« - Hey, Drago ! Attends !
- Ne m'appelle pas comme ça, répondit-il en hachant ses mots pour montrer son énervement.
- Pourtant tu t'en foutais quand on…
Je ne pouvais pas finir ma phrase car il avait rebroussé chemin aussi vite qu'un éclair jaillit et il avait mis sa bain sur ma bouche pour plus que je ne parle. Il me surplombait d'une bonne tête au moins et à ce moment là son regard gris orageux devenait de plus en plus bleus, changement significatif de son état d'humeur.
- Viens.
Je le suivis docilement. Il tenait ma main et m'emmena dans une salle de classe vide. Vide car il n'était pas l'heure des cours, mais celle du repas. Vide, car on était en vacances et que peu d'élèves restaient pendant les vacances. Vide, car il ne voulait pas qu'on nous voit ensemble. Il lâcha ma main et ferma la porte d'un coup de baguette qu'il tenait fermement dans sa main. Il la rangea et se retourna vers moi.
- Que me veux-tu Hermione ? dit-il las.
- Hermione ? Je n'ai pas le droit de t'appeler Drago mais toi tu m'appelles Hermione.
- La différence est que nous sommes dans une classe vide et fermée dans une partie du château où les fantômes ne viennent jamais alors qu'on était dans les couloirs où des personnes auraient pu nous voir quelques minutes avant, quand tu as prononcé mon nom.
- Je…
Je fus sans souffle. Je ne sus quoi dire… Que répondre à ça ? Pour lui, c'était simple : il n'y aurait plus jamais rien entre nous. C'est vrai, qu'en y repensant quelque peu, cela aurait étrange. Lui et moi, lui voulant de moi et moi voulant de lui. Hors norme. Et puis, cela n'aurait pas plu à tout le monde.
- Je suis désolée Hermione, mais tu le sais. Tu es assez intelligente pour savoir qu'il n'y aura jamais officiellement de nous.
Phrase assassine. Phrase qui couple la respiration. Phrase qui fait prendre conscience. Phrase qui fait perdre espoir. Phrase qui fait pleurer. Phrase qui fait mal.
- Tu… Oui, je sais tout ça, mais… Je ne sais pas, je… Je suis perdue Drago, tu… Tu es si différent quand on est… tous les deux, tu vois ? Tu… Tu ne m'insultes pas, tu… Il t'arrive même de me dire que je suis jolie et… Je m'y étais fait, tu vois ? Déclarai-je en sanglotant.
Je le vis me regarder et je pus lire dans son regard qu'il se sentait coupable. Il me prit dans ses bras et je pris de grandes inspirations quand ma tête était enfouie dans son cou comme pour prendre le plus de son odeur possible. Pour pas que je ne l'oublie. Après quelques minutes, je m'étais calmée et il desserra son étreinte, je fis de même.
- On ne peut pas Hermione, tu le sais.
Je sentais les larmes revenir aux bords de mes yeux, mais les siens étaient tellement ancrés sur moi qu'elles ne sortirent pas. Je me repris, comprenant que ce serait surement la dernière fois que l'on se parlait.
- Tu sais Drago, t'es vraiment un gars bien.
Il fit une petite grimace. On n'en parlait jamais d'habitude quand on était tous les deux de ça, de son futur en tant que mangemort. Mais là, je devais le lui dire, je n'en aurais plus l'occasion. On ne se verrait plus, plus comme ça. Je commençais à partir, quand je me retournai. Il n'avait pas bougé, seul son regard m'avait suivi.
-Drago, tu peux me promettre quelque chose.
Il me considéra quelques instants. Je savais qu'il ne dirait pas non, et je savais aussi qu'il tenait toujours ses promesses. Parce que, certes il était du mauvais côté, fils du bras droit de celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcé-le-nom, mais il n'était pas comme eux, comme tous ces mangemorts avide de tuer, pas comme son père. Non, je pouvais le dire et je savais que j'avais raison : Drago Malefoy n'est pas un salaud.
- Oui.
Je refis alors quelques pas dans sa direction, ainsi nos corps n'étaient séparés que de quelques centimètres.
- Promets-moi que tu viendras à mon mariage.
Le silence qui suivit me parut long et insoutenable. Il me scrutait, cherchant toutes traces de blagues ou quelque chose dans le genre. Mais il n'en trouva pas. Normal, je ne blaguais pas. J'étais on ne peut plus sérieuse. Je voulais qu'il y soit, qu'il soit présent pour moi pour ce jour si important pour une femme.
- Je te le promets, déclara-t-il solennellement.
