Pour écrire cette histoire, je me suis tout simplement inspirée des images qui me restent de mon séjour en Afrique de 1971 à 1974. Nous sommes restés en famille au Congo Belge 3 ans et depuis mon retour, je n'ai jamais oublié la beauté de ce pays. Miriamme.
Première partie
Extrait du Journal intime d'Élisabeth Bennet
Lundi le 6 janvier 2011,
«Depuis plusieurs minutes, elle courait dans la plaine, sentant son souffle pas très loin, empestant la transpiration. Une odeur de terre noire, forte et musquée. N'osant se retourner, la jeune femme redoute de tomber et voir se rétrécir ainsi la distance qui la sépare de son poursuivant. Quelques foulées plus tard, une poigne d'acier lui saisit le bras, lui faisant perdre l'équilibre. En tombant, elle heurte le sol violemment et commence à ramper comme si sa vie en dépendait. L'homme, la ramasse aussi facilement que si elle avait été une poupée de chiffon et lui recouvre la tête d'un sac de toile empestant la terre humide et l'herbe séchée. Poussée violemment contre un arbre, une forte pression la maintient écrasée contre l'immense tronc tandis que des mains s'activent fouillant partout sur elle. Retirant de ses poches un objet quelconque, l'homme émet un cri de rage rauque et profond, avant de se ruer sur elle en pleurant. Des insultes proférées dans une langue qu'elle ne comprend pas sortent maintenant de sa bouche tandis qu'il lui saisit la tête avec rudesse et lui écrase le crâne à quelques reprises sur le tronc dur.
Respirant difficilement et supportant à grand peine la douleur provoquée par cette agression, la jeune femme se débat férocement. L'homme appuie plus fortement encore sur elle et attrape ses mains qu'il ramène derrière elle afin de les attacher ensemble. Une fois cette corvée réalisée, il la ramasse, la reprend sur son épaule et s'éloigne rapidement dans la jungle. Au bout de ce qui semble être une bonne heure de marche, l'homme la fait glisser de son épaule et la jette sans ménagement sur le sol. Le souffle coupé momentanément à cause du choc, la jeune femme se replie sur elle-même.
Des mains se saisissent alors à nouveau d'elle et la retournent sur le dos. S'attendant à être violée ou tuée sur le coup, les deux bras attachés dans le dos, la femme respire difficilement et cherche à atteindre l'homme à l'aide de ses deux jambes. Tout à coup, une légère et surprenante pression lui écrase le genou droit. Analysant ce qu'elle vient de recevoir à l'aide de tout ce qu'elle connaît, la jeune femme présume que son assaillant vient de jeter sur elle, un morceau de tissu gorgé d'essence compte tenu de l'aspect froid et humide de ce qui est fait encore pression sur elle. Un autre bout de tissu vient de s'ajouter au premier, mais plus bas sur sa jambe. Lorsqu'elle reçoit la même chose sur son pied nu, elle comprend avec horreur que l'homme est en train de la recouvrir de terre et qu'elle est à deux doigts d'être enterrée vivante. Elle se remet à gigoter dans tout les sens, sans arriver à s'extraire de cette prison creusée à même le sol rouge et argileux de cette terre où elle est née.
Elle est presque entièrement recouverte, lorsqu'il pose ses deux pieds de chaque côté de son cou. L'homme recommence à s'exprimer dans une langue qu'elle ne connaît pas tout en lui passant une corde rugueuse autour du cou au bout de laquelle semble pendre un objet froid et large. Convaincue qu'il veut l'étouffer ou l'étrangler, la jeune fille commence à protester et à gémir en utilisant le peu de voix que son corps est encore capable de produire à cause de la pression exercée sur ses poumons par l'épaisse couche de terre que lui recouvre le thorax. Elle ne reconnaît pas sa voix, ni même les mots qu'elle utilise. Un mouvement de chaque côté de sa tête lui apprend que l'homme vient de ressortir du trou. Elle l'entend remonter et sent le sol trembler légèrement tandis qu'il progresse hors de sa tombe improvisée. Elle n'est pas surprise ensuite de sentir sur sa tête, la même pression que partout ailleurs sur son corps, même si cela signifie qu'elle va bientôt mourir.
