L'air était chaud et lourd sous ce soleil de plomb mais, malgré tout, le vent me caressait le visage. C'était une brise bienvenue, un vent léger qui emplissait mes poumons... j'aimais ces moments de calme en hauteur, voir les champs de blé s'étendre au loin tout autour de la maison de grand-mère... tout autour du Terrier. J'en avait fait le tour plus d'une fois, mais ce que j'aimais par dessus tout, c'était la démarcation entre le bleu du ciel que je voguais et les couleurs chaudes de terre brûlée ainsi que d'or que je survolais. Tout ici, semblait si petit, si insignifiant... seuls les oiseaux pouvaient m'y suivre...

BAM

Surprise, je me raidis ; grossière erreur. D'un coup, je me sentis glisser de mon ballai mais, instinctivement, mes mains se refermèrent sur le bois verni ; sauvée. Suspendue au manche, je balançai mes jambes en arrière puis en avant, les refermai autour du bois et passais de la position du cochon pendu à ma position assise initiale ; je soupirai.

Autour de moi, des étincelles rouges tombaient avant de s'estomper dans le bleu du ciel ; grand-mère m'appelait. Sans attendre, je me dirigeai vers le sol et mis pied à terre avant de courir vers l'entrée de la maison, mon balai calé au creux de mon épaule.

- « Mary ! » réprimanda soudainement la voix de grand-mère.

- « Oui mamie ? » demandai-je, un pied encore sur le pas de la porte et une main sur le linteau.

- « J'ai dit pas de balai dans la maison ! » pointa-t-elle du doigt, son autre main plantée sur sa hanche ; sans protester, je sortis et déposai délicatement mon balai près de la porte avant de revenir à l'intérieur. Là, je vis grand-mère assise dans un fauteuil avec des pelotes de laine tout autour d'elle juste à côté de la grande pendule qui montrait clairement que les seules autres personnes présentes dans la maison, étaient James et Lily.

- « Mary ? » appela soudainement grand-mère ; je tournai la tête vers elle.

- « Tu veux essayer ? » demanda-t-elle en tapotant sur ses genoux ; surprise d'abord, je me mis à sourire et, après avoir acquiescé, je me précipitai et sautai sur elle ; ça la fit bien rigoler. « Alors, d'abord- » commença-t-elle en prenant deux nouvelles aiguilles en bois et une pelote de laine verte. « tu commences par faire un nœud simple autour de l'aiguille. » expliqua-t-elle en mettant des images sur ses paroles ; je regardais intensément ses mains. « et maintenant, tu fais une boucle comme ça, avec ton doigt... puis tu la fais glisser à côté du premier nœud sur l'aiguille. »

Et ce genre de nœud, elle le fit dix fois avant de tout défaire.

- « Allez, essaie. » me dit-elle en déposant l'aiguille dans ma main ainsi que le bout de laine. Lentement, je pris l'aiguille dans ma main droite, le fil dans la gauche et, d'abord hésitante, je fis un nœud autour du bois avant de regarder en hauteur et vers ma grand-mère qui me fit un signe de tête pour que j'y retourne ; j'acquiesçai et commençai à essayer d'enrouler la laine autour de mon doigt pour le passer ensuite sur l'aiguille... mais plus d'une dizaine de fois, il glissa de mon indexe.

Les sourcils froncé, je regardai le morceau de laine récalcitrant avant de réessayer, mais avec mon majeur ; ça avait fonctionné ! Heureuse, je levai mes petite main en signe de victoire avant que celles de grand-mère ne les prennent délicatement pour les reposer plus bas.

- « Attention avec les aiguilles, ça peut faire mal aussi... » prévint-elle d'une voix calme.

- « Désolée mamie... » marmonnai-je en agrippant immédiatement l'aiguille à deux mains, l'une recouvrant la pointe.

- « Ce n'est rien, allez, tu es en bonne voie... » assura-t-elle en caressant mes cheveux d'une main. Un peu hésitante, je m'y remis et recommençai l'opération dix fois mais à chaque fois, ils se desserraient ; ça commençait à m'agacer.

- « Ne t'en fais pas, il ne faut pas que ce soit vraiment serré pour la suite » j'acquiesçai et continuai

- « Bien, maintenant, tu prends la deuxième aiguille et tu fais un nœud autour. » décrit-elle. « mais surtout, faut laisser un peu de mou entre les dix nœuds et celui-là. » ajouta-t-elle. « Puis tu passes ton aiguille dans le premier nœud, tu l'entoures en utilisant ton indexe, tu le repasses là et, tu tires. » expliqua-t-elle en décomposant chaque mouvement. « Et tu répètes ça jusqu'à ce que tu n'aie plus de nœud d'un côté et tu alterne à chaque fois. » dit-elle en déposant le début de tricot entre mes mains.

- « Bon, je vais voir ce que font Lily... je te laisse terminer cette écharpe hein ? » proposa-t-elle en un sourire ; je hochai la tête vigoureusement avant qu'elle ne disparaisse en haut de l'escalier, me laissant seule avec ma mission. Les heures avaient passées et, malgré quelques majeures difficultés pour passer d'un côté à l'autre sans oublier de mailles, elle avait à présent atteint la longueur de mon mollet.

Blom, blom, blom, blom

Le fil glissa de mon doigt. Agacée, je levai la tête vers le plafond d'où plus aucun bruit ne venait... sans doute les autres... Je ré-enroulai donc le fil autour de mon doigt et continuai mon œuvre. Grand-mère était déjà plusieurs fois repassée devant moi, avait regardé mon avancement, m'avait corrigée sur quelques énormes erreurs ; j'avais encore oublié des mailles !

WOUHOUU

C'était rageant ! J'avais passé pas moins de quatre heures sur ses nœuds ! Quatre heures que je me concentrait sur une écharpe ! Quatre heures que j'entendais un abruti piétiner au dessus de ma tête et crier comme une Banshee !

