Titre : Découvrir le ciel
Auteur : Moira-chan (Momo)
Genres : Amitié, tranche de vie, peut-être un peu de romance suivant comment on l'interprète...
Rating : K+
Personnages : Vanitas, Ventus.
Pairing : VanVen très léger, suivant l'interprétation... =3
Disclaimer : Vanitas et Ventus n'appartiennent qu'à Disney/Square Enix. ^^
Résumé : Deux adolescents, une même passion. "Dis-moi, au fait... C'est quoi, exactement, ton rêve ?" - "Mon rêve ? C'est de découvrir le ciel..."
Salut à tous ! ^^
Alors, alors. Comme je l'avais précisé à la fin de mon précédent OS sur le VanVen ("Décrocher les étoiles"), je travaille actuellement sur une trilogie d'OS sur le VanVen (bouh, répétition moche). Tous sont faits des mêmes sentiments : une relation ambigue, une amitié forte dès le départ, etc. De plus, et c'est là que résident leurs différences, ils marquent une évolution : tant au niveau de l'âge des personnages que de l'avancée de leur relation, ils se suivent d'une certaine manière, bien qu'ils n'aient pas le même contexte. ^^
A lire séparément, donc (si vous ne voulez en lire qu'un ou deux sur les trois, par exemple... Et ça me fait déjà super plaisir ! x3), ou bien dans l'ordre que voici :
1) Décrocher les étoiles : www. fanfiction .net/s/6773183/1/Decrocher_les_etoiles (sans les espaces)
2) Découvrir le ciel : Vous l'avez sous les yeux ! =D
3) [Sans titre pour le moment] : Pas encore publié. x)
Un petit mot sur cet OS, quand même : sur cette page, vous ne trouverez que la première partie. x) La seconde est d'ores et déjà écrite mais manque cruellement de l'avis de ma meilleure amie et bêta-lectrice, c'est pourquoi je ne la posterai que d'ici demain après-midi. ^^ De toute façon, il est long, cet OS. xDD
Bonne lecture ! =D
Découvrir le ciel – Première Partie
Assis en tailleur sur son confortable lit aux draps bleu sombre, Vanitas laissait ses yeux voyager entre l'écran de l'ordinateur portable, posé sur ses genoux et dont le navigateur Internet affichait diverses images d'un récent modèle d'avion, et la lourde encyclopédie consacrée à ces engins qu'il avait gardée ouverte à côté de lui. Tout en mémorisant diverses informations qui lui permettraient, d'ici peu, de construire une nouvelle maquette, il se promit de dessiner l'appareil flambant neuf dont il observait le profil dans le livre documentaire, mais fut soudain dérangé par la sonnerie stridente de son téléphone portable ; d'un geste vif, il s'empara de ce dernier, stratégiquement placé sur le lit lui aussi. Un bref regard passé sur l'écran tactile de l'appareil et il découvrait le nom de l'appelant – Ventus, Ven pour les intimes, accessoirement son meilleur ami et auquel il devait par conséquent répondre. Le jeune homme ne put retenir un soupir, puis porta l'engin à son oreille et décrocha. Sûrement Ventus comptait-il lui parler de leur prochain rendez-vous au parc de la ville ; sûrement aussi voulait-il fixer l'heure de leurs retrouvailles pour une énième course d'aéromodélisme dont ils avaient tous deux la passion.
- Salut, déclara-t-il directement, j'peux t'aider ?
A l'autre bout du fil, Ven sourit. Décidément, l'attitude de son ami ne changerait jamais ; que ce soit au téléphone, en face-à-face, sur Internet ou même par lettres, Vanitas était et resterait toujours le même. Aussi, il devait bien se douter de la raison pour laquelle il l'appelait – après tout, ils devaient bien se retrouver tous les week-ends, maquettes télécommandées à la main – et accepterait forcément sa proposition. Il en venait même, parfois, à se demander pourquoi il téléphonait encore, puisque de toute façon, la réponse ne prenait jamais l'agaçante teinte de la négation ; mais force était d'avouer qu'entendre la voix de son ami quelques instants supplémentaires n'entrait pas dans la catégorie des devoirs déplaisants, loin de là, et qu'au moins, les perpétuels sarcasmes ou ironiques plaisanteries de l'aîné des deux garçons – Vanitas ayant d'ores et déjà fêté son dix-neuvième anniversaire, tandis qu'un Ven à la traîne tentait de le rattraper en s'approchant de ses dix-huit ans – avaient le mérite de le faire rire.
