NUAGE

Partie 1 : Cirrus

J'etais allongée sur le ventre, mon menton dans mes mains et je regardais vers le bas.

Mes jambes battaient la mesure d'une vieille comptine que je chantonnais et elles frappaient la masse cotonneuse sur laquelle je reposais.

Des petits bouts duveteux s'échappaient à chaque fois que mes tibias rencontraient mon « coussin » et ils s'envolaient autours de moi,

puis se reposaient toujours sans diminuer pour autant l'épaisseur sur laquelle j'étais couchée.

Une légere brise soulevait doucement mes cheveux bruns. Je les repoussais et glissais une meche rebelle derrière mon oreille.

Je regardais en bas ...

Je me penchais un peu, et cherchais ... Un peu de bleu, quelques nuages gris, beaucoup de vert...

Je les aurais retrouvés n'importe ou, où qu'ils soient.

Dans la foret, tel des ombres, ils chassaient.

Rapides, sans pitié, plus efficaces que n'importes quel prédateur.

Je les admirais, zoomant à volontée ou élargissant mon point de vue. Un instant je pouvais etre sur eux, l'autre, je pouvais avoir une vue globale de la région...

Aucun bruit ne venait perturber ma séance de voyeurisme.

Le jour déclinait et ils chassaient toujours, parcourant des dizaines de km en un instant et pourtant je savais toujours ou ils se trouvaient... enfin ou « IL » se trouvait.

Je sentais son ennui permanent.

Je sentais sa tristesse sous-jacente.

Je partageais sa melacolie.

Je me sentais coupable.

ooOOoo

18OO, fin novembre.

Nous venions d'arriver à New York.

Le bateau avait vomit de ses entrailles les migrants dont nous étions.

Apres un passage rapide par le service de santé, nous avions été lachés sur les quais puants de la ville tentaculaire.

Nous ne connaissions personne.

Papa et maman avaient trouvé dans l'urgence une petite chambre de bonne sous les toits pour y dormir,

Taillant dans nos pauvres économies pour nous acquitter du loyer.

Nous nous y étions entassés tous les trois avec nos maigres affaires.

De la petite fenètre je ne voyais que des toits, des cheminées et des toits...

Que la verdure de mon Angleterre natale me manquait, les oiseaux, l'air pur de la campagne où nous habitions.

Décembre était là et les premières neiges avaient fait leur apparition. Ainsi que la glace au fond de la cuvette pour se laver le matin.

La neige c'est joli, quand on ne marche pas dedans, quand c'est la campagne... Mais en ville, elle s'était transformée rapidement en boue noirâtre,

collant aux bottines et salissant le bas des robes.

Papa et maman avaient trouvé du boulot, rapidement, mais pas moi.

J'ai du prendre froid en arpantant les rues, sonnant aux portes des belles maisons pour proposer mes services comme chambrière. Ma constitution fragile devait peut etre rebuter.

Je me souviens encore de ses derniers jours ...

J'ai commence à tousser. J'avais mal partout. Maman a commence à s'affoler, mais l'argent nous faisait défaut pour payer un médecin.

Toute la nuit j'ai eu froid malgrés le feu dans la petite cheminée et les couvertures rajoutées sur moi.

La toux devenait de plus en plus présente, importante, la fièvre a commencé à me faire délirer, j'avais mal juste en respirant.

La douleur n'arretait jamais.

Plus tard dans la matinée, j'ai réussi à m'endormir ... Je me souviens avoir rèvé de l'Angleterre, de notre cottage à la campagne, de la neige qui tombait l'hiver...

Je tournoyais les bras écartés, le visage tourné vers le ciel, la bouche grande ouverte pour attraper le plus grand nombre de flocons duveteux...

Mais ils ne me rafraîchissaient pas...

Apres ?

Eh bien je ne sais plus... Peut ètre des sanglots... De la lumière et cette sensation de légèretée, de délivrance.

