Bonjour, bonsoir,

J'espère que vous allez bien. Cette histoire est en cours d'écriture (sept tomes en même temps), mais étant bien avancé, je me dis autant commencer à poster. J'espère que ça vous plaira.

Je crédite pour toute l'histoire ici, comme ça, ce sera fait. Harry Potter et son univers appartiennent à J.K. Rowling. Avec cette histoire, je ne touche pas d'argent. Si c'était le cas, je m'en voudrais, sachant qu'elle n'aurait jamais vu le jour sans l'estimée Joanne.


Au 4 Privet Drive, dans une habitation résidentielle se trouvant dans un quartier pavillonnaire de Little Whinging, et précisément dans le Surrey, vivait une famille banale, ou plutôt qui se voulait normale. Les Dursley étaient composés de trois membres. Pétunia, la mère au foyer, était une femme à l'air revêche, stricte. Elle adorait épier le voisinage à l'aide de son trop long cou puis colporter des ragots. Elle appréciait aussi s'occuper de son lieu de vie, mais son activité favorite était sans conteste de choyer son fils chéri. Vernon, lui, était à l'antipode de son épouse trop maigre. C'était un homme massif, plus en largeur qu'en hauteur malgré une bonne taille, qui possédait un triple menton et un physique peu avantageux. Il parvenait toutefois à garder une forme d'élégance, surtout dû aux vêtements qu'il se faisait tailler sur-mesure, même s'il prétendait que c'était parce que le port de la moustache lui seyait à merveille. Il y avait également leur enfant, Dudley, qui avait plus pris de son paternel pour sa carrure et son faciès. C'était la petite brute du quartier, qui ne possédait pour qualité que sa mémoire impressionnante, mais sélective : il parvenait à apprendre par cœur, en quelques minutes seulement, les programmes télévisés des semaines à venir.

Enfin, il y avait une quatrième personne qui vivait dans la demeure, mais Vernon l'ignorait la majeure partie du temps. Dudley, pour sa part, préférait la prendre pour cible et ne se gênait jamais pour lui faire quelques mauvais coups dont il avait le secret. Au final et cette fameuse personne ne pouvait que lui en être reconnaissante, seule Pétunia la traitait avec décence. Elle devait l'aider à jardiner, cuisiner, porter les sacs de courses quand elles faisaient des achats ou encore nettoyer en sa compagnie, mais elle préférait largement ce traitement à la fausse indifférence de son oncle et à la méchanceté gratuite de son cousin. Lysandra Prince était une jeune fille d'une dizaine d'années, qui attendait avec impatience le 31 juillet, sa date, le seul jour où sa tante la couvait presque autant que Dudley.

En attendant, elle se retrouvait, comme chaque été, dans le jardin de la maison. Vernon était au travail – il était le directeur d'une entreprise qui fabriquait des perceuses, la Grunnings – et Dudley était de sortie cinéma avec ses amis, qui ne valaient pas mieux que lui, de son point de vue. En somme, la petite Prince, malgré sa corvée, pouvait souffler. Quand les deux hommes étaient présents, sa vie devenait trop vite un véritable enfer. Vernon, quand il arrêtait de l'ignorer, lui parler comme si elle n'était rien d'autre qu'un chien, lui aboyant ordres sur ordres jusqu'à ce qu'elle craquât. Quand ça arrivait, elle partait pleurer dans sa chambre, ne voulant pas montrer ses larmes à l'homme, ce qui faisait beaucoup rire Dursley Junior. Ce dernier ne se gênait d'ailleurs jamais pour venir tambouriner à sa porte et forcer sur son rire pour qu'elle l'entendît bien.

