Bonjour tout le monde!

Me voici de retour avec cette nouvelle fanfiction! En fait, elle n'est pas si nouvelle que ça: j'ai commencé à l'écrire il y a un peu plus d'un an. J'avais publié le premier chapitre sur un blog mais je n'ai jamais eu de chance avec les blogs et après, je n'ai jamais plus su publier!

Je l'ai retrouvée un peu par hasard en relisant mes vieux dossiers et je me suis dit que ce serait bien de la poster ici, histoire de voir ce que vous en pensez.

Ne vous inquiétez pas, la publication de cette nouvelle fiction ne retardera pas davantage mes autres fictions, dans la mesure où celle-ci est bien entamée!

Je publierai à mon avis un chapitre tous les quinze jours, pour vous faire un peu patienter en attendant la suite des autres fics sur lesquelles je travaille.

Bonne nouvelle: je suis en vacances et mon inspiration est rechargée à 100% donc vous devriez bientôt avec la suite de mes autres fictions!

J'espère que vous apprécierez cette nouvelle histoire et surtout, n'hésitez pas à me laisser votre avis!

Bisous bisous!


Quelques accords grattés sur les cordes d'une guitare usée. Quelques pièces lancées dans un gobelet en plastique. Des nuits entières passées sur un vulgaire morceau de carton, à chercher dans le froid les dernières bribes de chaleur. Un sourire échangé au détour d'un coin de rue. De la gêne, de la pitié, du dégoût. La faim, la soif, le froid, la souffrance. Les engelures qui vous brûlent les doigts et rougissent votre peau. Des vêtements souillés qui ne vous protègent plus ni du vent, ni de la pluie, ni de la neige. Une vie sans queue ni tête, sans foi ni loi, sans famille, sans amis, sans repères. Une vie qui ne rime plus à rien. Voilà le quotidien de Roxas.

Recroquevillé sous un abri bus, sa guitare à la main, il attend que l'averse se calme. Autour de lui, les gens le regardent d'un regard mêlé de pitié et de dégoût. Certains le prennent pour un drogué, d'autres se demandent comment il a pu en arriver là. Mais personne ne s'approche, personne n'ose soutenir son regard quand ses yeux rougis accrochent les leurs, personne ne lui sourit. Il souffle sur ses mains glacées pour essayer de les réchauffer, en vain. En face de lui, un groupe de jeunes le dévisagent avec de grands yeux rieurs, quand ils arrivent à sa hauteur, un d'eux piétine une flaque d'eau et un rire gras emporte la petite bande, certainement très fière de voir le blondinet trempé de la tête aux pieds.

Malgré l'eau sale qui lui dégouline du visage, Roxas ne dit rien. Il baisse la tête et fuit leurs regards tandis qu'il est assailli par une pluie d'insultes. Clodo, ringard, camé, moins que rien, salope. Autant d'injures auxquelles il ne répond pas et qui pourtant brisent un peu plus son petit cœur meurtri. Roxas espère simplement qu'ils le laisseront tranquille dès que la pluie se sera calmée. Autour de lui, personne n'intervient. Certains le regardent sans agir, d'autres détournent les yeux et feignent de ne rien voir. Et le blondinet reste là, assis par terre, sale et rongé par le froid. Il reste là parce qu'il n'a nulle part d'autre où aller. Personne auprès de qui se réfugier. Voilà à quoi se résume son existence : subir et survivre.

Roxas le sait et l'accepte. C'est toujours mieux que son ancienne vie, pense-t-il avec une certaine pointe d'amertume au souvenir de son beau-père et de sa mère. Il ne voudrait revenir en arrière pour rien au monde, il a bien trop souffert par le passé. Parfois, il se disait qu'il aurait mieux fait de se jeter sous un train, ce soir de Noël où tout avait basculé. Ce soir même où il était devenu un homme. C'est peut-être la seule chose qu'il regrette : ne pas avoir eu le courage de mettre fin à ses jours quand il en était encore temps. Aujourd'hui il était trop tard, il le savait. La mort ne voulait plus de lui.

Peu à peu la pluie devint moins forte, jusqu'à cesser totalement. C'est uniquement à ce moment-là, quand la foule autour de lui se dissipa et quand ses bourreaux en eurent assez de jouer avec lui, que Roxas se permit de respirer à nouveau. Ses doigts crispés relâchèrent la vieille guitare qu'il emmenait partout avec lui. La seule attache du passé qu'il avait gardée. Il aimait la mélodie des cordes qui vibraient sous les caresses de ses doigts : ça l'apaisait et lui réchauffait le cœur l'espace de quelques minutes. Quand la musique emplissait ses oreilles, un nouveau souffle de vie prenait possession de son être tout entier. C'était comme une renaissance, comme une nouvelle âme qui se réincarnait en lui.