- C'est pour cet aprèm', répondit alors le blond. On se voit à quatorze heures, comme d'hab' ?
Après un bref coup d'œil sur l'écran de son ordinateur, dont le coin inférieur droit indiquait la demie de onze heures, Vanitas accepta – pour rien au monde il n'aurait manqué l'un de ces rendez-vous, à vrai dire – et proposa même d'emmener, cette fois, lui-même les deux modèles d'avion qu'ils utiliseraient. En effet, c'était son cadet qui en avait apportés deux de sa collection, le week-end précédent, et l'autre garçon commençait presque à ressentir quelque peine pour ses propres maquettes, tous ces avions de toutes tailles parsemant les étagères de sa chambre, qui se laissaient peu à peu envahir de poussière bien qu'il les nettoie régulièrement.
- Okay, à tout à l'heure, alors ! S'exclama Ven, joyeux, à l'autre bout du fil. On se voit au parc !
Le blond sourit en entendant le grognement d'approbation de son camarade, puis le salua et raccrocha, le cœur léger. Il aimait tout particulièrement ces longues heures que son meilleur ami et lui passaient, tous les dimanches, dans le parc, à faire voler tantôt leurs maquettes, tantôt les cerfs-volants qu'ils construisaient ensemble durant l'été, alors qu'ils alternaient leurs activités communes entre ces rendez-vous et diverses sorties à la piscine ou en bord de mer. Cependant, et bien qu'il fût véritablement attaché à leurs avions de bois télécommandés, l'adolescent savait son cœur envahi d'une autre passion, d'un autre rêve inatteignable ; celui de voler un jour, lui-même, dans le ciel, en montgolfière. Il soupira en rangeant son téléphone portable dans la poche de son jeans ; Vanitas, lui, aurait pu le réaliser, ce rêve ! Il n'était pas donné à tout le monde d'avoir un père sachant construire des montgolfières et en ayant fait son métier, d'ailleurs – mais son meilleur ami semblait toujours avoir la chance de son côté et assurément, s'il avait été moins occupé par ses dessins, ses maquettes, et le club d'aéromodélisme qu'ils fréquentaient tous les deux, il aurait passé ses week-ends à explorer la douce immensité bleue du ciel.
D'un côté, heureusement qu'il ne se passionnait pas autant que Ventus pour les montgolfières ; ainsi, les deux garçons pouvaient se retrouver le dimanche.
Après qu'ils eurent raccroché, Vanitas, de son côté, déposa son appareil mobile à côté de lui, dans le fouillis des draps où l'engin se perdit un instant, et reporta son attention sur l'ordinateur, balayant toutefois sa chambre du regard ; ses yeux s'arrêtèrent sur le calendrier qu'un petit clou maintenait contre le mur. La vue de la dernière date du mois, entourée au marqueur rouge, lui arracha un soupir de découragement. Dans quelques jours à peine, dans rien qu'une petite semaine, son ami – celui qui venait de l'appeler, et qui devait bien être son seul ami – fêterait son anniversaire. Son dix-huitième anniversaire, pour être exact ; et qu'il fût ou non sympathique, le jeune homme ne pouvait pas se permettre d'arriver les mains vides chez Ven une fois venu le jour J.
Oh, certes, il avait prévu un cadeau depuis longtemps ; seulement, comme chaque année, il doutait encore, et douterait jusqu'à la dernière minute, que cela sache plaire à son camarade. Il n'avait pas à s'en faire, tenta-il vainement de se persuader, car le blond s'était toujours montré particulièrement heureux de recevoir un cadeau de sa part ; cependant, cette fois-ci, comme il tenait à offrir à son meilleur ami un cadeau spécial – Ventus n'aurait pas dix-huit ans tous les jours, après tout, et la moindre des choses était de faire en sorte que cette date reste à jamais gravée dans sa mémoire –, Vanitas avait choisi et préparé un présent totalement différent des précédents. Un présent si différent, d'ailleurs, qu'il en venait à craindre que le blond ne l'apprécie pas.
Sarcastique, il laissa son expression prendre un rictus moqueur. Finis les nouveaux jeux vidéo, le camping en forêt, les ravissantes maquettes, les sorties au cinéma ou tout ce qu'il avait pu, un jour, lui offrir d'autre ; cette année-là, au moins, son cadeau aurait le mérite d'être original. Et puis, de toute façon, si cela ne lui plaisait pas, Ven n'oserait pas le lui dire en face – ou du moins, il se prit à l'espérer.