Pétunia, dans ces moments-là, se faisait discrète. La jeune fille avait appris à ne pas lui en vouloir avec le temps. Elle avait déjà surpris, à plusieurs reprises, des disputes la concernant entre les deux adultes qui l'hébergeaient. Ils ne parvenaient pas à se mettre d'accord sur la manière dont elle devait être traitée. Sa tante prenait sa défense à chaque fois, ce qui lui avait permis de gagner sa propre chambre, de véritable repas et des vêtements pour fille. Elle lui en était reconnaissante, sachant qu'elle aurait hérité du placard sous l'escalier ou des vieux vêtements de Dudley, donc trop grand et pour garçon, si elle n'avait pas été présente. Elle se sentait redevable, aussi et ne pouvait s'empêcher de se sentir responsable des larmes que l'adulte versait quand elle se croyait seule. Si elle n'avait pas existé, sa tante serait heureuse ; sans se tracasser, elle ne penserait qu'à cajoler son fils et aux rumeurs à colporter. Elle en était persuadée.

Oui, c'était même certain, mais pour l'heure, ses sombres pensées ne faisaient que la ralentir dans son travail. Sa tante lui avait demandé de faire le ménage dans le salon, tâche qu'elle avait achevée quelques minutes plus tôt, et d'arroser le massif d'hortensias qui se trouvait en dessous de la fenêtre du salon, pendant que cette dernière préparait un goûté. Elle savait que si elle terminait à temps, elle aurait la chance de dérober – même si le terme était mal choisi étant donné que c'était l'idée de Pétunia – une part de l'une des tartes qu'elle cuisinait pour Dudley et sa bande.

Toute à son espérance, elle n'arrêtait pas de sursauter depuis qu'elle avait débuté ses corvées, dès que le bruit sourd d'un moteur de voiture semblait se rapprocher. Elle avait appris par la maîtresse de maison que son cousin était en compagnie de la mère de Piers, qui avait eu la gentillesse de les emmener pour les surveiller, alors que le groupe de garçons voulait à tout prix voir l'Approche Finale. Ils allaient donc revenir en voiture, ce qui lui laissait moins de temps pour finir que s'ils avaient pris les transports en commun, mais dans ce cas-ci, elle se serait certainement retrouvée, avec eux et sa tante, à s'ennuyer devant un film avec beaucoup trop d'explosion à son goût.

Quand elle fut de retour dans sa chambre une bonne demi-heure plus tard, avec sa part de tarte aux citrons gagné par son labeur correctement accompli, elle garda la porte ouverte pour entendre les conversations du rez-de-chaussée. Elle apprit ainsi que l'Approche Finale n'était pas une œuvre cinématographique basée sur de l'action, comme le groupe l'avait cru et qu'ils s'étaient ennuyés. La rousse ne s'était pas gênée, à l'abri de tous regards, pour ricaner en entendant son cousin geindre, puis Dudley avait eu une troisième part pour se faire consoler quand les invités étaient partis. Elle avait immédiatement ravalé son hilarité et s'était contentée de déguster sa propre nourriture, avant de fermer le battant à clef pour être certaine de ne pas être importunée par le second enfant de la bâtisse.

Le reste de son après-midi se passa sans encombre et, même quand Dursley père rentra du travail, il ne chercha pas à venir la voir pour se défouler sur elle. Il devait être de bonne humeur, ce qui n'était pas plus mal, ayant certainement réussi à décrocher un ou plusieurs contrats juteux pour son entreprise. Elle dut, bien sûr, sortir de son cocon quand l'heure du repas approcha. Sur la pointe des pieds, elle passa les escaliers en évitant de les faire grincer, puis se glissa dans la cuisine, en passant par le salon, le plus silencieusement possible. Elle ne voulait pas donner une raison aux deux hommes, qui avaient l'air de s'être fait lobotomiser par l'émission qu'ils visionnaient, de s'en prendre verbalement à elle. Elle dressa la table pour quatre, sans mot dire, avant de se placer à côté de sa seule alliée, pour observer la cuisson des steaks à cheval. Elle adorait ce plat et, sous le regard faussement sévère de sa tante, ne put empêcher un sourire de se dessiner sur son visage aux rondeurs encore enfantines.