J'ai compris alors : je venais de mourir dans ma 17 ème année.

~~ooOOoo~~

Je me retournais sur le dos, les paumes sous ma tète, les jambes croisées au niveau des chevilles. La nuit était tombée à présent, calme, sereine, parcemée d'étoiles, ponctuée par le passage brillant des satellites.

Les progrès du monde ne dessous nous parvenaient avec les informations que ramenaient les nouveaux arrivants... Musique, évènements, mode vestimentaire, découvertes, avancées dans tous les domaines... Nous étions au courant ...

Voilà pourquoi je savais ce qu'étaient les petits points lumineux qui fillaient dans le ciel bleu marine, malgrès mon absence sur terre depuis deux cents ans...

Deux cents ans ...

Que le temps passe...

J'avais été bien occupée... Tout d'abord, s'habituer à sa nouvelle condition...

Qu'elle condition demandez-vous ?

Hé bien celle d'Ange ...

Bizarre, non ?

Tout de suite, on imagine les ailes, l'auréole, et tout le toutim...

Pas du tout...

Les ailes et l'auréole servaient juste pour le « fun » en bas, pour le folklore ...

Déçue... hein, moi aussi car j'aimais bien mes ailes, blanches, toutes en finesse et légèretée...

Elles se définissaient quand elles étaient pas sur notre dos par un petit tatouage pas plus grand qu'une pièce d'un penny.

Nous avions le choix de le positionner ou nous voulions.

Je l'avais glissé juste au dessus de ma malléole droite externe, sur une de mes chevilles. Je pouvais les admirer ainsi à loisir.

Pas de robe blanche... Non plus... Disons que l'on adoptait surtout un style dans lequel on se sentait à l'aise ...

Profitant de ma nouvelle condition, j'essayais tout ce qui se faisait et mes robes avaient progressivement rétrécies, j'avais jeté aux oubliettes mon corset, et adopté des tenues plus pratiques ...

Pour le moment, c'etait robe foncée et léginns, avec une mini paire de nu pieds.

Mais revenons à nos moutons ...

….. S'habituer à sa nouvelle condition ...

J'etais morte à la fois trop vieille et trop jeune pour aller au paradis...

Les Anges sont recrutés en fonction de leur age ... En dessous de 15 ans, trop jeunes pour les responsabilités, au delà de 20 ans, trop émotionellements impliqués dans la vie pour faire face à ce statut. Je correspondais donc parfaitement.

J'avais été envoyé dans une strate différente du paradis, et après quelques années d'accoutumance à ce nouveau et immuable statut,

j'avais été formée à ma nouvelle fonction d'Ange gardien.

C'est comme ca que je m'étais retrouvee à l'école, encore une fois.

J'avais étudie pendant bien soixante ans...

Les cours étaient complets ...

Comment apparaître, puis disparaître, savoir utiliser ses ailes, se faire entendre par le sujet que l'on protège, reconnaître tous les dangers auxquels un mortel peut etre confronté durant sa courte vie... les dangers que representaient les « déchus »...

Comment y faire face... Et j'en oublie ...

Il existait meme une méthode d' »urgence »... Mais elle ne servait qu'en cas d'extreme urgence, logique….

Mon diplôme en « poche », il m'a fallu attendre encore un peu avant de me voir confier ma premiere mission d'Ange gardien.

Pendant ce temps d'attente, je prenais conseils d'Anges expérimentés. Et je prenais conscience de l'ampleur de la tache à venir… Que de responsabilités sur mes frèles épaules.

Enfin mon jour arriva… Un matin, alors que je paressais sur mon nuage à regarder les dauphins s'ébatre dans un coin du pacifique, une lettre se matérialisat près de moi.

Une fois ouverte, je découvris le nom de l'enfant que j'allais protéger.

Un petit garçon allait naitre dans une maternité des Etats Unis d'ici quelques minutes et j'allais ètre son Ange gardien.

