Titre : Comme il Faut
Disclaming : Univers, personnages et salaire à JKR.
Rating : M
Genre : Romance
Pairing : HP/SS
Avertissement : Cette fic traite d'une relation homosexuelle. Désolé pour ceux qui ne supporte pas le yaoi ; veuillez passer votre chemin. Précision : Harry n'a que seize ans.
Note : Prend en compte les 5 premiers tomes. Premier HPSS, disons une petite tentative ; n'hésitez pas à me donner vos critiques (constructive s.v.p.), qu'elles soient bonnes ou mauvaises ^^
Bêta : Gwendolyn Jedusor Black
/!\ LEMON.
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Partie 1
Les mauvaises choses qu'on fait pour de mauvaises raisons, ça n'a d'intérêt que si l'on fait ça correctement.
Il avait tout juste seize ans. Il aurait dû être à Poudlard, avec ses amis. A la place, il était avec le loup-garou et Severus, bloqué dans une vieille maison qu'il détestait, pour des raisons qu'il exécrait sûrement.
Tout juste trois mois que son cabot de parrain s'en était allé de la plus idiote des façons.
Il le fascinait. Sale gosse.
Le redoutable et redouté maître des potions, connu et reconnu sous le doux nom de Severus Snape, s'en allait plonger dans le grand bordel psychique qui lui servait d'esprit, le séant confortablement calé dans le canapé mité du salon du 12 square Grimmaurd, le regard paumé dans l'observation déroutante du bouquin qu'il tenait ouvert dans ses mains et qu'il ne voyait concrètement pas. En bref, il était perdu dans ses pensées.
Et quelles pensées !
Un fatras d'absolution, de culpabilité, de rage profonde et de désir. Et le gosse. Le gosse aussi.
Que faire ? C'était du délire, il devenait fou. Il fallait bien que ça arrive un jour. Et c'était le jour.
Parce qu'il y pensait. Parce qu'il l'envisageait. Vraiment.
Comment était-ce arrivé ?
"Vous-y croyez, vous ?" La question le prit par surprise, un peu comme la présence de son interlocuteur.
"Je vous demande pardon ? répondit Snape, son ton le plus cassant quelque peu ébranlé de se sentir ainsi surpris : ça ne lui était pas arrivé depuis des années.
- Au destin", reprit Potter - puisqu'il s'agissait de lui ; il ne s'agissait que de lui - en désignant le grimoire que tenait Severus.
Magie Temporelle et Destin, un Paradoxe. L'œuvre traitait des déplacements dans le temps par le biais de la magie, et de l'absurdité que cela pouvait présenter. Ca lui avait semblé être un livre intéressant - une des vieilleries à l'apparence précieuse trouvée dans la bibliothèque des Black -, mais il commençait à douter franchement de l'intelligence de son auteur qui semblait posséder la subtilité d'un trottoir de Londres. Et encore. Enfin, c'est du moins l'impression qu'il avait eue lorsqu'il parvenait encore à se concentrer sur sa lecture.
Le destin ?
"Ca m'est arrivé. Rarement", répondit Snape. Face au silence, il reprit : "Et vous, Potter-
- Harry", le coupa celui-ci.
Severus l'observa, impassible. Ca ne faisait qu'empirer.
"Harry." Il savoura le son que ça faisait dans sa gorge avant de reprendre faiblement : " Vous croyez au destin ?
- Oui, dit le gamin, avant de froncer les sourcils. Je sais pas.
- Eloquent."
Le Gryffondor lui envoya un sourire lumineux - quand le gamin avait-il commencé à lui sourire comme ça ? - avant de venir s'asseoir sur le canapé, près de lui. Et Severus Snape, redoutable et redouté maître des potions, n'en menait pas large. Potter, l'Elu, celui là même qui aurait dû le haïr et l'accabler de la culpabilité de la mort de son bien aimé parrain, s'installait confortablement à ses côtés et venait même à tenter un coup d'œil par dessus son épaule, collé à lui bien plus près que toute bienséance le voudrait. Il faisait ça timidement, doucement, et c'était comme si il hurlait toute l'anormalité de ce qui se passait là, toute l'affection parfaitement incompréhensible qu'il s'était découvert pour son ancien professeur de potion. Et il se contentait d'une jambe contre sa jambe, d'un souffle un peu lent, une odeur musquée...