Les gémissements et les pleurs de l'homme font étrangement écho aux sanglots et aux supplications qu'elle tentait d'émettre elle-même sans en avoir la force. Ces plaintes diminuant en même temps qu'augmente la pression sur sa tête, les secondes s'égrènent sans que la sensation d'étouffer ne la gagne.
Résolue à mourir, elle attend les signes qui ne manqueront pas et qu'elle croit connaître très bien. Pourtant, au lieu d'étouffer et de ressentir la pression grandissante de la terre froide et humide, une sensation de liberté la gagne tranquillement. Ses yeux s'ouvrent lentement et ses cils frottent sur le tissu rugueux, arrivant même à voir le sac de toile qui lui recouvre le visage. Ses mains, toujours attachées dans son dos arrivent à effectuer certains mouvements. Ses doigts se délient de plus en plus et parviennent à remuer suffisamment pour desserrer la corde qui les retient prisonniers. La terre devient tranquillement et lentement aussi malléable que de l'eau. La douleur à sa tête diminue ainsi que la pression exercée par la terre sur tout son corps. Étonnement, ses poumons semblent capables de respirer sans air.
La jeune femme retire doucement le sac qui lui recouvre la tête et est très étonnée de constater qu'elle arrive à voir où elle se trouve. Elle voit la terre neuve qui l'entoure et celle plus serrée et plus noire qui suit. Elle constate que les racines de plusieurs arbres l'entourent et remarque amusée l'activité de toute une panoplie de petits insectes qui effectuent leur long et lent travail de compostage. Elle saisit le collier que l'homme lui a mis autour du cou et constate qu'il s'agit d'un petit sac contenant des diamants. Elle se demande si c'est cette pochette qu'il avait trouvée sur elle ou s'il s'agissait d'autre chose. Était-ce la découverte de ce précieux trésor qui l'avait condamnée? Mais alors, pourquoi l'enterrer avec elle? Pourquoi ne pas simplement le lui voler?
Une légère secousse lui fait relever la tête. Elle perçoit et devine que l'homme s'est redressé et qu'il s'éloigne lentement du lieu du crime. La jeune femme panique et décide de remonter vers la surface. Sortir, il lui faut à tout prix sortir et dire à cet homme qu'il se trompe et qu'elle ignore tout de cette histoire. À tout le moins qu'elle ne se souvient de rien. Remontant vers la surface, elle prend de la vitesse et se heurte à la dernière couche de sol comme on entre dans un mur. Elle n'arrive pas à sortir son bras, le sol, bien que visible et respirable pour elle, ne veut pas la laisser passer. Elle est prisonnière de la terre. Le sol tremble à nouveau. Vivement et intensément. La femme cherche à se déplacer vers la source de ces secousses fortes et violentes, mais elle doit s'arrêter à cause d'un mur d'eau qui lui fait face. Elle n'arrive pas non plus à franchir cette frontière. L'eau comme le sol sont devenus des murs infranchissables. Son élément était devenu la terre. L'eau et la surface lui sont maintenant inaccessibles.»
-Élisabeth, réveille-toi?
-Laisse-moi dormir Jane! Je fais un rêve étrange! Je dois y retourner!
-Non! Tu ne peux pas! Liza, j'ai une grande nouvelle pour toi!
Ouvrant enfin les yeux, à demi réveillée, Élisabeth dévisage sa sœur et lui dit : Quoi? Que veux-tu? Je déteste ça quand tu me réveilles comme ça Jane!
-Ça en vaut la peine crois-moi! Écoute! On vient de recevoir une nouvelle proposition de travail!
-De qui?
-Devine?
-Oh, non! Pas ça! Tu sais bien que je ne suis pas bonne à ce jeu là!
-Le National Geographic!
-Quoi! Ça veut dire qu'ils ont aimé ton dernier dossier? Demande Élisabeth enfin réveillée.
-Oui… ils étaient EMBALLÉS!
- Je le savais!
-Ils ont été séduits par tout : Mon texte et… TES PHOTOS!
-Dieu merci! Et où veulent-ils nous envoyer maintenant? Pas trop loin, j'espère?
-Malheureusement oui!