Assis sur l'un des nombreux bancs blancs et propres du parc communal, Ventus lisait le journal quotidien paru dans la matinée qu'il tenait d'une main, tandis que la seconde portait régulièrement à sa bouche la canette de soda qu'il venait d'acheter au supermarché – comme le prouvait d'ailleurs le sac en plastique abandonné à côté de lui et dans lequel se trouvaient encore une canette de la même marque, deux ou trois pâtisseries à l'abri d'une boîte en carton et un sachet de friandises. Il sourit lorsque son regard passa brièvement sur ses récents achats ; si sa mère en avait eu connaissance, sûrement l'aurait-elle réprimandé pour sa gourmandise, et ce, qu'il avance ou non l'argument qu'il partagerait sous peu le tout avec son meilleur ami. Ce dernier, justement, semblait une fois de plus en retard ; un bref coup d'œil à sa montre confirma à Ven qu'effectivement, Vanitas avait dû oublier de prêter attention à la sienne. Amusé, l'adolescent esquissa un sourire – le nombre de fois où son ami l'avait rejoint à l'heure exacte de leur rendez-vous pouvaient sans aucun doute se dénombrer à l'aide des doigts d'une seule main –, puis il referma le journal, décidant qu'il s'était assez renseigné sur les faits divers pour la journée, avant de reporter toute son attention sur le ciel. Il appuya son dos contre le dossier immaculé du banc, releva la tête sans se soucier des probabilités d'être atteint d'un douloureux torticolis qui le menacèrent dès lors, et permit à son regard, avide explorateur, curieux de la moindre particularité visuelle à sa portée, de voyager entre les minces nuages et de se perdre dans la vaste étendue rassurante d'un bleu englobant à présent tout le champ de vision du blond. Celui-ci ne put réprimer un frisson lorsque ses yeux croisèrent la trajectoire d'une montgolfière, dont les couleurs rouge et jaune du ballon paraissaient resplendir sur l'uniforme fond céleste bleu clair.
Rêveur, le jeune homme s'accorda alors quelques instants de songes supplémentaires ; ces merveilleux engins avaient coutume de circuler non loin du parc, de telle sorte que de cet endroit, les jours d'été, on pouvait les observer tant qu'on le voulait et même prendre de magnifiques photographies. Ven se rappelait encore cette soirée où, alors âgés de quatorze et quinze ans, son meilleur ami et lui-même avaient eu l'aubaine de voir passer, à portée de leur regard, une montgolfière qui leur avait paru projetée en ombre chinoise contre le cercle orangé du soleil couchant. Ah, comme la terre et l'astre rouge vus du vaste ciel avaient dû enchanter les voyageurs se trouvant dans l'appareil, ce soir-là ! Le blond garçon soupira ; si seulement il avait pu, lui aussi, prendre part à une telle expédition, il aurait sans aucun doute été le plus heureux des adolescents – ou le plus effrayé, aussi. L'espace d'un instant, il manqua de s'administrer une baffe ; se ravisant à temps, il se maudit tout de même pour sa peur inexpliquée de la hauteur. Quelle idée, se dit-il, subitement en colère contre lui-même, d'avoir pour passion le ciel lorsqu'on souffre de vertige ! Parfois, et surtout dans ce cas-là, il peinait à comprendre ses propres préférences ; et depuis qu'il s'était avoué ressentir, à l'idée d'un vol en montgolfière, un mélange de passion, d'attirance, d'intérêt, mais aussi de peur, d'une angoisse terrible, il avait l'impression d'être l'un des pionniers de la découverte américaine, lancé à la conquête de l'ouest avec pour seul but un rêve à atteindre et pour seule arme une bouteille d'eau fraîche.
Soupirant une nouvelle fois d'un certain découragement mêlé à une faible dose de désespoir, l'adolescent s'empara du petit carton blanc, à l'abri dans le sachet en plastique du supermarché, et l'ouvrit doucement pour en extirper celle des pâtisseries s'y trouvant qu'il préférait, et croqua aussitôt dans la pâte molle de l'éclair au chocolat. Fort heureusement, sa gourmandise avouée et assumée lui fit immédiatement retrouver sa bonne humeur habituelle, et c'est donc avec le sourire qu'il accueillit son meilleur ami, dès lors qu'il aperçut celui-ci passer le portail d'entrée du parc.