Je me bouchai les oreilles pendant plusieurs dizaines de secondes, les dents serrées et les sourcils froncés... 'c'est rien, ça va passer, il va bientôt se calmer...' me dis-je avant de laisser mes mains se poser sur mes genoux ; je n'avais toujours pas fini ma pelote et certainement pas mon écharpe et je devais faire bien plus attention à mes points !

EH MAMIE ! MAMIE ! MAMIE !

Appela soudainement la voix de James en dévalant les escaliers. Encore une fois, il était sale, sentais comme s'il ne s'était pas lavé depuis trois jour et bien sûr toujours les cheveux en bataille... 'laisse tomber...' me dis-je en essayant de retourner à mon écharpe.

- « Euh... mamie » appelai-je. « Est-ce que y'a un moyen de rep- »

- « MAMIE REGADE REGARDE ! » me coupa-t-il en fonçant contre elle en agitant frénétiquement une plume d'oie dans sa main droite.

- « James ! » gronda-t-elle avant de s'éclaircir la gorge. « Attends, Mary voulait me demander quelque chose, vas-y » dit-elle plus calmement ; il se tourna alors vers moi et regarda ce que j'avais dans les mains.

- « Oui, euh... pour les mailles que j'ai ou- »

- « Mais c'est pas marrant le tricot ! » insista James en se tournant vers mamie, les bras ouverts. « La magie c'est mieux ! Regarde ! » dit-il avant que mamie ne puisse dire ou faire quoi que ce soit. Et tout à coup, de derrière lui, je commençai à voir dépasser, dans les airs, la plume qu'il avait tenu quelques secondes avant. Surprise, il me fallut un petit moment avant de lâcher ce que je faisais et, d'un geste sec et rapide, j'attrapai la plume.

- « Hey ! Rend-la moi ! » s'indigna-t-il alors qu'il étendait déjà ses bras le plus haut possible pour la récupérer ; même en sautant, il ne le récupérerait pas.

- « Mary ! Rend-la-lui donc... » intervint grand-mère en nous séparant chacun d'une main.

- « Non ! » répondis-je fermement.

- « Rend-la-m- » cria James en essayant de passer à côté de grand-mère et vers moi.

- « Pourquoi tu ne veux pas ? Allons... » la coupa-t-il ; je me reculai un peu plus.

- « Tatie a dit qu'il avait pas le droit ! » répondis-je d'une voix claire. « Elle l'a dit ce matin.. » ai-je ajouté plus calmement lorsque grand-mère sembla être calmée...

- « Maintenant que tu me le dis... » marmonna-t-elle le regard vers le bas, mais perdu dans ses pensées.

- « C'est pas vrai ! » cria James sur la défensive. « T'es qu'une menteuse ! » hurla-t-il en essayant de passer une fois de plus outre le barrage que faisait grand-mère ; il la renversa.

- « Mamie ! » m'exclamai-je en me précipitant vers elle ; je tombai.

Bam

Sur le sol, la tête contre le plancher je me relevai, regardai mes pieds et vis que la totalité de la pelote de laine m'avait enserrée ; je m'en défis rapidement et allez voir si mamie allait bien.

- « Mamie ? » appelai-je en essayant de l'aider à se relever ; ce n'était pas bon pour son dos... elle avait déjà tant de problèmes de sciatique...

- « Ç-ça va... ça va... merci Mary... » elle bredouilla en se tenant la tête d'une main.

Soudain, j'entendis des bruits de pas et, derrière moi, je vis James prendre sa plume et me lancer un regard noir avant de remonter l'escalier en trombe. Les sourcils froncés, je serrai les dents et, sans attendre, j'approchai un fauteuil le plus prêt possible de grand-mère et l'aidai à s'asseoir dessus ; ce fut dur, mais heureusement, mamie ne se laissait pas aller de tout son poids.

- « Pouf. » soupira-t-elle en laissant sa tête aller en arrière sur le tissu de dentelles qui recouvrai le haut du dossier. « Merci... je crois que je vais avoir une petite discussion avec James... » grogna-t-elle avant de baisser les yeux vers moi ; elle sourit. « Ne t'en fais pas ma petite gargouille, » commença-t-elle en me pinçant la joue ; je détestai ça, mais la laissai faire. « Il en faut plus pour clouer ta grand-mère sur un fauteuil ! » rit-elle.

Sur le coup, je n'avais pas envie de rire... ce n'était pas drôle, mais je savais qu'elle n'aimait pas nous voir faire la tête alors je me convins que c'était vrai...

- « Et cette écharpe ? » demanda-t-elle au bout d'un moment. « Ça a avancé ? »

Le sourire me revint et j'acquiesçai avant de me précipiter vers le fauteuil que j'avais occupé depuis des heures mais... elle n'était pas dessus... Du coin de l'œil, je vis alors un bout de fil, le suivis et, choquée, je trouvai à mes pieds un tas informe de laine. Je m'agenouillai donc devant et soulevai une bonne partie du tas à la recherche de mon écharpe... mais il n'y avait plus rien... 'NON !' me dis-je intérieurement en fouillant frénétiquement dans le tas de fils... mais rien ! Rien !... Plus rien...

- « Il l'a défaite... » murmurai-je d'une petite voix à peine audible. Sans un mot, je récupérai les aiguilles et, incapable de penser, je laissai mes yeux les regarder fixement.

- « Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda soudainement grand-mère après un grand silence ; je sursautai. « Mary ? » appela-t-elle pendant que je récupérai le tas de laine dans le creux de mes bras.

- « Rien. » répondis-je en me tournant vers elle, un grand sourire aux lèvres.

- « Tu l'as défaite ? » s'étonna-t-elle, les yeux ronds ; j'acquiesçai.

