa partie supérieure. Histoire de mettre un peu de couleur, quelques limons vert sombre étaient encore accrochés à la carcasse, et des perles d'eau reflétaient l'éclat du soleil.
- Ca ne ressemble à rien de connu, remarqua Radek.
Rodney en faisait déjà le tour, un détecteur à la main :
- En tout cas il était au courant de l'existence d'Atlantis, puisqu'il cherchait à y entrer. La question est : quand est-il arrivé ici, et savait-il que la Cité était inhabitée… Rha je n'arrive pas à dater…
- La question n'est-elle pas plutôt : ami ou ennemi ?
Les regards des deux érudits se croisèrent, soucieux. Ils n'eurent pas le temps de mettre des paroles sur leurs réflexions, car à côté d'eux une jeune Japonaise s'écria :
- Il y a de la vie ! Le vaisseau est habité !
Les deux hommes se tournèrent vers le détecteur de la jeune femme, abasourdis. Tandis que Zelenka vérifiait encore le résultat de Miko, Rodney décida de prendre les choses en main en se tournant résolument vers le cockpit.
Il laissa courir ses doigts sur la surface noire, à la recherche d'une faille. Il commençait à sérieusement s'agacer, et à entamer son troisième tour du vaisseau, lorsque ses collègues comprirent ce qu'il était en train de faire.
- Vous essayez d'ouvrir ? lui demanda Zelenka.
- A votre avis ?
Le ton sec du chef scientifique de la mission ne refroidit pas Radek, qui en avait pris l'habitude. Il laissa juste un peu plus durer le suspens avant d'appliquer ses mains sur un rectangle gravé dans la partie avant de la vitre noire, en proposant :
- Et si l'ouverture était là ?
Joignant sans trop y croire le geste à la parole, il appuya de toutes ses forces, et à la grande stupéfaction de tout le monde – y compris la sienne – la « vitre » disparut, rentrant intégralement dans la coque dans un simple bruissement. Radek tomba tête la première dans l'habitacle avec un « plouf » retentissant – moins cependant que ses jurons- et de l'eau s'échappa de l'espace découvert, se répandant en fracas sur le sol et sur les chaussures de l'équipe. Pour le coup, tous imitèrent Radek, chacun dans sa langue natale. Après ce râlement en bonne et due forme, ils s'intéressèrent à l'intérieur de l'appareil, à présent dévoilé.
- Tout le monde en resta béat.
- « Rodney ? Vous avez ouvert ? Que voyez-vous ? »
- Une petite minute Sam. On regarde et on vous tient au courant.
Malgré l'eau stagnante qui restait prisonnière des parois, ils pouvaient se rendre compte que l'intérieur était en vérité peu profond, la partie basse étant occupée sans doute par le moteur du vaisseau. En partie haute, les scientifiques terriens pouvaient admirer, sortant du fond d'eau, de longs cylindres sombres. Et c'était tout.
- Des caissons de stase…
Des caissons en verre noir opaque, de la même matière que le vitrage de la cabine.
- Trois caissons…
Trois caissons de deux mètres cinquante de long, et particulièrement larges.
- Vous avez vu leur taille ?
Sur chacun, un anneau de cerclage venait rompre le lisse du cylindre. Coupant court aux remarques pensives de ses confrères, Rodney corrigea :
- Six caissons de stase. L'anneau au centre doit séparer chacun des trois caissons en deux, donc un pour deux personnes.
- Mais alors… murmura Radek. Ceux qui sont à l'intérieur sont minuscules ! … Des nains ?
- Ou des enfants, suggéra une voix féminine suédoise à sa gauche.
Rodney la contredit :
- Des enfants auraient grandi. La stase n'arrête pas le vieillissement, elle le ralentit seulement. Et en autant de temps passé sous l'eau, ils seraient devenus adultes.
- Sauf s'ils ne sont pas là depuis longtemps, remarqua un collègue à sa gauche.
- … Oui mais non : on ne fabrique pas des caissons de stase à courte durée !
- Allez savoir ce que pensaient les Anciens.
