Et voilà je me lance. Qui l'eut cru ? Pas moi en tout cas.
Voici ma première fic, ma première histoire, mes premiers lecteurs (croisons les doigts).
Je vous laisse la découvrir, l'apprécier j'espère. Et comme une première fois nécessite de l'inspiration, j'ai puisé la mienne auprès des personnages créés par Suzanne Collins.
1. Tout est vraiment fini ?
Tout est vraiment fini ? Je vais mourir ici ? Entre ces quatre murs ? Dans une autre prison peut-être. Que s'est-il passé après qu'on m'ait emmené ? Après que j'ai tiré ma flèche vers Coin et raté l'occasion d'en finir une fois pour toute. Assise à même le sol, tournée vers cette porte qui s'était peut-être refermé sur moi pour toujours, je continuais de tourner ses questions en boucle dans mon esprit. J'étais épuisé, physiquement, mentalement, nerveusement mais je n'arrivais pas à penser à autre chose.
Quand ? Mais quand tout cela allait-il finir ? Une fin était-elle, même, envisageable ? Je l'avais vu arriver, j'y avais cru. Après tout le suicide pouvait être une fin acceptable, au moins pour une fois c'était moi qui décidais. En tirant ma flèche j'avais créé la panique autour de moi. J'avais vu l'incompréhension, l'effroi, la colère dans les yeux de ceux que je pouvais apercevoir. Ces même yeux qui quelques minutes plus tôt étaient quasiment tous rempli d'admiration et de fierté. Tout aurait pu finir si simplement, si seulement il …
-Katniss ! Haymitch était apparu brusquement en criant mon nom. Katniss ? Tu m'entends ?
Bien sûr que je t'entends, tu viens de crier mon nom, pensa-t-elle rapidement.
Haymitch me fixait le regard triste, mais comme s'il observait quelqu'un de l'autre côté d'un miroir lui permettant de ne pas être vu.
- Katniss tu peux sortir, ton procès est fini. Nous rentrons dans le 12.
Je restais silencieuse. Mon procès était fini ? Déjà ? Mais… combien de temps avait-il duré ? Quelques heures tout au plus, ils avaient été rapide. Je regardais autour de moi et aperçu un plateau repas. Un plateau repas ? Depuis quand était-il là ? Qui l'avait apporté ? Haymitch? Je le regardais, interrogative. Lui aussi me regardait toujours, attendant que je me lève enfin. C'était bien la première fois que mon mentor se montrait aussi patient avec moi. Il me donnait l'impression qu'il attendrait le temps qu'il faudrait. Il me donnait aussi une autre impression, celle d'être lui aussi très fatigué.
Je m'appuyais au mur collé derrière moi pour me relever mais je failli glisser. Ma main était engourdie et mes jambes me faisaient mal d'un coup. Je me sentais fébrile et toute endolorie d'un coup.
- Vas-y doucement, tu es resté statique un bon moment et tu n'as rien avalé depuis 2 jours, dit Haymitch en s'avançant vers moi pour m'aider à me relever.
Je le regardais sans comprendre. Deux jours ? Comment ça deux jours ?! Deux jours assise là, sans boire, ni manger… sans dormir ? Perte de repères, pertes de motricité et quoi encore ? m'énervais-je. Je soupirai de lassitude et aidé de mon mentor, je me mis péniblement debout. La sensation d'avoir des aiguilles plantées dans les jambes se fit plus insistante mais je ne voulais pas chuter une deuxième fois. Avançant vers la lumière extérieure, me laissant guider le long des couloirs, je gardais les yeux au sol. Je ne voulais rien voir de particulier, je voulais seulement rentrer et une fois que ce serait fait, je trouverais bien un autre moyen d'en finir. Pour de bon cette fois ci.
* OooooO *
Il était fatigué. Fatigué depuis si longtemps. Depuis ses premiers jeux ? Depuis sa première moisson ? Depuis qu'il était en âge de comprendre le principe des Hunger Games ? En plus, il ne buvait plus… en tout cas… plus autant. C'était de toute façon devenus difficile de trouver de l'alcool ses derniers temps. Il voulait lui aussi rentrer. Rentrer pour… pour tenter d'oublier ? Rentrer pour ne plus avoir à faire bonne figure ? Toutes ses vies gâchées, toutes ses luttes, toutes ses batailles.
Oui les districts s'étaient unis, ils avaient combattus ensemble et avaient réussi à renverser Snow et son gouvernement. Mais alors d'où venait cette sensation ? Cette impression que rien n'était fini, cette incapacité à se relâcher. Coin ? Elle était morte.