- Yo ! Lui lança calmement Vanitas en s'approchant de lui, un grand sac à commissions à la main.
Ven répondit à cette onomatopée de salutations d'un bref sourire ainsi que d'un petit signe de la main, tandis que son camarade posait sans vergogne son cabas – qui, probablement, devait contenir les maquettes qu'il avait juré apporter – sur le banc. Il le dévisagea ensuite quelques instants ; les traits que le blond parvint à distinguer sur le visage de son ami lui semblèrent allongés et marqués de noir par le geste presque sadique d'une fatigue immodérée. Il n'osa pas, cependant, lui en faire la remarque, et préféra garder pour lui son inquiétude. Après tout, et même s'il n'avait certainement pas assez dormi durant la nuit, l'autre garçon pourrait bien récupérer ses heures de sommeil dans la fin de l'après-midi. De toute façon, Ventus savait par expérience que même pour une fatigue qu'il avait dû juger passagère, Vanitas n'aurait pas manqué leur rendez-vous hebdomadaire ; c'est pourquoi il le laissa lui présenter les avions qu'il avait emmenés sans émettre le moindre commentaire quant à son air las. Tandis que son ami s'évertuait à lui vanter les qualités d'une ou l'autre de ses constructions tout en analysant également leurs points faibles, le blond se prit à laisser courir son regard sur les lunettes d'aviateur qu'il avait laissées pendre à son cou – ces mêmes lunettes qui inspirèrent à Ven un sentiment de nostalgie. Il les lui avait en effet offertes plusieurs années auparavant, pour son anniversaire, et le voir les porter lui procurait toujours une légère sensation de satisfaction, mêlée au simple bonheur de lui avoir fait plaisir. De même, lorsque ses yeux descendirent sur le t-shirt blanc de son ami, celui qui portait le logo du club d'aéromodélisme qu'ils fréquentaient tous deux – et surtout, celui dont le fin tissu laissait pudiquement deviner le torse musclé de son camarade –, Ventus ne put s'empêcher de sourire ; sans aucun doute son aîné rirait-il ou se moquerait-il de lui lorsque le blond retirerait son blouson de cuir, laissant ainsi apparaître ce même vêtement qu'ils avaient tous deux reçu l'année précédente à la suite d'une compétition.
Par la suite, les yeux rêveurs du plus jeune des deux garçons s'accordèrent le droit de courir les courbes du corps de l'autre, procurant à leur possesseur quelques légers frissons lorsqu'il se l'imagina dévêtu. Sitôt que celui-ci, d'ailleurs, eut cette image aussi dérangeante qu'agréable en tête, ses pupilles n'eurent pas besoin de prières pour oser examiner timidement chaque parcelle du corps de Vanitas, cherchant avidement à lire entre les vêtements du jeune homme les fins traits athlétiques de sa silhouette. Sans aucun doute son meilleur ami était-il le plus beau garçon qui lui ait été donné de voir ; l'observer se révélait à chaque fois délicieusement interdit, mais trop tentant et plaisant pour que le blond puisse résister à la tentation de promener un regard gourmand sur l'apparence si sportive et séduisante de son camarade, et le goût de ce fruit défendu permettait à l'imagination de Ven d'atteindre le septième ciel de ses fantasmes – dont l'adolescent avait généralement honte une fois redescendu sur Terre.
Cette fois-ci, cependant, le retour d'un semblant de Paradis à la réalité humaine se fit bien plus brusque que les jours précédents. En effet, l'aîné des deux amis balaya par hasard les alentours du regard et ses yeux eurent ainsi tôt fait de croiser ceux de son cadet, dont les lèvres légèrement entrouvertes laissaient supposer une hésitation d'origine inconnue. Suspicieux, Vanitas dévisagea ce dernier, se penchant notamment quelque peu en sa direction.
- Ven, on peut savoir à quoi tu rêvasses, encore ? S'enquit-il. Et pourquoi tu m'fixes comme ça ?
Aussitôt, la puissante réalité happa de ses tentacules l'interpellé qu'elle immobilisa dans ses filets et le blond rougit brusquement, honteux d'avoir été surpris par celui qu'il n'avait pu s'empêcher de détailler mentalement.
- Ah, heu, je, mais…, bredouilla-t-il, j'te fixais pas !
- A d'autres, rétorqua Vanitas, amusé. T'es pas doué pour mentir.
