Bonsoir, je me lance dans un nouveau texte qui est une réécriture complète d'une de mes précédentes fictions ( Caput Draconis) qui ne figure plus sur mon profil ; Beaucoup de détails me dérangeaient et je suis contente de la republier sous un meilleur angle, j'espère qu'elle vous plaira tout autant ! Il y a eut tellement de changement qu'elle ne ressemble quasiment plus à l'ancienne. Sur ce, bonne lecture :-)
Disclaimers : Les personnages, l'univers et les termes spécifiques appartiennent à J.K. Rowling, je ne fait que les emprunter et les détourner !
Raiting : T
Pairing : Albus Potter x Scorpius Malfoy
Résumé : Scorpius Malfoy est un étudiant blasé, même si le monde a changé, Poudlard n'est pas indulgent avec les fils d'ancien Mangemort. Heureusement qu'il peut compter sur Albus Potter et Rose Weasley pour lui attirer des tas de problèmes et courir dans les quatre coins du château. Cette 6ième année ne sera pas de tout repos ! (Albus Potter x Scorpius Malfoy).
Béta lectrice et correctrice : Danse et Quatre Saisons, merci à elle pour son aide et ses conseils.
FEU & GLACE
- Scorpius Hyperion Malfoy. Ça sonne un peu comme un sortilège.
Scorpius leva la tête en direction de la voix qui venait de l'interpeller. Un grand type brun était penché par dessus la rambarde de l'escalier et le fixait la tête appuyée sur son coude. Les yeux de Scorpius se posèrent sur sa cravate bordeaux qui pendait dans le vide et sur le petit sourire qui fendait le coin de ses lèvres.
Il plissa les yeux avec incertitude. C'était difficile de classer cette remarque comme un compliment ou une attaque directe. Il se contenta de renifler avec mépris et de ramasser son sac pour se trouver un autre endroit tranquille. Décidément, tout le monde trouvait une bonne raison pour venir l'emmerder quand il en avait le moins envie. Est ce qu'il allait finir par se retrouver enfin un peu seul dans ce foutu château ? Il tira longuement sur sa cigarette et contourna la tour d'astronomie par le chemin de ronde. McGonagall ne devait surtout pas savoir qu'il fumait dans l'enceinte de l'école, il n'aimait pas trop l'idée que ce mec l'ait surpris, une clope coincée entre les lèvres.
Le son de la grosse horloge raisonna dans tout le bâtiment en indiquant la reprise des cours de l'après-midi. Scorpius poussa un grognement exaspéré en écrasant son mégot sous le talon de sa chaussure. Il dévala les escaliers en direction du cours de métamorphose. Même si ses jambes le portèrent aussi vite que possible jusqu'au premier étage, il arriva devant la salle de cours avec un bon quart d'heure de retard. Il jeta un coup d'œil furtif par la porte entrebâillée.
M. Switcher, le professeur de métamorphose, était un minuscule sorcier toujours coiffé d'un chapeau melon. Sa barbe blanche était si longue, qu'il lui arrivait fréquemment de s'emmêler les pieds et de s'étaler sur l'estrade sous les éclats de rire de ses élèves, ce qui lui avait valu un nombre incalculable de surnoms et railleries dans les couloirs de l'école.
Scorpius ne pouvait pas s'empêcher d'éprouver une forme de sympathie pour son vieux professeur. Même si ce n'était pas un excellent pédagogue, Switcher était un sorcier extrêmement habile avec les connaissances théoriques d'une véritable encyclopédie. Mais aujourd'hui cet élan de sympathie ne suffirait pas à lui sauver la mise : il n'avait pas besoin de se faire exclure en récoltant une énième convocation dans le bureau de la directrice. Switcher, debout sur un tabouret, maintenait une pose très inconfortable, les bras chargés de matériel.
Scorpius pris une inspiration et se précipita entre les rangées de table. Il jeta ses affaires sur la table à côté d'Ellen Finnigan, une étudiante de Serpentard de son année. Ellen lui adressa un sourire en replaçant sa masse de cheveux noirs sur son épaule.
- Juste à temps ! Il n'a pas encore fait l'appel, lui souffla-t-elle.
Scorpius poussa un soupir de soulagement en passant la main dans ses cheveux blonds.
- Switch a dit qu'il relèverait le devoir de métamorphose à la fin du cours, reprit la jeune fille, ce qui te laisse un peu moins de 45 minutes pour recopier le mien sous la table ou de trouver une idée lumineuse sur les transformations dissociées.