- « J'avais loupé des mailles de toute façon. » argumentai-je. Je n'aimais pas mentir.. mais je ne voulais pas créer encore plus de conflit... je m'entendais déjà mal avec James... alors si en plus je lui rajoutais ça sur le dos... et puis... je savais bien qu'avec la magie instinctive il n'y avait aucune once de contrôle... 'Il ne l'avait pas fait exprès...' m'étais-je dit en me réinstallant dans le fauteuil.

- « On est rentré. » annonça soudainement une voix forte venant de la porte.

- « Ginny ! » s'exclama alors grand-mère qui s'était déjà levée et trottinait faiblement vers tatie.

- « Maman ! » dit-elle en la serrant dans ses bras.

- « Harry ! » l'interpella-t-elle avant de lui faire la bise. « ça fait longtemps que tu n'es pas venu.. » ajouta-t-elle, d'un air ennuyée.

- « Oui, j'ai eu beaucoup à faire au bureau.. »

- « Encore des utilisateurs de magie non-règlementée ? » demanda mamie.

- « Non... » répondit-il avant d'enlever son manteau d'un coup de baguette. « Plutôt des sorciers donnant du Polynectar à des moldus... apparemment il y en a de plus en plus qui veulent se faire passer pour une personne d'un autre... uhm se- » mais tatie lui donna soudainement un coup de coude avant de lui faire un signe de tête en ma direction. « Ah, salut euh- »

- « Marianne » entendis-je vaguement Ginny chuchoter.

- « Euh oui Marianne. » dit-il en se passant une main derrière la nuque. « Comment tu vas ? »

- « Bien, me- »

- « PAPA ! MAMAN ! » hurla tout à coup James qui, comme un boulet de canon, s'écrasa contre le ventre de sa mère. Je sentis un muscle près de mon œil se tirer 'laisse tomber... » m'étais-je dis avant de me souvenir de quelque chose...

- « Dîtes dîtes vous voulez voir co- »

- « Tu ne devrais pas demander pardon à mamie plutôt ? » fis-je remarquer ; le silence tomba sur la maison.

- « Demander pardon ? » murmura Ginny en me regardant. « Pourquoi ? Qu'à-t-il encore fait ? » demanda-t-elle en regardant sa mère, les sourcils d'abord levés puis froncés.

- « J'ai r- »

Hum

ce n'était pas grand chose, mais mamie avait à présent les poings plantés sur les hanches et ses yeux devaient très certainement avoir jeté la pire malédiction sur James car, au moment où il la regarda, il perdit toute contenance et fixa le sol.

- « J-j'ai fait tomber mamie.. » murmura-t-il d'une voix tremblante et à peine audible.

- « Tu as QUOI ?! » s'époumona tatie et tonton d'une même voix.

- « Mais tu te rends compte que sa sciati- » mais elle s'arrêta ; mamie lui avait fait signe de se taire.

- « Tu resteras dans ta chambre ce soir. » déclara grand-mère ; et comme tout ce qu'elle nous disait de faire, c'était comme si une nouvelle loi avait été inscrite au Ministère.

- « Oui mamie... » bredouilla James, les yeux toujours fixés sur le sol ; dans le silence, il quitta les adultes et, avant de monter les escalier vers l'ancienne chambre de tatie, il me lâcha un 'cafard' ; personnellement j'aurais dit 'pense-bête'.

- « Ahhh, il est déjà si tard ! » s'exclama grand-mère. « Vous resterez manger ? » demanda-t-elle, alors que, par magie, elle avait déjà fait venir à elle un livre de cuisine.

- « Je pense que oui... » répondit oncle Harry en regardant tatie, pour son approbation.

- « Bien ! Nous aurons donc... Un ragoût de lièvre. » annonça-t-elle en lançant la préparation de son plat. « Mary ? Tu veux bien aller- »

Mais je ne l'entendais déjà plus, quelque chose avait retenu toute mon attention ; un battement d'aile et un sourire s'étala sur mon visage. Sans rien demander, je sautai du fauteuil, couru vers la sortie et m'arrêtai à une dizaine de mètres de la porte.

J'avais beau me concentrer, je ne voyais rien et, à part le vent dans les hautes herbes et les oiseaux, il n'y avait aucun bruit.

Soudain, quelque chose me cogna le dos ; surprise, je laissai échapper un petit cri aigu.

- « Maman ! » m'exclamai-je alors en me retournant avant de refermer mes bras sur une chose invisible que je savais être une tête. Il ne me fallut alors pas longtemps pour sentir une paire de bras m'entourer et me plaquer contre le tissu qui portait l'odeur que je préférais.

- « Tu m'as manquée... » murmura la voix de maman ; le sourire aux lèvres, je levai la tête vers elle, lui en fit un encore plus grand avant d'enfouir une fois de plus ma tête dans le tissu du tablier qu'elle portait toujours au dessus de sa chemise et robe.

Clac

- « Je suppose que ce n'est pas mon cas... » dit une voix boudeuse juste derrière moi ; je sursautai.

- « Papa ! » appelai-je en me dégageant un peu de maman pour attraper le blouson vert qu'il portait toujours.

- « Ce n'est pas comme si je te voyais même au magasin.. » lança maman, un sourcil levé.

- « Ahhh ! » gémit papa d'un air dramatique en plaquant ses deux mains sur son cœur. « Ne suis-je donc d'aucune importance à vos yeux ? »

- « Mais si, mais si... » le rassura maman en posant une de ses mains sur sa joue. « pour tester la toxicité des nouveaux produits... » ajouta-t-elle avec un sourire innocent avant de tourner les talons et partir dans la direction des autres avec moi.

- « Dis maman. » l'interpellai-je ; elle baissa les yeux vers moi mais je n'eus pas le temps de dire quoi que ce soit, elle avait déjà étendu sa main devant elle et, en quelque seconde, mon balai vint se loger entre ses doigts.

- « Montre-nous ça. » murmura-t-elle en plantant un baiser sur mon front après me l'avoir donné ; j'acquiesçai immédiatement et enfourchai mon balai avant de m'élever d'un mètre dans les airs. Là, je regardai derrière moi et vis que grand-mère ainsi que les autres faisaient dans signes dans ma direction... et grand-père venait de rentrer !

