-Euh, Hermione, ça te dirait pas de dégager de là ? C'est pas que t'es dérangeante -loin de moi cette pensée!- et c'est pas que je n'apprécie pas particulièrement le fait qu'on me réveille en transplanant dans mon lit à quatre heures du matin, non vraiment, à la limite je m'en ficherais, si tu m'avais pas piqué toute la couette. Et ça non Hermione, juste non quoi, je suis désolé -enfin quand je dis ça... bref !- mais je vais te renvoyer chez toi si tu continues. C'est même une option envisageable, en fait.

Qui se permet de troubler MON sommeil ? LE sommeil ? MON sommeil à moi, Hermione Granger ? Quelqu'un de normal serait dissuadé rien qu'en sachant à qui il a affaire. Et pour quels faux problèmes suis-je dérangée en plus ?Harry sait très bien qu'il lui suffirait d'utiliser sa baguette (et son cerveau, accessoirement, mais ça j'essaye de ne pas trop en demander à ce pauvre petit.) pour qu'une deuxième couette apparaisse instantanément. Mais malgré ça, non, il éprouve toujours le besoin de tester mes nerfs. Mais par pitié, dès le matin, qu'il m'épargne son petit speech moqueur quoi !Quel emmerdeur, Harry !

Je réussis presque à lui grogner un « Petit con ».

-Mhh, j'adore. La féminité même, me lance Harry d'un air amusé. Tu vends du rêve, Hermione, tu le sais ça ?

-Bien-sûr que je le sais, marmonnai-je. Je suis Hermione Granger, tu te souviens ? Maintenant laisse moi dormir. Tu sais bien que c'est le matin. Et puis tu sais bien que c'est ta faute si je ne peux même plus dormir chez moi.

-Ah, Hermione d'amour, commença Harry. Je déteste quand il commence ses phrases par «Hermione d'amour ». Premièrement, parce que je sais qu'il a cet insupportable sourire à la Colgate sur les lèvres quand il dit ça, et deuxièmement parce que je sais qu'il va se foutre de ma gueule comme personne en prenant l'air le plus innocent du monde. Il m'énerve, mais rien qu'en l'entendant m'appeler « Hermione d'amour », j'ai envie de sourire. Je dis bien envie. Pas question de laisser croire à Harry qu'il m'amuse ! Loin de là. Il faut que tu saches qu'il est un peu tard pour que ce soit le matin. Il est même un peu plus de treize heures. Et puis je ne vois pas de quoi tu parles quand tu dis que c'est de ma faute si tu te sens obligée de passer quatre nuits par semaine dans mon lit, dans ma chambre, et dans mon manoir aussi. Tu m'expliques ? me demande-t-il avec un clin d'œil.

Ah. Sacré clin d'œil, comment te résister, tu es si craquant, si irrésistible, si génial, si... Harry quoi !

Bon, je tiens à préciser que non, je ne suis pas avec Harry ! Loin de là, haha. Oui, j'avoue que l'idée m'amuse. Mais Harry est un peu devenu LE meilleur ami. Depuis qu'on a rompu avec Ron, on est toujours tous les trois méga proches bien-sûr, mais bon, ce n'est plus pareil. J'avoue que quand ce n'est plus possible de dormir chez moi, je raye directement l'option Ron de mon esprit ! Avec Harry, il n'y a pas d'ambiguïté, je sais que je peux passer toutes mes nuits avec lui sans qu'il ne se passe rien, et je dois dire que ça fait du bien, de ne pas avoir à se poser de questions particulières sur la nature de notre relation. De l'amitié, pure et dure, et de première qualité ! Oh Gosh, j'ai l'impression de parler d'une marque de café. Mais je divague. Oui, donc, Harry et moi, c'est de la pure amitié, on se connaît mieux que tout l'un l'autre. Je pense sincèrement que j'ai de la chance d'avoir Harry: c'est un peu le meilleur ami parfait quoi. Avec la gloire, l'argent et le sex-appeal en plus quoi ! Et puis, trouvez un gars qui n'essaye pas de vous tripoter dans son lit après un ou deux Whisky pur feu, et vous verrez que Harry est vraiment quelqu'un de bien. Bon, même si il n'a plus franchement à le prouver à qui que ce soit, maintenant !