- Précisément, ceci n'est pas Ancien, Glover !
- Mais alors, qu'est-ce que c'est ?
Rodney ne put répondre à la question du Johannesbourgeois. Seul un « il faudrait ouvrir » s'échappa de ses lèvres, tandis qu'il cherchait à nouveau fébrilement un moyen de faire céder cette étrange matière noire.
- Ici ? s'affola le Sud-Africain. Vous ne voulez pas plutôt rentrer tout ça à l'intérieur, et qu'on amène les caissons à l'infirmerie ?
- On ne sait pas ce que c'est, mieux vaut ne pas introduire un truc pareil dans la Cité. Par contre vous avez raison : appelez-moi Keller. KELLER !
- Je ne pense pas qu'elle ait son doctorat ès espèces pégasiennes inconnues naines.
- Radek, cessez de faire de l'esprit et…
Un bruissement lui fit suspendre sa phrase. Sous ses doigts, la matière sombre avait à nouveau disparu, comme rentrée dans l'anneau central, dévoilant l'intérieur du caisson. L'astrophysicien se figea, et tous les autres avec lui. Seul Radek parvint à articuler :
- … Vous avez raison Rodney : ça, Keller connaît.
Le cerclage ne séparait pas le cylindre en deux, comme ils l'avaient pensé : il ne s'agissait que d'un seul élément, démesuré. Et dans ce qu'il restait du cylindre dévoilé se trouvait un seul corps : celui d'une jeune femme. Longs cheveux noirs et peau basanée, elle dormait, nue. Quatre hommes restèrent à la détailler, avant qu'une veste ne soit jetée sur le corps inerte par l'ingénieure suédoise de l'équipe. Le geste les sortit de leur torpeur.
- Hum…
- Oui.
- Merci Erika.
- Que se passe-t-il ?
Keller était arrivée à leur niveau. Rodney lui désigna le caisson de stase, en lui demandant de vérifier si elle était toujours vivante. C'était le cas, et la doctoresse appela une équipe médicale en urgence.
- Nous ouvrirons les autres dans l'infirmerie cette fois, Rodney. Cela vaudra mieux.
Il hocha la tête quand une voix japonaise objecta :
- Inutile docteur Keller. Il n'y a pas de vie dans les autres caissons.
Miko fut bientôt entourée de ces cinq confrères, et devant son détecteur de vie elle expliqua qu'il n'y avait plus de signe pour les deux autres, tout au plus un dégagement d'énergie de la part de l'un d'entre eux. Alors que l'équipe médicale arrivait, Rodney reprit son ouverture systématique des cylindres, arguant qu'ils ne craignaient rien.
Du premier restant s'échappa de l'eau, qui vint tremper encore plus son pantalon. Il râla un moment avant de se tourner vers le caisson. Il contenait un squelette humain, un peu petit il est vrai, mais pas de taille anormale.
- Microfissures, l'eau est rentrée, commenta Rodney. Comme dans le cockpit.
- Vu l'état des os, ça a du se produire il y a très, très longtemps, ajouta Radek.
- … Appelez Biro et Katrov, qu'ils nous fassent une datation.
Sur ces paroles, le chef scientifique passa au dernier caisson. Il cherchait à l'ouvrir quand quelqu'un réagit :
- … Mais pourquoi les caissons sont si grands ? Il y a un tiers inutilisé là !
- Ecoutez Gosha, vous êtes là depuis le début avec moi, et normalement vous auriez du comprendre qu'on n'en sait rien ! Pour le moment.
- On ne sait même pas si…
Dans un dernier bruissement, l'ultime caisson dévoila son contenu. Et précipita une foule de questions dans la tête des scientifiques horrifiés.
Bien au sec cette fois-ci, se trouvait allongé un être vaguement humanoïde, à la peau noire ébène plissée, à la tête directement reliée au cou, au visage large et creux. Il mesurait plus de deux mètres vingt. Même un corps humain affreusement mutilé n'aurait pu ressembler à cela.
- … Mon Dieu, qu'est-ce que nous avons découvert là ?
