Auteur: Maeve Fantaisie (ou Maeve tout court :) ).
Prompt: "Bourrons nos poches de souvenirs."
Couple: Destiel. :)
Disclaimer: Rien n'est à moi.
Note 1: Fic écrite pour le Marathon des Fanfictions, deuxième round de l'année. Elle. Refusait. Simplement. De. S'arrêter. :'D Attention, SPOILS TOUTES SAISONS.
Note 2: Je suis désolée, je n'ai pas le temps de tout corriger ce soir, alors je ne publie qu'une première partie; vous aurez bientôt la deuxième. :) Comme souvent, si je n'arrive pas à tous vous répondre ce soir, je le ferai dans les jours à venir.
Merci encore à tous, et bonne lecture. :)
Bourrons nos poches de souvenirs
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Castiel ouvrit les yeux sur le Paradis. Ou plutôt, pas exactement : ce n'était pas le Paradis de maintenant, de 2015, mais un Paradis antérieur. Les anges l'entouraient, déambulant dans des couloirs de marbre blanc, esprits d'énergie pure, leurs ailes et leurs idéaux intacts. Castiel fronça les sourcils et remarqua alors que lui par contre possédait toujours un corps.
Il chercha mentalement. Il était toujours relié à Jimmy Novak d'une quelconque manière, son être inscrit dans les pores de sa peau, et il ne trouva pas son âme apaisée, au Paradis.
Il la trouva sur terre.
Un ange le traversa soudain, son ami Sariel mort durant la Chute; il ne le vit pas, et ne sentit aucunement sa présence.
- C'est normal, Castiel. Tu n'es qu'une projection astrale. Personne ne te verra.
Castiel se retourna vers la voix, et...
Eh bien. Il n'était pas surpris.
- Gabriel.
Gabriel lui sourit, lui aussi ayant gardé l'apparence de son hôte. Etonnamment, son sourire n'était ni moqueur, ni même espiègle; ses prunelles or brillaient, chaleureuses, et si Castiel ne le connaissait pas autant, il aurait presque pu penser que Gabriel le regardait avec tendresse.
Le sourire de Gabriel s'élargit, et là l'amusement vint dessiner des fossettes sur ses joues.
- Oh, Cas. Tu as beaucoup appris, mais tu n'y es pas encore.
Il rétrécit les yeux, soudain sérieux :
- Tu y es presque, cependant.
Castiel plissa le front.
- Qu'est-ce que tu veux dire?
Ses iris bleus se rétrécirent, brusquement suspicieux. Il porta la main à sa Lame pour découvrir qu'elle n'était pas là et fixa aussitôt l'autre ange avec dureté.
- Es-tu même vraiment Gabriel? Ramène-moi tout de suite auprès de Dean et Sam Winchester, sinon-
- Sinon, quoi? On connaît tous les deux l'état de ta Grâce, Castiel. Tu n'es pas plus dangereux qu'un oisillon tombé du nid.
Castiel s'immobilisa. Celui qui se disait être Gabriel l'observait, critique, une étincelle dangereuse dans le regard.
Castiel refusa de baisser les yeux.
Après quelques secondes, les épaules de l'autre ange s'affaissèrent, sa mine excédée.
- Arrête avec tes "celui qui se dit être Gabriel" et tes "l'autre ange" comme si j'étais le nouvel ennemi à abattre. C'est moi, ok?
Castiel l'étudia encore. Gabriel laissa son esprit s'ouvrir, et Castiel la capta, alors. L'authentique, réelle, tendresse à son égard, lui son petit frère, et l'agacement; le soulagement de le retrouver.
Et aussi, une douloureuse reconnaissance.
Castiel sentit ses yeux s'écarquiller.
- Comment t'en es-tu sorti?
Gabriel lui sourit de nouveau, doux. Aux rivages des barrières mentales abaissées de Castiel, il chantait.
- Notre Père, Qui Etes Aux Cieux, blablabla... A daigné ramener un autre de ses enfants, il semble bien.
La gorge de Castiel se noua.
Dans un mouvement impulsif, il fondit sur Gabriel, le serrant maladroitement contre lui. Gabriel lui rendit son étreinte en riant doucement, tapotant son épaule, sa voix grave :
- Oui... Tu as beaucoup appris.