Un gamin de seize ans entiché, ça n'a rien de subtil. Pas quand c'est de vous qu'il s'entiche. Pas quand ça vous fait cet effet.
Severus baissa le regard sur Harry dont les deux yeux verts pointaient au dessus de son épaule, fixés sur les lignes du grimoire obsolète qu'il ne lisait pas.
Sérieusement. Comment était-ce arrivé ?
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"Je serai rentré dans une semaine, ne t'inquiète pas."
Potter observait sombrement Lupin, alors qu'il passait l'entrée du 12 square Grimmaurd avec un dernier sourire rassurant. Severus se contentait d'un regard implacable, pour cacher au mieux la jalousie qui l'étreignait. Lorsqu'on l'avait chargé, avec le lycanthrope, d'entraîner Potter, il avait dû quitter son rôle d'espion. Découvrir ce qui se cachait derrière l'immortalité du Seigneur des Ténèbres - ce que Dumbledore lui avait révélé, en lui intimant clairement qu'il n'en aurait rien su si son travail n'avait pas consisté dans l'invasion régulière de l'esprit du gamin pour ses entraînements d'Occlumencie - n'était pas la meilleure des choses face à l'inspection régulière du Seigneur des Ténèbres dans les tréfonds de sa matière grise. Il pouvait falsifier ses intentions, pas ses souvenirs. Alors il n'effectuait plus aucunes missions pour l'Ordre - son absence aux meetings de mangemort l'avait définitivement fait passer dans le rang des traîtres, et ce n'était pas un état de fait avec lequel on vivait longtemps au dehors.
Il était enfermé ici, comme l'avait été ce chien de Black. Quelle ironie.
Potter soupira avant de se tourner vers lui. Et avec un petit sourire timide, tout juste accroché à ses lèvres, il dit : "Plus que nous deux, alors ?"
A cet instant, Severus Snape se demanda franchement si c'était quelque chose de particulièrement atroce ou de terriblement merveilleux qu'avait fait un de ses ancêtres pour qu'un truc pareil lui arrive. Vu qu'il comptait bien y faire face - et là, comprenez qu'il n'y céderait pas -, il supposa que ce devait être foutrement atroce.
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"Je pourrais avoir le sel, s'il vous plaît ?"
Severus releva le nez de sa soupe - dans laquelle il n'était pas loin de tremper - pour regarder Potter, interloqué.
"Le sel. S'il vous plaît", répéta le brun.
Snape le lui tendit distraitement.
Il mangeait rarement avec le gosse et Lupin. Mais maintenant qu'ils n'étaient plus que tous les deux - et comme la dernière fois que ça avait été le cas -, il venait systématiquement prendre ses repas dans la cuisine, avec lui. Potter ne voyait plus ses amis et il n'avait pas la même habitude de la solitude que Severus.
Et il était de bonne compagnie, aussi surprenant que fut cette réalité pour le maître des potions.
Il mangeait calmement, se tenait correctement, il ne le fixait pas - enfin, pas trop. Il se comportait en adulte.
Oh. Mauvaise pensée. Très mauvaise conclusion. Il n'avait que seize ans. Il n'était pas adulte. N'est-ce pas ? Parce que c'était Harry Potter, et Severus devait bien être le premier à reconnaître que, avant l'âge, les circonstances font un homme. Potter était un homme ?
Un jeune homme. Un adolescent mûr qui, de la plus absurde, de la plus irréaliste, de la plus abracadabrantesque des façons, s'était trouvé un tendre penchant pour lui, Severus Snape. Il était certain de ça. Il était Legilimens, il fouillait l'esprit de Potter deux fois par semaine depuis le début de l'été. Et même au delà de ça, il était observateur. Quoique, il n'était pas sûr que son talent d'observation eût pu surpasser ses préjugés si les barrières du gamin n'avaient pas été si basses : il percevait tout. Ses souvenirs, ses ressentiments. Une confusion d'émotions dont il était presque certain que Potter lui même avait du mal à y trouver un quelconque sens.