Quand l'heure du repas sonna, Lysandra s'installa à table, se tenant droite, vérifiant qu'elle avait parfaitement enfilé ses vêtements et qu'il n'y avait aucun pli. Elle visait souvent la perfection, inconsciemment, pour éviter tout problème potentiel avec sa famille adoptive. Ce n'était pas toujours évident : rien que la semaine passée, elle avait reçu des brimades de Vernon uniquement parce que le lacet de sa chaussure gauche était défait. Le moindre petit détail, la moindre erreur et la fillette se retrouvait avec la baleine – surnom qu'elle donnait en cachette à un des habitants, il était facile de deviner lequel – sur le dos pendant de très, trop longues minutes. Elle espéra de toutes ses forces, jusqu'à prier silencieusement un dieu auquel elle ne croyait pas, pour ne pas subir un tel traitement cette fois-ci.

Elle fut rassurée quand, après avoir senti son regard la passer au crible suivant son arrivée dans la salle, il lâcha un grognement peu satisfait, puis vint s'asseoir en silence. Cette fois-ci, elle avait gagné la bataille, même si elle savait que la guerre n'était pas prête de se terminer. Le repas, au départ, se déroula dans un silence éloquent. Dursley n'avait rien trouvé pour la malmener et, comme un enfant à qui l'on venait de refuser un caprice, il boudait dans son coin. Dudley, lui, était beaucoup trop occupé à se contorsionner sur sa chaise pour pouvoir continuer de s'abrutir avec le téléviseur pour le remarquer et l'ouvrir, et le seul ton qu'il connaissait, moqueur, ne manquait absolument pas à la petite. Seule Pétunia, en dehors d'elle-même, avait compris ce qui se tramait. Elle ouvrait et refermait la bouche à intervalle régulier, sans oser briser la glace, ce qui la faisait ressembler à s'y méprendre à un poisson hors de l'eau en manque d'oxygène. Lysandra, se plaçant elle-même en observatrice, se régalait du spectacle que les trois lui offraient, et ce, même si elle se sentait un peu honteuse à l'idée de se moquer de la femme qui l'élevait avec une certaine tendresse.

Finalement, Pétunia attendit la fin du dîner pour prendre son courage à deux mains. Alors qu'elle servait le dessert – à savoir le peu qu'il restait des trois tartes qu'elle avait concoctées pour le goûter de la bande à Dudley –, elle lâcha ce qui ressembla à une bombe, sans trop que Lys pût comprendre en quoi.

« Il faut que je te parle, Vernon, adressa-t-elle à son mari d'un air grave.
— Pourquoi ?, lui avait-il demandé dans un grognement.
— C'est à propos de... De tu-sais-quoi. »

Lys ne savait pas ce qu'était ce fameux "tu-sais-quoi", mais cela avait l'air suffisamment grave pour que son oncle s'étouffât avec son désert, qu'il recracha à moitié dans son assiette. La scène réveilla Dudley, qui tourna un regard d'incompréhension vers son père. À son expression, la petite Prince s'attendit à un déluge de questions de sa part, avant qu'il exigeât des réponses, mais son oncle coupa l'herbe sous le pied de son fils.

« Pas devant les enfants, hurla-t-il entre deux violentes quintes de toux.
— D'accord, lui accorda sa femme, avant de tourner un regard sévère vers les deux enfants ; Lys avait l'habitude, mais pour Dudley, c'était une première et il en resta coi. Dehors, tous les deux ! »

En de très rares occasions, avec des circonstances extraordinaires, il arrivait que les deux plus jeunes décidassent d'une trêve. L'ordre, pour son cousin, était tellement incongru, qu'il tourna un regard intense vers elle. L'échange ne dura que quelques secondes, mais il suffit pour qu'ils parvinssent à se comprendre sans avoir à communiquer autrement. Le plan était simple : ils allaient s'entraider, ou en tout cas, éviter de se gêner l'un l'autre, de façon à pouvoir écouter secrètement la conversation. Ainsi, il n'y avait aucun risque que ça tournât au vinaigre.