Je sors du lit avec difficulté en lui répondant quelque chose qui me paraisse un minimum intelligent, même si je n'y compte pas trop, il ne faut pas non plus oublier qu'il n'est que 13h.

-Déjà, tu sais très bien que quand on est moi, treize heures, c'est considéré comme le milieu de la matinée, ou bref, c'est le matin quoi. Et pour mon petit problème de cohabitation, je pense que je vais t'épargner les détails des raisons qui m'ont poussé à venir ici ?

Et BIM ! Tu n'avais qu'à pas larguer Ginny, mon chou. Il ne dit plus rien. Haha, il regarde même le sol. Fallait pas me chercher dès le matin, mon Harry d'amour ! (Moi, puérile ? Nooooon, loin de là.) Bon, il faudrait peut-être que je me lève. Je sors du lit, ma couette (enfin, celle d'Harry) enroulée autours de moi en traînant sur le sol, renversant pas mal de choses sur son passage. Bien fait pour Harry.

-Mais pourquoi tu te lèves toujours en gardant ta couette sur toi ? se plaignit-il, exaspéré. Habile changement de sujet, Harry d'amour !

-Parce que j'ai froid le matin. Et on est dans un pays libre, non ?

-Mais ce n'est pas le matin, insiste-t-il. Il est 13h.

Je prends mon ton le plus doucereux et mielleux pour lui répondre.

-J'ai déjà répondu à ça, Harry d'amour.

-Hé, arrête de me piquer mes surnoms ! s'indigna-t-il. Si tu n'as aucune imagination, va piquer des idées à quelqu'un d'autre.

-Oh pardon Harry chéri, répondis-je ironiquement. Question d'habitude, je suppose, rajoutai-je avec un clin d'œil.

Et puis je copie qui je veux de toutes manières. Non mais vraiment.

-Ah non, trop c'est trop, ça tu ne peux pas, tu ne TOUCHES pas au clin d'œil. C'est mon clin d'œil, c'est le clin d'œil. Le clin d'œil légendaire d'Harry Potter. Le clin d'œil de l'élu. Pas le clin d'œil de la SDF enroulée dans ma couette, ça l'fait pas Hermione d'amour. Ah non, trop c'est trop, tu me rends mon clin d'œil.

Là, je ne peux pas m'empêcher d'éclater de rire, et je suis vite imité par Harry.

Quel con, ce type. Et qu'est ce que je l'aime malgré tout !

-Tu es con. Bon, il faut que j'y aille, à cette heure-ci la maison est sûrement libérée, déclarai-je en ramassant mes dernières affaires éparpillées sous le lit. Désolée pour le dérangement, rajoutai-je avec une lueur d'amusement dans les yeux.

Comme si j'étais désolée de quoi que ce soit, il adore ma présence. Ce qui est légitime, d'un côté.

-Ah, mais qui refuserait de passer la nuit avec Hermione Granger, ou qui plus est la femme la plus sexy et importante de Grande-Bretagne ? répondit-il avec un sourire charmeur.

Ah, être beau lui va si bien. Il a tout compris.

-Un inconscient, j'en suis sûre ! ai-je lancé en riant avant de le prendre dans mes bras.

(ou un autiste ?)

-Tu viens ce soir, ou je n'aurais pas droit à l'honneur de ta présence ? me demande-t-il.

Oh Harry, tu ne peux pas prévenir avant de poser des questions comme ça ? Ah euh, en fait non, je n'ai rien dit. Tu ne peux vraiment pas, sinon tu aurais l'air bizarre : « Prépare toi Hermione, je vais te poser une question qui va te foutre dans l'embarras total. C'est parti ! » Oui bref, je divague.

Et merde. Je l'avais totalement oublié, cette soirée. Pourquoi Harry décide-t-il toujours d'inviter tout le monde aux moments où je suis le plus overbookée par le boulot ? Enfin tant pis. J'ai tendance à oublier que mon travail n'est plus indispensable, il faut dire que sans travailler, j'aurais largement assez sur mon compte en banque Gringott's de quoi faire vivre les cinq prochaines générations de la famille Granger ! Mais que voulez-vous, on ne change pas les bonnes vieilles habitudes... Ne pas travailler, pour moi, c'est l'angoisse. J'ai besoin de me rendre utile. Et puis, nous sommes tous d'accord pour dire que ce serait un énorme gâchis que de ne pas utiliser des capacités aussi développées que les miennes. Je ne dis pas ça par fierté ou quoi que ce soit, mais c'est la pure vérité, de la logique de base même ! Enfin bref.
Harry, je te déteste !