- « Papy ! » saluai-je en lui faisaient de grands signes du bras ; il sourit et me rendit le même geste.

- « Fait attention quand même ! » me cria tante Ginny ; maman elle se contenta de me faire un sourire en coin. Elle avait confiance en moi... et je savais qu'elle ne me laisserait jamais tomber... dans tous les sens du terme.

Sûre de moi, je me penchai en avant sur mon balai et, en un instant, il me propulsa à toute allure vers le ciel qui, peu à peu, se tintait de rose.

Mais ce n'était pas le moment pour moi de regarder le ciel ; mon regard dériva au sol... c'était là que je devais briller ! Seulement, maman n'y était plus... Je fronçai les sourcils, déterminée et une fois de plus j'élançai mon balai encore plus haut... Je ne sentais même plus la chaleur du soleil couchant... seulement le vent qui m'entourait et fouettait mon visage... arrivée tout en haut, je m'arrêtai à l'horizontale et me laissai tomber.

Mes mains glissèrent du bois gris et je perdis pied... il y eu sans doute des cris apeurés, de la colère en bas... mais il n'y en avait pas chez moi... rien que le vent qui m'entourait, qui passait entre et sur mes vêtements, mes cheveux... et les ombres fines que mon balai faisait chaque fois qu'il passait au dessus de moi... Parfois, j'imaginais que c'était maman... je ne pouvais alors que sourire...

Soudain, le son des sauterelles se fit entendre ; c'était le moment ! 'Maman ne m'a pas encore rattrapée... c'est bon signe..' pensai-je en me mordant la lèvre.

Je rouvris les yeux, donnai une impulsion dans mon torse pour le redresser, attrapai mon balai de ma main gauche, le tirai à moi, plaçai mon pied sur le marche pied et tournoyai.

Mon bras ainsi que ma jambe droite fendaient les airs, me stabilisaient pendant que, de toutes mes forces, je me maintenais au manche de bois en regardant le monde tourner autour de moi.

Mais bientôt, le bleu et le jaune furent rejoins par le brun du sol ; ma main droite agrippa le bois pendant que ma jambe droite donnait un grand coup en avant.

Mon balai s'arrêta peu après... lentement et sous les cris... j'étais à deux mètres du sol... assise sur mon balai comme je l'avais été plus tôt...

- « MARY ! » hurla soudainement la voix de grand-mère. « DESCEND IMMÉDIATEMENT, NE REFAIT PLUS JAMAIS QUELQUE CHOSE COMME ÇA ! » ajouta-t-elle après que j'ai mis pied à terre.

- « NON MAIS QUELLE IDÉE ! » s'indigna tonton.

- « Calme... » lâcha alors papa. « Elle ne craignait rien- »

- « RIEN ?! » s'énerva alors Ginny. « COMMENT PEUX-TU ÊTRE AUSSI CALME !? TA FILLE VIENT DE FAIRE UNE CHUTTE DE TRENTE MÈTRES DE HAUT ET TOI TU NOUS RÉPÈTE DE RESTER LÀ À RIEN FAIRE ?! » rugit-elle en le secouant par le col de sa chemise.

- « Madame Weasley... » intervint maman ; mais je ne pouvais la regarder dans les yeux... elle allait sans doute m'interdire de voler jusqu'à l'année prochaine... 'faite que ce soit pas ça !' implorai-je mentalement.

- « ET TOI ?! » s'énerva grand-mère. « OÙ ÉTAIS-TU ?! TA FILLE A FAILLI MOURI- »

- « Elle ne craignait rien... » répéta maman d'une voix calme. « J'étais avec elle. » ajouta-t-elle avant de se planter devant moi.

- « Allez maman ! » dit soudainement papa. « On sait ce qu'on fait ! Ça fait quand même presque onze ans qu'elle est là et bien vivante ! » rit-il ; mais, à part lui et grand-père, personne ne semblait vouloir rigoler... « Ooook, bon, et si on allait à l'intérieur ? » proposa-t-il en tirant sa mère avec lui ; il n'y avait alors plus que moi et maman dehors.

- « Marianne Cedrella Weasley. » appela maman ; je baissai un peu plus la tête... 'adieu balai' pleurai-je mentalement. « Regarde-moi dans les yeux. » ordonna-t-elle d'une voix stricte et plus grave que d'ordinaire ; j'hésitai... laissai mes yeux passer d'un caillou à l'autre puis, timidement, je levai les yeux vers elle ; elle n'avait pas l'air commode...

- « Désolée maman... » murmurai-je, ma voix faible.

- « Est-ce que tu sais ce que je te reproche ? » demanda-t-elle, sur un ton glacial ; je baissai à nouveau la tête.

- « D-d'avoir fait peur à grand-mère... ? » proposai-je ; ça me semblait être la réponse la plus juste... après tout, il ne fallait pas attendre qu'elle aie un problème au cœur pour éviter de la bousculer de trop...

- « Mais encore ? » insista maman ; je réfléchis d'autant plus.

- « J-je sais pas... » répondis-je honnêtement. J'avais pensé lui répondre que j'avais risqué ma vie... mais je savais qu'elle était avec moi dans le ciel tout le temps... je savais qu'elle ne me laisserait pas, malgré ce que les autres semblaient penser...

- « Vu l'exécution de la figure que tu viens de montrer... » commença-t-elle en croisa ses bras sur son torse. « je dirais que tu as passé au moins deux semaines à travailler ton équilibre, ta posture... et que tu as testé la force de tes bras... » énuméra-t-elle avant de me lancer un regard noir. « Tu as passé deux semaines à mettre ta vie en jeu... devrais-je te féliciter pour ça ? » demanda maman...

- « N-non... » murmurai-je, les yeux fermés et la tête presque enfoncée entre mes épaules ; elle soupira.

