The Pixie Dust
La ville de New-York était grise ce jour-là. Les nuages anthracites s'amoncelaient au-dessus des immeubles et crachaient une myriade de gouttes d'eau glacée. L'air, humide et froid, créait des volutes de vapeur qui s'échappaient des bouches des passants ou se fixaient sur les vitres des boutiques alentours.
A l'instar de la ville, l'appartement était grisâtre et sibérien. La seule différence que l'on pouvait constater entre les deux était le manque de bruit. Si la ville continuait ses activités en faisant fi du temps extérieur, l'appartement, lui, semblait vouloir s'adapter et revêtir une atmosphère sombre qui concordait avec les nuages qui le surplombait. L'air glacial du mois de novembre pénétrait à l'intérieur par le biais d'une fenêtre laissée grande ouverte.
Quelques gouttes se regroupaient en une petite flaque sur le parquet et ce depuis quelques heures déjà.
Les lumières étaient éteintes, les meubles éparses rendus froid par la brise. Les pièces, bien que peu nombreuses semblaient plus étendues à cause du silence et la décoration impersonnelle que l'on pouvait y trouver donnait l'impression générale que l'appartement était complètement vide.
Pourtant, ce n'était pas le cas.
Quelqu'un se trouvait bien à l'intérieur, il n'en était d'ailleurs pas sorti depuis un moment. Si l'on tendait l'oreille on pouvait même entendre sa respiration, une respiration calme et profonde qui provenait de la chambre. Elle était quelque peu assourdie par la lourde couette qui recouvrait son propriétaire de bout en bout.
On ne pouvait discerner un brin de peau, ni même une mèche de cheveux.
La matinée était bien avancée déjà mais cela ne semblait pas troubler son repos. Le sommeil ne l'avait après tout gagné qu'au lever du soleil, après une douloureuse nuit durant laquelle il n'avait cessé de se battre contre des démons invisibles, mais ô combien envahissants.
Un moment plus tard, assez long toutefois pour permettre à la flaque de s'agrandir, la fenêtre finit par abandonner son combat contre le vent grandissant et se referma en un CLAC sonore qui réveilla en sursaut l'occupant du lit.
Des membres émergèrent de sous la couette tandis que leur propriétaire s'asseyait prestement et tendait son oreille pointue à la recherche d'un danger potentiel. Le moment perdura longtemps, jusqu'à ce que le grand loup noir décide qu'il était en sécurité.
Son soupir résonna dans la pièce.
L'animal descendit ensuite agilement du grand lit et trottina silencieusement à travers l'appartement. Ses pattes glissèrent jusqu'au salon où il constata un instant les dégâts. Sans émettre une seule réaction, le loup continua son chemin jusqu'à la salle de bain.
Là, il laissa son corps redevenir humain et la silhouette nue d'un homme remplaça bientôt celle du loup. Les yeux bleu électrique se changèrent en jades, et la fourrure noire s'effaça, découvrant des traits masculins, soulignés par une mâchoire carrée et une barbe aussi sombre que la fourrure qu'elle venait de remplacer.
Derek Hale s'observa un instant dans le miroir, remarqua le teint inhabituellement blafard et les cernes violines qui encerclaient ses yeux en un sombre halo. Il détourna le regard et mit en marche le robinet de la douche. Le jeune homme se frotta le visage pour essayer de se débarrasser des vestiges de son sommeil et soupira de soulagement en pénétrant dans la douche. L'eau glissa sur son corps, l'embrassant de sa chaleur. Il laissa ses muscles noués par sa nuit agitée se détendre et posa son front contre le carrelage glacé, les yeux fermés.
La douche dura assez longtemps pour qu'il en ressorte la peau rougie et l'esprit somnolent. Le froid l'attaqua brutalement quand il laissa finalement son corps passer la porte embuée. Il regrettait à présent d'avoir laissé la fenêtre du salon ouverte. Derek oubliait parfois que sa peau humaine n'était pas aussi chaude que sa fourrure de loup. Des frissons remontèrent le long de ses bras pour venir se loger dans son dos et le jeune homme s'empressa de s'enrouler dans une grande serviette. Il retourna ensuite dans sa chambre à grand pas pour y récupérer des vêtements.