-Bien-sûr que je serai là ! finis-je par répondre avec un large (faux) sourire.

Imbécile.

-Génial, à ce soir alors Hermione chérie, termine-t-il avec son fameux clin d'œil.

Je crois vraiment que je le tuerai, un de ces quatre !

-Hermione, pense un peu moins fort, s'il te plaît. rajoute-t-il d'un air amusé.

« Tu es con, Harry » pensai-je très très fort pour qu'il m'entende. Son haussement de sourcil me sert de confirmation.

-A ce soir ! Répondis-je, lui riant au nez. Il s'apprête à répliquer mais je n'ai pas le temps pour ces enfantillages, et nous connaissant, on en aura notre dose pour ce soir ! Je transplane donc en lui tirant la langue. Oui, je sais, j'ai une répartie à toute épreuve avec Harry.

Ah. Home sweet home. Et surtout my home, j'ai envie de dire. Je suis enfin arrivée dans MA chambre, dans MON manoir, sur MON lit. Quel bonheur.

Un jour, je passerai une nuit complète ici !

...ou pas. Haha, j'ai de l'espoir non ?

Quel joyeux borde, quand même ! Enfin non en fait, pas tant que ça. Si on range les fringues, et les bouquins, et qu'on déplace deux trois meubles et qu'on fait la poussière... ça peut aller. Oui, en fait non, il faut que je range. Je dirais même plus, il faut que je nettoie. Mais je n'ai pas le temps pour ça ! Et jamais je ne demanderai à Dobby de le faire pour moi, alors là, plutôt mourir ! Parce que oui, Dobby travaille pour moi maintenant. C'est fou comme on s'attache aux bestioles qui vous sauvent de la torture de Bellatrix, non ?

Je suppose que vous vous demandez pourquoi je n'ai pas simplement dormi dans cette chambre depuis le début, et pourquoi j'ai du aller embêter Harry, et pourquoi ça a l'air d'être comme ça souvent ? Vous allez comprendre.

Bon, je me lève, parce que mine de rien il est déjà treize heures dix. Enfin, je pense.

Gosh, que le chemin est long pour atteindre la salle de bain ! Surtout dès le matin. Comment ça, ce n'est plus le matin ? Bien sûr que si, il suffit juste de changer de point de vue.

Je suis enfin arrivée à ma salle de bain. Ca doit faire une minute que je marche dans le couloir. D'ailleurs, c'est débile, j'aurais pu transplané. Tant pis, je transplanerai demain matin.

Et là, quelle surprise j'éprouve en ouvrant la porte de ma salle de bain : un parfait inconnu est en tranquillement en train de se raser.

Dans MA salle de bain.

Enfin bon, en fait je n'éprouve pas trop de surprise en fin de compte (c'est la même chose tous les matins. Oui, je sais, ce n'est pas le matin.), mais j'en profite pour me rincer l'oeil car l'expression parfait inconnu s'applique très bien sur ce type.

-Euh... Bonjour, balbutie-t-il maladroitement. Je suis désolé, je croyais que...

Je l'interrompe avec un sourire.

-Aucun problème. Si tu savais mon chou, je suis habituée. J'ai vécu la même chose hier, et avant-hier, et le jour d'avant avant hier, et le jour d'encore avant... Ça doit faire six mois en fait. Je gère, maintenant. Je prend juste ma douche, t'en fais pas.

Aurait-il décerné mon ton très légèrement blasé quand je dis ça ? Ce n'est pas ma faute, pour moi c'est du déjà vu x1000 ! Enfin, il faut avouer que Ginny les choisit mieux tous les jours. Celui-ci est grand, brun, et même avec de la mousse à raser plein la figure on hésiterait pas à lui sauter dessus, je vous assure. Mais pour l'instant, j'ai mieux à faire. Désolée pour toi, bel inconnu !

-Euh, okay, aucun problème... répond-il d'un air un peu perdu.

Il faut dire que c'est assez inhabituel, quelqu'un qui s'en fout de partager sa salle de bain. Mais j'ai tout prévu, parce que je suis Hermione Granger, et que... Bref, j'ai tout prévu.