- « Viens là. » dit-elle en me rapprochant doucement d'elle ; je la laissai faire et finis par poser ma tête contre sa poitrine lorsque ses bras se refermèrent autour de moi. « Je sais que tu aimes voler... mais je me suis fait énormément de soucis... » murmura-t-elle en passant ses doigts dans mes cheveux lentement.

- « Je suis désolée ! » pleurai-je en la serrant dans mes bras de toutes mes forces.

- « C'est bon, c'est fini... » chuchota maman en passant une main sous mon menton avant de me faire relever la tête vers elle. « Mais je ne veux plus que tu fasses ça dans mon dos. » ajouta-t-elle, cette fois-ci, à la fois stricte et souriante ; j'acquiesçai.

Elle hocha de la tête à son tour et se releva ; son ombre cachai déjà le soleil rasant qui m'avait souvent éblouie. Dans le silence, je serrai le manche de mon balai contre moi avant de le lui tendre ; elle me regarda un moment puis approcha une main du manche avant de la poser sur le haut de ma tête.

- « Garde-le... j'ai confiance en toi ma petite sorcière. » sourit-elle avant de m'offrir sa main ; les yeux ronds, il me fallut un moment pour comprendre, mais quand ce fut le cas, je me sentis pousser des ailes. C'était comme.. magique. Elle avait le soleil derrière elle qui éclairait ses cheveux courts... elle ressemblait à cette dame en bleu qu'on m'avait montrée dans le monde Moldu... soulagée de voir qu'elle ne m'en voulait plus, je souris et m'agrippai à ses doigts jusqu'à ce que le repas arrive.

Comme promis, il y eu du ragoût et, comme d'habitude, maman et oncle Harry ne s'adressèrent pas la parole... et James n'arrêtait pas de demander à tante Ginny pourquoi maman avait autant de cicatrices sans compter le nombre de fois où il avait crié haut et fort qu'il serait le meilleur magicien de toute l'école, que personne ne lui arriverait à la cheville, qu'il n'aurait même pas besoin d'étudier... et bien sûr, que, comme son père, il serait à Gryffondor ; la seule maison, qui, selon lui, valait le coup.

J'aurais voulu lui donner un coup de pied sous la table, mais maman m'avait déjà souvent dit que la violence n'appelait que la violence ; j'avais donc gardé ça pour moi.

Toutefois, ça m'agaçait de voir les adultes boire ou juste ignorer ses paroles en hochant la tête passivement... les autres maisons n'avaient-elles donc rien de bon ?

Les Serdaigles ; des rats de bibliothèque coincés.

Les Serpentards ; les méchants.

Les Poufsouffles ; des victimes juste bonnes à être utilisés.

Pourtant, tante Audrey ne passait pas la totalité de son temps à lire et, même si elle connaissait toutes les lois et règlements du ministère sur le bout des doigts, elle n'en était pas moins drôle et maladroite !

Et les Serpentards ; Merlin était à Serpentard ! Serverus Rogue aussi ! Et le professeur Slughorn.. tous étaient des figures de la magie ! Ambitieux, certes, mais bienfaisants !

Et maman. Maman, était à Poufsouffle ! Et elle a combattu pendant la guerre ! Elle s'est battue, elle a vaincu et n'a jamais laissé tomber ses amis! Elle n'a jamais laissé tomber papa, ni oncle George ! C'est une sorcière puissante ! Jamais personne n'aurait eu la possibilité de l'utiliser comme un vulgaire objet !

Mais de toute façon, je n'aurais sans doute pas à le supporter longtemps ; nous étions trop différents pour finir dans la même maison... et nous n'aurions plus à attendre longtemps ; nos lettres étaient sensées arriver demain matin directement de Poudlard et une fois les vacances finies, nous serions envoyés chacun dans notre maison... mais si c'était à Gryffondor... et si le Choixpeau nous mettait dans la même case ? Après tout, tous les Weasley étaient à Gryffondor...

- « Dis maman ? » appelai-je alors que je déposai mon grimoire sur ma table de chevet ; elle se tourna vers moi. « T-tu penses que j'irais dans quelle maison ? » demandai-je en triturant mes doigts ; je ne voulais pas aller avec James.

- « Ça t'angoisse tant que ça ? » demanda-t-elle en s'asseyant sur le bord du lit. « C'est d'être avec James qui te fait peur ? » ajouta-t-elle au bout d'un moment.

- « Je sais pas... J- » commençai-je en essayant de rendre mes pensées plus lisibles. « J'ai- j'ai pas envie qu'on me prenne pour lui ! » bégayai-je d'un coup ; je relevai alors la tête et vis qu'elle me regardait avec un sourcil levé. « Non c'est- »

- « Tu ne veux pas que les autres pensent que tu es comme lui ? » murmura maman ; mes yeux s'écarquillèrent... elle avait compris et j'acquiesçai.

Un long moment de silence s'en suivi et, perdue dans mes pensées, je me recroquevillai avec mon grimoire contre moi. Une main vint alors me caresser le dos ; je fermai les yeux et la laissai me calmer.

- « Ne t'en fais pas... » me murmura-t-elle. « Tu n'as pas besoin d'avoir peur de ce que les autres vont te dire ; après tout, il n'y a que les actions qui définissent qui tu es... » murmura-t-elle, les yeux dans le vide. « La couleur de ta cravate ou le label que les gens te donnent n'a pas grand chose à voir avec ça... »

- « Mais les gens se fient aux apparences ! » insistai-je, toujours recroquevillée sur moi-même.

- « Il est vrai que, si une marmelade, aussi délicieuse soit-elle, est conservée dans un bocal sur lequel on a inscrit 'poison', elle n'aura pas autant de succès... mais imagine tout ce qu'elle pourrait faire. » dit-elle. « Imagine, la surprise lorsqu'elle se révélera aux quelques curieux qui lui ont donné une chance... ou à ceux à qui, certains pensaient faire un cadeau empoisonné... » ajouta-t-elle. Mais, plus elle parlait, moins j'avais le sentiment de la suivre... J-je ne comprenais pas vraiment toute cette histoire de marmelade empoisonnée...

