Une réunion avec tout le gratin de la police. Quel ennui ! Il est bien vrai que, dans ce genre de cérémonie, il n'y a pas grand-chose à faire à part parler, boire, manger, et parfois danser. Cette cérémonie avait lieu pour récolter des fonds pour une association caritative. Et depuis plusieurs années déjà, l'équipe du CBI participait à cet évènement. Et au fur et à mesure des ans, d'autres équipes de police se sont rajoutées à la donation. Tout cela créa un bon groupe de personnes qui s'investissaient, au moins un fois par an, dans quelque chose de bien. Bien que leur métier soit directement relié avec le bien au sein de la communauté, ce n'était pas la même chose. Mais voilà, cette année, Patrick Jane avait décidé de ce joindre à la cérémonie. Ce fut même lui qui représenta le CBI. Pour une fois, il n'avait pas fait de trop de bêtises, du moins pas encore. Quelques farces par ci par là, mais rien de très grave. Il restait avec ses collègues, tout du moins il y avait été obligé par Lisbon. Elle voulait être sûre qu'il ne ferait rien de déplacer ou qui pourrait gâcher la soirée. Par conséquent, elle avait confié à ses équipiers la lourde tache qui consistait à surveiller Jane. Mais il ne leur avait pas rendu la tache trop difficile. En effet, Jane s'ennuyait autant qu'eux, et quand lui demandait ce qu'il avait derrière la tête au moment où il regardait fixement la foule, Jane lui avait simplement répondu qu'il ne trouvait personne assez intéressant avec qui il pourrait s'amuser. Tout le monde sait que Jane n'est pas un fervent admirateur des policiers, mais il est rare qu'il ne tente rien quand il s'ennuie.

Mais alors qu'ils étaient tous réunis à une table près du bar, auquel ils étaient restés une bonne partie de la soirée, une musique agréable se fit entendre. La musique, qui était depuis le depuis jouée par un orchestre de jazz, était douce, lente, agréable donc. Jane observa la foule qui dansait, puis son regard de posa sur Lisbon. Elle sirotait tranquillement sa boisson lorsqu'elle le vit. Quand leurs yeux se croisèrent, elle comprit directement que Jane avait quelque chose en tête. Mais quoi ? Il l'a fixait, encore et toujours. Puis il se leva, leur tourna le dos pour pouvoir observer les couples qui dansaient, mit ses mains dans les poches de son costume, et enfin se retourna vers eux.

- Lisbon ?

- Alors là, nan. Même pas en rêve.

- Je n'ai rien dit. dit-il sereinement.

- Vous n'en pensiez pas moins.

Il la regarda, avec ce sourire si énervant qu'il arrive à vous faire perdre tout vos moyen en à peine une seconde. Mais elle, ce regard, elle le connaissait maintenant, et il ne l'atteignait plus. Alors il l'approfondit, la fixant le plus calmement possible.

- Allez, ça ne peut pas vous faire de mal ?

- C'est que vous ne me connaissez pas alors.

- Venez, on jugera après.

- Vous êtes sûre ?

- Absolument.

Un sourire de triomphe s'afficha sur son visage. Il se leva, sa tête se tourna légèrement vers la droite, en direction de la piste, comme si ce mouvement était la vraie invitation. Les yeux de Térésa regardèrent le plafond, puis se posèrent sur ceux de Patrick. Elle se leva, lentement, mais sûrement. La main de Jane se tendit vers elle, et elle la prit.

Ils se dirigèrent tous les deux vers la piste. Des couples dansaient de ci de là cela permettait au duo de ne pas être trop vu. Cette situation embarrassait plus Térésa que Patrick. Avec son sourire si envoûtant, il se posta, droit, devant elle. Ce fut elle qui reprit la conversation.

- Je suis toujours persuadée que ce n'est pas une bonne idée.

- Et moi donc.

- Alors pourquoi m'avoir invitée ?

- Juste pour voir.

Elle le dévisagea, elle avait envie de le taper. Pas de le frapper, juste de le taper. Sur la poitrine par exemple, pour lui montrer qu'il l'énervait. Il garda ses yeux dans les siens, enfonçant son regard de plus en plus. Puis il reprit, comme si de rien n'était, comme si ces regards n'avaient pas existé.

- Mettez votre main gauche sur mon épaule, et gardez votre main droite dans la mienne.