- Non c'est bon, je m'en suis occupé cette nuit, répondit Scorpius en sortant un parchemin couvert de ratures et de tâches d'encre.
Ellen lui donna une tape sur l'épaule.
- Tu t'améliores, bientôt tu arriveras à rendre tes devoirs sans jours de pénalité.
Scorpius lui adressa une moue réprobatrice.
- Ouais, mais devine qui vient de trouver un mélange stable pour le filtre d'invisibilité ?
La jeune fille posa sa main sur son bras avec les yeux parfaitement ronds.
- Je te crois pas.
- Donne-moi ta main.
Ellen posa ses doigts bien à plat sur le banc. Scorpius sortit une petite fiole bleue de sa poche. Il secoua le mélange pendant une dizaine de secondes et déposa quelques gouttes sur le dessus de sa main. L'instant d'après, elle disparut laissant apparaître les lattes de bois en transparence.
- Merde, Scorp... c'est juste dingue.
Il lui adressa un sourire satisfait. Les potions, voilà le domaine dans lequel il évoluait comme un poisson dans l'eau. C'est un jeu auquel son Père l'avait initié très jeune. À l'âge de ses huit ans, il fabriquait déjà son premier filtre de mort-vivant et en première année, il rectifiait les dosages dans les manuels scolaires. Rien n'était plus magnifique à ses yeux, qu'un tas de racines finement coupées en lamelle, ou qu'une poignée d'yeux de grenouilles mijotant à la surface de son chaudron. Récemment il s'était mis à réaliser ses propres recettes. Le filtre d'invisibilité était une variante de la potion de camouflage utilisé par les Mangemorts pendant la grande guerre.
Ellen remua son moignon en observant l'endroit où aurait dû se trouver sa main invisible.
- Tu vas rendre Mme Goyle complètement hystérique.
- Scorpius lui adressa un rictus méprisant.
- Elle va surtout essayer de me voler le concept, oui ! Elle tente par tous les moyens d'intéresser Ministère pour se faire muter dans la section recherche de St Mangouste.
- Et moi je tente par tous les moyens de capter votre attention, intervint Switcher, le nez à la hauteur de la table.
Scorpius sursauta et manqua de faire tomber sa fiole.
- Bon, maintenant que vous êtes plus attentif, vous me ferez les plaisir de sortir du parchemin et de prendre des notes, continua le professeur de métamorphose en pointant leur table vide.
Les deux étudiants acquiescèrent en sortant leurs affaires d'un air embarrassé. La suite du cours se déroula dans une monotonie habituelle. Scorpius nota une phrase sur deux en poussant des bâillements à intervalle régulier.
Le soir arriva vite, et Scorpius regagna la salle commune de Serpentard avec une certaine satisfaction. Il pourrait enfin s'installer seul dans sa chambre en s'empiffrant de chocogrenouilles derrière un bon bouquin. La salle commune était bondée d'élèves et il se faufila silencieusement vers l'escalier. Il ignora les regards froids que lui lançaient certains de ses camarades de maison et s'enferma dans sa chambre.
Avec le temps il s'était habitué aux rumeurs et aux regards méprisants. Il savait très bien ce qu'il se disait dans son dos. « Vous ne le saviez pas ? Sa famille était dans le mauvais camp pendant la grande guerre », « Tous les Malfoy ont fait un séjour à Azkaban», « Ils cachent des choses à la presse, ils doivent encore préparer quelque chose ». Scorpius ne s'évertuait plus à démentir les ragots, c'était comme brasser de l'air au milieu d'une tempête. Même après la chute de Voldemort et le retour à la normale, le traumatisme des années vécues dans la terreur avait laissé une large cicatrice au sein de la communauté magique. La plupart des partisans du mage noir avait retourné leur veste et tout le monde était devenu méfiant, accusant sans raison son voisin ou son banquier. Les Malfoys savaient qu'ils feraient les frais de la rancoeur collective et Scorpius avait toujours été préparé aux regards des autres sur l'histoire de sa famille. Sous la pression de Draco Malfoy, la directrice lui avait accordé une chambre seul dans l'ancien dortoir de Serpentard. Heureusement d'ailleurs, un éventuel colocataire n'aurait jamais supporté les vapeurs acres qui s'échappaient chaque soir de son chaudron en ébullition.
