Bonjour ou bonsoir à tous et toutes !
Voilà donc ma première participation à ce fandom en terme d'écriture de fanfiction.
Je sais où je vais avec cette histoire mais j'ignore combien de temps cela prendra cela dit... Depuis longtemps je pensais à une histoire sur Jaime et Brienne et après les évènements dan l'épisode 6x08 "No one", je me suis lancé. Il le fallait. J'avait trop d'inspiration pour ne pas sauter sur l'occasion. Il était temps pour moi de rejoindre ce fandom au sein duquel j'ai déjà tellement lu et partagé.
Bonne lecture à tous ceux qui embarquent dans l'aventure avec moi !
Chapitre 1 : Premiers pas
Jaime
Et elle s'éloignait, une fois de plus… Elle était déjà partie.
Il ne pouvait dorénavant que deviner l'image de la barque filant lentement sur les flots de la rivière, laissant sur son sillon une légère vague troublée la surface. Le silence était maître. Le vent imperceptible. La brume du matin s'éparpillait comme les rayons des dernières matinées ensoleillées s'efforçaient déjà d'infiltrer leurs éclats dans ce triste brouillard. Mais il était encore trop épais et le soleil bien trop loin. La lumière du matin, il ne la verrait pas.
Il se détourna finalement, et décida, une fois encore, qu'il était à nouveau temps de prétendre. Les choses semblaient ainsi fonctionner entre eux. Ne pas voir, ni même jamais admettre ce qui était juste là. Ils s'étaient engagés ailleurs, pour d'autres, faisant ainsi d'eux des ennemis en ces temps difficiles. Il n'avait pas assez de volonté et encore moins la liberté d'esprit de s'arrêter sur ce qui était revenu en même temps qu'elle. Des pensées et des idées ravivées par de simples mots, d'honorables gestes lui rappelant qui elle était, ce qu'elle accomplissait là où lui enchaînait les échecs... jusqu'à cette nuit toutefois. Et Il ne préférait pas penser à ce qui avait favorisé cette réussite. Car la dernière fois où il avait fait les choses bien, comme ce soir, ça avait été pour sa propre sécurité. A chaque fois qu'elle avait été en position de danger, il s'était sans cesse surpris. Réussissant l'incroyable en suivant la ligne de conduite d'un instinct semblable à celui qui l'avait poussé à plonger son épée dans le dos de son roi avant de lui trancher la gorge pour faire bonne mesure. L'intensité de chacun de ces évènements avait laissé une empreinte impérissable sur sa vie. Et parmi le nombre restreint de ces moments, Brienne était très présente finalement.
Au rythme de ses réflexions nébuleuses, il retrouva aisément son chemin jusqu'à la cour extérieur, à l'entrée du château, où ses soldats et ceux des Freys réinstallaient leurs bannières sur les murs, conduisaient les soldats de Blackfish hors du château, reprenant promptement possession des lieux comme si aucun siège n'avait eu lieu ce soir. Jaime repéra alors au nord de la cours Bronn entouré de trois soldats, se tenant au-dessus d'un corps sans vie.
Blackfish.
Tandis qu'il s'approchait, des officiers créèrent intuitivement une voie devant lui lorsqu'ils passaient tout près de lui. Quand il fut assez proche des quatre hommes se tenant au-dessus de Blackfish, il put enfin entendre quelques répliques qu'ils se renvoyèrent :
- Le gars était connu pour être un sacré adversaire. J'aurai bien aimé mettre son nom sur ma liste ! Déclara Bronn avec une évidente pointe d'envie.
- Il n'y avait pratiquement aucun challenge !
- Le vieux était rouillé. C'était une victoire facile. On l'a eu à deux. Dit l'un des soldats, affublé d'un nez vilainement crochu en parlant de lui-même et du premier qui avait déjà rabaissé le nom de Blackffish.
- Les légendes ne sont jamais à la hauteur des contes qui tournent dans la taverne ou l'auberge du coin. Soupira le troisième, avec une pointe de déception.
L'homme avait presque soixante-dix ans... Le simple fait qu'il ait survécu aussi longtemps en dépit de toutes les guerres qu'il avait dû affronter était déjà un exploit. Alors tenir son épée face à deux jeunes adversaires au sommet de leur force était une belle façon de s'en aller pour un homme tel que Blackfish. Il n'avait partagé qu'un seul échange avec lui et, immédiatement, Jaime avait compris que les contes n'avaient jamais menti sur sa droiture, son sens du devoir et l'honneur qui l'habitait. Ses soldats avaient-ils la moindre idée de ce qu'il représentait ?
Lorsqu'il arriva finalement à leur hauteur, tous se turent, saluant rapidement leur commandant tout en s'écartant de Blackfish afin d'offrir, à lui seul, la possibilité de se tenir devant le corps qu'il examina durant de longues secondes. Ses yeux regardaient droit devant lui, la lumière éteinte comme d'innombrable avant lui. Le sang encore frais tâchait sa tenue, glissant sur son armure jusqu'à sa cuisse droite . Il avait fallu trois coups d'épée pour l'abattre. « Pas mal pour un vieux décrépi », pensa Jaime avec autant de raillerie que de respect.
- Qu'il jouisse d'obsèques selon la coutume de ces ancêtres.