Il s'appelait Edward Mansen.

A ce nom, une larme roula sur ma joue et allât s'écraser près de mon oreille… Je reniflais, et essuyais mon nez sur le dos de ma main… Pas joli mais qui s'en souciait à présent ? …

Je me tournais sur le coté et m'installais en chien de fusil, replongeant avec délectation dans mes souvenirs douloureux….

La premiere fois que je l'avais découvert, il était un nourrisson de quelques heures, au fond de son berceau dans une salle remplis de bébés… Il dormait, repu, et je m'étais matérialisée sur la forme d'un rayon de soleil pour lui toucher la joue et ainsi l'embrasser. L'enfant avait entrouvert les yeux sous cette caresse et avait sourit.

Mon petit cœur d'ange en avait explosé de bonheur…

Je sentis la sensation de plénitude, de satiétée, et compris : j'étais connectée à ses émotions, ce qu'il ressentait, je le vivais aussi.

J'etais restée des heures à le regarder dormir, sa petite bouche formant des « o » quand il rèvait, ses petites mains potelées s'ouvrant et se fermant. J'avais admiré la carnation claire de sa peau et était tombée en extase sur les quelques rares cheveux dressés en épis sur sa petite tête ronde de couleur blond aux reflets cuivres.

Sa famille était aimante. Son père et sa mère incarnaient le couple amoureux et ils me rappelaient mes parents. Sans etre riches, le père gagnait assez bien sa vie pour permettre à sa mere de rester à la maison et de s'occuper de l'enfant en bas age.

Je restais près d'eux pour écarter les dangers susceptibles de nuires à l'enfant.

Je changeais le sens du vent quand quelqu'un éternuait près du petit pour ne pas qu'il s'enrhume, j'étais le rayon de soleil sur ses chaussures alors qu'il venait de marcher dans une flaque ou se rouler dans la neige, j'étais le caillou qui le faisait trébucher alors qu'il avait échappé à la vigilance de sa mère et allait traverser la rue seul sans voir une voiture qui arrivait.

C'était un travail à plein temps…

L'enfant avait grandit… les années ont vite passées….

Je me souviens de ses premiers pas,

De son premier noël,

De son entrée à l'ecole,

De sa première bataille de boule de neige.

Je le voyais s'épanouir dans ce monde en pleine mutation, insouciant, heureux de vivre.

Les années defillaient, et il s'était transformé en un adolescent mature, réussissant assez bien ses études. Le sport qu'il affectionnait, lui avait sculpté un corps où la graisse enfantine avait disparue au profit de muscles fins jouant sous la peau.

De caractère charmeur, il s'entrainait depuis tout petit sur les femmes de son entourage. Je le regardais, destabilisant la boulangère puis plus tard la prof avec son sourire en coin pour obtenir ce qu'il voulait.

Je riais de leur réactions et surtout fière qu'il soit parvenu au but atteint… Il était d'un caractère agréable et enjoué mais pouvant se muer en un ètre tétu, voir même borné.

Un jour je compris qu'il avait pris mon petit cœur d'Ange.

J'étais amoureuse.

A l'est, au delà de l'océan, la guerre, « la grande guerre » faisait rage… Avec son lot d'attrocitées, ses leçons d'héroïsme, elle subjuguait les jeunes adultes en mal d'aventure.

Je sentais son changement, cette envie de quitter le « nid «, pour voir cet ailleurs.

Il écoutait la radio, à l'affut de la moindre nouvelles du front, il en parlait autours de lui, avec ses amis, sa famille.

Ses parents eux aussi avaient perçu le changement. Ils s'inquiétaient de ce qui allait en résulter.

Des amis à lui, plus vieux étaient deja partis sur le front, et certains je le savais, étaient deja passés par chez « moi »….

Je tremblais de cette mutation que je devinais, l'estomac pesant comme du plomb de ce futur que j'envisageais.