- « Bref. » dit-elle rapidement lorsqu'elle me regarda. « Tu es toi et personne d'autre, et ce n'est pas aux autres à te dire qui tu dois être. » simplifia-t-elle. « S'il y a bien un choix qui n'appartient qu'à toi, c'est celui-là. » ajouta-t-elle en passant le dos de ses doigts contre ma joue ; ils étaient aussi doux que son sourire malgré les cicatrices... je ne faisais que boire ses paroles, m'en imprégnais... je ne pouvais que la remercier... que la suivre... lui donner la main et regarder ses yeux dorés pour ne pas me perdre dans mes pensées... pour ne pas broyer du noir...

- « Allez, c'est l'heure de dormir. » dit-elle finalement après avoir placé un baiser sur mon front. « Tu devras être en forme demain, le courrier arrive à sept heure pile ! » ajouta maman avant de se lever de lit et se diriger vers la sortie.

- « Bonne nuit, maman. » dis-je haut et fort, toujours enfouie sous ma couverture.

- « Bonne nuit, Anny. » répondit maman avant d'éteindre puis fermer la porte.

Le lendemain, je me levais à cinq heure, en même temps que le soleil, et préparai tout ce que je pouvais pour le petit-déjeuné. Toasts, marmelade, beurre, harengs, papa les adorait mais je ne savais pas qui voudrait des œufs...

- « Mary ? » s'interrogea grand-mère. « Eh bien ! Tu ne dois pas tenir ton côté lève-tôt de ton père ! » rit-elle en faisant venir à elle une poêle ainsi que des œufs et du bacon. « Allez, va chercher les autres, mais fais attention, Albus avait un peu mal au ventre hier soir... »

- « D'accord ! » répondis-je avant de monter les escaliers lentement. Un à un, je les réveillai et pris grand soin de ne pas trop secouer Albus, ni Lily... par contre...

- « ALLEZ DEBOUT ! » m'exclamai-je en ouvrant bien grand les volets de la chambre où dormait James. Ce n'était pas par pure méchanceté ou même parce que je lui en voulais de tout ce qu'il avait dit comme âneries... mais parce que je savais que les réveils en douceur ne servaient à rien avec lui...

- « Laisse-moi tranquille ! » grogna-t-il en s'enroulant dans sa couverture ; je la lui arrachai des mains.

- « Mamie a dit de se lever alors ; DEBOUT ! » insistai-je en sortant avec la couverture de la pièce.

- « RENDS-MOI MA COUVERTURE ! HEY ! REVIENS LÀ ESPÈCE DE- »

- « James ! » menaça grand-mère ; il serra immédiatement les poings ainsi que les yeux et sa bouche puis me lança un regard noir avant d'aller vers elle pour l'aider.

- « Dis mamie ! » appela soudainement Albus qui était déjà assis à table avec Lily. « Les lettres vont vite arriver ? » demanda-t-il d'une voix pâteuse en se frottant les yeux.

- « Bien sûr ! C'est comme ça chaque année... sauf quand nous avions encore Errol, bien sûr... » marmonna-t-elle d'un air agacé.

- « Moi je l'aimais bien Errol. » gémit Lily en baissant la tête.

- « Moi aussi... » murmurai-je en lui passant un bras autour des épaules. « Mais il est bien mieux maintenant... tu te rappelles comme il était quand il ne pouvait plus voler ? » lui demandai-je doucement ; elle hocha la tête, tremblante, tout comme Albus.

- « Il était trop bruyant ! » lança James ; Lily sanglota de plus bel.

- « Et toi tu n'l'es pas peut-être ? » grognai-je entre mes dents pendant que j'essayais de calmer la gamine.

- « Moi au moins j'dis c'que j'pense ! » rétorqua-t-il en se levant de sa chaise.

- « Tiens c'est nouveau ça, je savais pas que tes neurones en étaient capables ! » rétorquai-je en mimant sa posture.

- « HYPOCRITE ! » hurla-t-il.

- « GRANDE GUEULE ! » lançai-je.

BAF

Un peu sonnée, je frottai l'arrière de ma tête ; un livre de cuisine venait de me heurter.

- « JAMES SIRIUS POTTER ! MARIANNE CEDRELLA WEASLEY ! TOUS LES DEUX ; DÉGNOMAGE ! » rugit grand-mère sur le ton le plus lugubre que j'avais jamais entendu.

- « MAIS C'EST EL- »

CHLAC

Un couteau venait de se planter dans la table juste à côté de la main de James ; je ne me fis pas priée et sortis immédiatement en ne prenant même pas la peine de fermer la porte !

Je m'arrêtai dans l'arrière coure, totalement essoufflée et les yeux brûlés par la sueur froide qui me gouttait le long du front. 'Je déteste quand elle nous envoie ses ustensiles... ' pensai-je à voix haute en me redressant ; de là où j'étais, je voyais déjà quelques crânes chauves se balader dans les herbes hautes... Mais pas la moindre trace de James...

- « Tire-au-flanc... » vociférai-je en m'enfonçant d'un pas colérique dans la grange où je trouvais pas moins de quatre Gnome.

- « FISHMOILAPAAAAAAAAAAAAAIIIIIIIIIIIIIX ! » hurla le septième après que je l'ai fait tourner sur place puis jeté par dessus la clôture.

Je détestai le dégnomage... c'était d'ailleurs bien la seule chose que je n'aimais pas dans ce monde ! La magie, les balais, le mystère, les créatures à la fois fascinantes et dangereuses... il y avait tellement de choses qui remettaient en question tout ce que les Moldus apprenaient à l'école et chez eux en général... 'J'aurais quand même pu me passer des Gnomes...' me dis-je en frottant frénétiquement mes mains contre mon jean en espérant me débarrasser de la sensation des pieds froids et velus de ces saletés ; pire que des morts !