Scorpius s'empara d'un énorme livre sur les plantes empoisonnées d'Amérique du sud et arracha une page qu'il glissa dans la poche de sa robe. Il mémorisa le reste des ingrédients dont il avait besoin en les récitant dans sa tête : trois ailes de chauve-souris, une poignée d'écorces de sorbier, 300g de sucre en poudre, 10g de racine de mandragore.
Il ouvrit son sac pour mettre la main sur son filtre d'invisibilité. Ses doigts tâtonnèrent un moment en la cherchant la rechercher du contact froid du récipient en verre. Non. Impossible. Des sueurs froides lui traversèrent l'échine. Il toucha toutes ses poches, retourna le reste de la chambre en vain. Comment avait-il pu l'oublier en cours de métamorphose ? Il enfonça la tête dans son oreiller. Mais quel crétin !
Le réveil indiquait 11H53 en lettres lumineuses. En s'aventurant maintenant hors de son dortoir, il outrepassait le couvre-feu d'une bonne poignée d'heures. Il poussa un juron et se précipita dans l'escalier. A cette heure de la nuit, les couloirs de l'école étaient totalement vides et silencieux. Ses pas raisonnaient contre les dalles. Il accéléra le pas en direction du premier étage. Il se plaqua derrière une statue d'Hippogriffe quand le préfet de Serdaigle passa dans le hall, une lanterne à la main. Si quelqu'un le chopait maintenant, en train de roder prêt des salles de cours, il risquait de ne plus avoir de week-end de libre jusqu'à la fin de l'année. Mc Gonagall avait été très claire sur ce sujet. La porte de la salle de Métamorphose était en vue. Il pointa sa baguette sur la serrure.
- « Alohomora ».
Le loquet se déverrouilla d'un bruit sec. Il pénétra dans la salle de cours le plus silencieusement possible. Un énorme toucan poussa une série de piaillements assourdissant depuis sa cage sur la droite.
La ferme, sale bête, marmonna Scorpius en se faufilant jusqu'au quatrième rang.
Il trouva sa fiole posée prêt d'un pied du banc. Il l'avait déposée discrètement sous ses jambes au moment où Switcher les avait surpris au milieu de la discussion. Il la glissa dans sa poche et sortit de la salle de cours en adressant un bras d'honneur au volatile qui avait failli lui provoquer une crise cardiaque.
Scorpius fit le trajet en sens inverse, rassuré d'avoir enfin mis la main sur le filtre qu'il lui avait infligé des séances de brainstorming intensif pendant près de trois mois. Quand il tourna à l'angle du couloir, une porte grinça sur sa droite. Ça venait de l'infirmerie. Oh non ! Ce n'était vraiment pas le moment de se faire attraper par cette vieille garce d'infirmière scolaire. Surtout qu'il allait avoir beaucoup de mal à expliquer sa présence au 1er étage à cette heure de la nuit. Heureusement, ce n'était qu'un élève de Gryffondor de sixième année, une pile de seringues et de boites de compresses dans les bras. Scorpius reconnu l'étudiant qui l'avait interrompu quelques heures plus tôt à la tour d'Astronomie. Sauf que cette fois, son nez était recouvert d'un énorme pansement et son bras droit entouré dans de la bande blanche. Ils se fixèrent un instant, partagés entre la surprise mutuelle et la méfiance.
Il est clair que cet élève était en flagrant délit de vol de matériel médical dans l'infirmerie. Scorpius n'arrivait pas à s'arracher à la contemplation de ses yeux peut être un peu trop verts ou de ses joues un peu trop rouges. Il déglutit et reprit son chemin dans le couloir sans un mot. Pendant le trajet il entendait ses pas dans son dos, apparemment ils allaient dans la même direction. En y réfléchissant, Scorpius était sûr de l'avoir déjà vu en cours d'histoire de la magie. C'était le genre de mec solitaire qui dormait au fond de la classe en attendant que l'heure passe.
Au loin, Scorpius entendit un éclat de voix. Une forme blanchâtre et laiteuse apparut au bout du couloir. C'était Rusard, le fantôme du Hall et la terreur des étudiants de Poudlard. Rusard était le genre de traqueur coriace qui pistait les élèves hors de leur dortoir en alertant tout le château de leur présence. Scorpius se stoppa net et échangea un regard horrifié avec son camarade de classe. Sans se concerter, ils firent volteface en détalant dans le couloir.
Trop tard. Rusard remarqua immédiatement leur présence.