J'esquissai un sourire et ma main monta directement vers son visage. Mon corps fut parcouru d'un frisson au contact de sa peau. Elle m'avait manqué, il m'avait manqué. J'arrêtai soudain ma caresse, comprenant que les au revoir n'en seront que plus difficiles. Je lui fis un sourire, gênée. Pas gênée du geste que je venais de faire, non. Gênée que cela ne se produirait pas, plus jamais. Je repartis alors, et alors que j'allais atteindre la porte, je me retournais une dernière fois. A ce moment, je savais que cette séparation nous faisait autant de mal à l'un qu'à l'autre, mais, on le devait. Cette histoire n'était pas possible. Je lui envoyai alors un bisou qu'il fit semblant de recevoir et qu'il posa sur son cœur. Il esquissa un sourire à son geste, et je fis de même. Puis je passai la porte. »
Je me réveille en sueur. Trois nuits que ce rêve me hante, trois jours que j'ai appris pour son mariage. Les trois jours les plus bizarres de ma vie. J' veux dire, j'étais bien, tout seul, dans mon petit appartement classe dans la banlieue de Londres côté moldu. Oui, moldu, surprenant pour un Malefoy non ? Et bien, disons qu'au départ j'y ai été forcé. En effet, à la fin de la guerre il y a 4 ans, j'ai dû prouver au monde magique que j'avais changé et que je n'avais pas seulement rejoint l'ordre parce que je sentais les forces du mal défaillir. Pour cela, j'ai choisi d'emménager dans un appartement moldu, ce qui m'a tout de suite changé de mon manoir magique familial… Ah oui, quelle famille ! Mon père est mort, enfin, Lucius est mort. Ca fait bien longtemps qu'il n'existe plus pour moi. Ma mère, elle s'est suicidée. Elle ne supportait plus l'idée de se retrouver sans mari –qui est une horreur dans notre monde huppé- ainsi que les pressions politiques. C'est peut être la seule de ma famille qui me manque réellement, bien qu'elle ne fut pas très présente pour moi. Ma tante, enfin ce qu'il en restait, est actuellement à Azkaban et vu le nombre de personnes qui la surveille nuit et jour, elle ne risque pas d'en bouger.
Toujours est-il, je me lève et je regarde le réveil que j'ai acheté il y a environ deux ans –je me suis familiarisé avec ces objets moldus, parfois bien utile- il est 5h42 du matin. Pas cool. Ma vie ? Je travaille chez un traiteur-restaurant en tant que serveur. Ce n'est pas le boulot que j'ai toujours voulu, mais il me permet d'avoir un petit appartement pas mal –bien qu'en fait je sois rentier vu l'argent que j'ai sur mon compte. Je n'ai pas de petite amie, ma dernière relation remonte il y a 8 mois et je préfère être seul – que mal accompagné. Je me dirige dans ma salle de bain où je prends une douche bien froide pour me réveiller. Je m'habille à la va vite : un jean foncé, une chemise blanche, rien de plus. Je me coiffe en ébouriffant mes cheveux. Je me regarde un instant dans le miroir. J'ai de légères cernes sous les yeux, mais sinon ça va. En même temps, se réveiller en sueur trois jours de suite à je ne sais quelle heure du matin, c'est sur que ca fatigue. Je range un peu mon appart', qui pour tout dire n'est pas toujours bien rangé puis j'allume la télé.
- Allo ?
- Monsieur Malefoy ? C'est Mr Stevenson à l'appareil.
- Bonjour Mr Stevenson, mais je ne m'attendais pas à un appel…
- Oui, je sais que vous êtes en congés, mais nous avons besoin d'effectif pour demain. Vous êtes d'accord ?
- Euh… Oui mais-
- Fort bien monsieur Malefoy, rendez-vous à 16 heures aujourd'hui.
Il avait raccroché juste après cette phrase. Mr Stevenson, c'est mon patron et cette semaine, je suis censé être en congé. Mais visiblement, on n'a pas la même définition du mot « congé ». Enfin, je ne pouvais décemment pas dire 'non', je tiens à mon boulot quand même. Et puis, il ne m'en a pas laissé le temps. « On a besoin d'effectif », et alors ? Qu'il aille demander à Paul, à John ou à David ou encore à Christie… Pourquoi moi ? La dernière fois qu'on a eu besoin d'autant d'effectif, c'était pour le mariage de-. Ne me dites que… Je ne peux pas, si c'est ça, il faut que j'invente une excuse. Il ne faut pas que j'y aille. Je sais que je tiens mes promesses d'habitude, mais là, elle ne veut surement pas me voir. Pas un jour si important ! Je vais tout gâcher, et puis je ne veux pas ranimer ces souvenirs si douloureux pour elle comme pour moi, je veux rester dans l'ombre…
Bon, ne paniquons pas. Peut être que ce n'est pas son mariage que l'on doit couvrir. Peut être qu'un autre mariage est prévu, peut être que les autres sont malades, ou… Il faut que j'appelle Christie pour lui demander.
- Allo ?
