Chapitre 1 - Gives you hell
You've never seem so tense love
I've never seen you fall so hard,
When you see my face hope it gives you hell
Hope it gives you hell
[The All American Rejects - Gives You Hell]
Été 1981 – manoir Praepes.
- Entre, exigea la voix.
La jeune fille s'exécuta et pénétra dans la chambre. C'était la première fois qu'elle la revoyait depuis son enfance, cette pièce étant interdite d'accès, même durant les périodes où son propriétaire ne vivait pas au manoir. La chambre n'était pas très différente de l'image qu'elle en avait conservée dans ses souvenirs. De riches tapisseries dans les tons verts et argent ornaient les murs de pierres brutes. La pièce était divisée en plusieurs espaces. Un ensemble composé d'un canapé et de quelques fauteuils confortables disposés autour d'une imposante cheminée où brûlait un feu formait un petit salon ; sur la droite, près des larges fenêtres encadrées de lourds rideaux de velours verts, se trouvait un bureau en chêne ; à gauche, une porte près d'une large armoire du même bois donnait accès à une salle de bain. Enfin, contre le mur du fond, trônait un double lit à baldaquin, aux boiseries sophistiquées, aux draps et tentures d'un vert émeraude profond.
Celle qui venait d'entrer dans la pièce n'avait pas plus de 16 ans. Son corps, celui d'une adolescente longiligne, n'était pas complètement formé, mais on devinait qu'elle deviendrait certainement une très belle femme. Elle était vêtue d'une riche robe de soie bleu roi, et sa démarche, droite et gracieuse, lorsqu'elle s'avança dans la pièce, révélait une éducation soignée. Elle s'arrêta devant l'homme qui lui avait donné l'ordre d'entrer depuis son canapé, et s'inclina devant lui. Celui-ci la fit se redresser et étudia un instant le visage de son interlocutrice. Les traits étaient fins, et la pâleur de la peau, que tranchaient des lèvres délicates et rosées, n'était pas sans lui en rappeler une autre. Elle avait hérité des yeux de sa mère, grands et d'un bleu sombre. Ces yeux qui, d'une certaine manière, le fascinait, il devait bien se l'avouer. Elle avait ramené ses cheveux d'un noir d'ébène en une tresse sur le côté, et les quelques mèches qui s'étaient échappées de sa coiffure tranchaient avec sa peau de porcelaine.
Mal à l'aise devant son regard persistant, la jeune fille se mordit la lèvre et détourna le regard. L'homme assis en face d'elle ne paraissait être âgé que d'une trentaine d'années, alors qu'il en avait en réalité cinquante. Il était indéniablement très séduisant, visage agréable, pâle, et cheveux tout aussi sombres que ceux de son interlocutrice. Sa robe de sorcier laissait deviner une constitution musclée et bien entretenue. Pourtant, au-dessus de ses lèvres fines et de son nez droit, brillait une étrange lueur rouge dans ses yeux noirs, reflétée par l'éclat du feu, qui conférait au personnage une aura à la fois fascinante et effrayante.
L'homme interrompit son examen et se décida à expliquer à la jeune fille la raison de sa présence.
- Je crois savoir que tu as seize ans aujourd'hui, Amethie.
- Oui, Maître, répondit la jeune fille d'une voix légèrement tremblante.
- J'ai décidé, reprit l'homme, et ta mère est de mon avis, que tu étais dès à présent assez âgée pour être des nôtres. Il est temps pour toi de devenir l'une de mes disciples, de devenir un Mangemort.
La jeune fille écarquilla les yeux et ne pût s'empêcher de laisser un sourire de fierté se dessiner sur ses lèvres puis, elle s'agenouilla avec ferveur devant l'homme.
- Maître, c'est un tel honneur pour moi, je suis si heureuse que vous m'en jugiez digne, je ne vous décevrai pas, je vous le jure!
Son interlocuteur étira à son tour ses lèvres minces dans un léger sourire.
- Je suppose que tu acceptes donc.
- J'en suis très honorée, Maître. Je suis prête à tout pour vous servir!