Castiel s'éloigna pour lui demander :
- L'as-tu Vu?
Il pensait cette Quête pour retrouver son Père enterrée. Il pensait s'être résigné au fait qu'il ne Le retrouverait jamais, qu'Il n'interviendrait plus, et pourtant quelque chose battait furieusement dans sa poitrine.
L'Espoir.
Le sourire de Gabriel tomba, son expression soudain désolée, dévastée, et Castiel recueillit cet oiseau dans son coeur pour l'enfermer dans une boîte et le garder pour d'autres occasions. Ses lèvres s'étirèrent avec amertume :
- Non. Tu ne L'as pas Vu, et Il n'agira pas, n'est-ce pas?
- Castiel, je suis-
- Non.
Castiel fixa Gabriel, une détermination familière contractant ses muscles :
- J'ai été bête d'espérer. Père a rendu Sa position claire depuis longtemps, et, en fait...
Il pensa alors à Dean. A Dean et Sam, qui continuaient à se battre même quand tout s'acharnait contre eux; Dean et Sam et leurs valeurs, et tous ceux qu'ils avaient sauvés, et tous ceux qu'ils sauveraient encore.
Dean et son Libre Arbitre s'échappant en mots de feu de ses lèvres, sa volonté brûlante dans ses iris, son âme indomptable et magnifique.
Castiel sourit lentement à Gabriel, juste un peu. Apaisé :
- Oui... En fait, ce n'est pas plus mal.
Gabriel l'observa quelques secondes sans un mot.
Et puis, il rit.
- Wow...
Il se détourna, secouant la tête avec incrédulité :
- Ce qu'il a réussi à faire de toi, frangin, c'est encore pire que-
Il se tut devant l'expression solennelle de Castiel.
- Gabriel, pourquoi es-tu ici?
Gabriel pinça les lèvres, et Castiel ignora le "Rabat-joie" très clairement émis.
Gabriel soupira :
- Je ne serais pas là sans toi non plus. Toi et ta rébellion et votre mission-suicide pour mettre fin à l'Apocalypse. Alors, j'ai décidé de te montrer ma reconnaissance.
Castiel cligna des yeux. Plusieurs fois.
- Reconnaissance démontrée. Tu peux me ramener, maintenant?
- Aha, très drôle.
Gabriel lui lança un regard de reproche :
- Ton humour a toujours été pourri.
Castiel replia la lèvre :
- Ce n'était pas de l'humour. Dean a besoin de moi et-
- Ah, bien sûr. Dean.
Castiel plissa les yeux dangereusement. Gabriel ignora son regard et fixa nonchalamment ses ongles :
- Ton petit copain, c'était une mauvaise idée, son nouveau tatouage. Il a des conséquences plutôt... Eh bien, démoniaques.
Castiel siffla :
- Si tu es au courant, alors tu sais qu'on doit trouver un remède. Tu dois me renvoyer!
Ses yeux s'écarquillèrent, une brusque idée venant éclairer ses pensées :
- Et tu pourrais nous aider, aussi!
- Holà, holà! On se calme, Roméo!
Gabriel vint se poster devant Castiel, posant ses mains sur ses épaules. Sa prise ne semblait légère qu'en apparence et Castiel dut s'immobiliser, le pouvoir de l'archange face à lui pulsant une fois à travers ses paumes.
Castiel se renfrogna, jetant à Gabriel un regard courroucé et celui-ci ne put s'empêcher de pouffer :
- Fut un temps, tu avais tout de même plus de respect que cela pour tes supérieurs. Ces Winchester ont vraiment une terrible influence sur toi...
Son ton était réprobateur mais il paraissait ne pas pouvoir s'empêcher de sourire, lèvres repliées malicieusement, yeux lui adressant un clin d'oeil.
Castiel soupira intérieurement.
Il s'adoucit malgré lui :
- Que veux-tu vraiment? Vas-tu m'aider, ou non?
Gabriel roula des yeux. Il retira la pression sur ses épaules et Castiel dut réprimer le besoin de faire un pas en avant, déséquilibré.
Il sentit le regard de l'Archange sur lui et se tint droit, essayant de ne rien laisser paraître.
