Bonjour à tous !
Voici une fanfiction qui me trotte dans la tête depuis des mois. Je l'ai classé dans les sections Romace et Family. A noter aussi qu'il aurait sa place dans la séction Humour pour son ambiance qui même si au début, semble un peu lourde, s'allègera par la suite. Notez qu'elle est classé T pour l'évocation de thèmes durs qui peuvent choquer certaines sensibilités (même si j'éviterai les descriptions graphiques). Vous êtes prévenus !
Ce qui suit est le début, écrit d'un premier jet, et j'avoue avoir du mal pour la suite. Je voulais encore attendre d'avoir une suite potable avant de publier mais peut-être que vos commentaires et vos idées m'inspireront pour la suite.
Sur ce, bonne lecture et j'espère que vous aimerez !
Note : Le début en italique entre crochet est tiré mot pour mot du tome 2 de la saga ! oh, oui et un rappel, pour ceux qui l'ignore même si j'aimerais bien, l'univers de Twilight ne m'appartient définitivement pas !
[Pourquoi pas ? Pourquoi ne pas apaiser le feu tout de suite ? Jacob m'avait promis un plongeon, n'est-ce pas ? Ce n'est pas parce qu'il était indisponible que je devais refuser la distraction qui m'était si nécessaire. Qui l'était d'autant plus que Jacob était en train de risquer sa vie. A cause de moi, au fond. Car sans moi, Victoria n'aurait tué personne dans les parages... ailleurs, loin d'ici, oui. S'il arrivait malheur à Jacob, j'en serait responsable. Cette prise de conscience me fit mal ; je partis en courant en direction de la maison des Blacks, où m'attendait ma Chevrolet.]
Je montai à bord, claquai (un peu trop fort) la portière. Puis, les mains sur les clés, je me figeai. Qu'étais-je en train de faire ? Pourquoi avais-je tant besoin de sauter ?
La réponse était si évidente qu'elle me sauta à la figure ; je voulais profiter dès maintenant de mes « visons ». Je voulais le voir, peu importe la douleur, j'aurais tout le temps de la gérer plus tard. J'en avais besoin. Sentir cet élancement familier fulgurant dans ma poitrine était la preuve même que je ne devenais pas totalement folle -enfin, si on peut dire. Dans un sens, souffrir, c'était lui résister. Je lui résisterai.
Ce sera comme si je n'avais jamais existé.
Je frémis à la fois de douleur et d'envie. L'envie de revoir sa beauté inhumaine, d'entendre sa voix veloutée, de rencontrer à nouveau ses yeux dorés qui me faisait fondre à la fois de plaisir et de souffrance.
Je relâchai les clés que j'avais serré si fort que mes mains m'étaient devenues douloureuses. Mes yeux se perdirent au loin, bien au delà de la grève, là où de puissantes vagues, portées par une mer agitée, s'écrasaient violemment contre le roc dur des falaises. Le fracas de leur rencontre me parvint alors que j'étais à plus que cinq cents mètres de l'endroit où elle avait lieu. Quant au ciel, il était chargé d'une multitude de nuages menaçants, amené par un vent déchaîné.
Tout à coup, mon adorable petit saut me parut bien moins inoffensif. Ce qui éveilla deux sentiments contradictoires en moi. Le premier, le plus prévisible me connaissant, fut l'excitation. Plus de danger signifiait plus de qualité dans mon hallucination. Le deuxième, bien plus surprenant, fut un sentiment que j'avais cru perdu depuis bien longtemps. Un drôle d'instinct de conservation s'éveilla. Et si je n'arrivais à remonter à la surface ?
Je n'avais pas survécu jusqu'ici, survécu à James, survécu à son départ, survécu à Victoria pour mourir aussi bêtement, noyée car impatiente.
Je pouvais tous aussi bien attendre Jacob. Après tout, qu'est-ce que cela changerait ? Encore une fois ma question idiote trouva une réponse toute naturelle. Avec Jacob à mes côtés, je ne pourrais pas pleinement contempler l'étendue de ma folie ; détailler ma vision serait impossible à moins que je ne voulais qu'il m'envoie tout droit à l'hôpital psychiatrique.
Et la dernière chose dont j'avais besoin, c'était que mon unique soutien ne m'abandonne.
