Hermione regardait l'horizon se profiler par delà la fenêtre de la cuisine des Weasley. Dans quelques jours, ils partiraient, tous les trois. Sans savoir s'ils reviendraient. Cette maison, les gens qui y vivaient, cette famille qui était devenue sienne, mais surtout l'impression rassurante que procure la protection des lieux de son enfance allaient lui manquer. Elle soupira longuement, elle n'avait pas le choix.

Elle n'entendit pas des pas se rapprocher, mais ne manqua pas de remarquer le soupir lâché en vue de cet effet. Elle se retourna, les yeux agrandis de surprise quand elle vit Fred, torse nu, debout devant elle. Elle ne s'attendait certainement pas à ce que Lui, soit debout si tard dans la nuit.

Ses yeux étaient rétrécis par la colère. L'avait-elle réveillé ? Ce ne serait pas la première fois depuis le début de l'été, bien que les autres fois aient été bien plus agréables… Fred et elle avaient commencé un jeu dangereux depuis le début de l'été, dangereux parce que son cœur ne semblait pas y avoir résisté. Lui aussi elle devrait le quitter, et c'était peut être le plus douloureux. Cependant, bien qu'elle aurait voulu glisser dans ses bras pour retrouver l'impression dans laquelle elle se lovait avant son interruption, elle courba les épaules devant le courroux évident de son partenaire de jeux.

"- Tu comptais m'en parler quand ?

- Que…

- J'ai entendu Harry le dire à Ginny…

- Je ne comptais pas te le dire. Cette décision n'a pas été des plus évidentes à prendre, ajouta-t-elle devant le beau cramoisi que prenait le visage du jeune homme. Nous ne voulions pas d'adieux déchirants, surtout que je ne pense pas que Molly nous aurait laissé partir.

- Elle n'est pas la seule à ne pas vouloir vous voir parcourir la terre entière dans le froid, la peur et la faim, avec des mangemorts à vos trousses dont le but premier est de vous faire la peau. On se demande vraiment où on a été pêché l'idée que ça pourrait s'avérer dangereux."

Hermione lança un sort d'insonorisation autour d'eux. Fred n'avait vraisemblablement pas l'intention de baisser de ton.

"- Je ferais attention à eux. Tu sais que je suis prudente.

- Et qui fera attention à toi ?

- Ils donneraient leur vie pour moi, tu le sais très bien. Tout comme je donnerais la mienne pour eux.

- Super. Voilà qui est rassurant. Et moi dans l'histoire ?

- Tu te trouveras une autre partenaire de jeux pour les mois à venir."

Si elle avait eu peur avant, elle aurait fui à toutes jambes devant le regard du jeune homme. De toute évidence, sa dernière réplique lui avait donné des envies de meurtre.

"- Je…"

Et voilà qu'il avait du mal à parler. Il leva les yeux vers la fenêtre, et passa ses mains autour de sa nuque, pour finalement lâcher un petit soupir. Il sembla se résigner, et ce qu'il était sur le point de dire resta en suspend, entre eux, comme une réalité presque tangible.

"- J'imagine qu'il ne sert à rien que je te demande de rester, ou que je t'y oblige d'une façon ou d'une autre.

- L'attention est touchante, mais non, ça ne sert à rien. Jamais je ne les laisserais partir sans moi. Ils sont tout ce qu'il me reste."

Sa dernière phrase sembla toucher le jeune homme qui baissa la tête, peiné. Elle voulut se rattraper, lui dire que le quitter lui coutait plus qu'il ne l'imaginait.

"- Si je me bats, c'est pour vous aussi Fred, je ne veux pas vous perdre."

Un long silence s'en suivit. Sa remarque lui avait fait plaisir. Elle ne se battait pas pour lui, mais elle se battait en partie pour lui. C'était déjà ça.

Il aurait tout donné pour partir à sa place. Pour l'enfermer dans une jolie petite bibliothèque le temps qu'il arrange les choses. Mais il ne les arrangerait pas. A quoi servirait la protéger d'une guerre si sans elle on devait la perdre ?

"- Fais attention à toi, je t'en prie."

Il avait murmuré ses paroles dans un souffle. A peine audibles, et pourtant il était sur qu'elle l'avait entendu.

Alors elle comprit, peut être le jeu avait-il changé pour lui aussi.

"- Ce n'est pas un jeu. Et ce qu'il y a entre nous, qu'importe ce que c'est, est ce que je vais avoir le plus de mal à quitter, surtout sans savoir si ce sera encore possible quand je reviendrais. Si je reviens."

Il ne bougeait plus, peut être avait elle été trop loin dans ses révélations, peut être n'en était-il pas encore là, et il se demandait ce qu'il allait bien pouvoir lui répondre, à l'aube de son départ. Aussi amorça-t-elle le mouvement de partir. Elle se retourna et allait avancer quand une main la retint et la fit se retourner. Elle eut à peine le temps d'entrapercevoir Fred que les lèvres du jeune homme vinrent se fracasser contre les siennes, dans un baiser qu'elle n'avait jamais connu aussi fiévreux. Alors qu'elle passait ses bras autour de son cou, et ses jambes autour de son bassin, il murmura entre ses lèvres « reviens moi.. ».