Élèves, hors du dortoir ! Vociféra-t-il en les pointant du doigt d'un air inquisiteur.
Scorpius pria intérieurement pour qu'il n'ait pas vu son visage. Ils continuèrent à courir le plus vite possible dans le dédale de couloirs. En face de lui, Scorpius repéra une porte entre ouverte. Rusard n'avait pas encore tourné à l'angle du couloir. En étant rapide, ils réussiraient peut être à s'introduire à l'intérieur de la pièce sans alerter leur poursuivant. Il contracta la mâchoire quand les gonds rouillés produisirent un grincement sinistre et pénétra à l'intérieur le plus silencieusement possible. Ses yeux rencontrèrent ceux du voleur de compresses lorsqu'il s'apprêtait à fermer la porte. Scorpius poussa un soupir et lui fit signe d'entrer avant de refermer précipitamment.
- Merci, lui dit-il en soufflant contre le mur.
Scorpius colla son oeil contre la serrure mais il ne voyait pas grand-chose avec l'obscurité du couloir. Rusard émergea d'un pan de mur en marmonnant des bouts de phrases inaudibles. Apparemment il n'avait pas entendu le loquet de la porte et les cherchait à l'aveuglette dans les salles de cours à proximité.
- Il va en avoir pour un moment, commenta Scorpius en reprenant son souffle.
Il reporta son attention sur la pièce où ils se trouvaient : elle était vaste, encombrée de vieux meubles rongés aux mites et ornée d'une sacrée quantité de toiles d'araignées. Tables et chaises étaient entassés en vrac devant les fenêtres et plusieurs armoires étaient recouvertes d'un drap blanc. A en juger par l'état des lieux, cette salle devait être abandonnée depuis des décennies, à l'exception de quelques traces récentes, imprimées dans la poussière opaque.
Le voleur de compresses, recroquevillé contre le mur, avait beaucoup de mal à conserver une respiration uniforme. Son dos se soulevait au rythme de ses gémissements pulmonaires. Quand son corps se raidit dans un soubresaut de douleur, Scorpius cessa de l'ignorer. Il grimaça, peu envieux de sa nouvelle tâche. Scorpius Hyperion Malfoy était un genre de spécialiste des potions mais ses facultés en matière de réconfort et de chaleur humaine avoisinaient le zéro absolu.
- Tout va bien ? Demanda-t-il d'une voix morne.
Il eut droit à une respiration difficile et une quinte de toux de la part de l'intéressé en guise de réponse.
- Euh... c'est quoi ton nom déjà ?
Dans sa tête les mots sonnaient mieux. Non, décidément, il n'avait aucun talent pour aider qui ce soit dans ce genre de situation. Le voleur de compresses releva la tête, le visage vaguement blanc.
- Albus... Albus Potter.
Scorpius le fixa, les sourcils froncés. S'il s'attendait à ça ! Il ne savait pas que James Potter avait un petit frère en plus de sa chieuse de sœur. Ces deux-là passaient leur temps à cracher sur les étudiants de Serpentard et Serpentard le leur rendait bien. L'ainé était le genre de frimeur arrogant, capitaine de l'équipe de Quidditch. James Potter avait cette manière insupportable de se pavaner dans les couloirs de l'école, le balai sur l'épaule, en lançant des clins d'œil libidineux aux filles superficielles qui gravitaient autour de l'équipe. La soeur, quant à elle, avait développé un talent particulier pour assommer son prochain à coups de sermons moralisateurs et de principes de justicière mal baisée. En un mot, Scorpius les haïssait.
En comparaison, Albus Potter semblait presque invisible. Sans méchanceté, Scorpius avait mis plusieurs minutes à se souvenir qu'ils avaient des cours en commun. Pourtant, maintenant qu'il le savait, la ressemblance avec Harry Potter était frappante.
- On s'est rencontrés plusieurs fois sur le chemin de traverse, ajouta Albus en articulant avec difficulté.
Scorpius plissa les yeux, comme pour assembler les bribes de souvenirs.
- Le garçon qui a fait s'effondrer toutes les boites de chez Ollivander ! S'exclama-t-il au bout d'une minute, touché par une illumination.
- C'est pas mon souvenir le plus glorieux, mais c'était moi.
- Ça explique pourquoi tu connais mon nom complet, mon père ne m'appelle comme ça, que quand il est en colère, réalisa Scorpius d'un air pensif.
