L'enfance d'un mythe, présentation :
- Cette fiction est en rapport direct avec les onze autres textes faisant partie de ma série sur le SDA. Elle en est le quatrième.
- Crédits : Les noms, éléments et autres légalement reconnus comme appartenant à JRR Tolkien et ses héritiers restent son entière propriété. Toute autre propriété légalement reconnue appartient à ses dépositaires légaux. Certains éléments (références uniquement) sont issus de différents ouvrages et/ou copiés/collés depuis différents sites internet tous signalés à la fin des chapitres correspondants. Les personnages d'Eliriel et Eönardë sont mon entière propriété, de même que tous les évènements, personnages et éléments propres à mes textes.
- Avertissements : aucun.
- Type de la fiction : biographie (approximativement).
- Allusions et passages de type : violents.
- Modifications générales par rapport aux livres : aucune.
- Particularités de cette histoire : Elle est rédigée en quatre chapitres et possède un mystère de première importance qu'il ne tient qu'à vous de rechercher…
NOTE : L'histoire est actuellement en réécriture. Des mises à jour des différents chapitres sont probables.
L'enfance d'un mythe
Chapitre premier : Naissance
« Il est le plus grand parmi les grands. Il a marqué l'Histoire comme aucun autre avant lui. Général, scientifique, politicien, père de famille, inventeur, architecte, espion, théologien, magicien, éboueur, il aura accompli tous les plus nobles métiers, se soumettant au besoin et se découvrant aux moments opportuns. Brandissant ses idéaux devant lui, il a accompli plus en une vie que maints peuples en dix millénaires. Mais avant d'être déifié, il a été un homme. Un enfant. Un bébé. Et il lui aura fallu bien plus que du génie pour parvenir là où il a été hier. Là où il était avant sa chute. Découvrez l'enfance d'Eönardë. »
17 mai 3001 III (I), dans un petit village des Beörnides…
Cela faisait déjà plus de vingt heures qu'Eäraniel, une jeune fille du village âgée de vingt ans, hurlait à s'en casser la voix sur sa couche. Son accouchement se passait malheureusement très mal, du fait sans doute de sa mauvaise alimentation de ces dernières semaines. Le père de l'enfant avait mystérieusement disparu, et Eäraniel en avait conçue une grande tristesse et une profonde dépression. L'enfant était en partie sortit, mais pas de la bonne manière, et la mère d'Eäraniel –qui s'occupait du rôle de sage-femme- avait du le rerentrer dans le ventre de sa fille. Et depuis, l'enfant refusait de ressortit.
Il n'y avait plus qu'une seule solution d'envisageable, il s'agissait d'ouvrir le ventre de la jeune femme pour pouvoir sortir l'enfant par un autre moyen que les voies naturelles. Durant l'opération réalisée par son père, guérisseur reconnu, Eäraniel s'évanouit et ne se réveilla pas, ne voyant ainsi pas naître son enfant.
Il s'agissait d'un garçon. Mais il avait le cordon ombilical enroulé autour du cou, et aucun cri ou geste ne venait de son petit corps. Il était mort-né.
Eäraniel resta évanouie elle aussi, et fut soignée par sa mère qui pleurait la douleur de sa fille et la mort avant la naissance de son petit-fils. Mais soudain, un hurlement l'arracha à ses larmes et elle se tourna vers l'endroit du sol où elle avait posé le petit corps sans vie. L'enfant bougeait et hurlait à s'en arracher la glotte. Avec un sourire nerveux, la femme se pencha pour le prendre dans ses bras et s'occupa de l'enfant avant de le replacer endormi dans les bras de sa mère.
Celle-ci se réveilla quelques heures plus tard en sentant une pression sur sa poitrine et ouvrit les yeux devant l'émouvante vision d'un enfant en train de téter. Son enfant.
- Ma chérie, pressa sa mère, comment veux-tu l'appeler ?
Eäraniel, plus pâle encore que les draps sur lesquels elle reposait, réfléchi un moment avant de dire :
- Eönardë…
Eönardë G… !
Mais elle s'interrompit soudain en poussant un hurlement de pure douleur. Puis elle s'évanouit pour ne plus se réveiller. Lors de la naissance de l'enfant, son corps avait subits des dommages irréparables, et les dégâts venaient de se faire sentir. Par son ventre qui se rouvrit à cause des brusques mouvements engendrés par ses spasmes de douleur, son sang s'écoula presque sans discontinuer, et Eäraniel mourut peu après, sans pouvoir dire adieu à son mari et à son fils. Ses parents n'avaient rien pu faire.
L'enfance d'un mythe
18 mai 3001 III.
- Qu'est-ce que l'on va bien pouvoir faire de ce sale gosse ? Demanda soudainement Beowulf, le père d'Eäraniel, interrompant ainsi le silence de son deuil.
- Pardon ? Mais nous allons l'élever, évidemment ! S'exclama la mère de la défunte mère.
- L'élever ? C'est un bâtard, on ne sait même pas qui est son père ! Et si cela se trouve, il est envoyé par un démon, je n'ai jamais vu d'enfant mort-né être vivant !
- Mais… mais c'est notre petit-fils voyons ! Que veux-tu que nous en fassions, mis à part l'élever ?
- Autant le laisser dans la forêt, son si mystérieux père se fera un plaisir de venir le rechercher ! Au pire des cas, les loups nous en débarrasserons.
- Mais tu es fou ! Tu parles de ton propre petit-fils ! Du fils de ta fille !
- Je n'ai pas de fille ! Je n'en ai jamais eu ! Et ce bâtard n'est pas mon petit-fils ! Suis-je clair ?