Sous le regard des deux adultes, ils sortirent de la cuisine, puis du salon quand ils comprirent que ce n'était pas suffisant, pour s'arrêter dans le couloir. La demoiselle ferma la porte. Le temps d'un clignement d'œil plus tard, Dudley et elle se retrouvaient pressés contre le battant, l'oreille tendue dans l'espoir de capter quelques brides de conversation. Ils se lancèrent un regard complice, comme ils savaient si bien le faire quand ils mettaient de côté leur a priori, avant de se détourner avec gêne. Lysandra, comme toutes les fois où une telle connexion se créait avec le garçon, se promit de ne jamais en faire mention à qui que ce fût. Elle se concentra ensuite sur les bruits de pas qu'elle perçut à travers l'obstacle qui baissait sensiblement son ouïe.

« Nous en avons déjà parlé, Pétunia, disait son conjoint. Il est hors de question de lui laisser lire cette maudite lettre !
— Ce n'est même pas croyable, même si nous lui montrions, Vernon, prononça trop vite sa tante, comme si elle avait peur d'être entendue. Et si nous voulons qu'ils nous laissent en paix, il leur faudra une réponse.
— Nous n'avons qu'à leur répondre nous-même !, s'emporta son époux.
— Tu sais très bien qu'ils sauront si c'est bien son écriture, enfin ! »

Lysandra était l'une des meilleures élèves de sa classe, et même si son oncle avait bataillé pour qu'elle arrêtât d'avoir de plus bonnes notes que Dudley, Pétunia l'avait encouragée à continuer secrètement. Elle pouvait donc se targuer de n'avoir aucun problème d'élocution ou de compréhension. En temps normal. Ce jour-ci, elle eut l'impression qu'ils communiquaient avec une autre langue, tant elle fut incapable de discerner la nature d'un traître mot de leur conversation. Elle se sentit instinctivement frustrée, au point de pousser légèrement son cousin en s'agitant à cause de son insatisfaction, ce qui ne lui plut pas, même si ce n'était pas fait exprès.

« Alors déchire-là, finit-il par soupirer. Non, ne la déchire pas, elle serait capable de la récupérer dans la poubelle. Brûle-là.
— Bien, consentit sa compagne, avant de se diriger vers la cuisine, où elle dut s'exécuter, avant de revenir. C'est fait, et maintenant ? »

Avant que Vernon eût pu répondre, Dudley, qui n'avait vraiment pas aimé la bousculade, se tourna vers Lysandra et la poussa de toutes ses forces. Frêle, elle ne put porter aucune résistance à l'attaque et eut l'impression de s'envoler avant de chuter lourdement sur le sol. Elle n'eut pas vraiment le temps de comprendre ce qu'il lui était arrivé, que la porte s'ouvrit à la volée, pour laisser apparaître l'ogre de la maison, le souffle court et le teint violacé. Elle l'avait déjà vu en colère, mais à ce point ? Jamais, pour la simple raison que ce n'était pas juste une fulmination passagère. Non, son oncle avait l'air haineux quand il posa ses yeux sur elle. Lys se raidit, paniquée, incapable de faire le moindre geste. Elle aurait pourtant souhaité s'enfuir, mais son cœur s'emballa et elle n'eut que la force de se recroqueviller. Elle eut l'impression que si les iris de directeur d'entreprise auraient pu tuer, elle se serait consumée jusqu'à n'être plus qu'un tas de cendres.

« TOI !, beugla-t-il en levant sa main.
— Vernon !, brama Pétunia en réponse. Que crois-tu faire ?! »