Cependant, contre toute attente, le jeune homme ne s'agaça ni ne s'énerva ; il se contenta d'ébouriffer, presque paternellement, la chevelure aux reflets d'or de son ami, entre les mains duquel il fourra ensuite l'une des deux maquettes, un sourire narquois accroché aux lèvres. Comme il n'avait eu aucune gêne à le lui annoncer, il ne trouvait pas son camarade doué en l'art et la manière du mensonge – que lui-même, pourtant, pratiquait en sa présence depuis des mois afin de préserver la surprise de son cadeau d'anniversaire – et ne pouvait s'empêcher de rire gentiment de sa maladresse habituelle. En même temps, qui ne rirait pas d'un adolescent parfois tellement rêveur qu'il en venait à oublier les endroits où se posait son regard vide de réflexions ?
- Ah, et au fait, fit soudain Ventus dans le but certain de modifier le sujet de leur conversation, t'as vu, y'a Tron qu'est sorti au ciné' l'autre jour… Ça te dirait d'aller le voir samedi prochain ?
Tout en piochant une nouvelle pâtisserie dans le carton blanc, toujours à l'abri de son sachet en plastique, le plus jeune des deux amis leva sur son interlocuteur une paire d'yeux presque suppliants bien qu'intimidés. Les salles de cinéma avaient commencé à diffuser ce film-là depuis quelques jours déjà et l'intrigue avait intéressé le blond dès qu'il en avait eu connaissance ; aussi, le voir aux côtés de son meilleur ami aurait été, à ses yeux, le plus beau cadeau qu'il aurait pu recevoir pour ses dix-huit ans qu'il fêterait le dimanche suivant.
- Samedi prochain ? Répéta son camarade. Désolé, ça va pas jouer, j'ai plein de trucs à faire.
A ces mots, Ven s'immobilisa, s'empêchant même de croquer à pleines dents dans la friandise qu'il portait alors à ses lèvres. L'espace d'un instant, il retourna dans sa tête les mots de son meilleur ami, et seule une interrogation lui venait à l'esprit : quoi ? Incertain, hésitant, il cligna des yeux une ou deux fois. Avait-il bien entendu ? La réponse s'était-elle avérée négative, alors qu'habituellement, Vanitas ne refusait jamais une sortie qu'il lui proposait ? L'air froid et décidé de celui-ci lui confirma l'affreuse nouvelle dont il avait d'ores et déjà conscience ; déçu, profondément déçu, il baissa les yeux et ne répondit pas.
L'autre garçon, non sans une pointe de remord quant à la dureté de ses mots – il n'avait pas cherché à blesser Ventus, loin de là, mais le week-end suivant lui serait absolument nécessaire s'il voulait terminer à temps le cadeau qu'il préparait depuis si longtemps – décida alors qu'il était temps pour eux de pratiquer quelque peu cette passion pour l'aéromodélisme qu'ils partageaient et, rassurant son ami d'un bref sourire, lui laissa le loisir de choisir la maquette qu'il préférerait utiliser.
Assis sur son lit, dans sa chambre, Ventus jeta à son téléphone portable un nouveau regard désespéré. Durant toute la semaine qui avait précédé cette horrible journée, il n'avait eu l'occasion de voir son meilleur ami que les rares fois où celui-ci avait daigné répondre au téléphone ou lorsqu'il l'avait croisé par hasard ; tant et si bien que, ce jour-là, alors que le blond fêtait son dix-huitième anniversaire en compagnie de sa famille, tout ce qui parvenait à élire domicile sur son visage était une expression déçue, attristée. Il avait tenté, la veille, d'appeler Vanitas plusieurs fois ; jamais ce dernier ne lui avait répondu. Le dimanche-même, il lui avait envoyé maints messages, mais n'en avait pas reçu le moindre et, forcément, en était venu à croire que son meilleur ami avait oublié l'importance de ce jour capital. Il s'était posé la question, bien sûr, de savoir pourquoi son aîné l'ignorait ainsi, et s'était senti coupable d'avoir, par inadvertance, croisé son regard la semaine précédente ; peut-être le jeune homme s'était-il rendu compte de toute la passion que le blond mettait toujours à l'observer, de la tendresse si explicite dans ses yeux, des sentiments trahis par ses joues rouges ? Peut-être s'en était-il senti indigné, fâché, agacé ?