Les yeux rivés sur le ciel gris, Roxas laissa un soupir s'échapper de ses lèvres. Ce n'était pas un soupir de lassitude, ni un soupir de frustration, Roxas avait depuis bien longtemps cessé de ressentir ce genre de sentiments. Son cœur était à présent vide, lavé de tous les mensonges, de toutes les trahisons, de toutes les illusions déçues qui l'avaient autrefois habité. Il n'y avait plus de place pour les sentiments dans la coquille vide qu'était à présent son cœur. Plus de place pour la haine, plus de place pour l'amour, plus de place pour la peur. Il avait assez donné. Plus de souffrance, d'espoir, de joie, de tristesse, de colère, de tendresse, de bonheur, de désespoir. Plus de vie. Roxas n'en voulait plus.

Les minutes et les heures s'écoulaient, les jours passaient, les saisons se succédaient sans jamais qu'il ne s'en inquiète. Il avait arrêté de vivre ce fameux soir de Noël où il était devenu un homme. Il fit un pas en avant et fut bousculé par un homme au téléphone qui le gratifia d'une flopée de petits noms d'oiseau avant de reprendre la route presque en courant. Roxas eut un sourire qui paraissait triste : lui ne se pressait plus depuis longtemps. Il avait oublié le goût de l'adrénaline, celui de l'inquiétude à l'idée d'arriver en retard. A présent il attendait. Quoi ? Il ne le savait pas lui-même. La mort, certainement. Après tout, que pourrait-il bien attendre d'autre ? Plus rien ne l'attendait. Il avait tout vu, tout vécu, maintenant il voulait que ça cesse.

Il traversa la rue pour rejoindre la place publique et, toujours assis contre la pavée refroidie par le mois d'automne, Roxas laissa ses doigts frôler les cordes de sa guitare. Aussitôt, une douce mélodie s'éleva dans l'air, faisant s'arrêter les passants, qui se laissaient eux aussi bercer par les notes de musique. Roxas ferma les yeux, savourant pleinement ce moment qui n'appartenait qu'à lui. Il laissa son esprit divaguer jusqu'à s'envoler loin, très loin de cette grand place, là où plus rien d'autre n'existait à part la musique. Un monde où il n'aurait plus froid, plus faim, plus soif. Un monde où il ne serait plus seul. Un monde où il ne serait jamais devenu un homme.


Au volant de son bolide dernier cri, seul sur la route, Axel enfonça la pédale de l'accélérateur. Il aimait la vitesse, ça l'aidait à oublier pourquoi il avait dû prendre la route. Alors il roulait toujours plus vite, toujours plus inconsciemment. Il se fichait d'avoir un accident : au moins tout cela cesserait. Il ne serait plus hanté par ses démons, il pourrait enfin dormir en paix, sans être obligé de se battre encore et encore pour une cause perdue. Il n'avait plus aucun espoir de s'en sortir, aucun. Il le savait et c'était bien ça le pire : vivre tout en sachant qu'il n'y a pas d'échappatoire possible.

Axel aurait donné toute sa fortune : sa voiture, son appartement ultra luxueux, son jacuzzi, ses vêtements haute couture,… tout si seulement il avait pu trouver un moyen de sortir de ce calvaire quotidien. Tout pour revenir à une vie plus simple et plus propre. Il ne pouvait plus supporter cette cage dorée qui renfermait ses vices et l'enrobait d'un voile de honte. C'était trop difficile à supporter. Ses essuies-glasses défilaient sans cesse devant ses yeux, évinçant les litres d'eau qui s'abattaient à nouveau sur son pare-brise. Il détestait ce temps maussade qui faisait ressurgir ses démons sans pour autant laver ses crimes. Malgré toute cette eau qui tombait du ciel, il se sentait toujours aussi sale et détestable.

Il cligna des yeux, sentant la fatigue l'emporter peu à peu. Les questions se bousculaient dans son esprit, si bien qu'il aurait voulu ne plus être capable de penser. Ne plus rien ressentir pour enfin pouvoir se reposer. La haine et le dégoût qu'il ressentait envers lui-même, cette carence amoureuse qui le rongeait, la colère qu'il éprouvait envers les siens, la tendresse pour celui qui ne venait pas…autant de sentiments qui embrouillaient son esprit et lui donnaient mal au crâne.

