Titre : Tourner la page
Auteur :
Kaya Kunami
Fandom :
Saiyuki
Couple :
Gojyo/Sanzo

Note : Je tiens juste à préciser que je pars du fait que Gojyo et Sanzo sont déjà ensemble pour cette fic. Voilà, petite précision qui en vaux la peine quand même. Bonne lecture.

Apprendre à tourner la page

C'est aujourd'hui.

Dans la chambre miteuse d'une vieille auberge, une ombre installée près de la fenêtre observe l'extérieur. Aucune lumière n'est allumée et même les reflets pâles de la lune sont dissimulés par d'épais nuages grisâtres. Les seuls bruits résonnants dans ce silence presque religieux sont les clapotis de l'averse.

C'est son anniversaire.

Une faible lueur rouge apparaît brièvement dans la pénombre alors que l'homme près de la fenêtre tire sur sa cigarette, inhalant la fumée toxique. Son visage est obstinément tourné vers la rue assombrie tandis qu'à ses côtés, ses compagnons dorment tous, ou presque.

Celui de sa mort…

Il soupire un fin nuage de fumée, empestant un peu plus la salle. Cela faisait combien de temps ? Neuf ? Dix ans ? Il ne se souvient plus. Pour lui, c'est encore comme si c'était hier.

Un frisson le traverse, léger et pourtant glacial. Une paire de prunelles écarlates lui lance un regard inquiet. Il ne l'aperçoit pas.

Depuis cette funeste nuit, les jours pluvieux sont devenus un enfer à souvenirs pour le bonze Sanzo. Repenser pendant des heures et des heures à ce passage sanglant de son enfance. Sans jamais arriver à concevoir autre chose…

Il laisse tomber son front contre la vitre. Le froid de celle-ci lui vaut un nouveau frisson. Ca cigarette est finie et il n'a pas le courage de s'en rallumer une autre…

Qu'avait-il dit au kappa déjà ? Que cela ne servait à rien de ressasser le passé ? Un faible son moqueur et ironique lui échappa. Il avait été un peu trop présomptueux sur ce coup-là.

Se rappeler de cette nuit ne ramènera pas son maître à la vie. Sanzo le sait mieux que quiconque. Mais pourtant, il n'arrive pas à s'empêcher de penser à lui autrement…comme si Koryu n'avait pas totalement disparu de son être.

D'un geste inconscient, il resserre ses bras autour de ses jambes pour tenter de faire obstacle aux courants d'air qui arrivent à se faufiler dessous la fenêtre.

Dehors le paysage reste inchangé. La pluie bourdonne, créant un bruit de fond déplaisant, surtout pour le moine.

Dans la rue, il fait sombre et presque tout est invisible. Juste des formes. Noires.

Comme le cadavre de son maître. Comme la couleur du sang coagulant.

Juste une forme…recouvert de noir.

Ses paupières se ferment à moitié sur ses prunelles améthyste, les faisant briller un peu plus.

Un frisson le traverse encore, mais le froid n'en est plus la cause, il ne s'en rend pas compte. Son partenaire, si. Le silence est toujours maître dans la chambre, aucune lumière n'est venue chassée les ténèbres. Les clients de l'auberge semblent tous dormir et la pesante odeur de nicotine s'efface peu à peu alors que son mégot s'éteint.

Que me reste-t-il aujourd'hui ?

Un mouvement. Sanzo ne le remarqua pas, mais voit-il seulement la pluie qu'il s'obstine à fixer ?

Rien, je n'ai plus rien si ce n'est un passé inoubliable comme fardeau.

Il ne semble sortir de sa léthargie que lorsque quelque chose l'entoure, le réchauffant, le forçant à tourner péniblement son regard vers la source de chaleur. Il s'agit d'une couverture, la sienne. Ainsi que deux mains, tranquillement installée sur ses maigres épaules. Elles lui intiment d'ailleurs un mouvement.

Le blond ne réagit pas, se laissant entraîné, alors qu'il se retrouve intérieurement surpris de sentir son dos rencontrer le torse d'un certain tabou. Le rouquin passe ses bras autour du corps glacé du bonze. Le regard désorienté de ce dernier le force à briser le silence alors qu'il étire un sourire qui se veut amusé.

« Tu avais l'air d'avoir froid… »

Un murmure, tout bas, d'un ton de justification mélangé à un soupçon de taquinerie factice. Sanzo ne répond pas. La chaleur que dégage le corps du métis réchauffe lentement mais sûrement le sien. Un soupire lui échappe alors qu'une nouvelle clope est glissée entre ses lèvres. Gojyo se permet d'en prendre une aussi, terminant le paquet qu'il écrase dans son poing. Le cliquetis du briquet résonne éclairant la pièce pendant un court instant.

N'ai-je vraiment plus rien ?

Le blond ferme les yeux, inspire puis retire sa cigarette en expirant, la laissant se consumer entre ses doigts. C'est la première fois qu'il se sent à peu près détendu un soir de pluie. Il s'installe, pose son crâne sur l'épaule du fumeur derrière lui et tourne le visage. Une mèche écarlate vint lui caresser la joue. Puis quelque chose de doux, légèrement humide, vint se poser délicatement sur ses lèvres.

Juste un frôlement…accompagné d'une délicate odeur de nicotine.

Le passé est fait pour être oublié ?

Alors Sanzo tentera de l'oublier. Il essayera tant que les bras du métis seront là pour l'étreindre.

…Finalement, il lui restait peut être bien quelque chose…

End

Bon eh bien, que dire ? Cela faisait longtemps…Quoi ? Oui, bon, c'est vrai, je l'avoue. Cela faisait une éternité que je n'avais pas postée sur j'espère que cette petite fic rapide sera à votre goût…Et je promet d'essayer d'en écrire d'autres.

Une petit review quand même ?