-Je ne peux pas prendre le risque de perdre mon emploi! C'est notre seul gagne pain, présentement Jane!
-Attend de savoir où on pourrait aller et avec QUI, tu penseras autrement après!
-Ok… Lance-toi! Je suis prête!
-En Afrique!
-L'Afrique… vraiment?
-Oui… AU CONGO!
-Brazzaville ou Belge?
-Belge!
-Mais c'est trop loin! On ne peut pas boucler un article en deux semaines là bas! Jane, mon travail!
-Je sais! Mais écoute la suite! Monsieur Jacob nous propose de prendre part à une expédition scientifique sérieuse qui part en mission la semaine prochaine!
-Quel domaine de la science? Quelle spécialité?
-La gemmologie et la botanique!
-Non! C'est impossible! Ça ne peut pas être vrai! Jane, dis moi que je dors encore?
-Non! Tu es bien réveillée!
-Qui sera le chef de mission?
-Je te le donne en mille : Le professeur William Darcy!
-Non! Tu me niaises?
-Je n'oserais pas!
-Et comme botaniste? Ils ont pensé à qui?
-À Personne…
-Jane, le docteur Darcy est gemmologue pas botaniste…
- Comment le sais-tu?
-Jane, allez, quel botaniste?
-Le professeur Bingley!
-Charles ou Caroline Bingley?
-Ils sont deux?
-Oui! Un frère et une sœur! Ils sont célèbres tous les deux. Allez, lequel est-ce?
-Les deux, je crois!
-Non! Pas possible! Je n'arrive pas à y croire.
-Tu veux lire la proposition?
-Et comment ma belle!
Prenant dans ses mains le papier que Jane cachait derrière son dos, Élisabeth parcourt le document avec empressement.
-Jane, je l'savais qu'il y aurait un hic! S'exclame celle-ci en reposant la feuille devant elle.
-Quoi?
-Ils ne savent pas qu'on travaille à deux! Ils pensent encore que c'est toi qui prends les photos!
-Oui! Et puis, je ne vois pas ce que ça change!
-Ça change tout au contraire. Ajoute Élisabeth en soupirant bruyamment. Leur budget ne prévoit qu'une seule personne! Ils n'ont certainement pas les moyens de nous envoyer toutes les deux.
-Je n'avais pas pensé à ça! Tu as raison! Ils n'ont probablement pas reçu ma lettre d'explication.
-Je l'savais que c'était trop beau. Oh, Jane.
-C'est vraiment dommage! Tu aurais pu rencontrer le professeur Darcy! Ton idole!
-Et bien! Tu iras seule. Je te montrerai ce qu'il faut savoir pour faire de bonnes photos.
-Non! Liza, tu sais bien que tu as déjà essayé ça! Je n'ai pas ce talent.
-Par contre tu sais écrire…
-Et si tu payais ton billet toi même? Propose-t-elle à sa sœur.
-Jane! Nos économies ne doivent pas servir à ça!
-Vois ça comme un placement! Une fois qu'on aura publié ce nouveau dossier, la popularité viendra! En même temps que de nouveaux contrats payants.
-Tu es si optimiste! Trop confiante aussi! Et si là-bas, ils refusent de me laisser vous accompagner? Un projet scientifique de cette envergure a toujours un budget serré.
-Le professeur Darcy est multimillionnaire!
-Et très strict sur le choix des membres de son équipe. Il prétend que la préparation détermine le succès ou l'échec d'une expédition. Tu imagines sa réaction si je me joins à vous à la dernière minute.
-Ça vaut le coup d'essayer non? Bon d'accord, il ne sera pas content, mais nous n'aurons qu'à lui offrir de débourser les frais que ta présence occasionnera.
-On peut à peine se payer mon billet d'avion, Jane! Non, il vaut mieux négocier avec monsieur Jacob du National Geographic. Il pourra peut être intervenir en ma faveur.
-Tu as raison! Bonne idée! Je vais lui demander tout de suite.
Jane et lève et s'arrête le temps de faire une accolade à sa sœur.
-Tu imagines Liza? Trois semaines entières en Afrique avec tous ces hommes de science! C'est un cadeau du ciel.