La réplique en étonna plus d'un mais Jaime n'y fit guère attention. Blackfish avait finalement été à la hauteur de toutes ses espérances de jeunesses. On lui avait raconté un grand nombre de fois ses aventures et ses combats. Il s'en était inspiré presque autant que celles de Sir Duncan le Grand et d'Arthur Dayne, L'Epée du Matin qui l'avait fait chevalier. Jaime avait le pouvoir de lui offrir des funérailles à la grandeur de son nom… Et pour celui qui avait été un modèle de jeunesse, il lui accorderait.
- Réunissez les hommes de Blackfish qui souhaiteraient participer à la cérémonie. Et je veux que tout soit finit avant le début de soirée.
- B… Bien, Milord. Balbutia, sous l'étonnement, le soldat au nez biscornu.
Circonspect par ses demandes, Jaime dut alors leur lancer un coup d'œil sévère, leur intimant qu'il était temps pour eux de se charger de cette situation. Les deux soldats ayant vaincu Blackfish prirent le corps et le rentrèrent à l'intérieur du château, par le grand hall. Le troisième, lui, partit s'assurer de la seconde tâche des ordres de son commandant.
- J'ignorais que le régicide était capable de tant de courtoisie. Dit platement Bronn lorsqu'il n'y eu plus d'oreilles pour les entendre.
- Cela entretiendra les conversations et les rumeurs à mon compte. Laissons-les croire que le « monstre » s'est apaisé… Il affirma avec amertume.
- Si monstre il y a déjà eu…
Jaime guetta du coin de l'œil Bronn avec une vive sévérité, pris à revers par sa réplique. Mais l'autre ne baissa pas le regard, trop fier d'essayer de le déstabiliser par ses mots accentués d'une œillade franche et d'une moue moqueuse.
- Retient ces réflexions à l'avenir. Ce ne serait bon pour aucun de nous deux si on t'entendait et qu'on te prenait au sérieux, affirma tout d'abord Jaime avec flegme, se tournant pour regarder ses soldats s'affairer aux quatre coins de la cour. Le régicide est un monstre pour tout le monde… Faisons en sorte que ça reste ainsi.
Il conclut sur une froideur acérée et aussi austère que les débuts des hivers. S'il ne se convainquait pas de ses mots, il ne pourrait alors plus faire ce qu'il avait fait aujourd'hui. Les choses fonctionnaient ainsi à Westeros. Ce n'était pas cynique. C'était tout simplement vrai.
- J'ai déjà traité avec des monstres…
Bronn hésita alors, sembla ravaler une parole et puis en roulant des yeux sous une évidente exaspération que Jaime ne s'essaya pas à déchiffrer, il poursuivit :
- Je peux continuer à le faire - si vous êtes sûr de répondre à cette description. Il rajouta tout à fait caustique. Et puis, de toute façon, pourquoi je vous lâcherais alors que vous me devez encore une lady et un château.
Cette dernière phrase insinua un sourire badin sur les lèvres du lord commandant des armées Lannisters. Il lui restait encore des promesses à tenir finalement. Si frivoles soient-elles !
- Je n'ai pas oublié.
- Content de vous l'entendre dire, Milord…
Il appuya avec ironie le dernier mot. L'avait-il déjà dit sérieusement une seule fois ?
- Sinon – Bronn pris soudain un air espiègle mêlé à une pointe d'anticipation - j'ai demandé si on avait repéré Brienne de Tarth…
Bronn laissa un silence s'installer tout à fait consciemment. « Ce Vaurien ! », fulmina intérieurement Jaime.
- …mais aucun signe de ta camarade jusqu'à présent.
Jaime sentit un rictus se dessiner à la commissure de ses lèvres sous le terme « camarade ». Il ne perdura pas puisque ce terme était, après tout, bien loin de décrire leur situation actuelle. Dans deux camps opposés tel que les leurs, le mot camarade ne pouvait s'appliquer.
- Elle est déjà partie. Il admit simplement.
Las d'en revenir constamment à elle depuis son apparition dans la matinée, il sut qu'il ne s'en débarrasserait pas si facilement et préféra alors ruminer ses songes dans un endroit au calme. Ses ordres avaient tous été donnés et les ennuyeuses discussions politiques avec les Freys pouvaient attendre l'après-midi.
- Je serai dans ma tente pour les trois prochaines heures. Fais-en sorte qu'on n'ait pas besoin de moi pendant ce temps-là.
Sans plus de cérémonie, il s'éloigna du regard scrutateur et moqueur de Bronn qu'il ne chercha pas à décortiquer. Il gagna sa monture attachée à l'entrée de la cour puis rebroussa chemin jusqu'au camp en lançant son cheval au trot. Il lui tardait de s'éloigner de tous ces hommes, du vacarme amené par une victoire sans perte et l'espoir de pouvoir rapidement retourner chez soi.
« Chez soi ? »
Cette pensée-là fit mal. Il ignorait où cela était dorénavant. Pendant longtemps, ça avait été près de Cersei. Maintenant, il n'était plus vraiment sûr que ce soit vrai. De plus, Tommen avait été très claire :
« Vous continuerez à servir la couronne… Mais pas dans cette ville ! »
Le mot n'avait pas été prononcé mais lui se le soufflait très souvent dans un recoin de sa tête. Banni. Banni ! Par son propre roi… Son propre fils.
