Ce final m'a tuée, et ensuite tout ça est arrivé dans ma tête, alors j'ai écris une fic de cinq chapitres en trente heures. Littéralement. J'ai la suite mais comme j'aime pas qu'on ignore mon travail, je la posterai dans une semaine à condition d'avoir au moins trois reviews, à sept je la poste directement même si la semaine n'est pas écoulée. Deal ? Deal.
Note : le but n'était absolument pas de faire quelque chose de crédible mais de les réunir parce que franchement, y en a ras-le-bol de les voir sans arrêt séparés alors qu'ils sont clairement moins dysfonctionnels ensemble.
Chapitre 1
Comme d'habitude, ce sont ses propres cris qui réveillent Clarke.
Ça, ou alors Murphy qui gueule :
- Putain mais c'est pas vrai ! C'est quoi ton problème, Princesse ? T'es pas foutue de dormir en silence comme les gens normaux ?
Clarke pourrait répliquer « tu ronfles » -elle le sait, elle l'entend pendant ses longues veilles, se concentre sur le grincement de sa respiration pour ne pas céder à l'appel du sommeil.
(Un combat sans fin qu'elle perd toujours, à un moment ou à un autre.)
Elle ne dit rien, sa gorge brûle, et les morts du Mont Weather sont restés imprimés sur sa rétine comme des fantômes. Même si elle voulait parler elle ne pourrait pas, elle tremble, elle ne peut pas respirer, elle voudrait mourir pour que ça s'arrête parce que c'est comme se noyer et c'est affreux, ça ne s'arrête jamais, ça ne veut jamais s'arrêter, jamais, jamais, jamais, jamais, jamais…
- Okay, okay, calme toi, c'était un cauchemar, okay ? Un putain de cauchemars, encore un, et franchement y en ras le bol, je sais pas pourquoi je t'ai pas encore foutue dehors !
À mesure que le bourdonnement dans ses oreilles diminue, elle entend Murphy qui se déplace dans le bunker sans allumer la lumière –il était déjà installé comme chez lui quand elle est arrivée, dix jours plus tôt. Bientôt il s'accroupit à côté d'elle, et lui tend un verre de whisky.
- Bois ça, et ensuite respire normalement ou je te jure que tu vas arrêter de respirer tout court.
Clarke essaie de prendre le verre mais ses mains tremblent, elle n'arrive pas à serrer les doigts. Murphy n'a aucune patience, il referme ses deux mains autour des siennes pour l'empêcher de tout lâcher et la force à boire comme s'il avait l'intention de la noyer.
(Parfois elle voudrait qu'il le fasse.)
(C'est peut-être pour ça qu'elle reste avec lui malgré tout. Elle espère qu'il va finir par l'étrangler ou l'étouffer avec un oreiller.)
-THE 100-
Clarke a des moments de lucidité où elle comprend pourquoi Murphy est la seule personne dont elle puisse tolérer la présence. Il n'est pas désolé pour elle, il n'est absolument pas perturbé par le génocide qu'elle a commis, il ne fait preuve ni de tact ni de délicatesse, il est incapable de réconforter qui que ce soit. Au contraire, il la traite comme si rien n'avait changé. Il est toujours le même bon vieux Murphy, il jure, gueule, la bouscule et lui crie dessus –et l'oblige à faire de même parce que ce n'est pas dans la nature de Clarke de se laisser marcher sur les pieds, même quand elle est au fond du trou, en noyade permanente. Si elle était rentrée au camp… Elle aurait probablement juste arrêté de vivre. Comment on actionne un interrupteur. On. Off. Mort.
Irradié.
Tout le monde.
Même Maya.
Même les gosses…
Un gémissement franchit ses lèvres serrées et son front tombe contre ses genoux tandis qu'elle agrippe ses cheveux –pourquoi pourquoi pourquoi a-t-il fallu qu'elle s'endorme ?