Un vacarme assourdissant suivit la tirade de Pétunia. Lys sursauta et ferma les yeux, s'attendant presque à prendre un coup, qui ne vint jamais. Vernon ne l'avait jamais frappé. Ce n'était pas un tendre et si les services sociaux étaient venus vérifier le traitement que subissait Prince dans cette maison, nul doute que la garde leur aurait été retirée, mais il avait toujours mis un point d'honneur à ne jamais être violent, que ce fût envers la fillette ou sa femme. Il ne l'aimait pas, la détestait même, elle qui lui arrachait petit à petit l'amour de son épouse avec sa sorcellerie, mais jamais, ô grand jamais, il n'aurait osé lever la main sur un enfant, qu'il fût normal ou l'une de ces absurdités. Alors, tout bonnement choqué par son propre geste, l'homme récupéra son manteau, l'enfila en vitesse et claqua la porte de la maison, sans se retourner. Pétunia resta interdite devant la scène qui venait de se dérouler, comme une spectatrice qui aurait aimé intervenir, mais qui n'en avait pas le pouvoir. Ce fut Dudley qui la ramena à la réalité.

« Maman, murmura-t-il, comme s'il avait peur des mots qu'il allait lui-même prononcer. Papa est en train de devenir fou ?
— Non, non, Dudlynouchet, s'empressa-t-elle de lui susurrer avec douceur. Tu veux bien aller dans ta chambre et jouer à tes jeux vidéo ? »

Le garçon acquiesça et, sans jeter un regard à sa cousine qui était toujours prostrée dans un coin, s'en alla avec l'allure d'un zombie. Elle lui en voulut, ayant la rancune tenace, sans comprendre qu'il était simplement en état de choc, après ce qui venait de se passer.

« Lysandra ? », s'enquit sa tante, mais elle n'obtint aucune réponse.

Elle tenta un contact et la petite se rétracta immédiatement, alors, dans l'espoir qu'elle se détendît, elle fit la seule chose qui lui vint à l'esprit. Elle chantonna. Sa voix s'éleva dans les airs et, progressivement, les tremblements de la fillette se calmèrent. Pétunia n'arrêta que quand elle fut certaine que la fille de sa sœur pût l'entendre. C'était une astuce qu'elle avait trouvée, quand elle n'était encore qu'un bambin. La berceuse que sa propre mère fredonnait à Lily et elle, quand elles étaient enfants, avait un effet apaisant sur Lysandra. Elle avait deviné que sa petite sœur avait du s'en servir pour endormir ou calmer les pleurs de sa fille, de son vivant. Depuis qu'elle l'avait compris, elle s'en servait dès qu'elle en ressentait le besoin, à savoir dès qu'elle voyait cette enfant, si ressemblante en sa cadette que cela en était troublant, sangloter.

« Lys ?, souffla Pétunia avec douceur. Tu m'entends ?
— O-oui, bégaya la susnommée en hochant lentement la tête.
— Je peux te toucher ?, questionna son interlocutrice et, présentement, sa sauveuse.
— O-oui », acquiesça de nouveau la fillette.

Sans rien lui demander d'autre, la femme vint, avec une délicatesse insoupçonnée, passer sa main sur ses cheveux, avant de lui tendre une main. Le contact agréable sur sa tignasse de feu encouragea suffisamment Lysandra pour qu'elle ouvrît les yeux, avant de papillonner des paupières à cause de la lumière qui agressa sa rétine. Elle n'avait aucune idée de combien de temps elle avait passé là, recourbée sur elle-même, à même le sol, dans le vestibule, mais elle avait par contre conscience que son oncle n'était pas encore rentré. Elle en fut soulagée. Égoïstement soulagée, ne put-elle s'empêcher de rajouter, car même si Vernon la détestait, elle ne souhaitait pas qu'il disparût. Elle s'était habituée à sa présence, qu'elle le voulût ou non. Sans le moindre bruit, elle suivit l'adulte jusqu'à sa chambre. Elle courut jusqu'à son lit et se cacha à moitié dans la couette, en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. Ensuite, seulement, elle se décida à parler, même s'il lui fallut rassembler le peu de courage qu'elle possédait à cet instant précis.