L'été 1918 arriva, ainsi que son lot d'eclopés, de blessés de guerre, de retour au bercail. Je ne pus l'empècher d'aller voir un de ses amis qui était de ceux là… En plus de ses meurtrisures physiques et psychiques, il avait ramené avec lui un cadeau empoisonné : la grippe espagnole.

En quelques jours, les hopitaux furent submergés de malades, grossissants déjà le flot de mutilés.

L'épidemie allait faire entre 20 et 40 millions de morts sur toute la planète en l'espace de quelques mois.

Je revois encore cette dernière semaine … Quel cauchemard….

Son père était rentré le soir, se plaignant d'une forte migraine. Il s'était couché sans manger, chose inhabituelle pour lui.

Edward et sa mère avaient mangés en silence, inquiets.

Le lendemain, sa mere était venu le réveiller tôt car son père était au plus mal, dans la nuit son état avait empiré. Chez une voisine qui avait le téléphone, ils avaient demandé une ambulance pour le conduire à l'hopital.

Dans la camionnette, ils se serraient les mains, comme pour se protéger, mais le mal était là alors que le père luttait, la respiration erratique… Je sentais Edward lutter pour garder les idées claires malgrès la fièvre qui chez lui aussi faisait son œuvre.

J'étais impuissante.

Le père emporté par les équipes médicales, ils patientèrent des heures en salle d'attente.

Ma brise était dérisoire pour le rafraichir. L'eau qu'il buvait n'appaisait en rien sa montée en temperature.

Je ne pu rien faire quand il s'ecroulât sans connaissance sur le carrelage.

Rapidement il avait été installé dans la même salle commune que son père. Sa mère faisait les aller retours entre les deux lits, puisant dans ses dernières forces.

Je ne savais que faire et la panique commencait à me gagner… Exactement ce qu'il ne fallait pas. Nous étions là pour éviter certaines choses mais pas pour modifier le destin. Je le savais mais n'arrivais pas à m'y résoudre.

J'errais tel un fantome entre les lits des malades, esprit malheureux, essayant de trouver une idée.

Un souffle d'air, un rayon de soleil, tout cela me semblait bien dérisoire…

Je sortais de la salle, impuissante, et me stationnais dans l'immence escalier, colonne vertébrale de la batisse. Ma tête contre les barreaux de la rembarde, mes genoux contre mon torse, mes bras serres autours d'eux, je me laissais envahir par le chagrin.

Les vivants me traversaient, moi, l'invisible esprit en déroute.

Je ne sais combien de temps je restais là à me morfondre.

J'avais senti le depart vers mon monde de son père… Et je sentais que sa mère, qui s'était écroulée elle aussi, n'allait pas tarder à suivre le même chemin.

La nuit était tombée depuis longtemps et les bruits s'etaient tus. Le silence reignait parfois entrecoupé d'un gémissement ou d'une toux rauque.

Plus de visiteurs, seul le personnel oeuvrait, infatigable, au chevet des patients les plus fatigués.

Je le sentis avant de le voir, montant les escaliers avec une fraicheur hors du commun malgrès ses 48 heures de présence au travail derrière lui.

Sa présence irrelle, m'étonnait.

J'étais un Ange, alors pourquoi n'éxisterait - il pas ?

Qui aurait jamais pensé trouver quelqu'un comme lui ici dans un hopital ?

Un vampire altruiste…. Quelle ironie du sort.

Je le suivais, intriguée et curieuse. Il rentra dans la salle où était étendu Edward, luttant contre la fièvre.

Il s'arretait à chaque lit, remontant un drap, mouillant un linge pour le repositioner sur un front brulant, serrant une main, dispensant des encouragements à un autre patient.

Il se redressa alors qu'une jeune femme en blouse blanche s'avancait vers lui et je pus lire brodé sur sa blouse : Dr C. Cullen.