Beaucoup plus confortable une fois qu'il eut revêtit un pull et une paire de jeans, il entreprit ensuite de fermer la fenêtre sans mettre les pieds dans la flaque qui se rependait sur le sol et pesta une nouvelle fois contre lui-même. Le salon replongea dans le silence une fois le vent emprisonné à l'extérieur et Derek le balaya d'un coup d'œil morne avant de rejoindre l'espace cuisine, sans même prendre la peine d'essuyer l'eau qui se trouvait toujours sur le sol.
Elle finirait bien par sécher.
Il se servit un café et constata avec une certaine indifférence que son frigo était presque vide. Il n'avait pas réellement faim de toute façon mais comme il lui était nécessaire de se nourrir pour vivre, il récupéra la pauvre banane qui se trouvait dans la corbeille de fruit -à présent vide- et s'installa au comptoir pour manger.
La journée semblait commencer comme toutes les précédentes, dans la solitude et le silence qui caractérisaient sa vie depuis un certain temps maintenant. Ce constat le rendit maussade. Les orbes verts s'assombrirent et se perdirent dans le vide. Il contempla longuement la vue que lui accordait la baie vitrée, si bien que son café fut à peine tiède quand il y trempa les lèvres.
Avisant l'heure, il décida que cela ne servait à rien de le réchauffer et il vida le contenu de sa tasse dans l'évier, avant de la rincer. Il ramassa ensuite ses clés et son portefeuille qui trainaient sur la table basse et représentaient à eux deux le seul semblant de désordre qu'on pouvait trouver dans l'appartement.
Derek n'était pas maniaque, même si cela aurait pu être une explication logique à son intérieur immaculé et spartiate.
Non, il avait seulement du mal à vivre.
Le loup-garou habitait seul, avait très peu d'interaction avec les gens et ne possédait pas de hobbies, si ce n'est un attachement certain pour les livres et l'architecture. Ces centres d'intérêts étaient toutefois ternis par son apathie générale. De manière générale, son appartement était vide et aurait pu appartenir à n'importe qui.
Il s'empêchait de vivre.
Ou tout du moins c'était ce que décrétait sa thérapeute. Lui ne comprenait pas comment il pouvait s'empêcher de vivre une vie qu'il ne possédait tout simplement plus.
Derek récupéra sa veste en cuir et fit attention à ne pas oublier son téléphone portable avant de se poster devant la porte d'entrée. Là, il prit soin d'effectuer les exercices de respiration qu'on lui avait conseiller de pratiquer. Cela dura quelques minutes puis Derek considéra que cela suffisait – il avait du mal à comprendre en quoi cela l'aidait mais il préférait garder ses remarques pour éviter un nouveau discours sur les bienfaits de la respiration abdominale – et sortit de son appartement.
Il habitait au dernier étage d'un immeuble situé à Long Island. Le jeune homme avait choisi l'appartement parce que la vue donnant sur East River était magnifique. Le reste lui était égal. Le parquet claquait sous ses pas et le bruit résonnait dans tout le couloir, agaçant par la même occasion ses oreilles délicates. Il atteint les portes de l'ascenseur avec soulagement et pressa le bouton qui menait au rez-de-chaussée. Le loup-garou eut le temps d'entendre trois conversations avant que l'ascenseur parvienne finalement à son étage et il s'empressa d'entrer à l'intérieur pour faire taire leurs voix.
Derek marmonna une réponse au salut du portier une fois qu'il parvint dans l'entrée et soupira de soulagement en sentant finalement la pluie sur sa tête. L'air frais le détendit considérablement et il reprit sa marche sans se soucier de l'eau qui lui tombait dessus et trempait ses vêtements. Les mains dans les poches, il tentait d'atténuer le bruit environnant. Les gens se pressaient sur le trottoir, parlant énergiquement. Les voitures s'agglutinaient sur la route, le moteur vrombissant. Des dizaines de parapluies s'agitaient, tentant de protéger leurs propriétaires de la pluie malgré le vent qui les faisaient balloter dans tous les sens.