Severus avait vu ça évoluer. Doucement. Subtilement. Il en faisait des rêves parfois. Le gosse nu, dans ses bras. Ou nu, sous lui.
Folie !
Il avait fait pas mal de choses immorales dans sa vie, mais ça ! Non, il ne pouvait pas tomber si bas.
"Je me demandais... Comme les Weasley sont partis, peut-être que vous devriez prendre une des chambres au premier étage."
La voix hésitante du Gryffondor l'interrompit dans ses pensées. Une chambre ? Le premier étage ? Là où se trouve celle du gosse...
Severus releva la tête et admira un instant l'innocent gamin se mordiller la lèvre, attendant sa réponse.
"Pourquoi ? interrogea-t-il simplement.
- Et bien, tenta l'adolescent, la chambre que vous avez maintenant est au quatrième, elle est plus petite, et puis, elle est plus éloignée du laboratoire que vous avez aménagé au rez-de-chaussée.
- Le laboratoire était déjà là, souffla Snape, résigné : il savait déjà sa réponse.
- Ah bon ?
- Les vieilles demeures de familles sang-pur sorcières en ont toujours un, expliqua-t-il. Il était souvent nécessaire d'avoir son propre laboratoire étant donné que, il n'y a pas longtemps encore, les tentatives d'empoisonnement interfamiliales étaient monnaie courante. En général, il y avait toujours un membre de la famille qui devenait maître en potions, un peu comme il était courant de voir, chez les familles moldues aisées, un des cadets entrer dans les ordres.
- Vous voulez dire que d'être maître des potions, c'est comme entrer dans les ordres ?" s'exclama Potter, amusé.
Et quel homme faisait Snape alors, maintenant qu'il le regardait entre ses yeux plissés, maintenant qu'il le savourait sans s'en cacher ? Ses joues rosies et son sourire qui se figeait - pris pas surprise, pauvre sourire - sur ses lèvres rouges...
"Non, Potter, acheva-t-il sans aucune merci, ce n'est certainement pas la même chose."
Et Severus se dit que finalement si, il pouvait tomber bien bas.
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"Heu, je vous déconseille cette pièce. C'est là où dormait un des jumeaux."
Severus recula prudemment hors de la chambre. Non, mais franchement, dans quel genre de merdier était-il en train de se fourrer ? Il avait accepté. Evidemment. Que faire d'autre ? Il était humain, et les arguments du gosse étaient sensés. Ceux qui voulaient qu'il resta là où il était ne faisaient pas le poids. Pas face à ça.
"Vous devriez vous installer dans celle-ci, personne-"
Harry s'interrompit alors que Snape passait devant la chambre qu'il lui désignait - celle en face de la sienne - pour en ouvrir une qui se trouvait tout au fond du couloir.
"Où celle-là, conclu Harry, quelque peu dépité. Vous voulez que je vous aide à descendre vos affaires ?
- Non, ça ira", répondit Snape avant de refermer la porte sur lui.
Bien, pensa le plus jeune, infiniment déçu. Il ne savait pas trop à quoi il s'était attendu, mais, de toute évidence, ça n'était pas arrivé. Il traîna des pieds, retournant vaquer à ses occupations : ennui profond et lecture intensive.
Le maître des potions, de son côté, ferma les yeux, complètement ébranlé. Celle-ci ? Et puis quoi encore ? Quelques mètres déjà, c'était bien trop près. Mais un palier, c'était si vite passé.
Qu'avait-il fait ?
Rien... Encore. Qu'allait-il faire ?
Rien. Exactement. C'est ce qui devait arriver : rien. Il rouvrit les yeux, se redressa. Et comme il était un maître du stoïcisme, il sortit sa valise miniaturisée de sa poche, lui fit reprendre sa taille d'un sort et entreprit de sortir ses quelques affaires, comme si de rien n'était.
Voilà, c'était aussi facile que ça : ce qu'on ne pouvait changer, mieux valait l'ignorer.