Je tenais à la vie, à Jacob, à mon père, ma mère et tout les petits détails qui faisait de ma vie imparfaite ce qu'elle était mais surtout à lui. Mourir ici et maintenant sera la pire des erreurs. Il avait trahi sa promesse ; tout n'était pas exactement comme s'il n'avait jamais existé.
C'était un menteur. Mais pas moi.
Je m'accrocherais jusqu'au bout à ma minable vie, de toutes mes forces, peu importe ce qu'il m'en coûte. Même si je devais finir par céder aux avances de Jacob pour survivre, même si la vie que je vivrai sans lui n'avait aucun but apparent.
J'avais perdu depuis longtemps l'espoir de le revoir un jour. Le revoir vraiment, s'entend. Il n'était pas du genre à faire les choses à moitié et il ne reviendrait pas. Je le savais.
Mais la petite flamme d'espoir de le revoir un jour, de pouvoir ne serait-ce que frôler à nouveau sa peau, si froide, si dure et pourtant si douce, se réveilla.
Je vivrai. Dans ce seul et unique but. Je saurais me montrer à la hauteur de l'amour que j'éprouvai pour lui. Je survivrai.
Je trouverai bien un autre moyen de me rappeler. La moto était assez satisfaisante sur le plan hallucinatoire quand on considérait le niveau de dangerosité que cela impliquait par rapport à une chute de falaise alors que la tempête menaçait. Et puis me connaissant, ce n'était pas les moyens pour me mettre en danger qui manquait.
Je m'installai un peu plus confortablement dans l'habitacle décidée à attendre le retour de Jacob.
Quelque part aux alentours de New York...
Mes doigts tripotaient distraitement le bord de la jupe en soie que je venais de m'acheter la matinée même. Contrairement à quelques mois plus tôt, j'aurais refusé de m'enfermer à l'intérieur et aurais prétexter une soif inexistante pour parader entre les arbres devant le vampire qui partageait mon existence depuis plusieurs décennies désormais, rien que pour voir son air charmé tandis qu'il m'observerait chasser. Bien sur, ses dons lui aurait tout de suite permis de savoir que je n'étais aucunement assoiffée mais le connaissant, il n'aurait rien dit, trop heureux de me faire plaisir.
Aujourd'hui, les choses avaient bien changées et j'étais là, assise mollement sur une chaise, disputant une partie d'échec, ma foi très injuste puisque je pouvais deviner tout les coups de mon adversaire à l'avance. Encore, une fois, j'étais drôlement gâtée et aurait dû me sentir satisfaite de mon sort. Mais rien ne me satisfaisait depuis près six mois.
« -Mon amour », me souffla une voix suave et familière.
Je reconnaîtrai entre mile cette voix parfaite qui venait de me sortir de mes sombres pensées.
Ses boucles blondes retombant de part et d'autre de son visage pâle, ses yeux dorés profondément amoureux plantés dans les miens, une main sous le menton, l'autre jouant négligemment avec ma reine -qu'il venait tout juste de me prendre, Jasper ne m'avait jamais parut aussi beau.
« - C'est la première fois que j'arrive à te la prendre », fanfaronna t-il d'une air ravi avant que son visage ne s'assombrisse. « - Qu'est-qui ne va pas, Alice ? »
Je poussai un soupir. Il savait mieux que quiconque ce que je ressentais mais comme d'habitude, il préférais simuler l'ignorance pour que je lui en dise plus.
« - Je ne suis pas concentrée, c'est tout. Et tu sais très bien pourquoi », soupirai en prenant à mon tour sa reine.
Il y a près de 6 mois, soudainement, j'avais perdu goût à tout. Comme si chaque activité avait perdu de son attrait. Je m'ennuyais. Elle me manquait. Aussi étrange que cela puisse paraître, une personne qui m'était tellement opposée était devenue en quelques mois presque indispensable. Plus que ma sœur, j'avais perdu ma meilleure amie. Aussi têtue et insensible à la mode qu'elle puisse être, j'avais laissé une partie de moi là-bas, à Forks.
Aussitôt une onde calme, d'amour et de sérénité m'enveloppa. Je remerciai Jasper par un sourire un peu forcé. J'aimais tellement toutes les petites attentions quotidiennes qu'il avait à mon égard de la plus banale à son constant intérêt pour mon bonheur personnel. Il pouvait être malheureux comme des pierres, me voir heureuse et épanouie lui suffisait.