Je traverse tranquillement ma salle de bain pour entrer dans ma douche toute habillée, avec un je-m'en-foutisme déconcertant. Et c'est là que j'actionne la chose la plus intelligente et utile de cette maison -ou devrais-je dire, de cet espèce de gigantesque manoir ultra-perfectionné- : une savonnette levier.

J'aime tellement tourner cette savonnette dans l'autre sens. On se sent comme dans les films moldus, vous voyez, du genre « Youhouuu ! J'active un passage secret, j'ai la classe internationââââle ! » Oui bon bref, je divague. Et là, quelle merveilleuse chose se produit ? Une ouverture cachée à l'intérieur de ma douche s'enclenche, et j'accède à une seconde salle de bain, MA véritable salle de bain privée, qu'aucune conquête d'une nuit de Ginny ne pourra jamais découvrir. Et oui, il y a des avantages à vivre dans un manoir incroyablement grand, merveilleusement beau, et magiquement parfait. On dirait qu'il a été créé pour moi, c'est assez fou. Un architectomage me l'a offerte, il y a un an de cela, pour avoir sauvé sa fille en aidant à tuer Voldemort avec Harry. Oui, c'est assez cool d'être une héroïne en somme.

Après m'être rapidement lavé, je sors de ma salle de bain (la deuxième).

Tiens, le joli-minois-en-train-de-se-raser n'est plus là. Il faut croire qu'il a fini de se raser.

*Youhou, brillante déduction Hermione !*

Croiser des inconnus à moitié à poil en train de se balader chez moi et trouver ça normal, voilà le quotidien d'Hermione Granger. J'avoue, il y a pire.

Quelques secondes plus tard, et me voilà dans ma cuisine du deuxième étage (je rattraperai les trente minutes de marche par jour conseillées... un autre jour.). J'attrape un paquet de gâteaux dans un tiroir et sors de la maison par la porte de derrière.

Et oui, parce que comme ma maison est absolument parfaite, il y a une entrée principale ET une porte de derrière. N'est-ce pas ingénieux ? N'est-ce pas brillant ? N'est-ce pas merv... Bref.

Comme je l'avais prévu, Ginny est là, assise sur une marche, en sous-vêtements dans une chemise blanche pour hommes (cette satanée habitude de garder leur chemise ! Elle les range dans un placard, comme des trophées, c'est assez flippant quand on y réfléchit.), en train de fumer une cigarette. Elle a pris la sale habitude de fumer il y a déjà deux ans de cela, et elle ne peut plus s'arrêter. Saleté de clopes.

Elle tourne la tête vers moi et me fait un sourire rayonnant. Ce que c'est énervant, les filles qui arrivent à rester sexy et adorables même quand elles sont décoiffées et en train de fumer une clope à l'arrache. Ça en devient presque dévalorisant, de vivre avec Ginny !

-'jour Mione ! me lance-t-elle joyeusement avant de prendre une nouvelle taff de sa cigarette.

Je ne prends pas la peine de répondre et m'assois à côté d'elle. Je sais très bien qu'elle sait que si je n'avais pas la flemme, je lui dirais pareillement bonjour avec grand plaisir. Mais j'ai la flemme.

-Un gâteau ? proposai-je en lui tendant le paquet.

Elle en prend deux. Même si elle refuse de l'admettre, Ginny est autant une goinfre que son frère !

-Je suis désolée que tu aies encore du dormir chez Harry cette semaine... déclara-t-elle, les yeux tournés vers la clôture du jardin.

Je me mis à rire gentiment.

-Il n'y a pas de problème, Gin', tu sais bien que ça ne me dérange pas et lui non plus. Et puis, quand j'ai vu que tu en avais ramené deux à la maison hier soir, j'ai préféré ne pas vous déranger, si tu vois ce que je veux dire... dit-je avec un petit clin d'œil. Désolée Harry, au fond tu sais bien que la copie n'est que le fruit de l'admiration, et je suis une pure fan de ton clin d'œil, alors oui, je te le pique.

Ginny éclate de rire.

Elle a bien changé, en huit ans. Enfin, rectifications : elle a bien changé depuis sa rupture avec Harry, c'est à dire il y a trois ans. Depuis, c'est une croqueuse d'hommes et une fêtarde comme j'ai rarement eu l'occasion d'en voir. Mais elle reste une véritable amie, et je ne suis pas là pour là juger. Qui suis-je pour dire qu'on n'a pas le droit de profiter de sa jeunesse, au fond ?