Il pénétra dans sa tente sur cette dernière pensée, faisant violemment voler la devanture aux couleurs de sa maison, rapidement suivit par son écuyer, Peck, qui l'avait attendu au camp. Le jeune garçon ne dit rien de sa mauvaise humeur malgré sa réussite de cette nuit et vint spontanément l'aider à ôter son armure : tâche n'étant déjà pas toujours simple lorsque quelqu'un possédait ses deux mains. Il dénoua suffisamment les liens pour que Jaime puisse sans sortir tout seul à présent.
- Je ferai le reste. Tu peux disposer. Il clama d'un timbre revêche.
- Bien, Milord.
Et promptement, le brun quitta la tente sur une brève révérence, s'éloignant de l'humeur exécrable de son commandant. Une fois seul, ce dernier s'extirpa du reste de son armure qu'il réussit assez aisément à installer sur son support. Il alluma par la suite deux bougies qui se trouvaient sur la table au centre de sa tente afin d'éclairer un peu plus les lieux encore dans la pénombre en ce tout début de matinée. Il se déplaça alors pour se servir un verre de vin de la jarre installée entre les deux lumières incandescentes. Il s'affaissa sans grâce sur la chaise au haut dossier qui tournait le dos à l'entrée de sa tente, oubliant les convenances pour se mettre à l'aise sachant que personne n'était là pour l'épier. Il avala une première lampé plus par instinct que par réel plaisir. Il continua ainsi jusqu'à finir sa coupe sans jamais cesser de contempler la table devant lui. Il y avait un tas de choses à penser mais toute son attention était accaparée par un objet qui, avant aujourd'hui, n'avait eu aucun intérêt à ses yeux.
Le meuble était maintenant métaphore d'un concept de séparation, comme la ligne d'une frontière qu'il ne fallait pas traverser. Il s'était caché derrière à son arrivé, s'assurant une distance acceptable vis-à-vis d'elle. Malgré tout, cette rupture physique n'avait guère pu l'aider…
Quand l'une de ses sentinelles étaient venues lui annoncer l'arrivée d'une femme immense, affublé d'une armure, qui affirmait avoir son épée, sa réaction avait surpris son esprit mais plus encore son propre corps. Ça avait été comme de reprendre sa respiration après une période bien trop longue passer sous la surface. Allez comprendre…
En vie. La plus têtue, agaçante et honorable des personnes qui avaient croisé sa vie de déshonneur avait finalement survécu. La révélation l'avait trop rassuré, trop réconforté et il s'en sentait terrifié. Il avait compris que son regard allait de nouveau se poser sur lui et il s'était demandé ce qui adviendrait lorsqu'il entreverrait la déception dans ces océans qui s'exprimaient avec trop d'honnêteté et d'émotions. Elle avait le don de raviver chacun de ses conflits internes avec un doigté sublime et tout à fait inconscient. Il détestait ça. Il détestait être si… transparent. Presque vulnérable. Elle s'infiltrait dans ses failles comme l'écume creusant sa route sur le sable des plages tout près du Rock. Jusqu'à présent, il n'y avait pas une seule facette de lui qu'elle n'avait pas entrevu. Si ce n'était celle qu'il arborait au jour d'aujourd'hui. Lord commandant des armées Lannister : Jaime devait encore s'adapter à sa nouvelle situation à laquelle il avait toujours cru pouvoir échapper.
Bon sang… Il y avait eu tant à dire et en si peu de temps. Tant à dévoiler de ses échecs bien trop nombreux et tant d'inquiétude à entrevoir le mépris dans ses yeux trop bleus pour sa propre santé mentale... ces yeux qui auraient été le reflet de ses propres émotions. Il n'avait pas voulu prendre cette voie. Surement pas ! Alors il avait préféré rester froid et s'étendre sur des sujets qui lui éviterait d'émotionnellement s'investir. Parler politique donc. Et cela avait été, selon lui, la meilleure des décisions.
Mais malgré ce choix et sa volonté, se protéger d'elle n'avait pas marché. Autant être honnête, ne serait-ce qu'avec lui-même. Il ne s'était épanché sur pratiquement aucun sujet trop difficile – pour eux - et pourtant, à la seconde où sa déception avait été trop insupportable, l'obligeant à baisser les yeux, il avait flanché intérieurement même s'ils avaient su maintenir la conversation sur les négociations.
« Je sais qu'il y a de l'honneur en vous… » Tant d'innocence et de stupidité et de… sincérité. Il ne supportait pas qu'elle lui renvoie ce que lui-même n'était pas capable d'entrevoir. Il ne voulait pas la croire. Après tout, comme il lui avait répondu peu après, « Je suis un Lannister ». Ces mots-là se passaient d'explication. Pourtant ceux qui avaient suivis cette déclaration avait éveillé un soupir en lui qu'il valait sûrement mieux faire taire.
« Ne me demande pas de trahir ma propre maison ! »
Il ne s'était pas arrêter une seule seconde sur ce qui se serait passé si elle l'avait fait. C'était un sujet à ne surtout pas creuser en profondeur. Il ne devait pas le permettre si bien qu'il lui était vraiment reconnaissant qu'elle ne l'y ait pas forcé. En même temps, il n'était pas dans sa nature de remettre en cause ses serments d'allégeances si bien qu'elle était capable de respecter l'obédience des autres, même à ceux qui pourraient s'avérer être ou devenir ses ennemis.