- L'enfer est pavé de bonnes intentions parait-il. Coin devait être la fille de Satan. Il sourit en pensant ça et en se demandant si à l'heure actuelle Coin et Snow n'étaient pas en train de se mettre des bâtons dans les roues pour gagner la confiance du propriétaire des lieux.
La peur, l'envie, la fatigue, tout ça disparait-il avec la mort. Pff, il devenait philosophe maintenant ?! Il lui fallait un verre ! Il était heureux que quelqu'un ait arrêté Coin avant qu'il ne soit trop tard mais encore une fois c'était la petite qui avait agi et c'était elle qui allait devoir porter le poids de ce moment de lucidité, seule.
Ils étaient arrivés dans l'hovercraft qui les déposerait au 12. Ils n'avaient pas échangé un mot depuis sa « cellule ». Chacun restant dans son monde. Elle n'avait même pas cillé quand Effie et lui avaient échangé ce baiser. Effie ? A quoi avaient-ils pensés tous les deux ? Probablement à rien. En tout cas il ne voulait pas y penser maintenant et il remerciait en silence celui ou celle qui avait oublié Katniss lors de la distribution de mots. On avait dû lui donner ce qu'il restait, c'est-à-dire pas grand-chose.
C'est vrai qu'ils se ressemblaient cette petite et lui, ils avaient un foutu caractère mais ils se comprenaient. Pas en paroles ce n'était pas le genre de la maison, disons plutôt en instinct. L'instinct de survie ? Ils avaient pourtant tous les deux déjà tenté de se suicider. Il l'avait vu raté la pilule de Cinna. Et lui aussi, il y a quelques années, avait tenté d'en finir. Il jeta un dernier regard vers ce Capitol qu'il quittait enfin et ferma les yeux pour ne plus penser, juste un instant.
* OooooO *
Ils étaient de retour dans le 12.
Le 12, je ne pensais pas le revoir un jour. Il avait peu changé depuis notre dernier passage avec Cressida et son équipe. Mon regard semblait toujours fixé au sol mais je voyais bien ici et là quelques hommes qui s'affairaient autour des ruines jonchant la place. D'autres en combinaison qui semblaient piocher la terre. Outch ! Non, ils ne « piochent » pas, ils récupèrent les corps des malheureux qui ont péri par ta faute s'écria une voix en moi. Je sentis monter une envie de vomir, je n'en pouvais plus, je voulais courir, m'enfermer quelque part et ne plus rien voir, ne plus rien entendre. Haymitch avait dû le sentir car, lui aussi, accéléra l'allure.
Nous ralentîmes aux abords du village des vainqueurs. Il y avait de la lumière dans plusieurs maisons qui étaient jusqu'alors inhabitées. Cela semblait logique finalement, ceux qui travaillaient à la reconstruction du district devaient bien loger quelque part et seules ces maisons étaient encore intactes donc parfaitement habitables.
-Haymitch, dis-je doucement. Je vais me débrouiller seule maintenant. Je regardais droit devant moi en essayant de garder un ton assuré et mon envie de vomir au fond de ma gorge. Je ne voulais pas que mon mentor devine quoi que ce soit dans mon regard ou mes paroles. Il aurait peut-être été tenté de rester avec moi et il n'en était pas question.
-Tu ne pensais tout de même pas que j'allais en plus te border ?! Ironisa-t-il. Bien sûr que je te laisse là. Je ne suis pas babysitteur, et il partit en direction de chez lui, sans un regard vers moi. Il devait avoir besoin d'un verre.
Je poussais la porte de chez moi. Elle n'était pas verrouillée, évidemment. Je ne retrouverai sans doute pas grand-chose à l'intérieur. Je fis quelques pas et visiblement j'avais tort. Tout était là, exactement comme je l'avais laissé le jour où j'étais venu récupérer quelques affaires personnelles pour nous dans le 13. Les chaussures que ma mère avait pris l'habitude de ranger dans un meuble, près de l'entrée le mobilier que les décorateurs du Capitol avaient installés dans la maison, les ustensiles de cuisines et même l'ancienne couverture posée sur le canapé.
