Disclaimer : l'univers de Stargate atlantis ne m'appartient pas et je ne retire aucun bénéfice pécuniaire de cette fiction.
Meredith Rodney Mckay
Partie 1
Meredith Mckay était un petit garçon de sept ans maigrelet et pâle. Pourtant il n'était pas laid. Au contraire. La douceur de sa peau claire était accentuée par la finesse de ses traits et par son regard d'un bleu qui avait capturé tous les océans de la terre. Si ses cheveux courts avaient été blonds et non châtains, il aurait été aisé de le comparer à un ange tel qu'on en voit dans les livres d'images. Mais cela, Meredith ne s'en rendait pas compte car personne ne lui avait jamais dit. Quant à lui, il ne lui serait jamais venu à l'idée que l'on puisse le trouver beau.
Canadien, il vivait dans une petite ville de quelques dix milles habitants située au nord-est d'Edmonton en Alberta. Sa maison se situait dans un quartier tranquille et plutôt huppé. C'était même l'une des maisons les plus grandes de la rue et évidemment, Meredith n'en était pas peu fier.
Son père, Henri Mckay était un physicien de renommée mondiale qui obtenait de nombreuses subventions pour ses diverses recherches, les principales lui provenant de la base militaire située au sud des quartiers habités. De ce fait, le scientifique travaillait principalement pour le gouvernement. Ce qui ne l'empêchait pas de donner des conférences à travers le monde et de gagner amplement sa vie par le biais de la publication d'articles dans diverses revues. Il n'était que rarement à la maison et Meredith attendait toujours avec impatience son retour. Pas tant pour les souvenirs et les histoires que celui-ci ramenait avec lui mais parce qu'il aimait son père autant qu'il l'admirait.
Et puis, lorsque Henri Mckay n'était pas à la maison, le garçon restait seul avec sa sœur et sa mère. Il aimait beaucoup sa petite sœur, Jeannie. Là n'était pas la question. Mais elle avait quatre ans de moins que lui et ils ne pouvaient pas partager de nombreux jeux.
Quant à sa mère, Maria, il ne passait pas énormément de temps avec elle. Meredith savait qu'elle avait travaillé autrefois mais il était incapable de dire dans quel domaine. De ce qu'il avait entendu, elle occupait un poste important qu'elle avait du quitter peu avant sa naissance. Cette cessation d'activité n'avait rien à voir avec une volonté de s'occuper à temps complet du nouveau-né, elle avait simplement suivi son mari lorsqu'il avait reçu une proposition pour diriger un projet pour l'armée. Projet dont Meredith n'avait aucune idée de la teneur. Il savait seulement que son père y travaillait depuis sept ans.
Ce dernier était d'ailleurs partit la semaine précédente aux Etats-Unis pour présenter une théorie sur l'utilisation des flux énergétiques contenus dans l'air. Ou quelque chose d'approchant.
Quand Meredith rentrerait à la maison après l'école, il n'y aurait que lui, Jeannie et sa mère. Il se demandait ce qu'il préférait : passer la journée à se tourner les pouces en cours ou retrouver l'ambiance maussade qui l'attendait, passé le seuil de la porte d'entrée.
Un léger choc gluant sur sa nuque l'incita à penser qu'il serait peut être mieux chez lui à cet instant précis. Il était assis à l'avant dernier rang, près de la fenêtre et il fallait que la seule personne assise derrière lui soit une adepte des boulettes de papier mâché.
Meredith entendit le souffle de son camarade de classe dans le tube qui avait été stylo dans une vie antérieure avant de sentir le morceau de papier humide se coller dans ses cheveux. Il y passa la main pour déloger l'intrus mais quand ce fut fait, il l'immobilisa à quelques centimètres de son crâne tandis qu'une grimace de dégoût se formait sur ses lèvres à cause de la salive qui lui recouvrait les doigts. Une seconde de trop. La voix de la maîtresse résonna comme un glas dans sa tête.
- C'est très bien Meredith ! Viens nous réciter cette fable de La Fontaine.