« Tout le monde pense à se trahir, et elle s'assure de préserver l'honneur des autres en plus du sien ! » Il rumina, frottant son front de la main gauche avec autant d'exaspération que de fascination. Comment était-il possible qu'elle soit encore en vie ? Il regretta immédiatement cette pensée… C'était comme s'il testait la chance et étant donné son rythme de vie, il ne valait mieux pas rajouter une ombre de plus sur ses périls.
Au moins, elle aurait toujours Oathkeeper avec elle. Il avait été dévasté d'abord puis tout à fait conscient des raisons qui l'avait poussé à la lui rendre. Elle était bien trop honorable pour sa propre sécurité !
Toutefois, à aucun moment, Jaime n'avait songé à lui reprendre. Car à l'instant même où elle était entrée dans sa tente, vêtue de l'armure qu'il lui avait offerte, portant fièrement l'épée qu'il avait fait sienne, il n'avait pu retenir un vif sentiment de fierté se propager dans son sang en plus du réconfort amené par une étrange sensation de triomphe. D'une certaine façon, en la voyant arborer avec tant de dignité ce qu'il lui avait donné, il avait l'impression de lui avoir laissé un pan de lui. Il espérait que ces cadeaux de départ l'avaient protégée aussi bien qu'il l'avait espéré et qu'ils étaient, d'une façon ou d'une autre, les outils qui lui avaient permis de survivre jusqu'ici.
Il se rappelait que trop bien cet instant où elle était entrée dans sa tente et qu'il avait pris pleinement conscience qu'elle se tenait bien en chair et en os devant lui. Elle lui avait presque fait oublier son plan de base. Mais bien vite, il avait laissé cette émotion éternellement passagère reposer entre eux jusqu'à ce qu'elle quitte sa tente, en n'oubliant pas de réaffirmer dans quel camp ils se trouvaient. Ennemi. Adversaire. Opposant à l'image des familles qu'ils servaient... Ces notions rattachées à Brienne lui semblaient tout à fait absurde et pourtant, elles étaient malheureusement bien réelles.
Jaime finissait sa troisième coupe lorsqu'il se demanda pourquoi sa visite était déjà un souvenir si vivide dans son esprit. Il fallait prétendre ! Effacer tout ça ! Sa fuite sur la rivière semblait être bien la dernière fois qu'il verrait sa silhouette s'éloigner de lui. Et il l'espérait… Car la retrouver pour la voir sans cesse s'en aller devenait émotionnellement éreintant.
- Milord ?
Il s'était déplacé, il ignorait trop à quel moment, vers son lit et semblait s'être endormi ici depuis quelques heures étant donné la lueur du jour plus frappante qu'un peu plus tôt.
- Milord, les Freys désireraient s'entretenir avec vous. Il reconnut finalement la voix de Peck qui devait attendre à l'entrée de la tente
« Putain de Freys ! » Ils ne pouvaient pas faire sans lui pendant quelques heures ?! Des incapables pas foutus de conserver un château et qui l'avaient donc forcé à venir en compagnie de près de huit milles homme jusqu'ici.
- Où sont-ils ? Dit Jaime passablement irrité tout en s'asseyant et se massant la tempe droite, essayant ainsi de faire passer la légère douleur amenée par les trois verres qu'il avait ingurgité. Contrairement aux restes de sa fratrie, il n'avait jamais été un grand buveur.
- Au château. Ils vous attendent dans le grand hall.
- Quel heure est-il Peck ?
- Le soleil est à son zénith, Milord.
Jaime n'avait finalement pas trop traîné. D'ailleurs, comme le début d'après-midi approchait, il l'interrogea alors sur l'enterrement de Blackfish et le jeune écuyer lui révéla que celui-ci aurait lieu sur la rive de la rivière derrière le château des Tully juste avant le couché du soleil. Il suivrait le même courant que Brienne avait pris quelques heures plus tôt.
Il le remercia naturellement pour les informations et n'eut pas besoin de demander quoi que ce soit que l'adolescent vint l'aider à mettre ce qui était autrefois l'armure de son père. Une quinzaine de minutes plus tard, Jaime repassait sur le pont du château avec sa monture qu'il laissa au même emplacement que lors de sa réquisition des lieux. Les Freys avaient repris possession des lieux et, en compagnie de certains des soldats Lannister, s'enivraient dans le vin et le tord-boyaux aux quatre coins de la cour d'entrée. Il marcha au Nord où Bronn et deux de ses capitaines l'attendait devant la haute porte du grand hall.
- On a l'air reposé... bien dormi ?
La réplique de Bronn insinua un rire sincère et sans moquerie dans la bouche des deux autres capitaines. Et Jaime apprécia cette attitude de respect qui apparaissait même dans le rire. Il n'eut alors qu'une seule chose à répondre à Bronn :
- La ferme.
Sous le bref ricanement de l'ancien mercenaire, Jaime poussa la porte et passa le seuil de l'autre pièce, ses hommes sur ses talons. Les trois Freys présents paraissaient s'harasser d'une discussion houleuse qu'ils interrompirent dès qu'ils prirent conscience de sa présence.
Il s'approcha d'eux sans cérémonie, sûr de lui et la démarche provocante.
- On vous attend depuis plus d'une heure et demi, Lord Jaime.