- Ah non, tu recommences pas ! Moi j'en ai marre ! Si tu veux pas dormir c'est ton putain de problème, planque toi jusqu'à ce que tes cauchemars t'attrapent au moment où t'es le moins en état de te défendre, si ça t'amuse. Mais y en a qu'essaient de pioncer alors par pitié ferme ta gueule et souffre en silence !
Clarke sait très bien que sa méthode de défense ne fonctionne pas mais elle est incapable de faire autrement. La terreur la paralyse et elle déteste ça, mais elle est bloquée, comme enterrée vivante. Alors elle résiste au sommeil aussi longtemps que possible, met la musique à fond quand Murphy ne dort pas, marche sans arrêt de long en large, sort prendre l'air, tente de maintenir son corps en activité aussi longtemps que possible. Mais elle finit toujours par s'endormir. Et le pire c'est que Murphy a raison : à éviter le sommeil sans arrêt, quand il la prend c'est toujours par surprise, sans qu'elle s'en rende compte, et comment lutter contre la peur alors qu'elle n'a même plus la force de garder les yeux ouverts ?
Pendant un moment le silence retombe dans le bunker. Clarke étouffe ses sanglots en mordant férocement son poing. Murphy est retourné se coucher, mais sa respiration indique qu'il ne dort pas. Elle l'entend se retourner trois ou quatre fois sous les couvertures, soupirer, abattre ses bras sur le matelas. Grogner parce qu'il a encore mal –elle est arrivée juste à temps pour le sauver de l'amputation.
- Bon, puisque tu m'as réveillé, dis moi à quoi tu rêves, qu'on fasse quelque chose de productif.
Clarke se calme un peu, lève les yeux, cherche Murphy dans la pénombre. Le trouve assis sur le lit qu'il n'a même pas envisagé un seul instant de lui céder. (« Reste là si tu veux, mais tu te démerdes avec le canapé ! ») C'est la première fois qu'il manifeste la moindre curiosité à l'égard de ce qui s'est passé pendant son absence. Ce que Clarke lui a raconté, elle l'a fait d'elle-même, pour tuer le temps, et s'il l'a écoutée, il n'a manifesté aucune émotion. Mais après tout… Murphy est bon comédien.
- Tu veux ma photo, Griffin ? Ou t'as avalé ta langue ?
- Pourquoi ça t'intéresse ?
- Tes putains de cauchemars ? Parce qu'ils m'empêchent de dormir, voilà pourquoi ! Alors on va en parler une bonne fois pour toute, tu vas vider ton putain de sac, et moi je vais peut-être enfin pouvoir roupiller en paix. De quoi tu rêves ?
Clarke ne voit pas bien en quoi raconter ses cauchemars à Murphy va régler le problème, mais ils n'ont rien de mieux à faire que de se parler, et les mots veulent sortir, alors elle ne résiste pas :
- Je les vois… Tous ces gens que j'ai tués… Je les tue dans mes rêves, toutes les nuits, j'essaie de m'arrêter, de trouver une autre solution mais je n'y arrive jamais, je finis toujours par être obligée de tuer tout le monde et ils me regardent, ils me regardent tous, les enfants aussi, ils savent que c'est moi, ils me laissent pas, et ils ont raison, je mérite pas qu'ils me laissent mais ça me rend malade, ça me rend complètement dingue, je voudrai juste que ça s'arrête…
- Ça va, ça va, j'ai compris l'idée, ça va !
Clarke ferme la bouche et le silence reprend possession des lieux pendant quelques minutes. Ça n'a rien changé. Les morts sont toujours cachés derrière ses paupières, attendant qu'elle les ferme pour sortir de l'ombre et la dévorer.
- Tu ne rêves pas des bonnes personnes.
Elle pourrait tout aussi bien avoir imaginé ce que Murphy vient de dire, mais quand elle tourne la tête vers lui elle croise son regard.
- Tu m'as bien entendu.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Ça ne devrait pas être les morts du Mont Weather, tes cauchemars. Ces enculés l'avaient bien cherché, et puis c'était eux ou vous, fallait bien choisir.