Gabriel n'avait pas utilisé tant de force que cela. Sa perte d'équilibre était bien la preuve du piètre état de sa Grâce.
Il entendit Gabriel soupirer, comme résigné :
- A ton avis? Je suis là pour t'apprendre une leçon.
Castiel le fixa aussitôt, regard étincelant, prêt à lui dire combien le moment était mal choisi; il ne pouvait s'empêcher d'imaginer la réaction qu'aurait Dean, yeux furieux et réplique cinglante sur les lèvres, mais Gabriel ne lui laissa pas le temps de trouver une réponse adéquate :
- Et, oui. Ca va t'aider avec la Marque aussi...
Gabriel faisait la moue, visiblement contrarié d'avoir été obligé de le dire.
Castiel se détendit de manière notable, retenant une ébauche de sourire satisfait; Gabriel le remarqua et le fusilla des yeux :
- Tu as de la chance que je sois toujours reconnaissant.
Ils observèrent tous deux les alentours. Les anges allaient et venaient toujours sans les voir; chacun d'eux était âgé de plusieurs millénaires, pourtant Castiel était étonné de les trouver aussi jeunes.
Gabriel se tourna vers lui avec un petit sourire :
- Hé, oui. C'était encore à peu près calme, à cette époque.
Castiel laissa son regard parcourir ses camarades non tombés.
Qu'est-ce que cela faisait de lui, le fait qu'il ne regrettait rien? Que pensait Gabriel, en lisant cette pensée en lui?
- Quel jour sommes-nous?
Gabriel l'observa sans un mot.
- A toi de me le dire, Cas.
Castiel plissa les paupières.
Un son lui parvint sur la radio des anges, un appel au rassemblement, et Castiel se tourna vers Gabriel avec des prunelles arrondies :
- C'est le jour où on a constitué les équipes pour aller chercher Dean. Le 20 Août 2008.
Dean était resté quatre mois aux Enfers, et Castiel l'avait tiré de là le 18 Septembre 2008. Il s'était toujours étonné du fait que le Paradis n'avait pas envoyé son escadrille plus tôt.
Son visage se rembrunit, et Gabriel prononça sa pensée à voix haute :
- Oui. Ils voulaient être certains que l'Homme Vertueux avait craqué et ouvert le Premier Sceau avant.
Castiel sentit la bile lui remonter dans la gorge, ses entrailles se contractant avec dégoût. Il sentait toujours le regard de Gabriel sur lui, presque fasciné. Il savait ce qu'il voyait.
Cette réaction viscérale, ce n'était pas une réaction d'ange.
Gabriel baissa la voix, comme pour ne pas le brusquer :
- Cas. Qu'est-ce qu'il s'est passé, ce jour-là?
Castiel fixait les portes menant à la Grande Salle, celle où ils avaient constitué l'Escadron, d'un regard bleu acier.
- Ils ont demandé des volontaires. Je me suis tout de suite présenté.
- Pourquoi?
En fermant les yeux, Castiel pouvait presque l'entendre : sa propre voix s'élevant au-dessus des autres, vantant ses talents de tacticien. L'accord du Conseil.
Castiel rouvrit les yeux :
- Parce que l'Homme Vertueux était un homme bon, et que je voulais le sauver.
Je veux le sauver! Je veux le sauver, hurla une voix à l'intérieur de lui, pas si différente d'alors, l'oiseau de sa poitrine fou.
Gabriel se passa la langue sur les lèvres, comme hésitant à poser sa deuxième question :
- Pourquoi?
Castiel se tourna vers lui avec un sourire fin, petit mais solide :
- Parce qu'il a résisté tant de temps... Il s'est damné pour une noble cause, et il, Dean, a résisté tant de temps... Il ne méritait pas de rester aux Enfers. Il ne l'a jamais mérité.
Castiel observa de nouveau les portes, son sourire de le quittant pas :
- Son âme, au fond de ce trou de perdition...
Elle avait été brillante. Elle avait été plus brillante que Castiel n'aurait pensé, une étoile, luttant jour après jour pour rester entière, ternie mais pas battue; couverte de suie et de soufre, abîmée, épuisée. Mais brûlante.
Elle avait été la chose la plus belle que Castiel n'avait jamais tenue. La plus précieuse, aussi.
Elle l'était toujours.