- Et de tout évidence, ce n'était pas suffisant pour mettre un terme à toute vos petites querelles que je m'excuse, par ailleurs, d'avoir interrompus.
Ses soldats ne pouffèrent pas mais il entrevit de fins rictus sur chacun de leur visage. Sur celui de Bronn, il était même plus évident encore. Les Freys, eux, affichant tous des visages si terne et semblable, apprécièrent très peu les sarcasmes de Jaime et son ton parfaitement railleur. Mais c'était quelques choses qu'il avait toujours fait et qu'il savait maitriser avec beaucoup d'aisance. Et les Freys n'avaient rien en leur possession pour l'effrayer. Il était en position de force. Sûrement pas eux.
- Cela vous amuse de nous faire attendre ?
Jaime n'eut le temps de formuler une réponse que Bronn, installé sur sa droite, affirma tout penaud :
- Vous aviez dit ne pas vouloir être déranger pour les cinq prochaines heures. Alors, on n'avait pas d'autre choix que de les faire attendre.
Jaime jeta un coup d'œil complice à Bronn. Il se remémorait très clairement avoir dit « trois heures ». Il apprécia sincèrement la prise d'initiative de Bronn quant à faire attendre les Freys plus longtemps qu'il n'était prévu. C'était une bonne façon de leur rappeler que le lion dominait les lieux.
- Eh bien, voilà ! Vous avez votre réponse. J'avais juste donné des ordres clairs que mes hommes ont scrupuleusement appliqué. Et je ne crois pas que l'on puisse leur en vouloir d'obéir aux ordres. Il reprit en basculant de nouveau vers les Freys en appuyant dans des gestes de la main, par ironie, cette longue réplique. Mais arrêtons de se faire perdre du temps… Je pense qu'il est temps qu'on parle de ce qui va se passer maintenant.
- Nous en discutions justement et mon frère pourra reprendre les rênes de…
- Oh non, non, non… Jaime interrompit le plus jeune des trois frères se trouvant devant lui, sans faire dans la dentelle. Les choses ont changé. Et si vous êtes incapable de le voir, vous offrez à mes prochaines paroles encore plus de sens, dit Jaime dans un grand sourire qui ne présageait rien de bon pour les Freys. Je crois que cette situation que j'ai dénouée prouve que l'accord passé pour le château des Tullys doit être réévalué. Il passa entre eux, monta sur l'estrade et s'appuya contre la large table tout en poursuivant son discours. Je crois que vous avez tous trois prouvé votre incapacité totale à pouvoir vous assurer de sécuriser ce château d'une autre attaque. Et je n'aimerai vraiment pas avoir à revenir dans plusieurs mois, probablement en plein hiver, pour vous sortir du merdier dans lequel vous vous êtes embourbé !
Il s'assurait par son verbiage, son flegme glaçant, sa désinvolture et sa façon de bouger dans les lieux qu'ils comprennent bien que la maison Tully était dorénavant plus le siège de la maison Lannister que celle des Freys. Leurs deux bannières étaient peut-être réinstallées dehors dans la cour afin de rappeler leur alliance – ce mot avait un goût âpre pour Jaime - néanmoins, c'était bien Jaime Lannister qui avait récupéré le château et entrepris des négociations qui s'étaient avérées fructueuses. La maison Lannister avait donc le monopole sur ce qui adviendrait des lieux. Et il avait déjà une idée de ce qu'il comptait en faire.
- Vous ne pouvez pas changer les accords passés simplement parce que vous avez terminé le siège !
« Vraiment une belle brochette d'imbéciles dans cette famille. » Il songea avec dédain. Ils lui offraient carrément ses arguments.
- C'est exactement ce que cela veut dire !
L'un des trois frères s'apprêta à répliquer mais Jaime, d'une voix sans appel, lui coupa l'herbe sous le pied :
- Nous irons ensembles aux Jumeaux et nous célébrerons dans la maison de votre père le nouvel accord que j'ai à lui proposer. Je ferai envoyer un corbeau dès la fin de cette entrevue. Et je pense que, comme moi, vous ne voulez pas qu'un autre incident comme celui-ci se répète ? Il susurra froidement, le venin noyé dans sa rhétorique.
Les « Dieux savaient quel héritier de Walder Frey » froncèrent les sourcils, serrèrent les poings ou contractèrent la mâchoire. Tous trois se guettèrent et durent consentir à contre cœur aux demandes du commandant de l'armée qui les avait sortis d'une très fâcheuse posture. Saleté qu'ils étaient !
Jaime s'embarquait sur une pente affreusement glissante. Mais il avait un bon équilibre et plusieurs points d'ancrage qui lui assureraient une ascension difficile, certes, mais tout à fait possible. Un plan se mettait petit à petit en place dans sa tête et il ignorait jusqu'où celui-ci irait… Il savait que ces idées assureraient une position de force pour la famille Lannister. Mais qu'est-ce qu'il ferait, par la suite, s'il réussissait les plans qui naissaient petit à petit dans sa tête ? Il craignait son but ultime qui semblait encore trop flou pour qu'il soit capable d'en discerner chacun des rouages. A vrai dire, avait-il réellement un but ? Non, il ne croyait pas. Pourtant, il était sûr qu'une image était là, floutée, mais bien présente… Il tendait déjà vers un chemin sans savoir qu'il avançait déjà sur celui-ci.