Ven soupira, angoissé, et s'allongea sur son lit, faisant fi de sa mère qui l'appelait à venir déguster un gâteau en son propre honneur. Ses yeux coururent les quelques fissures du plafond blanc immaculé, se perdirent dans les coins où naissaient parfois les fondations de quelque toile d'araignée, promena son regard sur les murs et les étagères où s'entassaient les maquettes, s'attarda un instant sur l'immense poster représentant une montgolfière accroché en face de lui, puis se retourna de façon à se retrouver sur le ventre. Là, il regarda à nouveau l'écran de son téléphone – chose vaine sachant qu'il l'aurait senti vibrer dans sa main s'il avait reçu le moindre appel ou message –, soupira encore une fois, ferma les yeux et prit une mine boudeuse. Sur sa table de chevet trônait, bien en vue, une photo prise l'année précédente, à la fin d'une compétition d'aéromodélisme ; sur le cliché, lui-même affichait un sourire plus large que jamais tandis que son meilleur ami, les lèvres presque étirées en un sourire amusé, lui jetait un regard mi-moqueur, mi-blasé. Ventus ne put, à cette vue, échapper à la nostalgie qui l'assaillit ; cette photographie lui rappelait tous les merveilleux jours qu'il avait pu passer en compagnie de Vanitas, lorsque ce dernier semblait se soucier encore un peu d'entretenir leur amitié – et ce temps-là lui paraissait déjà si loin.
D'un geste las, le blond adolescent tendit un bras vers le cadre de bois et, d'un bref mouvement de poignet, le fit basculer en avant – et le cliché rencontra la table à l'instant même où, au creux de sa main, son portable vibra.
Surpris, il sursauta et se rassit d'un bond sur le matelas ; maladroitement et non sans difficulté, il reprit en main son téléphone et sentit monter en son cœur un sentiment étrange, mélangé d'excitation, d'intérêt et de soulagement pour le message que lui annonçait l'écran de l'appareil. Fort heureusement, l'intenable suspense ne dura que deux ou trois secondes encore, le temps de deux ou trois fébriles pressions sur les touches du téléphone, puis il put lire le SMS qu'on lui avait envoyé. Ou plutôt, le SMS que Vanitas lui avait envoyé. Sans attendre un instant de plus ni même qu'il leur en eut donné la permission, ses yeux parcoururent le message. Une fois, deux fois, trois fois ; les lettres dansaient sous son regard fiévreux et il lui fallut plusieurs minutes pour décoder, comprendre et emmagasiner les phrases que lui transmettaient le SMS. Prends un pull et rejoins-moi au parc. Fais vite, je t'attends.
Il n'en fallut pas plus à l'adolescent pour sauter de son lit et ouvrir à la volée son armoire, exécutant le premier ordre de son ami sans se poser plus de questions. Peu lui importait de savoir exactement pourquoi il devait se rendre au parc, et pourquoi il semblait impératif qu'il emmenât un vêtement chaud supplémentaire ; peu lui importaient les circonstances de cette rencontre du moment qu'il pouvait retrouver Vanitas.
Sitôt qu'il eut enfilé le survêtement par-dessus son fin t-shirt, le blond fourra son téléphone portable dans la poche arrière de son jeans et sortit précipitamment de sa chambre pour se diriger vers la porte d'entrée. Ignorant au passage sa mère, il lança brièvement qu'il reviendrait sous peu et s'empara de sa bicyclette pour se rendre au plus vite à l'endroit du rendez-vous indiqué par son meilleur ami. Il ne pouvait, après tout, pas se permettre de faire attendre celui à qui, sans aucun doute, il désirait le plus au monde parler ; et en cet instant-même, alors qu'il s'enfuyait rapidement sur les routes caressées par les lueurs orangées de la fin d'après-midi, il se sentait prêt à pardonner à Vanitas tous les tourments qu'il lui avait fait endurer, pour peu que ce dernier daigne lui souhaiter un joyeux anniversaire. Et à ce moment-là, sûrement, Ventus pourrait se gratifier d'avoir accompli sa journée, d'avoir dignement fêté ses dix-huit ans – et surtout, d'avoir véritablement passé un joyeux anniversaire.
Merci pour votre lecture ! =D Comme dit en haut de la page, je poste cet OS en deux parties, et ce pour deux raisons : tout d'abord parce qu'avant que la seconde partie ne soit publiée, il est ab-so-lu-ment nécessaire qu'elle soit relue par une certaine personne, et ensuite, parce que sinon, il est quand même un peu long. xD
Mais bon, attendez-vous à trouver la deuxième partie en ligne dès demain après-midi. ^^