Encore tout excitée par l'offre extraordinaire qui leur tombe du ciel, Élisabeth se lève, s'habille et va dans la salle de bain pour prendre sa douche. Une fois sous l'eau, Élisabeth se concentre à nouveau sur le rêve étrange qu'elle a fait un peu plus tôt. Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas refait ce genre d'expérience.
La dernière fois, elle avait été si étonnée qu'elle avait noté son rêve dans son journal personnel. Une fois habillée, elle décide de rechercher dans son journal le passage où elle faisait référence à ce premier rêve qui lui semble maintenant moins étrange que celui qu'elle vient tout juste de faire. Elle prend ensuite le temps de résumer sa dernière expérience dans son cahier afin de ne pas l'oublier. Les rêves finissent toujours par s'estomper lorsqu'on ne prend pas le temps de les noter. Elle referme son journal après avoir inscrit la date d'aujourd'hui sur la première ligne. Jane revient alors dans la chambre après d'elle. Elle s'assied sur le lit de sa sœur et la regarde avec tristesse.
-Monsieur Jacob me confirme que leur équipe ne veut qu'une seule personne.
-Tu lui as dit que je pourrais payer ma part?
-Il paraît que ce n'est pas une question d'argent! C'est une expédition délicate et sans confort. Une personne de plus et il leur faudrait apporter trop de modifications au plan initial.
-Je te l'avais dit Jane. C'était trop beau pour être vrai!
-Je déteste ça quand tu as raison!
-Je déteste ça autant que toi!
-Monsieur Jacob était vraiment déçu!
-Tu n'as tout de même pas refusé?
-Oui! C'est certain!
-JANE! Tu es folle. Tu aurais du dire oui! On trouvera une idée! Il doit y avoir une solution?
-Mais c'est toi même qui m'a dit que ce serait impossible!
-Depuis quand tu m'écoutes Jane? Tu sais très bien que je suis toujours comme ça! C'est mon habitude de ne voir que le mauvais côté des choses!
-Je vais le rappeler! S'exclame Jane en quittant la pièce.
-Vite! Et accepte sans condition cette fois-ci! Lui crie Élisabeth à travers la porte. Elle ajoute ensuite pour elle seule : Pour le reste, je trouverai bien une solution.
Pendant ce temps, à Chicago, du haut de la plus haute tour de la ville, William Darcy, gemmologue et professeur mondialement connu repasse pour la dernière fois la liste des nombreux éléments auxquels il lui faut penser en prévision du long voyage qu'il va réaliser. Venant tout juste de clore sa conversation téléphonique avec le botaniste Charles Bingley, il esquisse un sourire et songe avec ravissement au plaisir qu'il éprouvera le lendemain en serrant la main à cet homme avec lequel il est enclin à développer une amitié solide. Leurs récentes conversations, lui avaient révélé qu'ils avaient bien plus que la science en commun. Ils partageaient semble-t-il plusieurs autres centres d'intérêts communs. Leur fascination pour l'Afrique par exemple, leur attachement envers leur famille et la rigueur scientifique qu'ils manifestaient chacun dans leur domaine. Cette rigueur était ce qui leur valait d'être devenus tous deux des sommités l'un en gemmologie et l'autre en botanique.
Le professeur abaisse ses feuilles, referme sa dernière valise, dépose son document sur celle-ci et se dirige vers le téléphone. Il discute pendant quelques minutes avec sa sœur et s'installe dans son lit. Sur sa table de chevet, le livre qui était à l'origine de son désir de faire cette expédition était toujours ouvert à la même page. Le jeune homme le ramasse, replace la jaquette du volumineux bouquin et ferme la lumière.
C'est à l'aéroport de Chicago, entourés d'une horde de journalistes que les deux hommes se serrent la main pour la première fois. Charles était tout comme le professeur l'avait imaginé : souriant en enjoué. Pour l'homme plus terre à terre et taciturne qu'il était, ce rouquin au sourire contagieux serait nécessairement le compagnon de voyage idéal. Refusant tout deux de répondre aux questions des journalistes, ils font demi tour et se déplacent vers le lieu où ils vont devoir remettre leurs cartes d'embarquement.
-Professeur Darcy! William Darcy! Professeur Bingley! Attendez-moi! S'il vous plait?
