- Blaine ? Tout va bien ?

Ce dernier hocha la tête. Installé autour d'une table avec Kurt, il regardait dans le vide, d'un air pensif. Il n'avait pas touché à son café, alors que son meilleur ami était déjà prêt à repartir.

- T'inquiètes pas, je suis juste… fatigué. Ca ira mieux demain.

- J'espère… Tu sais que je suis la, à n'importe quelle heure, d'accord ?

- Pourquoi tu me dis ça ?

- Je ne sais pas… Tu n'es pas comme d'habitude en ce moment, je m'inquiète un peu.

- T'en fais pas, tout va bien crois moi.

Kurt sourit légèrement, et commença à s'éloigner de la table. Blaine se retourna alors vers lui.

- Kurt ! Tu sais… Tu comptes énormément pour moi. Tu es et tu resteras pour toujours la personne que j'aime le plus au monde, la personne la plus importante.

Son ami s'approcha de lui, s'accroupit pour être à sa hauteur, et lui glissa :

- Tu comptes vraiment beaucoup pour moi aussi, tu le sais. Mais je dois y aller, mes cheveux sont prioritaires sur ton amour.

Blaine sourit. C'était typique de Kurt, et il savait que c'était une fausse déclaration. Ce dernier lui adressa un clin d'œil, et s'en alla rapidement, laissant Blaine seul avec ses pensées.

Tout à coup, des footballeurs de son lycée s'approchèrent de sa table. Ils lui lancèrent un regard noir, puis l'un d'eux prit la parole.

- C'était quoi cette déclaration à l'autre tapette, miss ?

- C'était rien, lâchez moi, merde.

- T'es un marrant toi. Tu crois qu'on lâche les mecs comme toi ?

Blaine se leva, ramassa ses affaires, et commença à partir.

Le joueur de foot qui lui avait parlé s'approcha de sa table, prit son café, ramassa l'argent qu'il avait laissé pour la serveuse, et le suivit.

- Eh, l'homo ! Reviens ici !

Blaine se retourna.

- Je vous ai dit de me laiss…

Il n'acheva pas sa phrase. Joey lui avait lancé son café à la figure. Lui et son équipe commencèrent à rigoler, et s'éloignèrent quelques secondes plus tard, après avoir lancé une pluie d'insultes à Blaine.

- Heureusement pour toi qu'il était froid, dit le capitaine en partant.

La serveuse, une femme assez âgée, s'approcha de lui et lui tendit des serviettes. Il les saisit, la remercia, et sortit du café, pour s'épargner l'humiliation de devoir se nettoyer la figure devant des dizaines d'inconnus et des personnes de son lycée.


Assis au volant de sa voiture, Kurt se repassait sans cesse sa dernière entrevue avec Blaine en tête.

Il n'était jamais comme ça d'habitude. Il était toujours de bonne humeur, il allait de l'avant, et il l'aidait dans les moments où il n'allait pas bien. Mais depuis quelques semaines, il avait changé. Kurt avait l'impression qu'il s'était passé quelque chose, mais Blaine n'était pas décidé à en parler. Il avait beau le pousser à le faire, ce dernier ne voulait pas. Il voulait essayer de gérer ce qui lui arrivait seul, ce que Kurt ne comprenait pas vraiment.

Il gara sa voiture devant le salon de coiffure, entra, et s'assit dans la salle d'attente.

Il repensa aux dernières paroles de Blaine et une idée horrible traversa son esprit. Il secoua la tête. Non, ça ne pouvait pas être ça. Blaine ne ferait jamais ça.

Mais plus il y pensait, plus il trouvait ça… possible.

- Kurt Hummel ?

- C'est moi.

- Bonjour. Suivez-moi s'il vous plait.

Kurt suivit la jeune femme, et s'installa sur le siège. La jeune coiffeuse alla chercher ses produits, et il sortit son portable. Il appela le téléphone fixe de la maison de Blaine, espérant tomber sur sa mère, mais personne ne répondit. Il laissa donc un message, et commença à chercher le numéro de portable de Cristina. La jeune femme revint, et Kurt posa son téléphone.

Qu'il appelle maintenant où dans une demi-heure ne changerait rien.


Blaine arriva chez lui. Il avait mis 20 minutes à faire le chemin du retour, évitant les grandes rues où il pourrait être vu dans cet état.

Il sortit ses clefs, poussa la porte, posa ses affaires et se dirigea vers la cuisine. Il enleva son tee shirt, but un verre d'eau, et se dirigea vers le téléphone. Le point rouge clignotait, il y avait un message. Il appuya dessus, et entendit la voix de son meilleur ami retentir dans la cuisine.

« Bonjour, Madame Anderson. C'est Kurt Hummel… Je sais que vous ne m'aimez pas beaucoup mais je vous appelle pour vous parler de Blaine… Il m'inquiète un peu ces jours-ci… Alors si vous pouviez oubliez votre guerre inutile et injustifiée contre lui et aller lui parler, ça me rassurerait, et je suis sûr que vous aussi. Vous êtes sa mère après tout, et je sais que vous l'aimez, au fond. »

Blaine se sentait mal à présent. Kurt avait su lire en lui, en quelque sorte. Mais sa mère ne devait pas être mise au courant. Il ne l'aimait pas, et il se foutait de ce qu'elle pouvait penser de lui.

Il monta dans la salle de bain, se déshabilla, et entra dans la douche.