Albus sortit de sa poche un inhalateur de Ventoline et prit une profonde inspiration.
- D'un autre côté, tu as fracassé la vitre pour récupérer ta chouette, dit-il en reprenant une respiration normale.
- Je n'allais pas la laisser se faire ensevelir sous les boites et les étincelles, maugréa Scorpius.
Ils mirent fin à la conversation quand un « je vous tiens » grinçant et tenace se fit entendre dans la pièce adjacente. Scorpius avait complètement oublié l'existence de Rusard, fouinant à la recherche de leur cachette. Il jeta un coup d'oeil affolé autour de lui. Plus l'heure filait, plus leur escapade devenait illégale. Les chances de s'échapper de la salle sans se faire attraper étaient minces. Si seulement il y avait un moyen pour que ce sale ectoplasme passe devant eux sans les voir. Une très mauvaise idée lui traversa l'esprit.
Scorpius se redressa d'un bon et tira le drap qui couvrait une armoire massive. Elle lui rappelait vaguement quelque chose, mais pas le temps de tergiverser. Il retint son souffle et plongea à l'intérieur en essayant d'oublier toutes les sales histoires de revenants et de monstres. Potter avait l'air de vouloir le suivre, Scorpius était à deux doigts de lui conseiller poliment d'aller voir dans une autre armoire si il y était, mais le bras fantomatique de Rusard commençait à apparaître dans les lattes de la porte. Il préféra le tirer par la manche et refermer le battant dans la précipitation.
Voilà. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la situation était étrange. Scorpius était enfermé dans un espace d'une dimension inférieure à un mètre carré avec un type qu'il connaissait depuis un peu plus de 20 minutes. Son torse fermement plaqué contre son épaule, ses bras maladroitement placés autour de ses hanches, son souffle à quelques centimètres de son visage, tout ça semblait aussi irréel qu'insolite. De longues minutes s'écoulèrent dans l'obscurité opaque de l'armoire. Aucun bruit ne filtrait à travers les fines parois de bois, seul le souffle à nouveau incertain d'Albus venait rompre le silence absolu de la pièce. Scorpius pouvait sentir sa poitrine se soulever contre son torse et les battements de coeur qui parcouraient ses veines a un rythme élancé et frénétique.
La respiration d'Albus était en train de se dégrader de manière exponentielle. L'anxiété et la tension de la situation provoquaient une crise d'asthme encore plus virulente. Il avait surement besoin de quitter le milieu confiné du meuble. Scorpius tendit l'oreille pour essayer de percevoir la présence du vieux concierge, il entama un mouvement pour toucher la porte. Ses doigts ne rencontrèrent aucune surface dure. Il fronça les sourcils. Depuis quand elle était si grande cette armoire ? Il fit un pas... et encore un autre... et encore un autre.
Là, quelque chose clochait.
- Lumos maxima
Il leva sa baguette au-dessus de sa tête pour examiner l'espace qui les entourait. Ses yeux mirent quelques secondes à s'habituer à la lumière vive qui s'échappait de son extrémité. C'était une cavité rocheuse en cul de sac dont l'unique sortie commençait sur leur gauche et disparaissait dans l'obscurité. Albus, à quelques mètres derrière lui, se trouvait au milieu de débris de bois qui ressemblaient fortement aux restes d'une armoire en ruine.
- Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Articula Scorpius
Albus, toujours immobile, fixait les planches de bois noires éparpillées autour de ses pieds. Scorpius le rejoint en quelques pas et ramassa un morceau traversé par un grand clou rouillé. En y réfléchissant bien, il avait déjà vu ça quelque part.
- Une armoire à disparaître, dit Albus au bout d'un moment.
Mais oui ! Bien sûr. Une armoire à disparaître. Ça expliquait pourquoi ils avaient subitement changé d'environnement. Ce genre de technique était très populaire pendant la grande guerre : deux armoires étaient reliées l'une à l'autre. Il suffisait de s'enfermer à l'intérieur et disparaître pour quelques temps. Celle-ci semblait complètement endommagée, c'était impossible de la traverser dans le sens inverse.
- On devrait continuer et essayer de voir si on trouve une sortie, conclut Scorpius.
- On n'est même pas que ça mène quelque part.
- Et bien ça sera le moment de s'entretuer et de se dévorer pour survivre, mais en attendant je ne passerai pas cinq minutes de plus enfermé ici gronda Scorpius sur la défensive.
Albus jeta un regard circulaire.