Mais surtout, oh, Surtout ! Mieux valait se méfier des solutions qui se récitaient en une phrase ! Elles étaient indubitablement foireuses.
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La guerre présente systématiquement des phases de l'histoire où tous les principes moraux sont nuancés, distordus, voir même complètement inversés...
Quelle bonne excuse.
Ils étaient en guerre.
Oh, il y en avait d'autres, évidemment : la fréquence de ses derniers rapports - en d'autres termes : leur rareté -, le flirt maladroit si tentateur du gosse, et son joli petit cul. L'intérêt qu'il lui portait, tout simplement...
Severus n'avait jamais su dire non à quelqu'un qui lui montrait de l'intérêt. Pour tout dire, ils avaient été trois : Lily Evans - dont il était tombé éperdument amoureux -, le Seigneur des Ténèbres - pour qui il avait sacrifié sa jeunesse et les restes de son innocence -, Albus Dumbledore - à qui il avait offert ses dernières années, et sa pénitence.
Et Harry... Qu'allait-il lui faire ?
Qu'allait-il lui prendre, lui qui lui portait plus d'attention encore qu'aucun ne l'eût jamais fait ?
Pour Lily, il avait accepté de mourir de honte lorsqu'il l'avait fallu. Pour le Seigneur des Ténèbres, il avait bien voulu mourir de douleur. Pour Dumbledore, il mourrait tout court.
Et pour Potter ? De quoi crèverait-il pour lui ?
"Vous ne faites jamais rien d'amusant ?"
Le maître des potions laissa traîner un regard froid sur le gamin qui osait l'interrompre dans ses réflexions. Ils étaient tous deux dans le salon de la maison, lisant chacun dans leur coin - Severus était venu profiter de la pièce lumineuse et le Gryffondor eut vite fait de le rejoindre. Le Serpentard s'aperçut qu'il s'était contenté de tourner les pages de son grimoire sans en lire une seule ligne, mais cela ne l'étonna guère. Chaque instant près du gamin déclenchait chez lui une intense concentration, et il avait tendance à perdre conscience de ce qui l'entourait. Il en oubliait même la présence du centre de ses réflexions, celui qui savait si bien se rappeler à lui :
"C'est vrai, vous ne faites que lire, faire des potions, lire...
- Je sortirais bien faire un tour, Potter, mais je risquerais d'en mourir, répondit sèchement Snape.
- On peut faire des choses amusantes sans sortir ! répliqua le gosse, du tac au tac.
- "On peut", Mr Potter ? Qui a dit que j'avais envie de faire quoi que ce soit avec vous ?"
Le garçon baissa la tête, bêtement blessé. Et le pire, c'est que Severus en ressentit une signifiante culpabilité.
Bon sang, que ne fallait-il pas faire... Il soupira.
"Très bien, Potter, que voulait vous faire... d'amusant, finit-il avec un dédain évident.
- Eh bien... On pourrait... Faire une partie d'échec ? tenta le Gryffondor.
- Pourquoi pas", dit Severus, en pinçant les lèvres.
Potter se leva aussitôt, un grand sourire venu séjourner sur sa figure, et il partit récupérer un plateau de jeu abandonné sur un coffre antique reposant dans la pièce. Un nuage de poussière s'en éleva et une belle toux prit l'adolescent de court. Il s'époumona et fit tomber la moitié des pièces sur le tapis mité.
"Merde ! s'exclama-t-il avant de s'agenouiller pour récupérer les petites figurines.
- Langage, Potter !"
Le gamin grommela méchamment en s'agitant à quatre pattes à la poursuite d'un cavalier récalcitrant, et Severus en ravala son rictus moqueur.
Il s'éclaircit même la gorge.
"Vous pourriez m'aider, au moins.
- Je préfère admirer le spectacle."
Quelle maladresse. Ca lui ressemblait si peu.
Potter se redressa sur ses genoux et pivota sur lui-même pour lui adresser un regard interrogateur. En réponse, Snape étendit ses jambes nonchalamment.
Voilà. Des années d'espionnage pour ça : la parfaite maîtrise de la détente feinte. Harry soupira et se redressa, abandonnant les pièces perdues à leur nouvelle vie sauvage. Il reposa le plateau de jeu sur le vieux coffre avant d'aller s'avachir dans un fauteuil.