En ce moment, sourire n'était plus dans mes habitudes mais lui faisait un effort pour moi, n'arrêtant pas de s'émerveiller pour des pacotilles, veillant à ce que je ne déprime pas trop. Mon idiot de vampire protecteur.
Edward n'avait pas conscience de ce qu'il infligeait à Bella, à lui-même mais aussi à nous tous. Nous avions perdu une sœur mais aussi l'essence même de notre famille. Esmée avait perdu une fille mais elle avait aussi perdu son fils « aîné » ; je crois que mise à part Edward et moi, c'était pour elle que les choses étaient les plus dures. Carlisle était le suivant ; il s'en voulait, je pense, bien qu'il ne l'avouera jamais de voir sa famille se disloquer sans être intervenu plus tôt. Quant à moi, je ne faisait pas vraiment d'effort pour mettre une bonne ambiance à la maison.
Jasper, souffrait aussi, et bien sûr, il n'avait pas pu s'empêcher de se reprocher encore et encore l'incident. J'avais eu énormément de mal à le faire accepter qu'il n'était peut-être pas forcément le responsable de tout ça et que, mis à part son...instinct, Edward avait mûrement réfléchi son projet bien avant que cet incident ne se produise.
J'avais trouvé en Emmett un allié inattendu. C'était de loin celui qui avait le plus reproché à Edward d'abandonner Bella, à l'exception de moi-même. J'avais parfois du mal à me souvenir que ce imbécile de géant bagarreur avait tout au fond, un cœur tendre déjà épri pour sa petite sœur humaine.
Et sans étonnement, Rosalie était celle qui semblait le moins souffrir de notre départ. Elle était partie depuis quelque temps avec Emmett pour un énième voyage de noce en Afrique, certainement pour ne plus avoir à contempler nos mines détruites à longueur de journées. A bien y réfléchir, c'était tant mieux qu'elle soit parti d'elle même, cela m'avait au moins éviter de la jeter à la porte moi-même.
Edward n'était plus que l'ombre de lui-même et Rosalie semblait prendre un drôle de plaisir à le torturer avec ses pensées. Bien sûr, moi, contrairement à Edward, je n'étais pas dans sa tête, j'ignorais ce qu'elle pouvait bien penser quand il était là. Mais j'étais à peu près convaincu qu'elle félicitait mentalement Edward pour son choix à chaque fois qu'elle le voyait. Comme si il ne souffrait pas déjà assez...
Oh, oui, personne ne pouvait nier qu'il souffrait. Nous ne l'avions vu qu'une ou deux fois depuis que nous étions partis de Forks. Son visage mort, nous n'avions pas vraiment le loisir de le contempler et dans un certain sens, c'était mieux pour nous, car sa douleur renforçait la notre ; elle était insupportable. Nous avions bien essayer de le ramener à la raison, le faire comprendre qu'il fallait retourner à Forks ou du moins que s'isoler n'était pas la solution. Mais cet idiot était déterminé à souffrir.
Je reportais mon attention sur l'échiquier, essayant de chasser de mon esprit ses tristes souvenirs, au moins par respect pour Jasper, qui s'en sortait bien mieux que moi pour être enjoué -ce qui normalement, était mon domaine. En ce moment, un sourire paisible sur les lèvres, il préparait son prochain coup, changeant sans cesse de projet pour ne pas que je le vois dans l'avenir.
J'avais parfois l'impression d'être la seule à le voir vraiment. Avec sa culpabilité, sa douleur qu'il cachait avec soin. L'unique moment où il ne pouvait plus cacher sa douleur aux autres, c'était quand Edward était là. Alors tout le monde pouvait voir à quel point il s'en voulait. Bien que je n'en sois pas certaine, j'avais l'impression qu'il se confondait en excuse par l'esprit. Et Edward n'en était que plus malheureux.
Rapidement, Jasper se saisit de son fou, et le fit traverser la moitié du plateau, tentant vainement d'imaginer plusieurs stratégies le plus vite possible pour contrer mon don. Malheureusement pour lui, comme toujours -ou presque-, je contrai son coup avec une facilité déconcertante.
« - C'est pas comme ça que tu vas m'avoir, mon vieux », lui lançai-je négligemment en lui lançant un regard de défi.
Soudain, l'instant d'après, tout disparut. J'étais dans le noir total, et seul mon appui sur la table de jeu me rappelait que j'avais encore un corps. Je respirai profondément, tentant de me calmer tandis que plusieurs flashs assaillaient mon esprit.