Jaime ne préféra pas penser à la raison qu'il l'avait amené au point précis duquel il avait aperçu une barque s'éloigner ce matin pour, à présent, observer de loin la cérémonie d'adieu de Blackfish. Près de cent cinquante hommes – soit la quasi-totalité des soldats Tullys – étaient réunis, désarmés, et gardés par trois cent Lannister qui semblaient surveiller autant leur prisonnier que la barque qui emportait Blackfish au loin.
Un homme s'approcha finalement au bord du ponton, prêt d'une flamme qu'il utilisa pour allumer la flèche qu'il tenait en main avec son arc. Il tendit la corde, prit tout de même son temps pour bien ajuster son tir avant de relâcher l'instrument entre ses doigts. La tige perça le ciel en courbe, parfaitement fluide avant de toucher sa cible qui s'embrasa en quelques secondes. Le bois s'illumina dans les vents frais du Riverland, enflammant les reflets d'eau qui entouraient la barque. Le corps de Blackfish disparaissait déjà au loin, noyé dans les flammes, chevalier finalement disparu.
Jaime songea alors que Blackfish étaient le dernier des grands chevaliers qu'il avait pris pour modèle à s'éteindre. Vivre aussi longtemps en dépit d'une vie façonné par l'honneur ? Cette pensée le rassura mais il ignora bien pourquoi.
Mais est-ce que l'honneur devait être une raison pour renier ses pairs et ses proches ? Blackfish avait renoncé à son neveu aux mains des Freys, prêt à le laisser être pendu devant le château qui était le sien. Il avait préféré laissé son propre sang périr. Jaime n'avait encore jamais fait ce choix auparavant. Il avait tué son roi pour protéger une ville et les siens. Avait causé la mort de son propre père en choisissant son frère. Avait jeté d'une fenêtre un enfant innocent par amour pour sa sœur… Il ravala ce souvenir, le visage apeuré de Bran Stark, la cruauté dans son geste et son absence totale d'hésitation. De tous ses actes, c'était le plus inqualifiable.
Sur la rive, tous étaient silencieux alors que les flammes disparaissaient là où la rivière dessinait une courbe qui s'éloignait sur le flanc droit, derrière les bois et fougères qui longeaient la bordure du fleuve. Jaime chercha alors de l'œil Edmure Tully mais ne le trouva pas. En même temps, pourquoi désirer assister à l'enterrement de celui qui l'avait abandonné sous la menace des Freys. Mais c'était ainsi que les choses se passaient en période de guerre. Est-ce que Tywin aurait abandonné Casterly Rock ou cette guerre pour Jaime ? Surement - pas ! Il avait désiré récupérer son fils mais pas au prix d'y perdre tout le reste. Ramener son fils et perdre son royaume n'avait pas de sens. S'il voulait qu'il soit de retour c'était bien pour s'occuper de son héritage. Très honnêtement, Jaime aurait pu rester bien plus longtemps emprisonné chez les Stark si ça n'avait été pour l'amour de Catelyn Stark pour ses enfants et à une seconde personne aussi redoutable qu'entêtée qui s'était assurée de le reconduire dans une ville où il n'était désormais plus le bienvenu… Une ville qu'il n'avait jamais aimée. Ce qui l'avait poussé à y rester ou à y retourner n'avait plus vraiment besoin de lui. Le plus étonnant était qu'à peine éloigné de Port Réal et il se sentait finalement plus utile et capable que lorsqu'il résidait à la capitale. Déconcertant sachant que Cersei se trouvait toujours dans une fâcheuse position, très prochainement juger pour ses actes.
Devait-il retourner jusqu'à elle ? Comment pourrait-il retourner jusqu'à elle ? Il ne voyait qu'une solution à cette question… Oserait-il menacer la couronne, son propre fils donc, de relâcher son armée dans les rue de la capitale si on lui refusait l'entrée ? Tenterait-il de mettre à sac Port Réal dans le seul but de la retrouver ? A une époque, il n'y aurait même pas réfléchi. Le siège terminé, il serait redescendu jusqu'à elle avec son armée et comme Robert Baratheon accompagné de son père à la fin du règne du roi fou, il aurait investi les lieux, tuant toutes personne se mettant en travers de sa route. Non pour un trône mais pour une femme qui vivait plus par haine que par amour. Pourtant, l'aimer était naturel pour lui. Cela avait commencé si tôt qu'il ne souvenait pas d'une vie où il ne l'avait jamais aimé. Il n'avait pas choisi, c'était simplement arrivé. Et c'était tout ce à quoi il pouvait se rattacher. Il n'avait plus que ça au bout du compte. A vrai dire, même ça, il ne l'avait plus… Plus comme avant. Les choses étaient… différentes. Ça avait commencé lorsqu'il avait laissé sa main derrière lui mais était tout de même rentré plus sauf que sain grâce à Brienne…
Voilà pourquoi il ne descendrait pas à Port Réal. Même s'il s'essayait à la protéger, il ne pouvait rien faire pour elle à Port Réal. Lancer un coup d'état, laisser soldats, hommes, femmes et enfants périr pour être avec elle aurait des chances de satisfaire Cersei, mais pas lui. La solution était ailleurs. Jaime était fatigué de la violence, des combats inlassables, des massacres… C'était tout simplement éreintant. Une perte de temps mais surtout d'hommes. Et si les rumeurs qui enflaient dans le Nord, descendant à présent jusqu'au Riverland, s'avéraient un tant soit peu exactes, des hommes, ils en auraient bientôt tous besoins.
