Cet OS avait déjà été posté dans un recueil, maintenant il est indépendant ^^

Bonne lecture ;)


Réveil

L'odeur.

Son odeur. Celle lourde du cannabis mêlée à celle plus fraîche du citron. L'équilibre des sens. La paix, l'harmonie.

L'immobilité, aussi.

Celle d'un corps qu'il devinait à moitié emmitouflé dans sa couverture, un bras enlaçant à moitié un oreiller dont il serait presque jaloux. À moins qu'il ne s'imaginait le serrer, lui, le remplaçait maladroitement par ce morceau de tissus bourré de coton.

Et pourtant, il était là.

Il tendit paresseusement un bras, les yeux toujours clos, tous ses membres en alerte, prêts à profiter de la moindre sensation.

Sa main voyagea un instant dans cet espace si vide, ne demandant qu'à être comblé par autre chose que la distance, lorsque des doigts chauds se refermèrent sur son épiderme.

Le frisson se propagea un instant, se répandit tel un ricochet, la main étrangère, la main sacrée, attira la sienne sous les draps pour s'y mêler. À l'abri du froid leurs doigts s'aggripèrent pour ensuite se figer, une faible plainte émana tout près de lui.

Bon.

...

Finalement, il allait peut-être rester au lit encore un peu.

Après tout, dormir, c'était pas capitaliste...


Il était beau.

Magnifique.

Surtout sans ses lunettes... Ses petites lunettes rectangulaires, un brin méprisantes, qui reposaient sur la table de chevet.

Il approcha délicatement une main de son visage endormi, le caressa du bout des doigts. Doucement. Ne pas le réveiller.

Lui pour une fois si calme, si apaisé. Pas de mépris, pas de crainte ni d'incompréhension dans son regard.

Un appel à l'amour, un appel au baiser.

Il fixa ses lèvres un instant, pâles tout comme son teint de craie, avant de s'approcher lentement et de fermer les yeux. D'abord l'immobilité, puis un mouvement.

Mouvement qui se changea en un long échange langoureux, appuyé par des doigts qui agrippèrent sa longue chevelure.

Contre la bouche désormais légèrement humide de son alter, il sourit.

Le regarder dormir ou le réveiller à sa manière, le pire des dilemmes.


Réveil lent, le nez contre la peau protectrice, dure comme la pierre, dure comme ses convictions mais pas comme son cœur.

Son cœur... celui qui battait contre le sien, criant son existence. Dont il aurait tant voulu effleurer son écrin de chair, si sa lente émersion ne le faisait toujours apercevoir certaines bribes de son rêve. Un songe impliquant ce même homme, pour ne rien changer. Cet homme qui le comblait au point qu'il ne voulait même plus l'abandonner pour rêver, l'abandonner pour le meilleur, puisqu'il ne l'imaginait plus ne pas en faire partie. De ne pas faire partie de son conscient comme de son inconscient.

Sa main se tendit, se posa avec la délicatesse d'un papillon sur sa fleur, et le corps sous ses doigts frissonna avant de se détendre lentement. De s'offrir, lui et sa confiance. Avec un sourire endormit, il le remercia d'une main sur son flanc nu. Des souvenirs de la veille lui firent prendre quelques couleurs.

Il se sentait si bien, si heureux, si... complet.

Il se sentait fier d'être lui. Tout simplement pour cet amour miraculeusement partagé, pour cette chance inouïe. Pour ce sentiment de plénitude qu'il n'avait jamais pensé connaître un jour.

Tout semblait si parfait, contre son corps. Ses faiblesses devenaient des forces pour eux.

Pour leur couple.

Ses yeux s'ouvrirent doucement, restèrent un moment immobiles en tombant directement sur ceux de son alter ego. Ses prunelles d'un brun sombre pourtant éclairées d'une lueur d'espoir, d'amour, quelque chose proche de la vénération.

Surprise.

Sourire.

Réponse à son sourire.

Il se blottit encore davantage au creux de ses bras.