Ginny et moi vivons en cohabitation depuis sept mois. Franchement, c'est assez cool. Au début, j'étais un peu agacée par le fait qu'elle ramène des types dans MON manoir à peu près tous les soirs, et en plus de ça avec une bonne dose d'alcool les week-ends. Mais quand j'ai commencé à aller chez Harry pour ne plus l'entendre s'amuser toutes les nuits (bien qu'elle m'ait conviée bien des fois à partager ses conquêtes, mais j'avoue que les inconnus à moitié bourrés intéressés uniquement par mon fric et ce que je peux leur apporter sous les draps, très peu pour moi...), eh bien je me suis rapprochée d'Harry, plus que ce que j'aurais cru. Il faut dire que depuis ma rupture avec Ron, les choses sont devenues tellement compliquées... Autant raconter les choses depuis le début, ou devrais-je dire, depuis la fin. La fin de Voldemort...

Et oui, on l'a fait. On a réussi à détruire Voldemort, en fin de compte. Harry l'a tué, il y a huit ans de cela, et la vie a enfin pu reprendre son cours. Avant même de nous rendre compte de notre bonheur, on était déjà riches et célèbres, grâce aux dons des familles sauvées et du ministère. On est tous considérés comme des héros. On est invités partout, à toutes les occasions. C'est assez pratique. Des dizaines d'auteurs talentueux ont écrit des livres sur nous : nous sommes partout, pour ainsi dire. Le pays, et le monde entier respire enfin depuis huit ans, et ça, c'est bien grâce à nous... Après ça, nos vies sont un peu devenues des contes de fées. Chacun poursuit ses carrières : Ginny est devenue rédactrice à la Gazette, et elle est elle aussi (comme toute la famille Weasley) considérée comme une héroïne. Elle passe sa vie à aller à des fêtes et des soirées où nous sommes toujours tous invités. Elle s'amuse, mais elle n'est pas heureuse, du moins, moins heureuse qu'avant... Avant. Quand elle était avec Harry. Ils sont restés ensemble quatre ans, ces deux là. Jusqu'à ce qu'Harry décide de tout terminer... et ça a donné un gros coup à Ginny. Sa réaction ? Elle s'est mise à sortir tous les soirs et à bouffer tous les sorciers de Londres un par un. Sans oublier les cigarettes. Bref, c'est un peu dommage. Surtout que personne n'a compris pourquoi Harry a fait ça, du jour au lendemain, il ne l'aimait plus : inexplicable, leur couple semblait juste inébranlable... Ça prouve bien que rien n'est immortel, quoi. Tout le monde est d'accord pour dire que c'est un gâchis total...

Et de mon côté, que se passe-t-il de follement intéressant dans ma vie ? Un tas de chose, si vous saviez. Et d'ailleurs, autant que vous sachiez !

Aujourd'hui, je suis Hermione Granger, jeune, riche, célèbre et une héroïne, rien que ça. On est tous devenus plus ou moins millionnaires, et on a poursuivi les carrières auxquelles on aspirait. Et tout ça à même pas 25 ans ! J'avoue qu'il y a pire, comme situation.

J'ai écrit deux trois best-seller au cours des huit dernières années, dont un livre qui raconte toutes les péripéties qu'on a du vivre, Harry, Ron et moi, depuis nos onze ans et un autre sur les Moldus : je suis née chez les Moldus, je m'y connais donc pas mal. Et les sorciers sont de plus en plus intéressés par eux, d'ailleurs ! Le père de Ron a même créé un commerce d'objets moldus traficotés par ses soins. Ça a fait un carton ! Et connaissant le père de Ron, il prend son pied... Il a créé des téléphones (portables ET fixes !), des télévisions, et même des mp3. Et tout ça version magique, bien entendu ! Les portables, ça a vraiment été une révolution, tout de même. Plus besoin de galérer à s'envoyer des Patronus ou des hiboux griffonnés à la va-vite pour s'envoyer rapidement des messages ou se contacter immédiatement. Et, évidemment, comme ça carbure à la magie, nul besoin de recharger la bête, et les photos que l'on peut prendre bougent, ce qui est mille fois mieux que la version moldue. Je dois dire que l'une des raisons qui a fait que ça a si bien marché, c'est aussi parce que Harry et moi avons été les premiers à en acheter -ayant grandi parmi des Moldus, nous étions même assez soulagés que les Sorciers s'y mettent-, et parce que c'est le père de Ron, ou le père d'un des héros de l'Histoire de la Magie qui l'a mis en vente. Forcément, ça aide. Mais bref, revenons en à ma carrière brillante.