Il était toujours délicat pour un loup-garou de passer d'un endroit silencieux au brouhaha ambiant d'une avenue et il n'était pas rare que cela leur demande quelques minutes pour s'ajuster. Le mal de tête était souvent bref mais vif et Derek détestait ça. Il y avait trop de voix pour qu'il comprenne le sens des conversations et l'ensemble ressemblait à un bourdonnement constant dans ses oreilles, lui faisant serrer les dents.
Le jeune homme quitta la 48th avenue et rejoignit Vernon blvd à grands pas tout en jetant un coup d'œil à sa montre. Sans surprise, il allait arriver en avance. Le restaurant n'était situé qu'à une centaine de mètres de son immeuble et Derek sortait de chez lui beaucoup trop tôt à chaque fois.
Cyclo était un restaurant vietnamien dont la petitesse jurait avec les bâtiments alentours. Fait de briques marrons, il possédait toutefois de grandes fenêtres et une devanture accueillante. Les murs intérieurs alternaient entre le bois et la peinture rouge. Une décoration épurée complétait le tout et lui conférait une atmosphère chaleureuse qui avait tout de suite mit Derek à l'aise, la première fois qu'il avait eu le courage d'entrer.
Le loup pénétra à l'intérieur et salua le serveur qui lui répondit par un sourire amical. Il venait ici assez souvent pour qu'on se souvienne de lui. Derek alla ensuite s'installer à sa table habituelle, celle qui était un peu à l'écart et suffisamment éloignée des cuisines. Il retira sa veste trempée et la posa sur le dossier de la chaise qui faisait face à l'entrée, avant de s'asseoir.
Le jeune homme regarda sa montre et estima son attente à une dizaine de minutes.
La salle était encore vide. Il était à peine midi et le restaurant venait d'ouvrir. Attendre ne le dérangeait pas, tant qu'il pouvait s'entendre réfléchir. Il évitait toutefois d'écouter les bruits qui provenaient des cuisines puisque cela avait tendance à le rendre nerveux. À la place, il regarda le menu et s'interrogea un moment sur le plat qu'il désirait manger.
« Hey, loupiot ! »
Derek releva la tête et croisa un regard similaire au sien. Comme à chaque fois, le brun ressenti un élan d'affection en voyant Laura devant lui, la tête penchée et un sourire aux lèvres. Ses longs cheveux bruns étaient trempés et la brune s'empressa de retirer son imperméable.
« Hey, Laura. », répondit-il avec un léger sourire.
La jeune femme prit place en face de lui et commença son inspection. Derek savait qu'elle regardait ses cernes et qu'elle s'agaçait intérieurement de ses joues creusées. C'était toujours le même rituel. Elle l'observait, constatait ce qui n'allait pas chez lui et finissait par pincer les lèvres pour éviter de faire un commentaire. Derek culpabilisait alors de voir son sourire faner et se demandait encore et toujours pourquoi il fallait qu'il l'inquiète et lui gâche la vie.
Le jeune homme avait pourtant essayé de l'épargner en déménageant de l'appartement qu'ils partageaient, encore un an auparavant. Ils en étaient arrivés à un point où elle pleurait de frustration parce qu'elle n'arrivait pas à l'aider et où il n'osait plus la regarder parce qu'il n'arrivait pas à aller mieux. Aucun des deux ne dormait correctement à cause de ses cauchemars et ils avaient finis par partager le même lit, pour que ça soit plus pratique. Laura finissait toujours par le rejoindre de toute manière.
Finalement, après une nuit particulièrement difficile durant laquelle ils en étaient venus aux mains et avaient fini par s'écrouler en pleurant sur le sol d'un salon dévasté par leur colère, Derek avait décidé qu'il valait mieux qu'il s'éloigne afin de la laisser vivre un peu. Elle l'avait convaincu de prendre rendez-vous chez le psy qu'elle-même allait voir et il avait cherché des offres d'appartement.
L'argent ne manquait pas, grâce à l'héritage qu'ils avaient récupéré de leurs parents et celui des assurances. C'était une chance puisqu'il ne travaillait pas encore à ce moment-là.
Derek ne faisait pas grand-chose de sa vie, en réalité.