Kurt sortit du salon de coiffure, et marcha jusqu'à sa voiture. Il s'installa sur son siège, et se regarda pendant de longues minutes dans son miroir. Il avait l'impression que cette jeune stagiaire avait raté quelque chose dans sa coupe, mais quoi ?

Il secoua sa tête. Il devait s'occuper de Blaine. Après avoir attrapé son téléphone, il composa le numéro de Cristina. Sans réponse. Il rappela, toujours sans réponse.

Ils ne s'étaient jamais vraiment bien entendus, les parents de Blaine pensant que leur fils entretenait une relation avec son meilleur ami.

Depuis le coming out de Blaine, un dialogue de sourd avait pris place au sein de la famille, ses parents ne comprenant pas ce qui était selon eux le choix de leur enfant.

Cela faisait des mois qu'ils ne s'adressaient presque plus la parole, et Kurt s'inquiétait que cela puisse avoir eu des répercutions sur l'attitude de Blaine. Il s'inquiétait pour celui qu'il aimait, et compris à ce même moment qu'il aurait dû le lui dire bien avant.

Il se mit alors en route, voulant enfin prendre son destin en main.


Cristina gara sa voiture dans l'allée, et entra dans la maison. Elle posa ses affaires dans l'entrée, près de celles de son fils, et se dirigea à son tour vers la cuisine. Elle y trouva son téléphone, qu'elle avait oublié en partant. Elle l'alluma, et reçut un message lui indiquant que Kurt avait essayé de l'appeler 2 fois.

- Encore lui… lança-t-elle sans vraiment le vouloir.

Elle décida de l'ignorer, et posa son téléphone sur la table. Elle entra dans le salon, s'approcha du téléphone fixe, ne vit aucun nouveau message, et alla s'installer dans son canapé avant d'allumer sa télévision, et de s'endormir au bout de quelques minutes.


En haut, Blaine sortit de son bain, se sécha, et entra dans sa chambre. Il enfila son costume, et s'assit sur son lit, attendant le bon moment, le moment où il serait prêt.


On toqua à la porte. Une fois, deux fois, trois fois. Cristina se leva alors et se dirigea vers l'entrée. Elle aperçut Kurt, l'air préoccupé, tambouriner à sa porte. Après de longues secondes d'hésitations, elle se décida à aller ouvrir.

- Madame Anderson…

- Que veux-tu ? répondit-elle d'une voix sèche.

- Vous n'avez pas eu mon message ?

- Quel message ?

- Sur votre téléphone fixe…

- Et bien apparemment non. Encore une fois, que veux-tu ?

- Je m'inquiète pour Blaine. Je le trouve bizarre en ce moment, et surtout aujourd'hui… J'ai peur pour lui.

- D'accord, j'irai le voir. Au revoir ! déclara-t-elle en lui fermant la porte à la figure.

- Attendez ! supplia presque Kurt.

Cristina ne se retourna pas, et retourna dans son fauteuil, sans écouter le conseil de Kurt.


Blaine se leva, et se dirigea vers son tiroir. Sous une pile d'affaires scolaires, d'écharpes, et de matériel inutile, il trouva un petit révolver, qu'il s'était procuré il y a quelques jours. Il s'en saisit, et retourna s'assoir à l'arrière de son lit, attendant, encore une fois, le moment où il aurait jugé bon de quitter ce monde.


Kurt, décidé à trouver son ami à tout prix, n'était pas décidé à repartir comme il était venu. Il sonna à nouveau, encore et encore, jusqu'à ce que Cristina, exaspérée, vînt lui ouvrir, en le menaçant d'appeler la police pour « harcèlement ».

- Vous allez raconter quoi ? Que j'ai sonné pour venir voir mon meilleur ami ? lança-t-il en la poussant pour pouvoir passer.

- Tu veux faire quoi ?

- Prendre soin de lui ! Faire ce que vous, sa mère, vous n'êtes pas capable de faire à cause de vos préjugés totalement cons et dépassés ! Il se sent seul, vous comprenez ? Il a besoin de vous ! Alors faites quelque chose et montez le voir !

Cristina lui attrapa le bras et lui murmura dans l'oreille :

- Ne me dis pas ce que j'ai à faire, compris ? Je le sais très bien. Quand il sera majeur, il partira. D'ici là, il vivra comme je l'entend. Et s'il n'est pas content, il n'a qu'à partir maintenant, on ne l'en empêche pas.

- Vous êtes pitoyable…

Kurt recula, et se dirigea vers les escaliers.


Blaine sortit de son lit, alla chercher une chaise, la positionna face à son miroir, et s'installa dedans. Il tenait dans sa main droite un cadre avec une photo de Kurt et lui, et dans l'autre son révolver. Il embrassa le cadre, et porta le revolver au niveau de sa tempe.


En bas, Kurt n'écoutait plus les remarques de la mère de Blaine, et avançait tranquillement vers l'escalier. Il se préparait à tout lui dire, à retrouver son ami tel qu'il l'était avant, et à vivre une belle histoire avec lui.

Mais tous ces rêves allaient être brisés d'une seconde à l'autre.

Alors qu'il entamait la montée des escaliers, un énorme bruit le glaça. Cristina s'arrêta aussitôt de parler, et un long silence s'installa dans la maison. Tout à coup, Kurt se mit à crier. Il explosa en sanglots, et courait pour rejoindre la chambre de son ami, suivi de Cristina, qui priait pour son fils en pleurant.