Je le regardais dans les yeux alors qu'il repoussait une mèche blonde de devant ses yeux ambrés. Il semblait bon, doux, généreux, mais seul…

Une pensée, folie pure, me traversât l'esprit….

Mais je la repoussais. Je ne pouvais pas interférer dans le destin.

C'était interdit… Si la mort devait frapper là, je devais m'y soumettre et l'accepter en tant que fin de mission.

Cela me semblait si injuste …. Pourquoi l'histoire se répétait ainsi ?

Le cap de la 18ème année était donc si difficile à passer pour les mortels ? Il y avait un manque d'anges au ciel ?

Non, il allait mourir, mais j'allais influencer et non changer son destin… Au moins il resterait sur terre et continurait à vivre autant que possible. Il serait toujours là.

L'idée me semblait si folle, si ….. Logique… Et tellement plus acceptable que son départ pour mon monde….

Je me revois en train de pousser, tirer, influencer le medecin pour qu'il aille vers le corps mourant d'Edward. Chaque lit était une occasion pour lui de s'arreter, de s'occuper d'un patient, et je tirais, je poussais, vers le fond de la salle, vers le lit ou gisait l'ètre aimé, but ultime et si lointain …

Une sensation me destabilisa soudain, l'esprit de sa mère m'avait effleuré, en route vers chez moi à présent.

J'hurlais de rage… Poussant et tirant de plus belle. Etonné, le medecin regarda autours de lui. Il m'avait percue ? Je criais de plus belle… Les larmes dégoulinants sur mes joues, mes cheveux collés sur mes yeux par les traces de mon chagrin. Je devais avoir l'air d'une folle et j'en avais cure.

Pas à pas, travées par travées, lits après lits, nous progressions…

La couche tant attendue fut atteinte, pas assez vite à mon goût.

Je tournais autours, impatiente de sa décision… alors qu'il se penchait pour ausculter Edward, je cherchais à l'influencer lui parlant au creux de l'oreille :

« il est jeune, tu es seul… Pense à la compagnie que tu pourrais enfin avoir… Il pourrait passer pour ton frère, ou même ton fils… Finies les errances en solitaires…

Ses parents viennent de mourir, il est orphelin… Qui va se soucier maintenant de lui ?… Qui va s'apercevoir de la disparition du corps parmis tous les malades, tous les morts ? C'est l'unique chance avant longtemps d'avoir la possibilité de trouver un compagnon. «

Il se redressa brusquement et à son regard, je su que j'avais réussi.

Le vampire rabattit le drap sur la figure d'Edward, le faisant passer pour mort et demandât un brancard pour descendre le corps. La respiration tenue, soulevait à peine le drap, dernier signe de vie.

Après tout allat rapidement… A un détour de couloir, il subtilisa le corps après avoir prédendu ètre fatigué et vouloir se reposer quelques heures chez lui… Le corps sur l'épaule, il regagnât son appartement non loin, ne croisant personne, l'aube étant encore loin.

Il déposat le corps presque sans vie sur son lit, se redressa, respirat un grand coup, puis lui murmura à l'oreille un « pardonne-moi » et mordit à plusieurs reprise Edward.

Des hurlements commencèrent à fuser alors qu'il s'écroulait contre le mur assis par terre à coté de moi, la tête entre ses mains….

J'errais, pendant les trois jours que durait la torture, sa transformation, dans la pièce comme une âme en peine. Passant mes mains invisibles sur son visage, ses cheveux, tournant autours du lit, ressassant en boucle la décision irrevocable prise quelques heures au paravent.

Au bout de ce temps, Carliste se leva pris le poul au creux du poignet et murmura :

« C'est la fin … «

Je le copiais et mettais ma main sur le torse pour sentir le cœur d'Edward battre ses dernieres pulsations … S'arreter, repartir et enfin définitivement arreter de se contracter…

Edward était mort…

Avant qu'il n'ouvre les yeux sur sa nouvelle vie, je devais partir, me sauver.