Une grève. Une tempête. La mer déchaînée. La douleur. Le désespoir. Bella. Un saut interminable.
Puis, plus rien.
Je me levai d'un bond, haletante, reprenant enfin contact avec la réalité. De puissantes mains me secouaient tandis que de grands yeux inquiets fouillaient les miens.
« -Qu'as-tu vu, Alice ? » me cria t-il presque en me secouant légèrement. Il avait du constater mon expression paniquée.
« - C'est... c'est Bella. Je l'ai vu sauter d'une falaise ! Lâche-moi ! Il faut tout de suite y aller, elle n'en réchappera pas ! », lui criai-je en me débattant.
Je sentais une vague de paix s'abattre sur moi, mais j'étais bien trop affolée pour l'accepter.
« -Alice, calme-toi. T'énerver ne nous aidera pas ! Où était-elle ? Tu peux me décrire l'endroit ? »
Je senti qu'il était tout aussi effrayé que moi mais il avait raison. Je m'apprêtai à lui répondre quand une autre vision m'assaillit.
Le même endroit. La même tempête déchaînée. Toujours autant de désespoir, de douleur. Mais... Du courage. Une Chevrolet rouge sur une route de campagne. Et à son bord, Bella, visiblement fatiguée et de mauvaise humeur. Mais sèche et vivante.
Je revins à moi.
J'étais dans la même position, le visage de Jasper à quelque centimètre du mien. Sans prévenir, je me jetai dans ses bras. J'en aurais pleurer de soulagement si j'avais pu.
« -Alice ? » m'interrogea mon vampire de mari, visiblement perdu.
Le pauvre, ne devait rien comprendre à ce qui se passait.
« -Tout va bien, elle a changé d'avis », lui murmurai-je en l'embrassant dans le cou.
Nous restâmes un moment ainsi, immobiles, entrelacés, profitant de l'autre et du soulagement. Tendrement, il enfouit son visage dans mes cheveux et me demanda d'une voix tremblante :
« -Je ne comprends pas. Comment peux-tu être certaine qu'elle ne changera pas d'avis ? Ne vaudrait-il pas mieux...»
« -J'ai confiance en Bella », lui coupai-je tendrement. « Ne t'inquiète pas. Ses sentiments ne trompent pas. Elle est plus courageuse que je le pensai. Elle tiendra le coup, tant mieux pour elle ».
Prononcer ces mots était étonnement douloureux. J'avais du mal à croire qu'elle était finalement passée à autre chose. Qu'elle n'avait plus besoin de nous et qu'elle pouvait revivre à nouveau « normalement ». Mais il fallait se rendre à l'évidence ; il en faut peu pour distraire un humain.
Je me dégageai doucement de l'étreinte de Jasper. Comme je m'y attendais, il était vraiment perdu. Après tout, la différence entre mes paroles et mes sentiments était énorme. D'un sourire, je chassai ses craintes et lui désignai de la tête l'échiquier.
« -Prêt à prendre la raclée de ta vie ? »
Huit ans plus tard...
Je raffermi ma prise autour du corps inerte entre mes mains et dans lequel mes dents s'enfonçaient avec un violent empressement. Mes doigts agrippaient furieusement le pelage clair de l'animal tandis que je sentais avec un inavouable plaisir le sang apaiser la brûlure familière dans ma gorge.
C'est dans ces moments là, quand mon humanité ne m'avait jamais parut si lointaine, que je m'accrochais désespérément à son souvenir. Pour ne pas devenir fou au point de ne plus pouvoir continuer cette maudite existence, au point de ne plus pouvoir tenir mon engament.
Je devais survivre. Pour elle. Je n'avais pas le droit de déserter le monde qui lui permettait de vivre, celui qui lui fournissait chaleur, air et eau ; je devais être là où elle était. Et si, comme il l'avait prouvé par le passé, rester près d'elle était trop risqué, je me contenterait de vivre dans le même monde. Et cela ferait mon bonheur.
En théorie.
J'avais essayé et avait rapidement constaté que l'oublier n'était pas une option. À mon grand damne, j'en étais tout aussi incapable que de redevenir humain.
Il n'y avait donc qu'une seule chose à faire pour ne pas devenir fou. Se rappeler.