"J'en ai marre.
- Racontez ça à quelqu'un que ça intéresse.
- Ca ne vous déprime pas, vous, d'être coincé ici ? demanda Harry, dépité. Je veux dire, vous devez bien faire quelque chose quand vous ne travaillez pas."
Le maître des potions ne prit même pas la peine de répondre à ça. Que faisait-il lorsqu'il ne travaillait pas ? Il lisait des traités de potion, en écrivait. Il étudiait des vieux parchemins runiques de magie noire. Il buvait un verre - plusieurs - de Scotch devant la cheminée en regrettant... Un tas de choses, en fait.
Et parfois... Parfois, d'une façon complètement imprévisible, Severus rencontrait d'autres personnes, de telle sorte qu'il lui arrivait de partager son lit - ou une chambre d'hôtel - avec quelqu'un, une fois tous les tremblements de terre.
S'amuser ?
Severus n'avait jamais essayé. Il avait cru le faire, parfois, mais s'était vite aperçu qu'il ne s'agissait que de tentatives d'intégration sociale, et de beaux échecs, en prime.
"Vous avez déjà-, le Gryffondor s'interrompit de lui même et agita la tête. Non, oubliez ça.
- J'ai déjà quoi, Potter ? reprit le Serpentard, dans un soupir.
- Je-", s'interrompit-il encore, les joues subitement rouges.
Severus se redressa dans son siège, percevant un sujet délicat poindre. Le garçon gardait les yeux rivés au sol en mordillant sa lèvre.
Délicieux. Un paquet de complications en perspective.
Au point où il en était...
"Parlez Potter, je n'ai pas toute la vie."
Le Gryffondor releva les yeux, l'air particulièrement mal à l'aise.
" ?
- Je vous demande pardon ?
- Je sais, c'est stupide comme question, ça ne me regarde pas-
- Non. Je n'ai pas compris votre question.
- Oh. Hum. Je crois- Vous- Vous avez déjà été... Attiré par un homme ?"
Normalement, une telle question aurait dû provoquer une colère froide chez le maître des potions, mais les choses étaient telles qu'il n'en ressentit qu'une excitation honteuse.
"Vous avez raison, ça ne vous regarde pas."
La gamin baissa les yeux, rougissant de plus belle.
"Néanmoins... Je suppose que cette question cache une préoccupation personnelle", reprit Severus.
Evidemment. Et c'était si grossièrement demandé. Le gosse était un piètre dissimulateur, vraiment.
Mais il ne disait rien, là. Il regardait sombrement ses mains, le rouge dans son cou estompé. Peut-être qu'il savait ce qu'il demandait, en fait ? Après tout, il avait dû courage. Oui. C'était une qualité qu'on pouvait lui attribuer, et puis Severus devait bien reconnaître qu'il donnait au relationnel un aspect bien plus terrifiant - humiliant - qu'il n'en était vraiment.
"Harry..."
Comme c'était bizarre. Pas vraiment inapproprié. Après tout, il n'était plus son professeur, et il faisait tous deux partis de l'ordre. Comme des collègues ? Peut-être pas, non, pas encore.
Il soupira. Allez. C'était lui l'adulte, après tout. Et puis peut-être qu'il se trompait. C'était si délirant, une chose pareille. Sûrement...
"Est-ce que vous vous sentez attiré par un homme ?" demanda-t-il finalement.
Sans le regarder, Harry hocha la tête.
"Vous savez que je ne suis pas la meilleure personne à qui s'adresser pour ce genre d'interrogation ?
- J'ai crû...
- Qu'est-ce que vous avez crû ?
- Je- Vous aime bien. Vous me tolérez, non ? questionna le garçon avec espoir.
- Vous êtes attiré par moi ?
- Oui."
Voilà. C'était dit. C'était irrémédiable. C'était... Evident. Attendu.
Excitant.
... Peut-être un viking particulièrement barbare. Sa mère avait des aïeux nordiques, s'il se souvenait bien... Oui, quelqu'un de franchement horrible devait lui avoir cédé cette vie. Un foutu coup du sort, voilà ce qu'il devait être...