Dorénavant il n'avait plus besoin de moi, j'étais devenue inutile.

Je me penchais et touchais de mes lèvres les siennes devenues glacées à présent.

Je savourais ce contact doux mais bref et m'évanouissais dans l'air du matin.

Je retournais sans hate dans ma strate nuageuse, dans l'attente de réprimandes magistrales ...

Rien….

Les heures s'écoulaient et toujours rien.

J'avais influence le destin, j'avais boulversé les règles ...

Je ne méritais même plus d'ètre un Ange gardien, ni même un Ange ...

Toujours rien...

Les minutes, les heures, les jours s'écoulèrent, trop calmes...

Mais pas si calmes que ca ...

Jétais restée connectée à Edward ...

Ses émotions, même les plus ténues me parvenaient emplifiées, démultipliées, me submergeant, me noyant, dans ses sensations ressenties.

La tristesse, la surprise, le plaisir, la mélancolie, la curiositée, m'envahissaient en permanence, sans répit.

Voilà ma punition ...

Pour lui avoir fait subir mon choix, ma décision, j'allais vivre comme lui, branchée en permanence sur ses sentiments, subissant ses sautes d'humeur,

Sans pouvoir l'aider à supporter son fardeau.

Les jours, les mois, les saisons, les années défillaient et je restais là, en tant que spectatrice enchainée à son fauteuil, obligée de subir le spectacle en totalité.

Je les regardais évoluer, changer, rivaliser d'ingéniosité pour se fondre dans la societée qu'ils cotoyaient.

De deux, la famille du vampire était passée à 7 membres.

Le médecin c'était tout d'abord crée une compagne puis avait transformé une jeune belle femme blonde. J'avais senti qu'à l'origine, elle etait destinée à etre la compagne d'Edward mais ils ne s'emblaient pas trop s'entendre. Cette derniere avait trouvé un jeune homme mourrant en chassant et celui-ci une fois transformé s'etait trouvé etre le compagnon idéal à son gout.

Il y a quelques années de cela, un couple de vampires était venus se joindre à eux. Elle petite, menue, vive et lui plus calme, plus en retrait.

Edward restait seul.

La chasse se terminait.

Ses émotions, ses sentiments me parvenaient par vagues, telles des lames de fonds puissantes, me désequilibrant presque de mon lit cotonneux. Au plaisir créé par la course nocturne succéda la tristesse de la tuerie.

Il n'arrivait toujours pas à s'habituer à devoir tuer des animaux pour survivre.

Il detestait cette existence...

Il se detestait...

Je me levais et criais de rage, shootant dans tout ce que je rencontrais sur mon passage, c'est à dire pas grand chose.

« J'en ais assez de tes états d'âmes !

Assez de ta tristesse, de ton apitoiement sur ton sort, de ta mélancolie !

Tu es sur terre, il y a tant de choses à faire, à admirer, à apprendre !

Tu es entouré, aimé, et tout cela ne te satisfait pas !

Mais que faut il faire pour te convaincre de la chance que tu as ? »

Le silence se fit, je restais surprise par ma propre voix, cela faisait si longtemps que je l'avais entendue de cette facon.

Ma colère submergeait ses émotions et pour une fois mes sentiments n'étaient pas parasités par les siens... Puis ses sentiments reprirent le dessus . Je me rassis, ma tête dans mes mains.

« Je n'en peux plus ... Quand cela va t il cesser ?... » Murmurais je.

« Tu commences à comprendre les conséquences de ton choix » gronda une voix

Je levais la tete.

« Maintenant va le lui expliquer « conclue t elle

Mon nuage s'ouvrit sous mes pieds et je chutais, comme dans un mauvais rève.

Je ne sais combien de temps cela dura, je me souviens juste qu'au bout d'un moment je sentis l'odeur de la terre puis celle de la foret, son odeur juste apres la pluie, fraiche et humide.

Puis ce fut la douleur, partout.

Et je m'évanouis.