À ces mots, l'homme jeta un regard appuyé vers le corps de la jeune fille et indiqua d'une voix lente :
- Bien, je vais donc recevoir ton serment et te marquer pour m'assurer de ta fidélité. Cependant, étant donné que tu vas devenir la plus jeune de mes disciples, et que tu es la fille d'une de mes plus fidèles Mangemorts, dont tu as hérité la beauté... – à ces mots, la jeune fille rougit, car il était rare que le Maître accorde des compliments –, je vais t'accorder un privilège. Tu es promise à un grand destin, Amethie, si tu me sers correctement. Je vais te marquer différemment, pour que tu te souviennes de cet avenir qui t'attend.
La jeune fille acquiesça d'un signe de tête, l'air grave, et s'écarta pour que l'homme puisse se relever. Il s'approcha d'elle, et saisit son visage entre ses mains, mais malgré un léger frémissement qu'elle ne pût contrôler au contact des mains froides sur sa peau, la jeune fille ne bougea pas d'un pouce. L'homme effleura le visage et le cou de la jeune fille, une lueur de plus en plus rougeâtre dans les yeux puis, rompant tout d'un coup le contact, disparut de sa vue. Un instant déboussolée, Amethie comprit ensuite qu'il se trouvait juste derrière elle lorsque des mains habiles commencèrent à dénouer les lanières de sa robe. Celle-ci glissa sur ses épaules nues, avant d'échoir sur le parquet de bois sombre dans un froissement de soie. La jeune fille frissonna en dépit du feu qui brûlait dans la cheminée derrière elle, et qui prenait, vu les circonstances, une allure de brasier infernal. Les mains effleurèrent ses bras, le tissu délicat de son corset, avant de s'attaquer aux liens qui maintenaient ce-dernier en place. Le corset rejoignit la robe au sol. Amethie tenta maladroitement de couvrir sa poitrine nue de ses bras, mais les deux mains les écartèrent doucement et commencèrent à la caresser lentement. La jeune fille laissa échapper un gémissement lorsqu'elle sentit des lèvres fines se poser délicatement dans son cou, délivrant de légers baisers. Soudain, caresses et baisers s'interrompirent, et elle ne sentit plus rien, jusqu'à ce qu'un souffle chaud vienne chatouiller son oreille et qu'une voix lui murmure :
- Ce sera un peu douloureux.
Amethie tourna son beau visage vers celui de l'homme. Elle ressentait un mélange de peur et d'excitation, une impression qui la grisait outre mesure.
- Je suis prête, murmura-t-elle dans un souffle.
Lorsque la baguette de Lord Voldemort se posa sur son sein gauche, juste au niveau de son cœur, elle ne pût s'empêcher de retenir sa respiration.
- Morsmordre.
Le sort qui l'atteignit lui donna l'impression qu'on tentait de lui ôter son cœur de la poitrine. Il la brûlait, la consumait vivante, lui infligeait une douleur à peine supportable, plus terrible encore que les doloris qui avait encadré son éducation. La jeune fille se mordit les lèvres pour ne pas hurler, si fort qu'une goutte de sang exsuda de sa bouche, et presque simultanément, des lèvres froides et fines vinrent récupérer la perle de liquide sombre. Amethie, surprise, ouvrit la bouche, et aussitôt, ces lèvres fondirent sur les siennes pour s'en emparer avec violence, et la langue de l'homme entama un ballet infernal avec la sienne. Elle dût s'évanouir plusieurs fois, plaisir et douleur se mêlant étrangement, lui faisant perdre toute notion du temps, jusqu'à ce que l'homme, rangeant sa baguette, la porte sur son lit.
Fascinée par la lueur folle qui dansait dans les yeux de son Maître, Amethie ne s'aperçut qu'il s'était dévêtu à son tour que lorsqu'elle sentit son torse se presser avec avidité contre le sien. À nouveau, la bouche de Lord Voldemort s'empara de ses lèvres et l'entraîna dans une nuit d'insomnie, quelque part entre l'enfer et le paradis.
