Chapitre 1

Vendredi 19 Septembre

Comme tous les vendredi soir depuis 10 ans, Elisabeth Bennet se rendait à son entrainement d'athlétisme au club d'Anton, Une petite ville située au sud de la Région parisienne.

Le stade avec sa pelouse verte et son anneau rouge était entouré de rambardes blanches dont se servaient les athlètes pour s'étirer. Il était composé d'une tribune de 200 places environ et de deux vestiaires isolés à une trentaine de mètres de la piste. L'ensemble du complexe était cerner par la célèbre forêt de Fontainebleau qui permettaient aux coureurs de s'échauffer dans de bonnes conditions.

Jane, sa fidèle amie du stade l'attendait devant un grand portail sombre qui servait d'entrée principale. Lizzie munie d'un sac à dos quicksilver et d'un petit sac portant ses pointes-chaussures spéciales comportant des clous en dessous optimisant la vitesse- marchait d'un pas rapide vers la jeune femme aux boucles blondes.

Arrivée à sa hauteur Jane prit la parole pour la taquiner

« Ben dit donc tu m'as l'air pressée, serais-tu impatiente à l'idée de t'entraîner aujourd'hui ? »

Et Lizzie tomba dans le piège

« En réalité je me dépêche de commencer pour finir plus tôt et pouvoir rentrer chez moi » répondit Lizzie au quart de tour

Lizzie ne digérait toujours pas le comportement de Joey l'entraîneur du groupe sprint.

Depuis un an environ, il les avaient elle, Jane mais aussi d'autres athlètes laissaient littéralement tomber pour s'occuper pleinement de jeunes filles beaucoup plus intéressantes sur le plan physique et athlétique.

Jane sourit et reprit plus sérieusement

« Ne te braque pas, j'essaye de positiver. Moi non plus je ne suis pas heureuse de m'entraîner toute seule, pendant que notre soit-disant entraîneur ne s'occupe que d'un groupe de sprinteur » Dit-elle d'un ton amer

« Et flirte avec des filles qui ont la moitié de son âge ! » Rajouta Lizzie, un sourire crispé sur les lèvres

« Tu exagères ! Quand même pas flirter ! » Protesta Jane

Jane était très déçu par l'attitude de Joey mais ne pouvait ou plutôt ne voulait pas croire que leur entraîneur qui avait la trentaine puisse draguer de jeunes filles de 16-18ans. Pourtant Lizzie le savait elle le voyait, d'ailleurs il n'était pas le seul à tomber dans les filets du jeune groupe de sprinteuses prometteuses. De nombreux hommes du club ne leur voyaient que des atouts: jolies, sportives, populaires et à la pointe de la mode.

Déjà en tenue, elles se dépêchèrent de partir pour le footing, s'exilant dans les sentiers de la proche forêt.

« C'est quoi t'as séance ce soir ? » Demanda Jane tout en courant

« Je n'en sais rien, Joey ne prend même plus la peine de me faire de plan d'entraînement maintenant » répondit Lizzie

« Je ne sais pas pourquoi mais ça ne m'étonne pas, tu dois avoir le même genre de séance que la mienne » fit Jane

« Oui sûrement sauf que toi il y a des haies en prime » répondit Lizzie

Lizzie pratiquait le 400m, le mythique tour de piste. Sûrement l'épreuve la plus éprouvante car elle est à cheval entre le sprint et l'endurance. Elle requiert, en plus de la puissance physique, une capacité de résistance à la fatigue et à la douleur, ainsi qu'une gestion optimale de la fréquence de course.

Passionnée par les haies, Jane en faisait depuis trois ans, commençant par des courtes distances pour finir sur le 400m haies. La même distance que Lizzie mais cette course nécessitait une grande technique de franchissement et un nombre précis de foulées entre chaque haies.

« En tout cas je suis sur qu'on irait à la perche, il ne le remarquerait même pas ! » déclara Lizzie

Jane approuva en souriant

Le footing l'ayant calmée, Lizzie passa le portail et se dirigea vers son sac posé à une quarantaine de mètres de l'entrée.

Jane sur ses talons l'entendit soupirer, elle leva la tête et vit la raison du désespoir de son amie.

Trois filles aux talons aiguilles aiguisé et aux tenues à la limite du provocant étaient plantées sur la piste rouge face au coach Joey et au président de club, Mr Debon. Un homme simple avec des lunettes bleus assez grossières.

Passant derrière les trois pin-ups, Lizzie jeta un coup d'œil vers Joey espérant un sourire ou un signe. Elle gardait malgré tout un grand respect pour l'homme qui l'avait entraîné durant quatre ans.

En vain. Adossé à une rambarde blanche, les bras croisés Joey écoutait silencieusement le président lui parler.

Jane et Lizzie s'échangèrent un regard surpris à la vue des trois jeunes sprinteuses qui ne soufflaient mot elles aussi, ce qui était pour ainsi dire extrêmement rare.

« A mon avis si elles se taisent comme ça c'est qu'il se passe un truc important » déclara Jane

Lizzie ne pus répondre car ces même filles se jetèrent l'une sur l'autre en gloussant bêtement.

Le silence n'aura durée que deux minutes.

« Il leur a sûrement annoncé qu'il allait troquer les traditionnels shorts de club par des strings à dentelles » commenta Lizzie le sourire aux lèvres

« Wesh ! elles vont se calmer les hystériques ! » s'écria une fille au look de garçon manqué, une casquette de rappeuse en travers de la tête, un petit débardeur contrastant avec un pantalon plutôt large.

Elle venait de rejoindre lizzie et jane d'un air super énervé, celles ci ne purent se retenir et se mirent à rire de la remarque de Sandra. Du haut de ses 15 ans, cette jeune fille au visage rond dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas même si cela peut être blessant.

