Trombone

J'ouvrai les yeux mais je n'avais pas envie. Je regardai mon cadran. Ça y'était, il sonnait. Je regardai encore le plafond en pensant à la journée qui m'attendait. Je ne pouvais pas empêcher le « Galèère » qui sortait de ma bouche. Je m'assoyais sur mon lit, prenais mes deux jambes et les plaçait de manière à ce qu'elles touchent le sol. Je prenais mes deux béquilles médicales qui traînaient par terre près de mon lit. Fallait dire que je ne pouvais pas aller bien loin sans. J'entendais un « toc toc » sonore qui m'avertit que Choji arrivait pour m'aider.

- Entre, Chôji, murmurai-je.

Peut-être ne m'a-t-il pas entendu mais il rentra quand même, me salua gaiement, alla vers la cuisine – cuisine s'il y a, car les appartements de l'école étaient tellement petits qu'il n'y avait qu'une seule pièce- et mit deux tranches de pain dans le grille-pain.

- Habille-toi, sinon tu vas être en retard. Ton toast va être prêt.

- Galère…

Je me prenais du linge au hasard, pas envie de me forcer à faire matcher mon haut et mon bas. Je tombais sur un jeans baggy noir et un T-shirt vert et blanc Element. Je me laissais tomber sur le dos, sur mon lit, pour pouvoir enfiler les vêtements. Je me traînai jusqu'au lavabo, où je fis un brin de toilette et que je m'attachai les cheveux en une couette sur le dessus de ma tête. J'arrivai devant mon assiette : un toast froid avec un peu de beurre m'attendait. Je mangeai, lentement, en pensant qu'aujourd'hui, je n'aurai probablement pas le temps de regarder les nuages, mon activité favorite. Aujourd'hui, c'était la « sélection » pour le concours international qui oppose les meilleures harmonies, orchestres, ensembles, etc. Je dis « sélection » car la directrice générale avait un faible pour notre groupe. J'étais certain de devoir me taper ce galère « concours ».

- Galère.

- On va être en retard, j'vais amener ton trombone.

- Merci.

Nous nous levâmes après que Choji aient pris soin de déposer nos assiettes dans l'évier. Choji prit son saxophone baryton et mon trombone puis m'ouvrit la porte. Les étudiants restants se dépêchaient d'aller à leur salle de cours. Mais je n'avais pas envie de me dépêcher et, comble du bonheur, je ne pouvais pas vraiment me dépêcher. Nous marchions dans le silence jusqu'à notre local de classe, car nous étions dans la même classe. La cloche sonna quand nous entrions dans le local. J'allai à ma place, me traînant plus que marchant, accoté sur mes béquilles, mes galères de béquilles, que je garderai jusqu'à la fin de ma vie, si je ne finissais pas en chaise roulante. Je m'assoyais lourdement sur ma chaise en assemblant mon trombone que Choji avait pris la peine de me redonner. Je regardai par la fenêtre mais je ne voyais que le bâtiment d'en face et pas un seul gramme du ciel. Je crus que c'était pour cette raison que je détestais ce local.

C'est l'arrivée de la directrice générale de notre conservatoire qui clôt la discussion plus qu'animée entre Naruto, un blond aux yeux bleus surexcité – dans tous les sens du terme- portant un pantalon en coton ouaté noir avec un chandail blanc à manches longues rayés orange, bleu, noir et vert, et Sakura, une fille aux cheveux roses et aux yeux verts, portant un chandail fushia décolleté avec une camisole blanche dessous avec des jeans foncées cigarette, ayant un sacré caractère mais, beaucoup moins prononcé que celui de Temari, une vraie bombe à retardement ambulante.

- Silence.

Un seul regard d'elle suffit à tous pour nous faire trembler, un seul mot pour nous faire obéir mais, ma position et mon expression ne changèrent pas : avachi sur ma chaise, mon trombone sur mes jambes, pendant dangereusement vers le sol et les yeux presque clos.

- J'ai l'honneur de vous annoncer que tout le groupe participera au concours Mélodia, car vous représentez l'élite du Conservatoire de musique de Konoha. Les autres groupes n'ont pas votre niveau et nous devons faire bonne figure et battre le Conservatoire d'Oto, les gagnants de l'édition passée. Félicitation ! Vous devrez conserver cet esprit d'équipe car Mélodia est une sacrée épreuve. Donc, vous aurez trois partitions à écrire et tout le monde devra jouer dedans. Vous aurez une année complète, douze mois, pour composer et interpréter lesdites partitions. Vous devez gagner. Il en va de la réputation du Conservatoire de Konoha. C'est tout ce que j'ai dire. Bonne répétition et bonne chance.

Puis elle tourna les talons et partit, nous laissant en plan. Il n'y avait plus un son dans le local. Tout le monde était estomaqué sauf les glaçons du groupe, les deux pianistes, Neji Hyuga, un brun à la longue tignasse attachée en une couette basse et aux yeux nacrés, sans pupille ni iris, et Sasuke Uchiha, un brun coiffé en un pic ramené vers l'arrière avec deux mèches qui encadraientt son visage et aux yeux bruns. Je soupirai bruyamment en pensant aux partitions à écrire puis à apprendre et blablabla.

- Galèèèèère …

- Shikamaru ! Tu devrais être content ! Nous sommes sélectionnés ! Nous avons une chance de devenir les meilleurs musiciens dans le monde entier, tempêta la tornade blonde, Temari No Sabaku. Et toi, tu râles!

Je crus qu'après ses paroles déchaînées, la classe réalisa vraiment la portée des dire de la directrice et une exclamation furieuse explosa dans toute la classe. Naruto avait sauté de sa chaise et sautait autour de Sasuke en criant à tue-tête « On va gagner parce qu'on est les meilleurs ». Je soupirai de nouveau. J'avais vraiment une classe bordélique. Mais finalement, je ne pus m'empêcher de sourire face à tant d'enthousiasme.

Kakashi-sensei, notre prof' de ce cours de composition musicale arriva finalement, en donnant comme excuse qu'il aidait une vieille femme à transporter son épicerie. Mais, plus personne n'écoutait ses excuses. Il demanda le silence, ce qui prend un bon moment dû au niveau d'excitation.

- À ce que je vois, c'est votre groupe qui a été sélectionné, félicitation. Ça ne m'étonne pas. Vous aurez du pain sur la planche. Et c'est ce que vous préparerez qui comptera pour votre note finale. Donc, commençons.

Le cours commença, assommant, ennuyant. Je devrai sûrement écrire une bonne partie des partitions car les gens me considéraient comme le mec très intelligent, avec mes cent-quatre-vint-dix-sept points de QI. Encore du travail.

La journée passa relativement rapidement, si on exclue le premier cours. C'était ce soir que les répétions en tant que telles commenceraient. Et c'était ce soir que je verrai que ça va être vraiment galère !