Sous la surface de l'eau
Moi, Drago Malfoy; je tombe. Pourquoi est-ce-que je tombe?
Je ne m'en rappelle plus.
Je ne vois que du bleu. Des dizaines de nuances différentes.
Je n'entends plus que les ondes de l'eau,
ce bruit si calme et reposant.
Je ne sens nulle odeur si ce n'est l'eau salée entrant dans mes poumons.
Mais ce n'est pas grave. Ça ne l'est plus. La guerre a éclaté.
Je pourrais essayer de faire ce que toute personne sensée ferait à ma place:
agiter les bras vers la lumière éblouissante que je perçois à présent
plus haut au-dessus de ma tête,
sans tenir compte de mon torse ensanglanté.
Mais je n'y arrive pas, ou du moins je ne veux pas.
A quoi cela me servirait-il?
Si par quelque miracle je parvenais à me hisser jusqu'à la surface,
il faudrait que j'affronte une nouvelle fois les horreurs
de cette journée marquée au fer rouge par le sang.
Car je me souviens maintenant.
Je me souviens de ce qui ce passe là-haut, sur la terre ferme.
Une guerre comme le monde des sorciers n'en a encore jamais connue.
Des paysages autrefois si empreins d'une beauté et d'une joie que je ne daignais pas voir,
à présent dévastés et abandonnés aux ténèbres.
Les ténèbres.
Je ne saisissais pas la vrai signification de ce mot avant.
Je ne le pouvais tout simplement pas.
En ce moment je le comprends bien plus que je ne le voudrais.
Et si je remonte vers ces ténèbres, je mourrais.
Et si je reste ici, je mourrais.
J'ai le choix,
certes de biens funestes choix, mais je les ai:
tomber à la surface aux côtés de cris d'épouvante et d'agonie;
ou bien me noyer dans les douces profondeurs de la mer,
avec ses sons apaisants,
ses mille couleurs cyans,
mais un feu brûlant insoutenable en moi,
celui du sel parcourant mon corps blessé.
Je ne peux cependant me résoudre à choisir.
C'est un choix bien complexe que de choisir sa façon de mourir.
De plus, j'ai toujours été lâche.
Les couleurs autour de moi,
précédemment si jolies, si raffinées, s'assombrissent.
Je ne vois plus grand chose.
Je ne vois plus.