« Je..., commença-t-elle, avant de se stopper et de déglutir, détournant ses pupilles d'onyx du visage strict de sa tutrice. Pardon.
— Tu n'y es pour rien, se contenta de répondre sa tante, avant de se relever et de se diriger vers la sortie ; elle se retourna au moment où elle allait passer la porte. Essaie de dormir, ça ira mieux demain. »

Sur ces mots, elle éteignit la lumière à l'aide de l'interrupteur, puis ramena lentement la porte vers elle, qu'elle laissa entrouverte. Uniquement à ce moment-là, Lysandra remarqua à quel point elle était épuisée. Elle n'eut que le temps de se faire la réflexion que la maîtresse de maison n'avait pas complètement refermée le battant, sûrement pour s'assurer qu'elle ne fît pas de mauvais rêves, que le Marchand de Sable fit son office.

Malheureusement, comme si était attendue Pétunia, Lysandra fit un cauchemar et se réveilla en sursaut et en sueur, en plein milieu de la nuit. Elle plaqua sa main sur sa bouche quand elle se rendit compte, après une bonne dizaine de secondes de latence, que le cri aigu qu'elle percevait avec force était émis par ses cordes vocales. Elle entendit ensuite, distinctement, un bruit dans la chambre d'à côté, celle du couple. La seconde d'après, le ronflement des trois autres occupants de la maison lui parvint et elle soupira de soulagement. Son oncle était revenu, finalement et avait l'air de dormir comme un bébé. Sa tante, elle, ne s'était pas éveillée malgré le vacarme qu'elle avait du faire et elle s'en sentit immédiatement soulagée. Elle l'avait déjà suffisamment inquiétée, ce qu'elle ne supportait pas sa tante avait déjà ses propres soucis à régler et elle ne voulait pas lui en rajouter, ne souhaitait pas devenir un fardeau.

Quand ses sombres préoccupations disparurent, elles ne le firent que pour céder leur place à l'image déformée d'un ogre violet, au-dessus d'elle, le sourire fou et la main levée, prête à s'abattre sur sa fluette silhouette. Elle sursauta et rouvrit les yeux, ses paupières s'étant rabattues d'elles-mêmes. Même si elle ne souhaitait pas retourner auprès de Morphée, Lys devait bien admettre qu'elle était exténuée. En jetant un œil sur le réveil bancal qui se trouvait sur sa table de chevet, à droite de son lit simple, elle vit qu'il n'était que minuit. Elle n'avait tenu, au pays du Lion d'Or*, que quatre heures. Avec un soupir, elle se redressa sur son lit, puis laissa glisser ses jambes le long du matelas pour les extirper de la couverture. Elle regretta aussitôt son idée quand l'air frais de la nuit vint chatouiller sa peau mise à nue. Elle avait oublié qu'elle n'était pas en pyjama, mais habillée d'une robe d'été aux motifs représentant des lys blanc.

Cherchant à rassembler tout son courage, la demoiselle attrapa le tissu rembourré qui la recouvrait et d'un geste sec, le retira du reste de son corps. Elle se mit d'emblée à claquer des dents, la morsure du froid la prenant en traître, malgré qu'elle s'y fût préparée mentalement. Voulant passer outre, elle déglutit et se releva avant de retirer son vêtement, qu'elle déposa sur son lit. Elle se dirigea vers sa commode, à côté de la porte, tout en essayant vainement de se réchauffer en frictionnant ses mains sur ses bras. Après avoir récupéré son pyjama qui se trouvait, plié, dans un tiroir, elle se retourna pour l'enfiler. En face d'elle, et par extension du meuble d'où elle venait d'extraire sa tenue de nuit, Lys pouvait à peine discerner son bureau, placé sous la fenêtre. Cette dernière, elle le savait, offrait une vue parfaite sur l'allée où était garée la voiture de Vernon. Ce n'était pas le paysage le plus enchanté dont elle aurait pu rêver.

Enfin vêtue et en toute discrétion, elle quitta la pièce pour se rendre jusqu'à la salle d'eau, qui se trouvait fort heureusement à l'étage. Elle y laissa la robe, trempée de sueur, dans la panière à linge, pour ensuite retourner jusqu'à son cocon, mais au final, elle dépassa l'accès sans y prêter la moindre attention. Elle avait soif, alors elle descendit les escaliers en évitant les marches qui craquaient, se souvenant de chacune d'entre elles à force de l'emprunter de nuit.