Gabriel hocha la tête :
- Très bien.
Il se frotta les mains, satisfait :
- Souvenir suivant.
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Castiel se retrouva dans une grange, qu'il reconnut tout de suite.
Illinois.
- Qu'est-ce que...?
Gabriel réapparut à ses côtés, une sucette à la bouche.
- Tes poches sont bourrées de souvenirs, petit Cas. Comme des bonbons. Et j'avoue me servir allègrement.
Devant eux, Dean et Bobby étaient en train de finir leur sort d'invocation. Castiel fusilla Gabriel des yeux :
- Je ne comprends toujours pas où tu veux en venir.
Gabriel retira sa sucette :
- "Leçon à apprendre", mon grand. Qu'est-ce que tu comprends pas là-dedans? Il y a quelque chose que tu dois réaliser. Tant que tu le réalises pas, t'es coincé avec moi.
Il lui fit soudain les yeux doux, papillonnant des paupières :
- Tu devrais être honoré d'être en compagnie de ma douce présence. Des filles de ma connaissance tueraient pour être à ta place.
Castiel le fixa sans un mot.
Après quelques instants, Gabriel calma ses ardeurs et bougonna :
- T'es vraiment pas drôle. J'aurais dû coincer Sammy La Grande Perche avec moi, tiens, plutôt. La dernière fois, c'était amusant. Ou Dean. J'adore torturer Dean.
Castiel le saisit par le col, ses yeux furieux. Il n'eut pas besoin de dire quelque chose, Gabriel lut parfaitement son expression :
- Tu sais que je suis un Archange? Calme tes envies de meurtre, parce que je peux t'écraser d'une pichenette, puceron.
C'était vrai, mais sa voix était à moitié étranglée. Sa menace s'en trouva beaucoup moins efficace.
Castiel le relâcha, et Gabriel fixa sur lui des yeux ahuris :
- En fait, tu as des pulsions suicidaires.
- Gabriel.
- Oui?
- Si ce n'est pas pour faire des commentaires utiles, tais-toi.
Dean et Bobby finissaient tout juste leur enchantement.
Une énergie fébrile bouillonnait au fond de Castiel. Il ne devrait pas être ici.
Gabriel rajusta son col :
- T'en fais pas... Ils se rendront même pas compte que tu n'es pas là, t'es dans une boucle temporelle.
Castiel tourna ses yeux vers Gabriel, surpris. Celui-ci se renfrogna, déviant son regard :
- Je te l'ai dit, je te suis reconnaissant. Et... si tu comprends ce qu'il se passe, ça rendra service à tout le monde, crois-moi. On devra me décorer pour ce que j'aurai accompli.
Castiel pencha sa tête sur le côté :
- En quoi moi réalisant quelque chose en revoyant mes souvenirs peut-il m'aider pour la Marque de Dean? Ou aider tous les autres?
Gabriel se frotta le front d'une main. Il grimaça :
- Oh purééééee...
Il tourna le visage de Castiel dans la direction de Dean et Bobby :
- Regarde. Et comprends.
Le sol se mit à trembler; l'orage gronda, son vent balayant furieusement la grange.
Dans une tempête d'étincelles et d'éclairs, Castiel lui-même apparut à l'entrée.
Castiel se figea.
- ...C'est vraiment moi?
- C'est toi. Et tu sais quoi, Cas? A l'époque, t'étais quand même une ordure. Mais à ta décharge, tous les anges l'étaient, ou presque. Et t'étais l'un des moins pires.
Il avait du mal à se reconnaître. Cela se voyait qu'il venait de posséder Jimmy Novak, il n'était pas à l'aise du tout dans la peau de l'humain. Sa démarche était mécanique, son visage de marbre. Il respirait le pouvoir, mais aussi l'arrogance, la Grâce crépitante derrière ses iris.
Il se souvenait avoir trouvé Dean tellement, tellement petit, à ce moment. Tellement fragile.
Il avait été stupide de penser que le simple fait de posséder un humain pouvait lui permettre de se fondre dans l'humanité. Cela se voyait qu'il n'était pas humain à des kilomètres.
Dean l'avait clairement senti :
- Qui es-tu?
- Castiel.
- Oui ça j'ai compris mais qu'es-tu?