Je parcourais la maison en silence, comme si je la visitais pour la première fois, comme si je n'étais pas chez moi, m'étonnant du calme et de l'ordre qui régnait ici quand tout en moi n'étais que souffrance et chaos. Arrivée à l'étage, je vis que là aussi, rien n'avait été touché. Je poussai une porte, sans vraiment y réfléchir, et me retrouvait dans la chambre de Prim. J'étouffais un cri. Son odeur ! On pouvait encore sentir son léger parfum orangé. Des larmes commencèrent à couler sur mes joues alors que je parcourais sa chambre, effleurant ce qu'il restait d'elle. Ma petite sœur et ses livres de classe, sa poupée de chiffon qu'elle avait gardé précieusement depuis ses 6 ans, ses vêtements soigneusement rangé dans son armoire, un livre encore ouvert sur son bureau… Je tendis la main vers lui et m'en saisit dans un réflexe presque vital pour le porter à mon visage. Ce n'était pas un livre, c'était le petit cahier de note qu'elle m'avait demandé.
- Katniss tu pourrais m'acheter un livre de note s'il te plait ? me demanda-t-elle un jour. Elle avait les joues roses et le regard de quelqu'un qui essaye de cacher quelque chose. Elle avait toujours été très mauvaise à ce jeu. Pire que moi, sauf quand j'étais avec elle.
- Il te manque un livre pour l'école Petit Canard ? la taquinais-je. Quelque chose me disait que ce n'était pas pour ça. On utilisait peu de cahier au district 12, tout le monde n'ayant pas les moyens d'en racheter souvent.
- Non, il sera pour moi celui-ci souffla-t-elle, les joues rosissant un peu plus. Je me disais que puisqu'on avait un peu d'argent maintenant, je pourrais peut-être te demandé ça, mais si tu ne peux pas, ce n'est pas grave, me dit-elle dans un souffle.
Un peu d'argent ? Prim était comme moi, comme ma mère, nous étions riches à présent et nous continuions à faire attention à nos dépenses. A ne pas gaspiller et à nous comporter comme avant. Je lui souris.
-Ok, je vais te trouver ça.
-Oh merci Katniss dit-elle en sautant dans mes bras un énorme sourire collé sur le visage comme si je venais de lui annoncer la plus merveilleuse nouvelle au monde.
Ce jour-là, je lui avais choisis un cahier avec une couverture comme celle d'un livre et lui avais offert le joli porte-plume se trouvant dans la pièce qui me servait de bureau, je l'avais vu le regarder sans oser y toucher. Elle avait été si heureuse. Je ne l'avais jamais vu écrire dedans par contre, l'apercevant seulement avec, de temps en temps, le serrant précieusement entre ses bras.
Je tachais de garder cette image de ma sœur rayonnante et en vie encore quelques instant en moi mais mon regard fut attiré par une phrase dans ce cahier que je tenais toujours ouvert contre mon visage. Mes larmes avait tâché le papier mais on pouvait encore lire : « Katniss reviendra, j'en suis sûre ». Je prenais un peu de recul pour lire le petit paragraphe.
« Cela fait maintenant deux semaines qu'ils ont emmenés Katniss. Je n'ai même pas pu lui dire au revoir. Les mots sont encore restés en travers de ma gorge. L'année dernière je pleurais tellement que je n'avais pas pu lui dire combien je l'aimais et combien j'étais désolée de ne pas être plus âgée ou plus forte pour qu'elle n'ait pas à prendre ma place. J'avais perdu l'occasion de lui dire tout ce qu'elle était pour moi depuis ma naissance et encore plus depuis la mort de papa. Mais cette fois, je ne voulais pas faire la même chose, je voulais être forte pour elle et pour maman. Mais le Capitol nous a volé ce moment, tout ce que nous avons est à eux et même les liens que nous tissons, ils tentent de les déchirer. Mais Katniss est forte. Ils veulent la briser encore une fois mais elle y arrivera. Elle était magnifique sur son char et son regard disait qu'elle se battrait encore plus que la première fois. Qu'elle nous protégerait Maman, moi et tous ceux qui en aurait besoin, qu'il ne nous arriverait jamais rien tant qu'elle serait là. Katniss reviendra, j'en suis sûre… »
Je m'effondrais. Le peu de force qu'il me restait s'évapora. Les larmes redoublèrent m'empêchant de respirer, mon corps se tordit de douleur et un cri sans son s'échappa de ma gorge. Ma sœur, ma petite sœur que j'aimais plus que tout au monde, celle pour qui j'avais tout fait, était morte. Elle et des milliers de personnes que j'avais conduites à la mort d'une façon ou d'une autre. J'étais revenu et pas eux ! Ses larmes coulaient toujours brouillant tout autour de moi, mouillant mon visage et le parquet sur lequel j'avais glissé, privée de mes jambes. Je suffoquais et me dit que c'était peut-être comme ça que j'allais mourir : seule dans cette maison sans âme, entourée du souvenir des morts, noyée dans mes larmes.