- Mais…
- Ta gueule. Si dans tes rêves tu ne trouves jamais d'autre solution, je vais te dire, c'est parce que y en avait pas, okay ? J'y ai pensé, à ce bordel, depuis que tu me l'as raconté –merci bien d'ailleurs, je t'avais rien demandé, comme si j'avais pas assez de souvenirs sanglants il a fallu que tu me fasses profiter des tiens ! Mais j'y ai pensé puisque j'ai que ça à foutre quand tu m'empêcher de dormir, et tu sais quoi ? Ça pouvait pas bien se terminer. C'était eux ou vous, et y avait pas de troisième option. Et quand bien même y en aurait eu une ces bâtards ne vous ont pas laissé le temps de la chercher. Alors ouais, ils sont morts. Tu les as tous buté. Mais tu sais qui est pas mort ?
Clarke ferme les yeux. Oui, elle sait qui n'est pas mort. Si le peuple du Mont Weather hante ses nuits, celui de Camp Jaha se charge d'occuper ses journées si longues. Leurs visages défilent sans fin dans sa tête, leur ronde tantôt réconfortante, tantôt dévastatrice. Bellamy, Octavia, Raven, Jasper et la haine dans ses yeux, Monty replié sur lui-même, Abby, Kane, Lincoln, et tous les autres, les enfants tombés du ciel en même temps qu'eux, et les autres pris par la montagne. Elle pense sans arrêt à eux, les dessine pendant des heures pour s'occuper, imagine leurs vies… L'hiver approche, Bellamy doit en avoir plein les bras : organiser des équipes de chasse, éviter de nouveaux conflits avec les Terriens, construire des abris pour remplacer les tentes quand la neige va venir, faire des provisions de bois, d'eau et de nourriture. Elle l'imagine criant après tout le monde pour que le boulot soit abattu avant la tombée de la nuit, marchant à grands pas d'un bout à l'autre du camp, sa carabine lui battant les côtes. Elle espère qu'Abby n'essaie pas de lui marcher sur les pieds, que Kane le soutient, qu'ils parviennent à travailler ensemble. Elle espère que Raven va bien, qu'elle se remet de ses blessures et que Wick veille sur elle. Elle se demande si Jasper pardonnera à Monty, si la relation si forte qui les unissait avec le génocide est réparable. Elle pense à eux, et prie que l'hiver ne les tue pas.
- Tu penses parfois à ce qui se serait passé si tu n'avais pas abaissé cette saloperie de levier ?
La question de Murphy lui fait rouvrir les yeux d'un coup et elle a le souffle coupé, comme si on venait de la frapper au plexus. Non. Ça, elle ne veut pas y penser. Jamais. Mais c'est trop tard, le mal est fait, et soudain Bellamy n'est plus à distribuer des ordres à Camp Jaha, il est menotté à une table et hurle de douleur pendant qu'on prélève sa moelle osseuse, le moteur de la perceuse pas assez fort pour couvrir son agonie. Sa mère, Raven, Jasper, Octavia, Monty, tous y passent, dès qu'elle arrive à en chasser un, un autre prend sa place sur la table et elle veut hurler, les sortir de là à tout prix, à n'importe quel prix parce qu'elle ne peut pas les perdre, pas eux, non pas eux, c'est pas juste, pourquoi ?
- C'est bien. Tu le vois peut-être pas de là où t'es mais quand tu flippes pour eux plutôt que pour les autres bâtards, tu gardes le contrôle de ton corps. Maintenant fait des cauchemars à propos des gens que tu as sauvé plutôt que de ceux qui se sont condamnés tout seul, et laisse moi dormir une bonne fois pour toute.
-THE 100-
(Un peu plus tard, Clarke se rendort. Elle rêve de Bellamy, d'Abby et des autres se faisant torturer, elle se réveille en sursaut, tremblante, une pellicule de sueur froide recouvrant sa peau. Mais elle n'a pas crié et la terreur s'en va en même temps que le sommeil.
Après tout, ce n'est qu'un cauchemar.)
La suite dans une semaine ou sept reviews.