Castiel avança pour observer de plus près son double et ce Dean du passé. C'était fascinant, de les voir ainsi.
Dean, surtout. Dean attirait son regard comme un aimant. Ce Dean-là, plus jeune, avait beau revenir des Enfers, il était moins fatigué. Son âme était moins craquelée, ses yeux étaient plus brillants.
Mais ce Dean-là avait déjà vécu beaucoup trop; le fardeau était déjà lourd sur ses épaules, et il n'allait que s'alourdir encore.
Si Castiel le pouvait, qu'est-ce qu'il changerait? Même, est-ce qu'il changerait quelque chose? Est-ce qu'il se rebellerait plus tôt? Est-ce qu'il ferait tout, tout, pour soulager ce Dean encore jeune, pour éviter qu'il ne se brisât plus?
Ou est-ce qu'il ne ferait rien, parce que leur histoire telle qu'elle était faisait d'eux les personnes qu'ils étaient aujourd'hui?
- Qu'est-ce qui ne va pas...? Tu ne penses pas que tu mérites d'être sauvé.
Son Dean pensait toujours cela, lui aussi.
Son Dean...
Des bruits de pas retentirent derrière lui; Castiel se retourna.
Gabriel lui souriait.
- On change.
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Comme la fois d'avant, Castiel reconnut aussitôt où ils se trouvaient :
- Non.
Ils étaient devant la salle qui contenait Alastair, et son double du passé venait de demander à Dean d'aller le torturer sur ordre du Paradis.
"Pour ce que cela vaut", disait son double. "Je donnerais n'importe quoi pour que tu n'aies pas à le faire".
Sauf que, ce n'était pas vrai. Pas exactement, pas encore. A ce moment-là, Castiel n'était pas encore prêt à se rebeller. Pas tout à fait.
Dean entra dans la salle, et Castiel se plaqua contre la porte, le fixant à travers la vitre :
- Non.
- Qu'est-ce qui ne va pas, Cas?
Gabriel se tenait à ses côtés, lapant sa sucette sereinement.
Castiel avait envie de le frapper.
Gabriel lui sourit, un éclat calculateur dans le regard :
- C'était un ordre d'En Haut, tu te souviens? T'avais été obligé de le lui demander. Tu n'avais pas eu le choix.
Sauf que, sauf que...
Castiel se tourna vers Dean. Ses épaules étaient voûtées mais il s'efforçait de se tenir droit.
Il serrait les poings pour s'empêcher de trembler.
Castiel frappa contre la porte; elle ne bougea pas.
- Pourquoi je ne peux pas rentrer si je suis une projection astrale? Gabriel, réponds!
Gabriel le fixa avec sérieux :
- Parce que tu ne peux rien changer. Cela s'est déjà produit. Et, aussi... Parce que je ne suis pas aussi sadique que tu le penses.
Castiel lui jeta un regard, et puis un cri retentit. Il crut que c'était Alastair puis réalisa que c'était Dean, son âme hurlant au fond de lui, se débattant contre la situation de toutes ses forces.
- Dean! DEAN !
Quelque chose, au fond de Cas, se déchirait en deux. Entendre Dean ainsi et ne pas pouvoir l'aider, c'était inadmissible, intenable, et tout ce qui constituait Castiel, toute son essence, luttait au fond de lui, filets de Grâce quittant sa peau, désespoir noir tordant ses tripes.
Castiel sentit la Grâce monter, atteindre ses yeux, et dans un ultime effort il poussa, de toutes ses forces.
Et la porte bougea. D'un millimètre, mais elle bougea.
Gabriel tourna vers lui des yeux écarquillés :
- Castiel...
La Grâce s'éteignit; d'un coup, comme on souffle une bougie.
Castiel s'effondra contre la porte, juste au moment où Alastair riait et l'âme de Dean hurlait de plus belle.
Castiel posa sa joue contre le métal, vide; yeux voilés, incapable d'aller plus loin.
Il entendit de nouveau Dean, et ferma les yeux.
Gabriel posa une main sur son épaule. Il chuchota :
- Regarde-toi...
Castiel se tourna vers son double.
Son corps emprunté tressaillait légèrement à chaque hurlement de Dean, son stoïcisme volant lentement en éclats.
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A suivre.