- Très bien, je te suis, marmonna-t-il, contrarié.
Scorpius ouvrit la marche et s'engouffra dans le passage étroit. Sa baguette projetait des ombres inquiétantes sur la paroi rocheuse, il avait plus que hate de sortir d'ici. Surtout que cette foutue armoire était en train de les conduire vers les entrailles de la terre. À chaque pas, à chaque mètres qui les séparait de leur destination initiale, l'inquiétude et la méfiance se lisait de manière plus intense sur leurs visages fatigués.
Ils n'échangèrent aucun mot. La respiration d'Albus était toujours plus difficile et ponctuait leur marche. Scorpius avait l'impression qu'il allait s'effondrer d'un moment à l'autre si il ne trouvait pas rapidement une solution. C'était bien sa veine, perdu avec un asthmatique à deux doigts de faire une crise à chaque pic de nervosité. D'ailleurs, un Potter et un Malfoy n'avait rien a faire tout les deux enfermés dans le même labyrinthe, ça n'avait aucun sens. Même si le garçon qui le suivait depuis maintenant une bonne heure, n'avait strictement rien a voir avec le reste de sa famille, Scorpius ne pouvait pas s'empêcher de ressentir une forme d'amertume et de rancoeur pour ses petits privilégiés. Tout le monde n'avait pas la chance être le fils d'un héros célèbres, adulé par toute la communauté. Il chassa ses mauvaises pensées quand un lumière vive apparut au bout du couloir. La température commençait à devenir vraiment étouffante, les degrés avait progressivement augmenté et leur donnaient l'impression d'entrer dans un four.
Ils émergèrent dans une vaste salle éclairée par une ligne de torches magiques. En l'autre coté de la pièce se trouvait lourde porte en fonte qui leur laissait entrevoir un échappatoire, mais un dernier obstacle se dressait entre eux et la sortie. Le sol était recouvert d'un tapis d'écorces rougeâtres et luisantes. Après un moment d'hésitation, Scorpius posa son pied avec méfiance et exerça une toute petite pression. L'écorce se brisa comme du verre mais le chemin n'était pas impraticable.
- C'est marrant, ça me fait penser... à une coquille d'oeuf, dit Albus d'un air perplexe.
Au moment où il fit cette réflexion une ombre bougea dans l'angle de la pièce. Des sueurs froides dévalèrent leur dos et noua leur entrailles. Albus et Scorpius eurent un mouvement de recul précipité. Les yeux rond et la bouche grande ouverte, ils n'arrivaient tout simplement pas à croire ce qu'ils avaient sous les yeux
- Dites moi que je rêve ! Articula Scorpius
Un dragon ! Un dragon de la taille d'un gros chien leur faisait face. Son corps était recouvert d'écailles rouges flamboyantes et sa tête hérissée d'une séries de cornes longues et pointues. Ses petit yeux jaune sans paupières les fixaient intensément pendant que sa queue massive et recouverte d'épines frappait le sol avec impatience.
Scorpius s'empara de la baguette glissée à sa ceinture et la pointa dans la direction du monstre.
- Laisse nous passer ! ordonna-t-il d'une voix frémissante.
La créature déploya ses ailes de peau et d'os en fixant l'objet d'un air agressif. De la fumée s'échappa de ses narines.
- COUCHE TOI ! hurla Albus en le plaquant au sol.
Un geyser de flammes s'échappa de la gueule du Dragon et se consuma à un mètres au dessus de leurs têtes. La baguette de Scorpius roula au sol dans la précipitation et disparue dans le tas de coquilles. Il n'y fit pas attention, son coeur était à deux doigts de pulvériser le record mondiale de vitesse et il était au bord de la crise d'angoisse. Albus toujours allongé au-dessus de lui, maintenait ses mains plaquées autour de son visage, les doigts glissés dans ses mèches blondes. De la sueur coulait le long de sa mâchoire contracté, il semblait faire son possible pour ne pas céder à la panique. Ils restèrent plusieurs minute dans cette position sans oser se redresser et faire à nouveau face à la créature.
Le Dragon fit plusieurs pas en arrière et replia ses ailes. Scorpius était incapable de prendre la bonne décision. Cette fois il n'allait pas s'en sortir avec un rictus et une remarque acerbe. Bon sang, ils étaient foutue !
Fin du chapitre 1, n'hésitez pas à me laisser un petit commentaire o/ et peut-être à bientôt pour la suite
Lying Cat