L'idée de sortir lui était inconcevable tant il avait peu de contrôle sur ses transformations, il parlait à peine et passait ses nuits à ressasser ses erreurs. Durant les derniers mois de leur colocation, Derek fit toutefois de son mieux pour être plus facile à vivre, aidé par les sessions qu'il effectuait avec le Dr Morell. Il savait qu'il devait devenir plus autonome et commencer à prendre un peu plus soin de lui s'il voulait que Laura puisse le laisser partir sereinement.
« Comment vas-tu ? » demanda-t-elle, une fois assise.
Elle ramassait ses cheveux en une queue de cheval quand Derek répondit :
« Bien, je viens de terminer un contrat », lança-t-il méthodiquement. Mentir à un loup-garou était compliqué. Mentir à son Alpha était presque impossible. Laura le connaissait trop bien. S'il voulait qu'elle évite de le regarder avec un air peu convaincu quand il la renseignait sur sa santé, le jeune homme devait en contrepartie orienter la conversation sur un sujet moins sensible. Il était aussi plus facile de lui dissimuler des choses quand elle ne le regardait pas dans les yeux.
« C'est génial, Derek ! », s'exclama-t-elle avec joie, les yeux brillants, une fois qu'elle eut terminé de se battre avec ses cheveux.
Il se força à sourire un peu. Réussir une mission professionnelle était censé le rendre heureux mais tout ce à quoi il pouvait penser maintenant qu'il avait rendu ses plans, c'était qu'il devait vite trouver un autre contrat pour occuper son esprit. L'inactivité était mauvaise pour lui. Le brun avait alors trop de temps pour penser.
« Et toi, comment vas-tu ? » demanda-t-il ensuite.
La jeune femme semblait heureuse. Derek en était satisfait. Il avait fait en sorte de s'effacer, lui qui avait pris beaucoup trop de place dans sa vie, et il était content de voir que Laura avait retrouvé sa joie de vivre, même si son loup criait parfois parce qu'il ne la voyait pas assez, malgré son envie irrépressible de l'appeler après chaque cauchemar, pour être certain qu'elle était bien en vie et qu'elle n'avait pas brulé avec tous les autres.
C'était mieux ainsi.
« Super, mes élèves commencent enfin à piger ce que je leur demande et les entrainements deviennent de plus en plus intéressants. Je t'avais parlé de cette jeune fille qui… »
La jeune femme continua de parler des cours de self-défense/boxe qu'elle enseignait jusqu'à ce que le serveur vienne prendre leurs commandes. Derek l'écoutait attentivement, un sourire au bord des lèvres. Son loup était apaisé par la présence de son Alpha et lui était heureux d'être en compagnie de Laura.
Le déjeuner s'éternisa, comme d'habitude. Aucun des deux ne voulait vraiment dire au revoir.
Moins une meute comportait de membres, plus ceux-ci devenaient dépendant les uns des autres. Dans leur cas, c'était encore plus compliqué puisqu'ils avaient perdu une quinzaine de personnes en même temps. Ils avaient alors pallié ce manque en se raccrochant à la seule famille qui leur restait et leur relation avait revêtit un côté fusionnel plutôt malsain.
C'était du moins ce que leur avait expliqué le Dr Morell.
Les deux loups travaillaient encore là-dessus, bien que les choses commençassent à s'améliorer, surtout pour Laura qui grâce à son travail, avait retrouvé un semblant de vie sociale. C'était plus dur pour Derek puisque celui-ci ne s'autorisait pas à nouer des liens. Les seules personnes avec qui le jeune homme discutait étaient sa sœur et ses clients.
Ça ne faisait pas beaucoup.
« On se voit toujours la semaine prochaine ? demanda la brune en se levant.
Elle posait la question toutes les semaines. Tiraillée entre deux extrêmes, elle devait à la fois espérer le jour où il lui dirait être occupé, et le redouter. Derek comprenait, puisque les mêmes sentiments contradictoires l'envahissaient à chaque fois qu'ils planifiaient un autre rendez-vous.
– Bien sûr, répondit-il.