Cette dernière pensée le recadra immédiatement sur le cas d'Edmure. Il quitta le paysage des yeux et fit immédiatement demi-tour. Maintenant que sa discussion avec les Freys avait pris la route qu'il souhaitait, il lui restait encore une dernière conversation à avoir.
Jaime avait demandé à ce qu'Edmure Tully, jusqu'à leur départ de Riverrun, puisse obtenir une chambre au château Tully dans laquelle il était constamment gardé par deux de ses soldats. S'il voulait conserver toute sa domination sur lui, il devait maintenant se montrer plus fin encore. Changer de tactique en commençant par l'éloigner des Freys qui l'avait aussi bien traité que les Starks ne l'avait fait avec le nouveau commandant des armées Lannister. S'assurer qu'il soit maintenu dans de meilleures conditions maintenant que le château lui avait été donné et qu'Edmure sache que lui et le reste de sa famille dépendait du bon vouloir de Jaime. Que les conditions décentes dans lesquels il était à présent n'étaient dû qu'à lui. Que sa vie entière reposait à présent entre ses mains. Ou plutôt sa main.
Jaime rejoignit le couloir du mur d'enceinte, descendit les escaliers jusqu'à arriver une fois encore dans la cour. L'un de ses capitaines venus avec lui lors de sa rencontre avec les Freys lui avait indiqué précisément où l'héritier Tully se trouvait. Il se dirigea donc vers l'aile droite, longea quelconque couloir, monta les deux étages du château jusqu'à rejoindre le large corridor au mur couvert d'une tapisserie au couleur de la maison et où la lumière entrait par de larges fenêtres. Aux gravures et tableaux qui trônaient sur les murs, il sut qu'il s'agissait là de l'emplacement des chambres autrefois réservé à la famille Tully. Aujourd'hui encore, un seul Tully vivait dans ses pièces et les quitterait très bientôt.
Il se rendit au Nord du couloir, près de la dernière porte encastrée sur le flanc gauche et devant laquelle, comme ordonné, deux soldats montaient la garde. Lorsqu'ils le virent arriver, ils réajustèrent leur maintien qui était aux yeux de Jaime déjà pratiquement impeccable. Ils le saluèrent et firent une révérence lorsqu'il pénétra dans les lieux sans même frapper à la porte d'entrée. Ce n'était plus chez Edmure Tully. Le château était de nouveau sous sa bannière.
Une fois dans la pièce, lord Edmure détourna les yeux du livre qu'il tenait entre les mains pour les poser avec une profonde lassitude teintée d'une certaine tristesse sur le visage de Jaime. Il était installé au bureau dans ce qui semblait avoir été sa chambre lorsqu'il vivait encore au château. Il s'était lavé, avait arrangé aussi bien ses cheveux que sa barbe puis s'était habillé d'une tunique de lin, d'une couleur bleu nuit, sur laquelle était imprimé, au milieu du torse, le blason de sa famille. Était-ce là une façon de porter son deuil ? Pour le château et pour Blackfish ?
- Vous n'étiez pas à l'enterrement de votre oncle.
La bouche d'Edmure émis un petit rictus mauvais et, ironiquement, il répliqua d'un ton rude et teinté néanmoins d'une certaine culpabilité :
- Vous êtes très observateur… Je croyais que les qualités du régicide résidaient seulement dans sa main absente, son manque d'honneur et ses cruelles menaces.
- J'ai aussi la fâcheuse tendance à survivre aux situations improbables. Répliqua habillement Jaime. Vous et moi avons une chose en commun finalement… Le monde a du mal à nous tuer.
- Mais ce n'est pas impossible, espérons-le.
Edmure le considéra avec haine et mépris. Une expression que Jaime ne reconnaissait que trop bien sur les visages des autres. Et étrangement, il ne s'en sentait plus aussi toucher qu'autrefois. Car il aimait croire que l'image qu'ils avaient tous de lui n'était plus si vrai finalement, qu'il se libérait peut-être de ce que représentait le régicide même si lui seul était capable d'en prendre conscience. Enfin, lui et Brienne semblait-il…
- Ne devriez-vous pas déjà être en train de vous préparer pour retourner au Sud auprès de votre sœur et de m'envoyer à Casterly Rock ?
« Elle a besoin de moi » Lui avait-il dit…
Bon sang, quelle farce ! Depuis qu'il avait perdu sa main, Cersei n'avait plus jamais eu réellement besoin de lui. A chaque fois qu'il avait vraiment pu l'aider, il avait soit échoué ou était tout simplement allé contre ses désirs. Et ce, à deux reprises déjà ; en envoyant tout d'abord Brienne chercher Sansa puis en libérant quelques temps plus tard son frère du cachot. Il avait assuré la sécurité des deux seuls suspects de la mort de Joffrey. Les seuls suspects qu'il croyait sincèrement innocent indépendamment de ce qu'il avait dit à Brienne hier matin. Pour Jaime, le nombre de suspect dans la mort de Joffrey était bien plus - trop - nombreux. Il était par ailleurs tout à fait concevable que son père en ait été le premier responsable… Lui comme une dizaine d'autres personnes à vrai dire. Le roi Joffrey s'était fait beaucoup… beaucoup d'ennemis. Tout comme Jaime s'apprêtait à s'en faire un peu plus très prochainement… Et peut-être quelques alliés sur la route, qui sait ?