Le visage du petit Mckay passa à une vitesse incroyable du blanc le plus blanc au rouge le plus vif en passant par une teinte verdâtre qui témoignait du fait que la seule pensée de se rendre au tableau le rendait malade. Il se leva néanmoins sous les regards étonnés des autres élèves qui n'avaient pas l'habitude de le voir lever le doigt pour répondre ou réciter quoi que ce soit.
Tremblant d'appréhension, Meredith essayait de calmer le flux de pensées qui le traversaient en provoquant un chaos innommable dans son esprit. Après tout ce n'était pas compliqué. Il l'avait lu cette fable ridicule. Il y avait quoi ? Une vingtaine de vers seulement. Seulement… Mais pourquoi ce français avait-il écrit autant de lignes sur un lion et un rat ? Il fallait qu'il se rappelle. Ca parlait d'un rat qui sauvait un lion…
Cela ne faisait pas bien longtemps qu'il était là, debout devant le reste de la classe, à regarder dans le vide. Pour être plus précis il fouillait sa mémoire à la recherche de ces vers qui lui avaient paru sans aucun sens mais qui dans sa situation auraient pu lui servir. S'il les avait appris. Enfin, pour tous les témoins de la scène, cela revenait à regarder le vide.
Les premiers enfants commencèrent à ricaner avant d'éclater franchement de rire, vite imités par tous les autres, incluant ceux qui n'étaient pas particulièrement méchants. L'être humain s'est toujours montré plus idiot en groupe que pris individuellement.
Et malgré l'intensité des rires, Meredith entendit le soupir poussé par la maîtresse. Du désespoir probablement. Il l'aimait bien la maîtresse avec son joli visage, ses yeux verts, ses cheveux blonds coupés courts et le sourire qui ne quittait que rarement son visage. C'était malheureusement l'un de ces moments et rien que l'expression attristée de la jeune femme lui donnait envie de pleurer. Mais pas une larme ne s'échapperait tant qu'il se trouverait devant tout ce monde.
Il avait l'habitude que l'on se moque de lui et avait appris à ignorer les autres enfants. Mais que la seule personne qui fasse entrer un peu de soleil dans ses journées à l'école le regarde comme si son cas était définitivement perdu, sans même le punir pour ne pas avoir fait ses devoirs, suffisait à briser son petit cœur. Elle avait du se rendre à l'évidence. Il était idiot et personne n'y pouvait rien changer.
La cloche avait à peine sonnée que Meredith Mckay se hâtait déjà vers la sortie. Il avait traversé la cour de récréation et avait décidé de passer par le terrain de basket pour gagner le plus de temps possible. Encore quelques secondes à cette allure et il pourrait ralentir le pas. Il était presque arrivé à la grille.
- Eh ! Meredith !
Trop tard. Une main saisit son sac a dos et le tira brutalement en arrière. Sans se retourner, Meredith sentit que l'on ouvrait son sac et il en eut la confirmation en entendant le fracas que firent ses affaires lorsqu'on les jeta négligemment sur le sol.
Les mains inamicales lâchèrent son sac et il put observer les trois garçons de sa classe qui, accroupis sur le bitume, fouillaient ses effets personnels étalés par terre. Il ne fit rien pour les en empêcher. Il était seul et plus petit, ils avaient l'avantage du nombre et de la taille. Et puis, pour ce qu'il y avait dans son sac…
En tous cas, c'était ce que Meredith se disait avant que l'un de ses camarades de classe qui avait les cheveux roux et frisés et la peau constellée de tâches de rousseur, le cracheur de papier mâché, ne se saisisse d'un range-documents gris d'allure anodine.
- Ne touches pas à ça Michael ! S'écria Meredith en s'avançant vers l'autre garçon, sans essayer de dissimuler la panique qui venait de le prendre.
Immédiatement les acolytes de Michael vinrent lui tenir les épaules de façon à ce qu'il ne puisse plus bouger.
- Qu-est-ce que peut bien cacher un idiot comme toi, Meredith ? Sûrement pas quelque chose d'intéressant.
- Michael, s'il te plaît.