- « MARYYY ! JAMES ! » appela soudainement la voix lointaine mais forte de grand-mère. Sans trop me presser, je retournai dans la cuisine et, à ce moment là, le sourire revint sur mon visage ; les lettres venaient d'arriver !

Et tout le monde était là ! … même James. Je passais à côté de lui, l'air de rien, mais je n'avais qu'une envie ; dire à grand-mère qu'il n'avait rien fait...

- « Anny, tu viens chercher ta lettre ? » demanda tout à coup la voix de maman ; je ne me fis pas priée et me précipitai vers la table où toutes les lettres et magazines se trouvaient... 'Mhhhh... AHA !' me dis-je après avoir soulevé la Gazette du Sorcier.

La fameuse lettre, le cachet rouge dont maman m'avait si souvent parlé... enfin, j'avais insisté fortement pour qu'elle m'en parle... mais tout était là ! Sans attendre, je brisai le sceau, sortis la lettre et me mis à lire.

- « Eh ! Où est ma lettre ?! » s'exclama soudainement James ; je relevai la tête.

- « Elle est là... » répondis-je en la lui tendant ; les yeux toujours à la recherche de la mienne.

- « AH ! » se réjouit-il en m'arrachant presque le papier des doigts. « EH ! C'est pas juste ! T'as brisé le sceau ! » s'indigna-t-il.

- « Allons mon chéri, » commença tante Ginny. « Lit-nous ce qu'il y a d'écrit. » demanda-t-elle, clairement pour le faire penser à autre chose... en même temps, en enflant son ego, ça ne pouvait que marcher...

Cher M Potter,

Dix lettres étaient arrivées ;

Nous avons le plaisir de vous informer que vous bénéficiez d'ores et déjà d'une inscription au Collège Poudlard.

Deux du Ministère.

Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages et équipements nécessaires au bon déroulement de votre scolarité.

Une d'oncle Percy.

La rentrée étant fixée au 1er septembre, nous attendons votre hibou le 31 juillet au plus tard.

L'autre d'oncle Charlie.

Veuillez croire, cher M Potter, en l'expression de nos sentiments distingués.

Ah, une brochure pour de Fleury et Bott ; offres pour la rentrée.

Minerva McGonagall

Une de tante Hermione...

Directrice

- « Maman. » appelai-je en relevant les yeux de la table, les lettres encore dans les mains. « T'as vu ma lettre quelque part ? » demanda-je ; elle me regarda étrangement puis papa.

- « Freeeed ! » menaça-t-elle.

- « Quoi ?! » s'exclama-t-il en se reculant dans sa chaise. « C'est pas moi le cafard dans la confiture ! » se défendit-il ; mais maman ne fit que froncer les sourcils un peu plus.

- « La lettre d'Anny. » dit-elle en tendant sa main vers lui ; je me mis à rire intérieurement. Papa m'avait déjà fait le coup plusieurs fois.

- « Mais je l'ai pas. » répondit-il, un sourcil levé.

- « Fred ! »

- « Mais c'est vrai ! » insista-t-il en reposant sa tasse sans faire attention ; il en renversa une bonne partie.

Je ne ris pas et, un peu stressée, je plongeai sur le sol pour voir si, par hasard, elle n'était pas tombée sous la table, mais il n'y avait d'une vieille revue de Quidditch !

- « Accio lettre de Poudlard ! » prononça maman pendant que je ré-émergeai de dessous la table ; rien ne vint dans sa main...

Mon regard était, à la fois vide, et flouté par les larmes qui commençaient à me monter aux yeux...

- « Alors Mary tu veux bien nous l- » commença grand-père. « Dîtes, vous en faites une tête tous les trois ! » rit-il d'un air dégagé.

- « J-j'ai pas ma lettre... » murmurai-je, les bras ballants.

- « Anny ! » dit tout à coup le voix de maman ; je levais à peine la tête. « La lettre doit avoir été envoyé chez nous. » me rassura-t-elle, un sourire aux lèvres. « Papa et moi allons la chercher, d'accord ? » annonça-t-elle avant de disparaître dans un claquement sonore.

- « Attends-nous, on sera là rapidement ! » ajouta papa avant de disparaître de la même façon.

Eh bah ! Votre hibou est encore plus nul qu'Errol-

Grand frère arrête !

Je n'avais fait que hocher de la tête lentement, mais il n'y avait déjà plus personne devant moi... Alors j'obéis et, le regard fixe, je me laissai tomber sur la chaise en bois qui était derrière moi.

Et j'attendis... les yeux rivés sur la porte d'entrée qui devenait soit plus sombre, soit plus clair selon l'endroit d'où éclairait le soleil... De temps à autre, je la voyait aussi bouger, puis des bruits sourds allaient de part et d'autre... puis parfois, de la poussière tombait d'en haut et devant mes yeux...

On la laisse comme ça ?

Mamie je peux lui parler ?

Plus tard, il y eu plus de bruit, plus de lumière par la porte, parfois moins... mais pas de 'claquement'... pas de transplanage... il n'y avait ni papa ni maman... et toujours de la poussière... mais maintenant, la lumière se faisait moindre, tellement que d'autre apparurent là où il n'y en avait plus...

Mary

Mary

Mary

Mary

Mary

- « Mary ? » appela soudainement quelqu'un.

- « Hm... » dis-je sans enlever mes yeux de la porte.

- « Mary... tu devrais aller dormir au moins... » ajouta-t-elle en me caressant la tête ; je ne répondis rien et elle soupira. « Je viendrais te prévenir s'ils reviennent ; d'accord ? » proposa-t-elle au bout d'un moment ; je ne répondis pas et continuai à fixer la porte.