Lysandra n'avait pas le sommeil lourd, elle ne l'avait jamais eu et ce n'était pas la première fois qu'elle passait un certain temps à vadrouiller dans l'édifice, tard dans la nuit. Bien sûr, ce n'était pas toujours à cause d'un cauchemar. Souvent, c'était un rêve étrange, où elle survolait le quartier qui la réveillait, quand ce n'était pas un flash vert qui survenait durant ses songes les plus doux. Elle s'éveillait toujours brusquement et, ne parvenant pas à se rendormir, préférait se lever et se déplacer, jusqu'à sentir son esprit s'embrumer. Quelques rares fois, elle avait été surprise par son cousin, qui se levait la nuit pour voler dans le réfrigérateur. Aucun des deux n'en parlait aux parents. L'un parce qu'il savait qu'elle l'aurait vendu sur sa pêche à la nourriture, l'autre parce qu'elle se doutait qu'il ne se serait pas gêné pour broder un mensonge autour de la vérité. Dudley avait peur que son traitement de faveur, de la part de son paternel, s'arrêtât s'il l'apprenait. Lys ne voulait surtout pas inquiéter sa tante ou la décevoir. C'était donnant-donnant.

Arrivée dans la cuisine, elle se dirigea vers le cagibi remplis de conserves pour récupérer le tabouret. Elle l'apporta jusque devant l'évier et le posa au sol, avant de grimper, attendant de stabiliser son équilibre pour lever les yeux vers le placard fixé au mur. Elle l'ouvrit et récupéra un verre en plastique, avant de descendre en prenant un maximum de précaution. Une fois, elle avait trébuché et elle se souvenait encore comme si c'était hier de la douleur qu'elle avait ressenti, pendant plusieurs jours, à l'arrière de la tête. Enfin, elle put se servir le verre d'eau tant désiré, après avoir ouvert un tiroir pour y récupérer une lampe torche. Elle ne tenait pas à alerter tout le voisinage en allumant la lumière. Après avoir rempli le récipient de moitié, elle s'abreuva du contenu et ne put s'empêcher de lâcher un bâillement sonore à la seconde où ses lèvres s'éloignèrent du gobelet. Son corps la suppliait de retourner dans son lit et Prince n'avait pas l'intention de se faire prier. Toujours en faisant attention, mais en essayant d'être rapide, elle plaça le contenant dans l'évier, puis alla remettre le marche-pied à sa place initiale.

Elle ne l'avait pas remarqué la première fois, mais la seconde, ça ne lui échappa pas. En ouvrant le compartiment duquel elle avait retiré son éclairage discret, elle aperçut une enveloppe un peu bizarre, à l'aspect vieillie. Prise d'une curiosité qu'elle risquait fort de regretter, se doutait-elle, Lys s'empara du papier jaunie qui renfermait, forcément, une lettre. Elle était cachetée, même si descellée, avec de la cire, et comme elle l'avait appris durant un cours d'Histoire, il était courant de le faire par le passé. Elle approcha ensuite le symbole qui se dessinait sur la cire et plissa les yeux pour distinguer ce que c'était. Elle eut l'impression de voir quatre blasons de vieilles familles en un seul. En premier, en haut, un lion plein de fierté, dressé sur deux pattes, faisaient face à un serpent, à sa droite, prêt à l'attaquer. Juste en dessous de ce dernier se trouvait un aigle dont la tête était tournée vers la gauche, vers le dernier représentant animal, à savoir un blaireau, qui lui renvoyait un regard perçant. Elle pouvait presque les imaginer vivants et elle trouva les armoiries vraiment insolites à cause de cette sensation diffuse. Toujours guidée par l'intérêt qu'elle portait à l'enveloppe, elle la retourna pour pouvoir lire qui était le destinataire et faillit bien en lâcher la missive, tant elle fut surprise par ce qu'elle lut.

