Cette fiction est la réécriture d'une autre, que d'autres auront peut-être lu. Le titre n'a plus rapport, mais je n'en ai pas trouvé de meilleur. Elle prend place tout de suite après le cinquième tome de la série et ne prend pas en compte les Héros de l'Olympe, que je n'avais pas encore lu. Ce sera plus tard un crossover avec Saint-Seiya, mais pour le moment, seul compte l'univers de Percy Jackson.
Le linceul de Léna était violet. Habile de ses mains, Emilia avait choisi de l'orner de trois lunes en différentes phases, un de symboles de notre mère Hécate, espérant peut-être que cela lui porte chance aux Enfers.
Il était tard dans la nuit quand nous avons brûlé son corps. Emilia était postée de l'autre côté du feu, droite, le visage fermé. Les flammes créaient sur sa personne des reflets quasi surnaturels, sans doute l'effet recherché, et la fumée remplissait l'air, se teintant de mille nuances. Il n'y avait sans doute que moi qui voyait la tristesse dans ses yeux. Une fois qu'il n'y avait plus que des cendres, nous avons regagné notre place dans les gradins. Emilia s'est éclipsée au milieu de la cérémonie, j'ai décidé de la suivre. Il n'y avait pas lieu de m'inquiéter. Elle marchait près du lac, distraite.
-Je sais que tu es là, Chris, a-t-elle lancé.
-Je n'ai pas essayé de me cacher.
Je l'ai rejointe. Pendant quelques minutes, nous avons observé la lune immense qui se reflétait sur les flots. Au premier frisson, j'ai passé un bras autour de ses épaules. Elle était glacée. Je n'en ai rien dit. Elle non plus.
-Notre bungalow est presque achevé, ai-je dit, lui posant la question qui me brûlait les lèvres. Tu viendras habiter avec moi?
Elle a tourné la tête vers moi. Sous la lueur de la lune, ses yeux semblaient d'un violet intense, sans teinte de son bleu habituel. Je me suis demandé s'il pouvait s'agir d'une bénédiction ou si j'hallucinais.
-Tu sais que je ne suis pas ta sœur, a-t-elle murmuré.
J'avais beau m'y attendre, l'entendre le prononcer ne m'a pas moins secoué. Au bout d'interminables secondes, je me suis obligé à sourire. Elle n'en a pas été dupe.
-Alors, qui est ta mère?
-Athéna.
Une autre pause.
-J'aurais préféré Hécate.
Moi aussi, ai-je pensé.
-Ce doit être mon plus grand défaut, a-t-elle poursuivi. Vouloir tout contrôler.
-On se connait depuis presque huit ans. Nous avons tout vécus.
J'ai pris son visage entre mes mains, collé mon front contre le sien. Elle avait les larmes au bord des yeux.
-Tu sais combien je t'aime, Emilia.
-Oui.
-Et tu sais que tu ne cesseras pas, jamais, d'être ma sœur parce que nous n'avons pas la même mère.
Elle m'a rendu l'étreinte, et l'instant d'après elle pleurait sur ma manche. Je l'ai laissée faire. La Emilia que je connaissais ne pleurait que trop rarement pour tout ce qu'elle avait connu, et j'étais plutôt content qu'elle se laisse aller, pour une fois.
-Tu seras toujours la bienvenue, ai-je ajouté.
-Je... Merci.
Elle s'échappait déjà.
-Mais j'ai besoin d'être seule, d'accord? J'ai besoin de réfléchir.
-D'accord.
Elle s'est éloignée, frêle silhouette blonde et lumineuse dans l'obscurité, de ce pas sûr, presque dansant, qu'elle avait mis des années à perfectionner. Je ne me suis pas inquiété. Elle reviendrait, ma sœur.