Je n'ai pas abandonné la S.A.L.E., qui voit chaque jours de nouveaux membres se rallier à notre cause. Bon, peut-être pas chaque jour, mais on n'est plus très loin, je vous assure. Beaucoup (trop) de gens m'ont suggéré de changer le nom de mon association, mais pour rien au monde je ne ferai ça ! La S.A.L.E., ça veut dire tellement de choses pour moi maintenant. Et Dobby aussi aime ce nom, et bim !

A part la S.A.L.E., je possède le titre de Conseillère au sein du Bureau de Replacement des Elfes de maisons, au Ministère. Pas mal, hein ? J'y travaille à mi-temps, mais comme je ne suis que conseillère, je peux tranquillement rester chez moi à écrire des hiboux à mon bureau et cela leur convient : je suis conseillère, je ne fais que conseiller. Je conseille dans pas mal de domaines, d'ailleurs. Il faut dire que je reçois des dizaines et des dizaines de hiboux par jour, je n'ai donc pas vraiment le temps de conseiller tout le monde, mais ça fait toujours chaud au cœur de voir que des gens prennent un quelconque intérêt par rapport à votre vision des choses.

« Ces gens ne sont pas bien. » : Voilà ce qu'en pense Ron. Merci, Ron (ex) chéri !

Et à part conseiller des centaines d'inconnus et aider les elfes, je fais quelque chose de bien mieux. Je dirige quelque chose de bien mieux, pour être précise. Non pas que je considère qu'aider les gens et les elfes n'est pas respectable, au contraire ! Mais ce travail là est tout autre, et d'une toute autre importance...

Je dirige les S.S.M., ou Services Secrets Magiques. Je parie vous ne vous y attendiez pas à celle-là, n'est ce pas ? Il faut dire que moi non plus, je ne m'y attendais pas. On m'a proposé le poste il y a trois ans, quand on a arrêté le boss qui se trouvait en fait être un ancien Mangemort bien caché. Et j'ai pris sa place. Je dois dire que ce n'est pas de tout repos ! C'est un travail trèèèès, très compliqué... Mais j'aime ce qui est compliqué, ça me passionne. On ne change pas les bonnes habitudes. Mon job ? Principalement sauver le pays des bourdes du Ministère, et sinon faire le travail que le Ministère ne saura pas faire, du genre sauver des otages, suivre des tueurs en série pendant parfois des années afin de les piéger en beauté, prévenir le monde des apprenti Mages Noirs à la Voldy', ou protéger les sales petits secrets du gouvernement face aux autres pays et à la presse.

J'organise toutes les missions, je rencontre les dirigeants des SSM étrangers, on me charge de missions, que je recharge à mes nombreux agents, et on sauve le monde. Personnellement, je suis très fière de mon travail, même si ce n'est pas le genre de choses dont on peut se vanter... Essayez un jour de clamer partout que vous dirigez les Services Secrets, et j'espère que vous serez toujours envie le lendemain matin !

Enfin bref, je divague. On parlait de qui au départ, Ginny c'est ça ?

-Tu viens à la soirée de Harry ce soir ? Je demande ça l'air de rien, mais pourtant ça m'intéresse. Si elle ne vient pas à la soirée de son ex, pourquoi devrais-je aller à une soirée où je retrouverai moi-même mon ex ?

-Oh, oui, acquiesce la rouquine avec un hochement de tête. Ginny, ça te dirait pas de répondre des trucs qui m'arrangent de temps en temps ? Ça fait trop longtemps que je n'ai pas revu tout le monde. Et le manoir de Harry commence presque à me manquer, rajouta-t-elle ironiquement.

Évidemment, quand on passe sa vie à coucher avec tout ce qui bouge, on a moins de temps à donner aux gens qui comptent réellement !... Enfin tout bien réfléchi, j'avoue que si j'avais le choix « sex ou amis ? » j'aurais un petit temps de réflexion.