- « Je vais me brosser les dents... » marmonnai-je au bout d'un moment avant de me lever de ma chaise et, avec difficulté, je me détournai de l'entrée pour me diriger vers l'escalier et me préparer pour aller au lit.

Dors bien...

Entendis-je avant d'atteindre le premier étage.

- « Merci, toi aussi... » avais-je répondu d'une voix étouffée en poussant la vieille porte de la salle de bain. Je m'avançai vers l'évier, pris ma brosse à dents, mis mon dentifrice, et commençai à frotter.

Je ne savais pas pourquoi, mais j'avais l'impression de ne plus être entière... j'avais l'impression d'être comme vidée... peut-être le sommeil, peut-être que je me fais juste du soucis... mais je n'avais pas à m'en faire. Maman avait déjà fait bien plus, elle avait déjà réussi bon nombre de chose plus complexes, avait surmonté tant d'obstacles, survécu et combattu pendant la Grande Guerre... elle trouverait la lettre. 'Peut-être que la chouette s'est perdue, peut-être qu'ils sont à Poudlard en train de régulariser tout ça avec la directrice...'

- « MH ! » m'exclamai-je en laissant tomber ma brosse à dents dans l'évier ; du sang. Immédiatement, ma main se précipita à ma bouche et, lorsque je la présentai à mes yeux, je vis qu'il y avait du rouge dessus... Je fis couler l'eau, nettoyai, rangeai ma brosse à dents et allai, dans le noir, vers la vieille chambre d'oncle Ron ; la lumière était toujours allumée en bas... mas pas un bruit... Je continuai et me couchai directement sur le lit que j'avais fait ce matin ; la Goule avait commencé à taper sur les tuyaux...

Je regardais à présent le plafond, entendais les frappes sur les tuyaux et la poussière qui glissait d'entre les planches... Je ne savais pas quelle heure il était, mais je n'avais rien pour savoir ; le ciel était déjà couché, tout le monde dormait encore, mon vieux réveil était mort... je n'avais rien en tête non plus... juste le goût désagréable du sang dans la bouche... Et au final, je me focalisai là dessus, je passais ma langue contre, 'm'amusais' à essayer de l'empêcher de couler dans ma gorge... mais c'était peine perdue... il fallait bien déglutir... La Goule venait d'arrêter son vacarme...

Clac

Mes yeux allèrent vers la porte sur ma gauche ; quelqu'un ? J'entendis alors des pas en bas, puis des voix, mais bien trop étouffées... Je voulus alors me lever, mais les voix devinrent d'un coup plus fortes.

TU NE VAS PAS LUI DIRE ÇA !

Mais après, plus rien... et, quelques minutes plus tard, les pas montèrent l'escalier et la porte s'ouvrit.

- « Anny ? » appela alors la voix un peu étouffée de papa ; je m'assis sur mon lit et le regardai avancer vers moi...

Il paraissait étrange.

- « Papa ? » appelai-je à mon tour lorsqu'il arriva près du lit.

- « Mh ? Ah euh oui, c'est moi, ton père, le GRAND FRED WEASLEY qui vais te faire l'honneur de te dire 'bonne nuit' ! » annonça-t-il en mettant une main sur son torse et l'autre tendue, haut dans les airs...

- « Euh papa... vous avez trouvé ? » demandai-je d'une petite voix en le regardant. « Est-ce que c'est maman qui va la ramener ? C'est la chouette qui s'est perdue ? » ajoutai-je.

- « Mhm ! » acquiesça-t-il en me donnant une pichenette sur le bout du nez. « Mais maintenant, faut aller au lit ; c'est à maman et moi de régler ça. » ajouta-t-il en m'embrassant le front ; c'était mouillé. « Allez, si tu veux pas faire concurrence aux cernes de ta mère ; va dormir ! » rit-il en me faisant planer dans les airs avant d'ouvrir puis refermer la couverture sur moi quand j'eus atterri sur le matelas.

- « Hey ! » protestai-je en me débattant contre la couverture qui, à présent, m'empêchais de trop bouger.

- « Dors, crapule ! » ajouta-t-il en me faisant les gros yeux, mais rit avant de trottiner comme un enfant vers la porte puis me faire une grimace... Je ne pus m'empêcher de rire un peu avant de rouler sur mon dos... Alors j'avais raison, maman allait la ramener, maman allait revenir avec la lettre...

Mais cette nuit là, je ne parvins pas à dormir... ou dû moins, je ne voulais pas dormir... je ne voulais pas fermer les yeux car, tout ce que je voyais derrière mes paupières, c'était un papier blanc qui allait plus loin chaque fois que je voulais l'attraper... sinon, tout était noir... en fait, je voyais pas mes doigts, pas mes mains... Alors j'ai attendu le soleil, et quand il s'est levé, je suis sortie du lit, j'ai marché et je suis retournée sur ma chaise où j'ai encore attendu.

Au bout d'un moment, j'ai alors entendu des bruits de pas venir d'en haut. Je me suis retournée ; papa ! Je me suis levée et j'ai couru vers lui et entre les autres qui étaient descendus avant.

- « Bonjour pap- » j'étais agrippée à sa chemise mais, en levant la tête, je m'arrêtai ; il avait des cernes noirs autour d'yeux rougis et gonflés... « papa ? » questionnai-je.

- « Hey ! Comment va ma petite gargouille ?! » s'exclama-t-il en me prenant sous les bras avant de me soulever.

- « James, tu iras t'habiller après le déjeuner ; on va aller au Chemin de Travers... » entendis-je tante Ginny dire.

- « On y va nous aussi ? » demandai-je avec espoir.

- « Pas aujourd'hui... » répondit-il en un soupire... il semblait chercher ses mots...

- « Et si vous me faisiez visiter un magasin Moldu ?! » proposa immédiatement grand-père, les yeux pleins d'étoiles ; je ne pus qu'acquiescer... mais j'avais peur... peur d'y rester coincée... dans le monde des Moldus... Mais c'était peut-être là que maman nous retrouverait...