Axel pesta contre la pluie quand il perdit le contrôle de son bolide. Sans même qu'il ne s'en rende réellement compte, sa voiture dérapa et termina en queue de poisson au bord de la route. Les mains crispées sur le volant, les yeux rivés sur les essuies-glasses qui allaient et venaient, il restait immobile : il venait de percuter quelque chose. Ou quelqu'un. Il resta plusieurs secondes sans bouger, comme si le temps s'était arrêté pour lui en même temps que le moteur de sa voiture. Il reprit ses esprits quand il vit une silhouette debout devant lui, appuyée contre le capot. Il ouvrit la portière et son rythme cardiaque s'accéléra autant que ses mains tremblèrent quand il posa le pied à terre.

Son regard se posa sur le petit blond qui titubait et il reprit totalement le contrôle de son corps quand il aperçut le sang qui coulait le long de sa tempe. Sans même prendre le temps de réfléchir, il se jeta sur le jeune homme, sans penser qu'il pouvait effrayer celui-ci. Ce n'est que lorsque le blondinet se débattit entre ses bras qu'il comprit qu'il avait peut-être fait une erreur. Les mains posées sur ses épaules, sans tenir compte de ses cheveux à présent trempés, il plongea son regard dans le sien, fuyant.

-Est-ce que tout va bien ?

Roxas hocha la tête, voulant à tout prix se défaire de son emprise pour aller se mettre à l'abri. Après avoir passé la journée dehors il était glacé, et le choc qu'il venait de subir n'arrangeait rien à son état. Il tremblait à présent non seulement de froid, mais aussi de peur : il n'avait pas vu cette voiture surgir de nulle part, si bien qu'il avait tout juste eu le temps de se protéger le visage avant d'être percuté de plein fouet par le véhicule gris métallisé.

-Je suis vraiment désolé, s'affola Axel, inquiété par le manque de réaction de sa victime, je vais t'emmener à l'hôpital.

Il eut toutes les peines du monde à retenir le petit blond quand ce dernier se mit à gesticuler dans tous les sens, visiblement très peu enclin à passer la nuit à l'hôpital. Il finit par réussir à le maintenir près de lui, plus parce que Roxas était tellement déboussolé qu'il avait de plus en plus de mal à se débattre que parce qu'il avait usé de la force. Il fut troublé par le regard azuré qui se posa sur lui quand enfin le blondinet cessa d'essayer de lui échapper : il était tellement profond et…perdu. Il avait rarement vu de si beaux yeux.

-D'accord, murmura-t-il finalement, pas d'hôpital. Est-ce que tu habites dans le coin ? Peut-être que je peux te ramener ?

Roxas secoua vivement la tête de gauche à droite et Axel comprit. Il comprit quand il vit son pull-over déchiré et défraîchi, ses cheveux sales et emmêlés, ses cernes et les traces boueuses sur son visage. Roxas n'habitait pas dans le coin, il n'habitait nulle part. Il n'avait pas de petit nid douillet où rentrer le soir après une dure journée de travail, ni de matelas molletonneux sur lequel se rouler avant de s'endormir. Pas de draps à l'odeur vanillée dans lesquels s'enrouler les froides nuits d'hiver, ni de cuisine où prendre le petit déjeuner. Roxas n'avait pas de maison.

-Viens chez moi, dit-il sans le quitter des yeux.

Aussitôt, le blondinet se tortilla pour qu'il le lâche, espérant fuir le plus rapidement possible. Il ne voulait pas aller chez cet homme qu'il ne connaissait pas, il ne voulait pas qu'il le voit à la lumière du jour. Il n'avait pas honte, non, il n'avait juste pas envie de dévoiler une part de lui-même à cet inconnu. Il ne voulait pas repartir à la vie normale, il savait qu'il y prendrait bien trop vite goût et qu'ensuite ça lui serait bien trop difficile de repartir. Il ne voulait pas retrouver le confort, il n'y était plus habitué. Il ne voulait pas quitter les abris-bus, les stations de métro, les bancs publics où il passait ses nuits depuis presque deux ans. Sa vie était là-bas, pas chez un inconnu qui l'avait renversé en pleine nuit.

-J'insiste, ajouta le rouquin en le retenant par le poignet comme il le voyait déjà filer, après tout j'ai bien failli te tuer.