« Elles ont vraiment des problèmes ces filles ! » Lâcha t-elle.

A la vue des deux coureuses de 400m, Sandra délaissa son regard noir pour un large sourire

« Non mais c'est vrai, avec leur cris de p***** j'entends même plus ma musique » fit Sandra énervée

Elle enleva les écouteurs de ses oreilles et les montra aux deux filles tout en parlant.

« Je crois qu'on ne peut plus rien faire pour elles malheureusement » dit Lizzie d'un ton dépité

Lundi 22 Septembre

Le bac en poche, Elizabeth entamait sa première année à la fac. Elle prenait le bus et le train tous les jours, de son palier aux portes de l'université elle en avait pour 1h30 de trajet soit 3h par jours. Sans compter les jours -Lundi,mercredi,vendredi- où elle s'entraînait, elle devait reprendre le bus pour se rendre au stade et attendre de longs moments l'arrivée des transports en commun. Bref elle perdait des heures dans les transports, cela était très épuisant. Vous allez me dire alors pourquoi elle continu à s'entraîner si son coach ne la voit même plus et qu'elle est déjà suffisamment crevée en rentrant des cours ? C'est simple, elle a toujours pratiqué l'athlétisme, et au delà d'être une passion cela lui permettait de se défouler. Ainsi elle se sentait mieux et arrivait davantage à se reposer la nuit.

Lundi soir, debout sous l'arrêt de bus et serrée contre une dizaine de personnes, elle regardait la pluie. De grosses gouttes s'écrasaient sur ses chaussures et traversaient la toile rendant ses chaussettes trempés.

Quelle région de m*** ! pesta t-elle intérieurement

Devant Lizzie une vieille dame cherchait désespérément un endroit pour se protéger de la pluie. Visiblement elle voulait prendre le bus mais il ne restait plus de place sous l'arrêt où la jeune femme se trouvait. Tous le monde voyaient la dame mais personne ne bougeait pour lui laisser sa place. Lizzie lui céda sa place et se retrouva maintenant sous la pluie.

« Merci Merci beaucoup Mademoiselle, c'est très aimable de votre part » la remercia la vieil dame réellement touchée

« C'est normal madame » dit-elle assez fort pour faire culpabiliser tous ceux qui n'avaient pas bouger un pouce « C'est inadmissible que je sois la seule à vouloir lui céder ma place » rajouta t-elle très énervée

Puis elle lança un ultime regard noir avant de courir s'abriter sous un arbre.

Avant qu'elle n'est put l'atteindre elle fit presque renversé par une voiture qui freina juste à temps.

Le conducteur ouvrit sa fenêtre pour s'enquérir de l'état de la jeune femme.

« Tout va bien mademoiselle ? »

Lizzie jeta un coup d'œil à son jean, Ce n'en était plus un. Trempé comme une éponge, sali par le par choc de la voiture sur lequel elle était appuyé et déchiré par la pluie au niveau des chevilles.

« Oui ça va, même si ça pourrait aller mieux »

Elle leva la tête, un petit sourire au coin des lèvres, essayant de relativiser.

Les deux jeunes gens se reconnurent instantanément

« Lizzie ! c'est toi que j'ai failli tuer ! » dit le jeune homme aux cheveux clair

« Charles ! » Fit lizzie surprise

« Monte. Je vais au stade. »

Charles était un sauteur en longueur du club, avec de bons résultats. Elle ne le connaissait pas vraiment mais c'était toujours très bien entendu avec lui lors des compétitions. Il était gentil et souriant avec tout le monde, Lizzie ne lui connaissait aucun ennemis.

« Alors qu'est-ce qui t'amène à la gare ? » Questionna Lizzie

« J'ai acheté un billet Toulon-Paris en ligne mais j'ai du l'échanger »

« tu reprends déjà des vacances? » Dit-elle un sourire aux lèvres

Lui aussi sourit

« J'aurai bien aimé quand on voit le temps mais je ne fais qu'un aller-retour »

« Ah oui pourquoi ? » Demanda t-elle spontanément.

Se rendant compte qu'elle posait trop de questions personnelles,elle reprit aussitôt:

« Désolée je suis un peu trop curieuse »

« Non ça va. Je vais chercher mon frère, il va venir vivre chez moi un moment » lui informa Charles

« C'est étrange » dit Lizzie

« Pourquoi? » Demanda Charles ne voyant pas où Lizzie voulait en venir

« Il doit vraiment aimer la pluie et le froid » révéla t-elle très sérieusement

Charles éclata franchement de rire

« En tout cas toi tu sembles aimer » se moqua t-il en regardant ses cheveux dégoulinant d'eau

Elle fronça les sourcils, faussement offensée. Puis pour se venger elle secoua ses cheveux si bien que Charles fut fortement éclaboussé.

En voyant sa tête trempé dans le rétroviseur il s'arrêta sur le bas côté, faisant semblant d'être fâché. Il descendit et ouvrit le coffre. Intriguée Lizzie le suivi, il s'était arrêté de pleuvoir et elle avait déjà bien séché. Quand elle l'eut rejoint, Charles brandissait une bouteille d'eau vers elle. Elle comprit aussitôt et couru vers la forêt à toute jambes.

Elle était agréablement surprise de la façon dont Charles se comportait avec elle.

Ils avaient l'air d'amis de longue date.

« Non Charles ! Pas avec de l'eau minérale ! » cria t-elle quand il l'eut rattrapé

Heureuse de la tournure que prenait la fin de sa journée qui avait si mal commencé, Lizzie laissa Charles finir l'eau de sa bouteille inonder ses cheveux.