- Un détour s'impose…, finit par dire platement Jaime en se déplaçant un peu plus près d'Edmure. Nous retournons aux Jumeaux dès que les derniers préparatifs avant notre départ seront arrangés. Et vous venez avec nous, Lord Edmure.
Ce dernier plissa les yeux, plein de suspicions quant aux raisons de Jaime de l'emmener de nouveau dans la demeure de Walder Frey.
- J'ai pensé que vous aimeriez vous assurer que votre femme et votre fils vous suivent bien jusqu'au Rock.
Le visage d'Edmure devint plus méfiant encore, avec cette fois-ci une vive pointe d'inquiétude amenée par les propos tenus par Jaime très récemment.
- Et si Walder Frey veut me garder dans une de ses cellules ?
- Cela n'arrivera pas.
L'autorité dans sa réplique et les traits soudains si sérieux de Jaime semblèrent prendre à revers l'homme en face de lui. Il le scruta avec incompréhension et demanda en restant tout de même sur ses gardes :
- Qu'est-ce que vous voulez ?
Jaime s'approcha finalement jusqu'au bureau où était encore assis Edmure. Il n'était qu'à un pas de lui, s'appuya de façon tout à fait désinvolte contre le meuble. Il tourna son profil vers Edmure et déblatéra comme un grand sage :
- J'imagine que vos soldats n'ont finalement que peu apprécié ce que vous avez fait. Il doit surement subsister une certaine rancœur.
- Il me semble qu'ils vous appartiennent, dorénavant... Tout comme moi.
Jaime respecta l'homme d'admettre, à voix haute, la situation dans laquelle il se trouvait. De ne pas feindre être ce qu'il n'était plus. D'être sincère avec lui-même quant à ce qui lui était arrivé. Il n'avait plus que sa vie, celle de sa femme et de ce fils qu'il n'avait jamais vu. Jaime se surpris soudain à l'envier avec une force démesurée. Il s'assurerait d'une vie tranquille pour Edmure au Rock mais, ironiquement, Jaime ne pouvait se l'offrir.
- Certes… Mais je n'ai pas leur loyauté, ni leur allégeance. Ils sont mes prisonniers. Et comme vous l'avez si bien dit, vous aussi lors Edmure. Mais malgré tout, ce sont des soldats Tullys. Ils suivront vos ordres si les bonnes conditions sont réunis. Ce qui n'est pas encore le cas. Et nous le savons tous, il n'est rien de pire que vos alliés vous tournant le dos au pire des moments. Votre neveu Robb, qui aimait se faire appeler le « Roi du Nord », et votre sœur en ont subi les frais.
La mâchoire d'Edmure se contracta en même temps que ses poings. Il détourna son regard vers le mur comme pour s'éviter de regarder Jaime. Il retenait avec grande peine la rage qui grandissait en lui, née par l'étude de son air suffisant et de l'arrogance de ses déclarations qui l'avait suivi dès qu'il avait mis les pieds dans cette chambre.
- Alors, finalement, les gens à l'intérieur de ce château avaient un certain intérêt pour vous ? cracha Edmure en grinçant des dents, les veines du cou plus apparentes sous sa vive tension.
« Les gens à l'intérieur du château n'ont pas d'importance pour moi… Seulement Cersei »
Aussi vrai qu'avait été ces mots à une époque, il était maintenant bien conscient que ceux-ci n'avaient été finalement qu'un mensonge énoncé avec grande conviction. Il avait cru dire la vérité, avait cherché à s'en convaincre. Pourtant, il avait senti son cœur se serrer instinctivement sous cette déclaration. Il avait su seulement lorsque les mots s'étaient échappés de sa bouche qu'il mentait et s'était assuré de ne rien en montrer. Si Edmure l'avait vu, jamais il n'aurait capitulé. Peu importe que les menaces aient été sincères, il aurait aperçu une faille qui aurait poussé Jaime à un acte dont il ne souhaitait surtout pas se rendre coupable.
Au bout du compte, la réputation de Jaime avait fait la moitié du travail. Du reste, des mots et des menaces, Jaime en détenait tous les droits.
- Pourquoi auriez-vous besoin de mes hommes ? Près de huit milles vous ont suivi jusqu'ici alors que la guerre et le massacre au Jumeaux ne nous a laissé qu'un peu plus de deux cents hommes.
- Je n'aurai pas besoin de ces deux cents hommes. La moitié suffira. Quant aux autres, j'ai une mission bien particulière pour eux aussi. Mais celles-ci doivent venir de vous. Vous devrez leur annoncer, leur dire que vous avez négocié avec moi. Que je ne vous l'ai pas ordonné. C'est essentiel pour pouvoir vous racheter auprès d'eux. Et croyez-moi, Lord Edmure, dans votre position, vous ne pourrez qu'approuver ma demande…
En fin de compte, après tant d'années, Jaime faisait concrètement ses premiers pas dans les jeux... Et il ne comptait pas tomber.
Fin de chapitre
Je m'arrête ici pour ce chapitre et vous retrouve pour le second en compagnie de Pod et Brienne, en plus de Jaime !
N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé. Je réponds toujours poliment et avec beaucoup d'entrain :)