Des années passées à ignorer les attaques incessantes et les moqueries des autres enfants. Il avait tout subi : Du caleçon sur la tête à la tête dans la cuvette des toilettes. Dire qu'il n'avait pas encore huit ans. Et voilà qu'il suppliait l'un de ses tortionnaires. Ce dernier venait d'ouvrir le porte-documents et en sortait une liasse de feuilles. Il les regarda à peine avant de les jeter par-dessus son épaule avec dédain.
- Non !
Aucun des trois garçons ne fit attention au cri poussé par leur souffre douleur. Néanmoins, lassés de leur petit jeu, ils finirent par lâcher Meredith. Dès qu'il fut libre de ses mouvements et sans même attendre que les trois enfants aient disparus derrière la grille, Meredith se précipita vers les feuilles qui voletaient sur le terrain.
Malgré ses yeux embrumés par les larmes, il réussit à toutes les regrouper et remit ses affaires dans son sac. Il avait eu de la chance que rien ne soit abîmé. Ce simple fait était en soi un miracle car il y a rarement plus méchant qu'un enfant. Beaucoup sont élevés dans le préjugé et n'en considèrent pas les conséquences.
La porte était fermée à clé. Madame Mckay avait du emmener Jeannie au parc. Meredith referma la porte derrière lui et posa son sac près du piano. Il fit jouer quelques notes du bout des doigts avant de se diriger là où son estomac le guidait. En grimpant sur une chaise, il réussit à atteindre le plateau de muffins situé en hauteur et en pris plusieurs qu'il déposa dans une assiette. Il remplit un verre de lait et emporta son goûter avec lui.
Meredith récupéra son sac avant de monter à l'étage et de se rendre dans sa chambre, située au bout du couloir près de celle de sa sœur.
La pièce était spacieuse et incroyablement vide et bien rangée pour une chambre d'enfant. Dans un coin en face de la porte, un lit était collé au mur, dans la continuité d'une grande fenêtre. Un bureau impeccable était en partie dissimulé par une imposante armoire de bois sombre. Quant au mur qui longeait la porte, il était habillé d'une longe planche de bois bleu ciel recouverte de jouets, peluches et livres divers. Une grande partie de l'étagère était occupée par une impressionnante collection de comics et de produits dérivés dont quelques figurines de Batman.
La couleur bleue de l'étagère se retrouvait un peu partout dans la chambre : tapis, rideaux, couvre lit. Même le gros chat en peluche qui trônait sur l'oreiller du garçon arborait la couleur des lacs du nord. L'animal semblait avoir un long vécu derrière lui. L'une de ses oreilles était en partie arrachée et seules deux de ses moustaches avaient survécues aux années. Quant à son poil il semblait avoir succombé à une attaque de mites. Mais pourtant malgré son allure de vieux chat de gouttière inexplicablement bleu, il était le seul à avoir l'honneur de protéger l'enfant des cauchemars de la nuit.
Meredith récupéra le range documents gris dans son sac et le glissa dans un tiroir de son bureau. Il pris ensuite quelques bandes dessinées et s'installa avec elles sur son lit, en compagnie du chat bleu, des muffins et du verre de lait.
Il avait du temps devant lui avant que sa mère ne rentre avec sa sœur.
Moins de quinze minutes plus tard, le bruit de la porte d'entrée le fit sursauter. Un malencontreux geste brusque envoya l'assiette de muffins au chocolat et bien pire, le verre de lait à moitié plein sur le parquet. Etonnamment aucun bruit de vaisselle brisée ne suivit la chute. Décidément ce n'était pas son jour.
Le garçon se jeta à genoux sur le sol armé d'un t-shirt qui traînait sur le rebord du lit pour nettoyer les dégâts et cacher la nourriture avant que…
- Meredith ! Tu es rentré ?
Ce n'était vraiment pas sa journée.
La porte de la chambre s'ouvrit sur une femme d'une quarantaine d'années aux cheveux châtains qui lui retombaient sur les épaules et aux yeux azur, plus clairs que ceux de son fils. Son regard vira au sombre quand elle vit ce qu'il était en train de faire.
- maman ! Tu rentres tôt. Ta journée s'est bien passée ?