Soudain une pensée me vint :

-Ca signifie que je vais enfin pouvoir te présenter Stan ! déclarai-je avec enthousiasme.

-Tu es vraiment sûre qu'il est gay ? demanda Ginny avec une moue peinée.

J'éclate de rire. Alors là, sûre et certaine... Désolée Ginny, j'aurais aimé t'aider à mettre encore plus de types dans ton lit pour m'empêcher de pouvoir dormir dans ma maison, mais en fait non.

-Oh que oui !Tu verras en lui parlant, il est absolument génial, je l'adore, et comme tu m'adores, tu vas forcément l'adorer. Question de logique. Par contre, comme tu le sais il n'est intéressé que par les hommes, donc non Ginny, tu ne pourras pas le mettre dans ton lit, ça aussi c'est de la logique... Pas trop dur pour ton égo ? demandai-je avec un sourire malicieux. J'adore l'embêter.

-Je m'en remettrai, je pense, répond Ginny avec un rire amusé. Je déteste les maths. Mais je suppose que tu as raison, achève Ginny en se relevant. Elle a enfin terminé sa cigarette. Il faut que j'aille travailler, marmonne-t-elle dans sa barbe en boutonnant sa chemise pour cacher son corps légèrement (haha) dénudé. Il faut dire que je n'avais pas non plus vu le gamin de dix ans de la fenêtre d'en face qui nous mate depuis cinq minutes ! C'est fou, ils commencent de plus en plus jeunes à être pervers !... Nous, on a commencé beaucoup plus tard, tout de même. Je donne une interview à la capitaine des Harpies de Holyhead aujourd'hui, il faut que j'aille travailler.

Je soupire. Qu'on me rappelle pourquoi je ne passe pas mon après-midi à moi à siroter du jus de citrouille en papotant avec des fiertés nationales, déjà ?

Mais non Hermione, tu t'en fiches. Tu es déjà une célébrité à toi toute seule, et bim. (Oh Gosh, il faut que j'arrête de dire « et bim ! ». Et il faut aussi que j'arrête de dire « Oh Gosh ! ». Tout un vocabulaire à revoir, c'est plus possible.)

-Trèèèès bien. Je suppose que je dois faire pareil. Tu as une idée des invités d'Harry ? Je fais encore comme si je ne m'y intéressais qu'à moitié et que je demandais ça pour faire la conversation. Mais loin de là, pourtant !

-D'après ce que m'a dit Luna, ce sera une petite soirée posée entre amis. Du genre Harry, Ron, Fred et George, Luna, Drago (je ne peux m'empêcher de grimacer légèrement en entendant son nom. Des années de haine, ça ne s'efface pas d'un coup ! Bon, soit, huit ans, ça suffit peut-être à pardonner. Mais on comprendra que je suis un petit peu rancunière, après tout.), Danaé, ton pote Stan (ah, enfin un nom réjouissant, Stany' que ferais-je sans toi ?), toi et moi... Et je pense que c'est tout.

Ah oui, pour ceux qui ne sont pas au courant, Danaé, c'est la copine de George. Incroyable, n'est-ce pas ? Fred continue de s'amuser avec un peu toutes les filles qui passent. Bon, c'est sûr qu'avec une oreille en moins, on peut moins faire le malin avec son frangin, donc je comprends George qui a choisit une relation sérieuse. Surtout que, Danaé et lui... C'est tellement... fusionnel ! A en rendre jaloux plus d'un. Enfin. J'ai hâte d'être à ce soir, vu les rapports tendus entre exs, ça risque d'être sympa. Décidément, merci Harry !

Bon, il est temps que je m'en aille, je vais presque finir par arriver en retard au boulot. Et là, en me disant ça, je sais que de toutes manières j'arriverai en retard au boulot, et personne ne me dira rien. C'est fou comme ma vie est répétitive, un peu de piment, d'aventure, d'imprévu, pardi ! (J'ai vraiment pensé « pardi »...?)

-Parfait, répondis-je. Comme si cette liste était parfaite. Je vais aller travailler. A ce soir Gin' !

Je me lève et prends un dernier gâteau. Qui a dit qu'être une petite grosse dans sa tête était mal ? A présent, je transplane, direction ? Le boulot. Oui, celui qui est délicieusement dangereux. Non, je ne suis pas maso.