– Quand as-tu rendez-vous avec Morell ? enchaina-t-elle d'un ton désinvolte en enfilant son manteau. Elle évitait son regard car elle savait qu'il n'aimait pas trop parler de ses séances hebdomadaires.
– Cet après-midi.
Laura hocha la tête sans rien ajouter et ils allèrent payer au comptoir. Comme toutes les semaines, frère et sœur se disputèrent pour savoir qui payait. Cette fois, Laura l'emporta. Derek leva les yeux au ciel tout en la traitant de tricheuse. Il était impuissant face à son regard rouge carmin.
La pluie s'était arrêtée mais le vent continuait à malmener les passants. Derek se tourna vers sa sœur et la contempla un instant. La jeune femme vint l'enlacer et il plongea son nez dans ses cheveux. Elle frotta le sien contre son cou et il se sentit mieux. Ils restèrent ainsi un moment, laissant leurs odeurs se mélanger et s'imprégner à leurs vêtements.
C'était dur. Son loup hurlait déjà intérieurement. Une partie de lui voulait la supplier de rester avec lui. Mais il savait que ce n'était pas bon, ni pour elle, ni pour lui. Il devait la laisser se reconstruire. Il lui avait déjà tant pris.
Laura s'éloigna après un dernier baiser sur la joue et un salut énergique. Il la regarda partir avec une boule dans la gorge. Le jeune homme ne se mit en route que lorsqu'elle eut totalement disparu de son champ de vision. Contrairement à lui, elle n'habitait pas à côté et devait rejoindre le métro pour rentrer.
Derek repartit en direction de chez lui, l'esprit embrouillé par des émotions paradoxales. Il était heureux d'avoir vu sa sœur mais le manque se faisait déjà ressentir. Il sentait l'agitation revenir, celle qui le faisait partir au quart de tour et l'empêchait d'avoir une emprise sur ses transformations. Il détestait ça.
Le jeune homme était épuisé d'être sorti de son appartement et appréhendait son rendez-vous avec Morell. Il n'avait aucune excuse pour ne pas y aller cependant et Laura était au courant alors s'il le manquait, il allait en entendre parler. Après un soupir, il regagna la 48th avenue et entra dans l'immeuble.
Sa montre indiquait 14h50. Il n'avait pas le temps de repasser chez lui avant sa session qui avait lieu à 16 heures. Dans un sens, c'était une bonne chose parce que Derek n'était pas sûr d'avoir le courage de ressortir s'il montait maintenant.
Le portier le salua à nouveau et Derek répondit maladroitement. Ils s'étaient déjà dit bonjour une poignée d'heures auparavant, pourquoi devaient-ils recommencer ? Il entra dans l'ascenseur et appuya sur le bouton pour se rendre au parking souterrain.
Le loup-garou utilisait rarement sa voiture ces temps-ci. Il sortait seulement pour faire les courses et voir sa sœur et les deux pouvaient s'effectuer à pied. Les seules fois où il conduisait, c'était pour se rendre chez le psy. Le cabinet du Dr Morell se trouvait à Brooklyn et il mettait près d'une heure pour s'y rendre en voiture. Le jeune homme aurait bien choisi un professionnel qui se trouvait plus près mais Morell était une des seules qui connaissait l'existence des créatures surnaturelles. Prendre les transports en commun aurait aussi été une option plus rapide mais Derek ne les supportait pas. Les bruits, les odeurs, les mouvements, tout ça lui montait à la tête et il perdait pied. Il avait été à deux doigt de se transformer la dernière fois que Laura l'avait forcé à les prendre. Cela remontait à plus de deux ans maintenant mais il suffisait qu'il y repense pour se sentir oppressé à nouveau.
Derek monta à l'intérieur de sa voiture et s'accorda un moment pour souffler. Conduire en pleine ville était difficile aussi. Les klaxons le faisaient sursauter à chaque fois et les mauvais conducteurs mettaient ses nerfs à rude épreuve. Les traces de griffes présentes sur le volant lui rappelaient constamment son incapacité à vivre normalement.
Estimant qu'il était aussi calme que possible, il démarra la voiture et commença son trajet en direction du quartier de Bedford-Stuyvesant.