Ma mémoire parfaite avait gardé le souvenir intact de ce jour, quand j'estimai encore avoir une raison d'exister. Je lui avais dit que je ne pensais pas avoir d'âme, que j'ignorai si je vivais ou suivais simplement la voie devant moi, telle une météore, dévastant tout sur mon passage ; et dans ma ligne de mire, sa vie et son humanité, d'une fragilité si dérisoire face à leur importance à mes yeux. Aujourd'hui, le doute n'était plus possible ; mon âme avait bel et bien disparue juste après que mes lèvres aient embrassé son front pour la dernière fois.
Disparus, raison et chaleur, illusions, amour et sens.
Désormais, l'existence misérable qu'était la mienne me permettais de sentir chaque jour qui passait un infime pan de mon cœur brisé, osciller un long moment, redoutant sa chute, s'accrochant de toutes ses minuscules forces puis lâcher, pitoyablement et se transformer en poussière quand il heurtai sa prison de glace. Autrement dit, j'avais largement le temps pour me rappeler ma monstruosité.
Quand je sentis le flux de sang que j'aspirai diminuer, je resserrai mon étreinte, mordant encore plus fort la pauvre bête qui étais déjà morte depuis longtemps.
Plus rien n'importait si ce n'est le sang. Aussi mauvais et détestable soit celui des animaux, il apportait à ma gorge comme jamais parcheminée un réconfort proche de celui octroyé par le sang humain. Une comparaison très exagéré par le fait que j'étais littéralement mort de soif. Depuis bien longtemps, j'avais perdu l'habitude de me nourrir correctement. Et ma raison en payait le prix.
La perfection de son visage en cœur, la texture inégalable de ses boucles brunes, la douceur de sa peau de porcelaine, les courbes tendres et si féminines de son corps fin ; chacun de ses infimes détails m'aidait à avancer. Mais la véritable question était : « avancer où ? ».
Mais là, maintenant, alors que je me sentais frissonner sous le pouvoir attractif du sang, perdant peu à peu pied, la seule chose qui me rappelait qui j'étais, c'était l'immensité de ses yeux chocolat. La source ininterrompue de toutes les choses que j'avais faite par passion pour elle. Sa berceuse était un ode aux pures émotions que j'y lisais ; tendresse, amour, compréhension, bonté... La force de la sauver toutes ces fois était en hommage à leur charme, leur mystère et leur profondeur, aller simple pour le plus profond de son âme.
Enfin, les dernières gouttes de sang se firent sentir. Alors que les yeux de Bella Swan se fermèrent, j'ouvris les miens. Je repoussai loin de moi le corps de l'animal, à jamais glacé et déformé par ma poigne maudite.
Je restai un long moment ainsi, agenouillé devant l'étendue de ma folie, priant silencieusement pour ma raison. Cette non-vie avait de moins en moins de sens. Je relevais piteusement la tête vers le ciel . Les nuages suivait inexorablement leur chemin, sans but apparent. Ironiquement, je songeai que leur existence était proche de la mienne. Sauf que j'étais bien moins innocent qu'un nuage.
Et complètement stupide.
On avait cherché à m'apporter un réconfort. Me tendre la main avait été le cadeau le plus généreux qu'on puisse me faire ; la tant espérée remontée à la surface dans l'océan déchaîné dans lequel je me noyais depuis 90 ans. Et alors qu'un ange m'emmenait vers la surface, que j'allais enfin sortir de l'eau, j'avais, en toute connaissance de cause, lâché sa main, ô si douce, et replongé vers les profondeurs les plus obscures.
Non, stupide était un mot encore trop faible.
Mon poing percuta violemment un jeune épicéa qui avait le malheur d'être à côté de moi. Les souvenirs d'elle m'empêchaient de devenir assoiffé de sang. Et le sang m'aidait à me souvenir encore plus d'elle. L'un comme l'autre m'apportait réconfort et dégoût. Du réconfort car je pouvais enfin penser librement à elle et du dégoût car associer un ange à une telle monstruosité était criminel.
Mais j'étais pris au piège dans un cercle encore plus vicieux que moi.
Je détournai avec une lenteur exagérée, même pour un humain, la tête vers l'est d'où me parvenait l'écoulement d'une rivière et le battement d'un cœur puissant. Il y en avait d'autres, par là-bas.
Je voulais plus de sang. Et revoir son regard si intense.
Trop sentimental ? Trop lourd ? Pas mal pour un début ?
J'ai envie de savoir ce que vous en pensez ! N'hésitez pas à laisser un commentaire !
Merci et à bientôt !