Quand il vit le blondinet pâlir, Axel se dit que ce n'était peut-être pas le meilleur argument pour le calmer. Roxas ne serait certainement pas très rassuré de savoir qu'il avait l'opportunité de passer la nuit chez un homme à cause duquel il avait failli terminer à l'hôpital. Il s'arma alors de son plus beau sourire, sans tenir compte de la mine de chien mouillé qu'il arborait, et tenta de rassurer le petit blond du mieux qu'il pouvait. Roxas semblait terrorisé d'avoir été ainsi abordé et Axel n'avait aucun mal à deviner qu'il n'aspirait qu'à une seule chose : filer au plus vite.

-Je te promets de ne pas te faire de mal, dit-il d'une voix douce, je veux simplement me faire pardonner.

Et puis il ne pouvait tout de même pas le laisser dans la nature dans cet état ! Il était blessé, c'était peut-être plus grave qu'il n'y paraissait, il ne devait pas prendre cette blessure à la tête à la légère. La main de Roxas toujours maladroitement glissée dans la sienne, Axel le tira un peu plus vers lui, le faisant se raidir.

-Tu aimes le chocolat ? Je pourrai t'en faire quand on sera chez moi, si tu veux.

Ça pour du chantage, c'était du chantage. Aussi loin qu'il se souvienne, Roxas avait toujours été mis en garde contre les hommes qui se servaient de bonbons et autres petites douceurs pour arriver à leur fin. C'était dangereux il ne connaissait pas cet homme, il ne connaissait pas son histoire. Il n'aurait pas dû lui faire confiance, jamais. Mais il lui proposait du chocolat et…Roxas avait presque oublié le goût que ça avait. Mais son ventre lui, s'en souvenait visiblement très bien puisqu'il s'était mis à grogner, réclamant un dû dont il avait été privé pendant toutes ces années. Son esprit était embrouillé à cause de l'accident, mais la seule chose dont il était conscient, là, maintenant, c'était qu'il avait une chance de passer une nuit à l'intérieur. Une nuit d'averse, en plus. Pas de vêtements trempés, pas de mains glacées, pas de visage rougi. Une nuit dans une maison.

Mais à quel prix ? Qu'est-ce que le rouquin attendait de lui ? Il n'avait rien à lui donner, rien à part quelques guenilles, sa guitare et…son corps. Il ne voulait pas. Il ne ferait pas ça. Et pourtant…il y avait du chocolat à la clef alors peut-être que…non, Roxas ne ferait pas ça. Sans même qu'il ne s'en rende compte, Axel avait ouvert la portière côté passager et attendait que Roxas prenne place sur le siège. Son corps contre un chocolat ? Il n'avait jamais fait une chose pareille. Mais il avait faim, il avait soif, il avait froid. Il avait envie de boire un chocolat chaud, de dormir dans des draps propres alors tant pis. Le blondinet s'assit dans la voiture et aussitôt, quand il se glissa contre le moelleux du siège, il sut qu'il y prenait déjà goût.

-On en a pour un petit moment à rouler, dit Axel en le voyant s'installer au creux du siège.

Tandis qu'il reprenait la route, le roux lançait des petits coups d'œil au jeune garçon blond qu'il venait de charger : dès l'instant où le chauffage s'était répandu entre eux, ses yeux s'étaient illuminés. Les pommettes rouges de ses joues s'étaient relevées en un maigre sourire comme il avait timidement approché ses mains de la soufflerie. Peu à peu, Axel l'avait vu se détendre auprès de lui, profitant simplement de ce nouveau confort qui lui faisait oublier la rue. Il se demanda un instant s'il avait fait le bon choix : était-ce bien prudent d'héberger ce garçon pour une nuit ? Serait-il capable de le laisser repartir le lendemain ? Il savait très bien que non. Axel avait grandi dans un océan de solitude et il savait pertinemment qu'il deviendrait rapidement dépendant de cette nouvelle présence. Il n'aurait pas dû lui proposer de l'accueillir, c'était dangereux. Pour lui, pour le petit blond, pour son secret.

Pourtant quand il le regardait, détendu, insouciant…heureux ? Il n'avait pas le courage de lui demander de descendre. Il avait pris une décision, il devait l'assumer. Il n'avait pas le choix, il ne pouvait plus faire marche-arrière. Au bout d'un petit moment, il se sentit observé et, quand il tourna la tête, il tomba sur le regard curieux de Roxas. Il lui sourit et Roxas détourna rapidement le regard. Alors il sourit encore, bien décidé à respecter son engagement. Il logerait le blondinet, il le chouchouterait et ensuite il ne voudrait plus partir. Tout le monde y trouverait son compte et il ne serait plus jamais seul, jamais.


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