"Vous feriez mieux d'oublier ça, Potter."
Et sur ce, il se leva.
"Attendez ! Ce n'est pas si simple ! s'exclama le gamin, la voix un peu enrouée, je- Je vous ai vu me regarder- Vous- Vous-"
Severus s'en alla sans en écouter plus. Sans un regard de plus. Droit vers sa chambre, où il avait eu la brillante idée d'entreposer une bouteille de Scotch.
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La nuit.
La nuit, tout se déforme. On ne sait plus trop ce qui existe et ce qu'on rêve. Ce qu'on doit rêver. C'est incontrôlable, la nuit. Parce qu'on est faible. On ne voit pas très bien, et on a sommeil.
Oui. C'était une bonne excuse, ça aussi.
Cette nuit.
Du bruit. Une latte de parquet qui craque. Un silence et un souffle lent.
Harry.
Severus Snape aimait la nuit. Et le sol froid sous ses pieds. Severus Snape aimait le silence fragile que le noir imposait. Et les bruits qu'on entendait si bien.
Il ouvrit la porte de sa chambre, ses mouvements engourdis par l'heure tardive et l'alcool qu'il avait bu ce soir. Et dans l'ombre nocturne, Harry Potter se tenait, là, la respiration retenue et l'oreille tendue. Devant sa porte. Comme il l'avait perçu.
Il croisa le regard vert du garçon, et il y vit du désir. Un désir d'adolescent : stupide et démesuré. Mais du désir.
Et le garçon s'approcha. Hésita.
"Venez."
Un murmure. Comme rêvé. Severus l'avait dit et il s'en arracherait la langue... Plus tard.
Il s'effaça, laissant le gamin tremblant entrer dans sa chambre, sans le regarder. S'il le regardait, il en mourrait de honte et il savait qu'il n'avait plus la force d'arrêter, de toute façon. Il le croyait. Enfin, il n'essayait pas très fort.
Il referma la porte. Sur eux. Dans le secret de la nuit et de cette chambre.
Quelle sorte d'homme était-il donc ?
En face de lui, l'adolescent hésitant déboutonna le haut de son pyjama rouge, les mains tremblantes et la tête haute.
Il devait être de ces hommes banals, égoïstes. Sûrement.
Il fit un pas. Un autre. Et il l'avait dans ses bras, et sous ses lèvres.
C'était aussi simple que ça.
Enfin, cette partie là.
"Si ce n'est pas ce que vous voulez, il va falloir me le dire."
Harry déglutit et hocha nerveusement la tête, mais il ne dit rien.
Bien. Severus l'embrassa et il se haït d'aimer la réponse inexpérimentée du gosse. Merlin, il n'avait pas le droit de faire ça. Mais personne n'était là pour l'en empêcher et sa conscience s'en était allée crever dans un coin il y avait quelques temps déjà.
Il l'effeuilla. Et il se déshabilla. Il le toucha, le goûta. Et il le prit.
Profondément. Douloureusement.
"Oh..."
Il ne détournait pas le regard du garçon. Deux yeux verts l'observait, emplis de désir et d'angoisse. Et tant d'innocence encore...
Il l'avait pris en face, pour pouvoir rassurer le gosse, et surtout pour voir l'expression de son plaisir : les lèvres gonflées et entrouvertes, les joues rouges... Les yeux grands ouverts.
"Ca va ?"
Potter acquiesça un instant : "Je-" et déglutit. Severus se retira un peu de lui, avant de revenir doucement, et il eut le plaisir d'entendre un gémissement du gosse alors que son étroitesse l'enserrait.
Sa première expérience.
Un gamin, encore. Avec un homme bien indélicat.
Lui.
Et là, à voir la confiance que lui accordait le garçon, et à sentir ses mains hésitantes se poser ça et là sur lui sans trop savoir où s'attarder, Severus se dit que tant qu'à faire quelque chose d'aussi inapproprié, il le ferait avec dévouement.
ooo ooo ooo
Voilà la première partie.
Review ?