Ayant beaucoup de difficultés à se frayer un chemin dans la foule qui s'est jointe aux photographes et aux journalistes, Jane avance péniblement, sa jeune sœur sur les talons. William remet sa carte d'embarquement au préposé tandis que Charles détourne la tête, curieux de voir qui les interpelle ainsi. Il est surpris par la beauté de la jeune fille qui s'avance vers eux d'un pas pressé. Celle-ci montre son billet aux journalistes qui finissent par la laisser passer à contre cœur.
-Je suis envoyée par le National Geographic!
Revenant sur ses pas pour la saluer, Charles à nouveau est aveuglé par une série de «flashs» exaspérants. William revient derrière eux pour les inciter à venir s'enregistrer rapidement.
-Mademoiselle Bennet? Lui demande William.
-OUI! C'est moi!
Un nouveau «flash» suivi d'une foule d'autres éclats de lumière tout aussi dérangeants. Gagné par une colère sans nom, William émet un grognement et se dirige vers les journalistes qui reculent tous d'un bloc devant son air peu avenant. Une jeune fille restée à l'avant prend une autre photo au moment même où William lui arrache l'appareil des mains et la dévisage avec mépris. Le «flash» se déclenche aveuglant l'un et l'autre temporairement provocant un déséquilibre chez la jeune femme. L'appareil, resté suspendu dans les airs est rattrapé par celle-ci à la dernière minute tandis que le corps du scientifique tombe lourdement sur le sol puisqu'il n'avait pas prévu qu'elle avancerait le bras aussi brusquement pour récupérer son appareil.
Plusieurs autres «flashs» crépitent le temps que le professeur se relève indigné. Élisabeth, confuse et catastrophée lui tend la main pour l'aider à se relever.
-Excusez-moi professeur Darcy! Balbutie la jeune femme conciliante.
Des rires fusent de toute part tandis que William se relève seul, refusant la main tendue vers lui.
-Pour quel journal travaillez-vous? Lui demande-t-il avec colère.
-Je suis à mon propre compte! Répond celle-ci du tac au tac.
-Quel est votre nom? La bombarde-t-il avec agressivité.
-Écoutez! C'était un accident! Et je me suis excusée!
William se tourne alors vers tous les journalistes et leur lance en guise d'avertissement : Si quelqu'un publie l'une de ses photos, il aura une poursuite sur les bras! Puis, il ajoute directement à la jeune femme qui le fusille du regard : Et c'est surtout vrai pour vous, jeune fille!
Sur ces paroles dictées uniquement par son orgueil blessé, le professeur se détourne et regagne le quai d'embarquement.
-Et vous? Vous ne vous êtes même pas excusé… Après tout, c'est vous qui m'êtes presque tombée dessus! Lui crie Élisabeth avant d'accrocher le regard de sa sœur.
Le visage décomposé de celle-ci lui confirme qu'elle ferait mieux de se cacher si elle ne veut pas essuyer la colère du professeur une seconde fois. En effet, le jeune homme qui ayant parfaitement entendu sa dernière remarque s'était retourné et la cherchait à nouveau du regard. Ne la trouvant pas, il passe la barrière derrière le préposé et attend que Charles vienne le rejoindre. Lorsque Jane passe à son tour, elle jette un dernier regard derrière elle, cherchant sa sœur des yeux et, la découvrant cachée derrière deux hommes à la haute stature, hausse les épaules pour exprimer son découragement.
Pendant que Jane suit les deux hommes dans le long corridor qui mène à leur appareil tout en martelant le sol de ses talons hauts, Charles Bingley se tourne vers elle, l'examine attentivement, puis lui demande : Vous n'avez pas votre appareil photo, mademoiselle Bennet?
-Oh! Oui… ne vous en faites pas! Il est dans ma valise.
-Il n'y a rien de pire que les photographes! S'exclame avec rage celui qui les précède.
-Oh! Liza! Tout cela est bien mal parti! Fut la dernière pensée de Jane avant que l'avion ne décolle dix minutes plus tard.
Alors, qu'en dites-vous?
Je continue pour ou pas…
Avez-vous des questions?
Miriamme.