- Je crois que je vous hais.

- Tant mieux pour vous. Mais pour l'instant, faites ce que je vous dis, on pourra en discuter après.

Elle posa timidement sa main gauche sur son épaule, et serra de son autre main celle de Patrick.

- Très bien.

Il la regarda à nouveau. Son autre main se glissa, sans aucune gène, dans le dos de sa partenaire. Elle frémit, ou se redressa, cela dépend des points de vue.

Elle baissa son regard, regarda tout autour d'elle les couples qui dansaient.

Pourquoi, pourquoi est-ce qu'il me fait cet effet là, tout le temps, même lorsque l'on est pas aussi proche ? Pourquoi ses regards, ses gestes, ses sourires me touchent plus que si tout cela venait d'une autre personne ? Ses pensées divaguaient. En fait, elle ne savait plus trop quoi penser. De lui, d'elle, de eux.

- Laissez-vous faire.

- Je n'ai pas pour habitude de vous écouter, mais je pense que pour cette fois ci, ce sera préférable pour tout le monde.

- Vous êtes si mauvaise danseuse que ça ?

- Je ne suis pas mauvaise danseuse, juste maladroite.

- Alors laissez-vous faire. C'est moi qui mène la danse.

Ils commencèrent à danser, doucement, tout doucement. Une valse, c'est assez simple : en avant, en arrière et on recommence.

- Ca va ?

- C'est bon, je sais mettre un pied devant l'autre.

- C'est vous qui disiez que vous étiez maladroite.

- Oui, mais pas à ce point. Et en fait, ce n'est pas que je suis maladroite, c'est plus que je ne suis pas très à l'aise.

- Je vois ça.

- Alors …

- Alors pourquoi vous avoir inviter ? Je vous l'ai dit tout à l'heure, juste pour voir !

- Mais voir quoi ?

- Voir s'il vous restait des pas de danse.

- Vous savez que j'ai fait de la danse ?

- Bien sûre !

- Comment ?

- Je suis un mentalist !

- Comme si je ne le savais pas !

- Hop !

Il la fit tourner sur elle-même, puis se remirent dans leur position initiale.

- Ca va !

- Ca va quoi ?

- Vous n'avez pas tout perdu.

- Si on pouvait arrêter sur ce sujet, je n'en suis pas très fière.

- Vraiment, pourquoi donc ? La danse est un très bon sport.

- On va dire que ce ne sont pas mes meilleures années. Et puis, sincèrement, vous me voyez en danseuse ?

- Tout dépend du style. Mais oui, je vous vois bien en petite danseuse classique.

- Très drôle.

- Vous m'avez demandé mon avis, je vous le donne. Et juste, je voudrais revenir sur un point que vous avez mentionné juste avant.

- Lequel ?

- La danse. Et plus particulièrement le fait que ce n'est pas vos meilleures années. J'aimerais savoir pourquoi.

- Voilà, c'est ça le problème. A chaque fois que l'on parle avec vous, vous analysez tout ce qu'on dit, chaque petit mot, qui peut nous sembler anodin, devient incroyablement important pour vous. On ne peut pas avoir une discussion simple et normal comme avec tout le monde parce que vous essayez de deviner ce que l'on cache, même quand il n'y a rien à cacher, vous finissez par trouver quelque chose. Et ce quelque chose, nous-même on ne le savait pas, jusqu'à ce qu'on vous le dise, enfin jusqu'à ce que vous nous obligiez à le dire. C'est insupportable à la fin.

- Hop !

Il la refit tourner sur elle-même, et ils reprirent leur position initiale. Comme avant. C'était comme si par ce mouvement il cherchait à la calmer. Et cela marchait plutôt bien à vrai dire.

- Je vous hais Patrick Jane !

Cette phrase avait un ton assez ironique. Elle ne voulait pas le laisser gagner, bien que tous les deux savaient qui allait remporter la manche.

- Je sais, vous ma l'avez déjà dit. Et je pense vous avoir fait comprendre que je m'en fichais totalement. Mais ne gâchez pas ce moment, s'il vous plait.

Ils refirent quelques pas, quand la musique s'arrêta. Toutes les personnes de la salle applaudirent l'orchestre. Une personne annonça que le buffet à dessert était ouvert et tout le monde reprit sa place dans la salle, aux tables qui leurs étaient officiellement attribuées.