Ms. L. Prince,

Dans la quatrième chambre,

4, Privet Drive,

Little Whinging,

Surrey.

La lettre lui était donc adressée et, la conversation encore en tête de la veille au soir, elle comprit que son oncle et sa tante n'avaient pas voulu lui permettre de la lire. Avec un sourire extatique, elle la retourna, puis en sortit deux grandes feuilles, qui lui firent penser à du parchemin à cause de la texture et du poids. Elle jeta rapidement un coup d'œil à ce qui ressemblait à une liste, se demandant quel fou furieux avait pu écrire de telles âneries. Qui voulait d'un balai au collège, sérieusement ? C'était écrit en majuscules en plus. Elle s'intéressa ensuite à la première partie, préférant délaisser l'idiotie de la seconde. C'était la plus courte et elle la parcourut d'un regard brillant par la perplexité qui s'y reflétait.

COLLEGE DE POUDLARD, ÉCOLE DE SORCELLERIE

Directeur : Albus Dumbledore

(Commandeur du Grand-Ordre de Merlin Docteur ès Sorcellerie,

Enchanteur-en-chef, Manitou suprême de la Confédération internationale des Mages et Sorciers)

Chère Ms Prince,

Nous avons le plaisir de vous informer que vous bénéficiez d'ores et déjà d'une inscription au collège Poudlard. Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages et équipements nécessaires au bon déroulement de votre scolarité.

La rentrée étant fixée au 1er septembre, nous attendrons votre hibou le 31 juillet au plus tard.

Veuillez croire, chère Ms Prince, en l'expression de nos sentiments distingués.

Minerva McGonagall

Directrice-adjointe

Lys, quand elle eut terminé sa lecture, ne put empêcher un ricanement de lui échapper. Oui, avoir des pouvoirs magiques aurait été formidables, mais elle avait grandi et son oncle, de toute façon, n'arrêtait pas de répéter que la magie n'existait pas. Il y avait bien sûr eu quelques événements étranges dans sa vie, quand elle avait peur ou qu'elle était en colère, comme la fois où elle s'était retrouvée en haut d'un arbre alors que le chien de la sœur de Vernon l'attaquait ou, plus récemment, quand la vitre d'un vivarium avait subitement disparu et que son cousin avait manqué tomber dedans, alors que le serpent s'enfuyait après l'avoir remercié. Sauf qu'elle n'était pas bête et qu'il y avait forcément des explications logiques à tout ce qui était arrivé, à l'aide de la science. Non, c'était une blague très bien ficelée, mais ça restait une blague.

Ou peut-être... Est-ce que c'était une surprise que sa tante lui préparait pour son anniversaire, avec son oncle Vernon en complice ? Un espoir étrange fit battre son cœur un peu plus vite. Ils avaient un sacré jeu d'acteur, parce qu'elle avait vraiment cru que Vernon allait s'en prendre physiquement à elle. La perspective que ce n'était que fictif lui enleva un poids des épaules, dont elle prit conscience de l'existence qu'à cet instant. Avant que la culpabilité vînt chasser son bonheur éphémère. Si c'était le cas, elle venait de tout gâcher et Pétunia allait être déçue.

Avec précipitation, elle rangea les deux parchemins dans l'enveloppe, qu'elle remit dans le tiroir, pour ensuite y replacer la lampe et le fermer d'un coup sec. Peut-être un peu bruyamment, se fit-elle la réflexion ensuite. La seconde d'après, la lumière l'éblouit. Elle ne savait pas qui se trouvait dernière elle, qui l'avait allumé et elle n'osa pas se retourner, figée sur place. La personne n'avait fait aucun bruit, ce qui voulait dire que celui ou celle qui venait de la surprendre était là depuis un petit moment déjà et qu'elle l'avait vu examiner sa lettre sans intervenir. À tous les coups, elle allait passer un sale quart d'heure.


J'espère que ce premier chapitre vous aura mis l'eau à la bouche, la suite arrivera dans deux semaines. Sur ce, passez une agréable soirée/journée.