- Allo, Chris' c'est Drago.
- Ah ! Salut Drago, comment vas-tu ? T'es en congé non ? Ah t'en as du bol ! Je-
- Ecoutes Chris', c'est important, enfin… Non, en fait on s'en fout, mais… Tu as été réquisitionné pour demain non ?
- Bien sur ! Ne me dit pas que Stevenson t'as aussi appelé ?
- Euh… Si ! Et je voudrais savoir pourquoi il a besoin d'autant d'effectif, tu sais pour… pour dire d'être au courant et de ne pas passer pour quelqu'un qui ne sait rien tu vois ?
- Ouais, j'comprends. C'est pour LE mariage !
- Le mariage ? Mais de qui ?
- Mais tu ne lis pas les journaux ou quoi ? LE mariage, celui des deux meilleurs amis de celui qui a vaincu Voldemort !
A partir de ce moment, je n'écoutais plus. Plus doute possible. Et je ne pouvais pas dire non. Je n'ai jamais aimé ne pas être maître de mon destin, mais cette fois-ci plus que les autres, j'aurais voulu changer la donne. Christie au téléphone continuait de déblatérer sur le fait que c'était « le mariage du siècle » et qu'on avait « vraiment du bol d'y aller ». Puis, elle dit quelque chose qui me fit lui raccrocher au nez, elle me parla d'elle.
- Oh ! Et la mariée est si jolie ! J'aimerais tant lui ressembler ! Et puis, à ce qui parait, c'est un cerveau ! Tu savais qu'elle était devenue médicomage ? A ce qu'il parait, elle avait été traumatisé par toutes ces morts et c'était un devoir selon elle d'aider les gens blessés et malades tant qu'il est encore tant et-
Je ne pouvais en écouter d'avantage. J'ai raccroché et mes mains tremblées, de rage, de faiblesse aussi. J'avais envie de lui dire à cette petite sotte de Christie que je le savais tous ça ! J'avais envie de lui dire la vérité ! J'avais envie de lui dire que personne ne pouvait lui ressembler tellement elle était tout, l'harmonie de tout ce qu'il y a de bien et de beau sur terre .J'avais envie de lui raconter tous les moments qu'on a passé elle, cette si belle mariée, et moi, le célibataire endurci, du temps où on était encore adolescent. J'avais envie de lui dire que je savais ce qu'elle était devenue parce que je n'avais pas pu m'empêcher de l'épier en cherchant des informations à droite à gauche ! J'avais envie de lui dire que devenir médicomage n'était pas son premier choix ! J'avais envie de lui dire à cette sotte que je savais bien sur la mariée que les tabloïdes ! J'avais envie de lui dire, de tout lui dire ! J'avais envie d'hurler ma peine ! J'avais envie d'hurler mon amour pour elle ! Mais maintenant, quoi que je fasse, il était trop tard. Elle, la fille dont il est vraiment tombé amoureux, la seule, allait se marier demain…
- Avec Weasley en plus, pestai-je.
Je tapai alors dans la porte de la salle de bain qui était en verre. Elle éclata en mille morceaux dont quelques uns étaient ancrés dans ma peau. Je ne sentais rien, l'adrénaline faisait effet. Je m'assis sur mon lit et respirai plus doucement pour essayer de me calmer. Je n'avais rien d'autre à faire. Quelques minutes plus tard, alors que ma main commençait à me faire mal, je me rendis compte que je n'avais pas encore nettoyé la plaie. Je la nettoyai d'un coup de baguette et lançai un « reparo » sur ma porte de salle de bain.
- J'aime votre ponctualité monsieur Malefoy, déclara ironiquement mon patron alors que j'arrivais quelques minutes après l'heure du rendez-vous.
J'avais hésité jusqu'à la dernière minute, sachant très bien que aller à ce rendez vous signifier vouloir aller à ce mariage. Et puis, je me suis dit que je tenais toujours mes promesses, alors il fallait que j'y aille, coûte que coûte.
- Excusez-moi du retard, m'excusai-je en rejoignant mes collègues.
- Bien, maintenant que tous le monde est là, nous pouvons commencer. Asseyez-vous.
Deux rangées d'environ dix chaises étaient prêtes pour nous, notre patron était assis devant nous, derrière un petit bureau. La salle dans laquelle nous étions est une des salles du restaurant, mais celle-ci sert plus souvent pour des bals ainsi qu'accessoirement de salle de réunion.
- Les familles des mariés ont fait appel à nous pour le mariage tant attendu ! Voilà pourquoi il me faut du personnel.
Il passa une demi-heure à tous expliquer : comment on se rendait sur place, ce qu'on y faisait et comment on était habillé.
- Je ne veux pas d'embrouille ! Ce mariage est une pub merveilleuse pour notre restaurant, alors ne me décevez pas. Vous pouvez y aller.