Le sourire innocent de l'enfant et sa vaine tentative d'amadouement ne changèrent en rien l'expression de sa mère lorsqu'elle se rendit compte qu'il utilisait ses vêtements pour nettoyer le lait.
- Je croyais t'avoir interdit de te servir à la cuisine quand je n'étais pas là. Et en plus tu te permets de tout renverser et de te servir d'un t-shirt neuf pour essuyer le sol !
Le sourire factice de Meredith disparut et il baissa les yeux tout en déposant le vêtement imbibé à coté de lui.
- Il n'y avait pourtant rien de compliqué à comprendre dans cette interdiction. A moins que tu sois, comme le prouvent tes résultats scolaires, incapable de comprendre quoi que ce soit.
- Je… J'avais faim… Bafouilla le garçon.
- Comme toujours. Ramasse tout ça et descend le à la cuisine. Pour la peine, tu seras privé de dîner ce soir.
- Mais c'est pas juste !
Maria Mckay rentra dans la chambre et Meredith regretta tout de suite de s'être emporté. Aucun coup ne tomba, elle ne l'avait jamais frappé. Mais son ton était glacial et sans appel.
- Tu nettoies et tu descends.
Sur ce elle le laissa seul. Meredith fit ce qu'on attendait de lui en prenant soin d'aller chercher une éponge dans la salle de bain pour épargner son t-shirt. La journée s'était mal passée, il était peu probable qu'elle finisse mieux.
Quand tous les muffins eurent retrouvé leur place, Meredith en pris deux qu'il dissimula sous son lit. Il inspira ensuite un grand coup avant de descendre rapporter l'assiette et le verre à la cuisine.
- Coucou Mer ! S'exclama une petite voix quand il déposa la vaisselle sur le plan de travail.
Jeannie était assise à la table de la cuisine, le visage barbouillé de la confiture qui recouvrait sa tartine de pain grillée. Meredith lui rendit son sourire. Les deux couettes de la petite fille et l'important espace qui existait entre ses incisives lui donnaient un air canaille adorable assorti à son regard pétillant et à sa peau rose. Elle était si jolie, gentille et intelligente. C'était normal que tout le monde l'aime. Alors que lui…
- Meredith !
Le garçon déposa un baiser sur la joue de sa petite sœur au goût et à l'odeur de confiture de fraise avant de se diriger vers la source de la voix en frissonnant. Il savait trop bien ce qui l'attendait.
Sa mère l'attendait près du placard situé sous l'escalier, placard dont elle tenait la porte ouverte. Sans attendre qu'elle le lui ordonne, l'enfant rentra à l'intérieur. La porte se referma aussitôt, emportant avec elle la lumière, suivit du bruit sinistre d'une clé tournant dans la serrure. Meredith s'assit dans un coin, aussi confortablement que possible. Ce qui était difficile dans la mesure ou l'espace exigu était totalement vide et qu'il n'y avait donc aucun vêtement ni aucune couverture pour le rendre plus agréable.
Meredith entoura ses genoux de ses bras et y déposa son front. S'il fermait les yeux, il pouvait presque s'imaginer qu'il était dehors, à l'air libre. Presque. Il était étrange de constater qu'au lieu de s'habituer à être ainsi enfermé, la panique le prenait de plus en plus souvent et il éprouvait des difficultés à respirer qu'il n'avait pas auparavant. Pourquoi diable avait-on construit un placard si petit ? Il était trop bas pour servir de penderie et pas assez profond pour permettre de ranger quoi que ce soit. Il était juste assez grand pour un corps d'enfant.
Quand il devint évident que l'auto persuasion ne fonctionnait pas, Meredith ouvrit les yeux et se coucha en chien de fusil face à la porte. Un éphémère rayon de lumière pâle passait sous la porte et il le caressa doucement comme pour l'inciter à rester près de lui. Il ne voulait pas rester seul dans le noir.
« Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. »
Evidemment, il fallait que cette stupide fable lui revienne maintenant. Dire que c'était à cause de ces quelques vers que sa journée était devenue un enfer.
A suivre… ( si cela intéresse quelqu'un…)