- Très, répondit la femme. Si tu ne veux pas l'élever, alors je le ferais seule !
- Comme tu le souhaites ! Mais ne compte pas sur moi pour lui offrir à manger !
L'enfance d'un mythe
Août 3001 III.
Un cri d'enfant était en train de déchirer le silence de la nuit, à la plus grande rage de certaines personnes.
- Il ne peut pas se taire, ce sale bâtard ? S'exclama Beowulf.
- Il réclame à manger, c'est normal voyons ! Raisonna son épouse. Et puis il n'est pas particulièrement exigeant, il y a plus de trois heures qu'il a pleuré ! Souviens-toi avec…
- Ah, ne me parle pas de ta fille ! Je n'en ai pas, c'est bien compris ?!
La vieille femme ne répliqua pas et se leva pour aller s'occuper de son petit-fils. Quand elle fut hors de vue de son mari, elle laissa les larmes couler sur son visage. Pourquoi son mari était-il si mauvais ? Ils venaient de perdre leur fille, leur seul enfant ! Comment pouvait-il ainsi la renier parce qu'elle avait aimé un homme ?
Car Eäraniel avait parlé un jour à sa mère de sa relation avec l'homme qui habitait non loin du village, dans une petite cabane qu'il s'était construit. Celle-ci, bien que surprise, n'en avait absolument pas voulu à sa fille ou à l'inconnu, pour la simple raison qu'elle voyait tous les jours les yeux de son enfant pétiller de joie quand elle revenait de sa cueillette d'herbes pour son père ou qu'elle allait rendre visite à des amies…
Mais voilà que le cruel destin venait d'emporter sa fille, laissant son petit-fils orphelin avec un père qui ignorait totalement sa paternité.
Où était donc partit celui-ci ? Pourquoi n'avait-il pas prévenu Eäraniel ?
Et alors qu'elle songeait à la cruauté des hommes, elle donnait un biberon de lait de chèvre à son petit-fils dont la petite bouille d'ange, la peau particulièrement douce et les oreilles pointues auraient fait fondre le cœur d'une pierre…
L'enfance d'un mythe
Un an plus tard.
- Nana ? Demanda une petite voix.
- Eönardë ? Tu as parlé ! S'exclama ravie sa grand-mère. Enfin !
- Nana ? Redemanda le jeune enfant en sentant les bras de la vieille dame se saisir de lui pour l'enserrer.
- Je ne suis pas ta mère, Eönardë, répondit tristement sa grand-mère. Ta mère est là-haut, dans le ciel…
- Qu'a t'il encore, ce maudit marmot ? S'exclama Beowulf alors qu'il rentrait dans la maison.
- Il a parlé ! Répondit son épouse avec un grand sourire. N'es tu pas heureux ?
- Il a parlé ? Et bien ce n'est pas trop tôt ! A croire qu'il était retardé ! Et va au travail, toi, cria t'il à l'attention de sa femme. Laisse le donc dans un coin, qu'il ne gêne pas !
Et de mauvaise grâce, n'ayant point le choix, la femme laissa son petit-fils seul dans son coin…
L'enfance d'un mythe
Juin 3002 III
- Qu'allons-nous faire de l'Immondice ? Demanda un villageois à un groupe d'hommes et de femmes du village.
- On ne peut pas le garder avec nous, dit l'un des hommes. Son étrangeté nous amènerait des ennuis, comme pour Beowulf et sa femme…
Comme vous l'aurez deviné, la discussion portait sur une personne en particulier. Une personne mal-aimée, honnie.
Non loin de là, pleurant dans son coin, se tenait un enfant, qui n'en était pas encore un d'ailleurs, il était encore un bébé du haut de ses un an et demi. Le jeune Eönardë pleurait pour les coups qu'il avait reçu sans savoir pourquoi, pour la perte de sa grand-mère, qu'il aimait bien malgré le fait qu'elle s'occupait de lui plus par devoir que par amour…
Beowulf et son épouse, les grands-parents d'Eönardë, étaient morts d'une étrange maladie. Celle-ci les avait emportés en seulement quelques jours, réduisant leurs forces et anéantissant leur volonté.
Juste avant de rendre l'âme, le vieil homme avait maudit devant ses camarades villageois celui qu'il appelait "le bâtard", l'accusant de tous les maux du monde…
La joie d'avoir un coupable à lyncher l'avait emportée sur la raison, et la seule chose qui avait permise à Eönardë de ne pas mourir sous les coups était qu'il n'était encore qu'un enfant.
- Je peux l'adopter, dit soudain un jeune bûcheron en s'immisçant dans la conversation.
- L'adopter ? Pourquoi ? Demanda hargneusement une femme. Tu as pitié de lui ?
- Non, loin de là, après ce qu'il a fait. Mais ma femme ne refusera pas un peu d'aide à la maison… et s'il a un accident en faisant du bois…
Un sourire féroce illumina alors de ténèbres les visages des villageois présents. Quelques minutes plus tard, l'enfant honnit fut traîné à coups de pieds loin dans la forêt, vers une maison isolée…
L'enfance d'un mythe
Septembre 3002 III.
- Lèves-toi, sale bête ! Hurla une voix de femme, alors qu'elle donnait un coup de pied dans une niche remplie d'excréments et empestant l'urine.
Eönardë, tremblant, n'ayant pas fermé l'œil depuis plusieurs jours tant sa terreur était grande, se réveilla et bougea aussi vite que possible pour ne pas recevoir à nouveau un coup. Même si…
- Ce n'est pas trop tôt, incapable ! Eructa le bûcheron en frappant violemment l'enfant, qui chuta au sol et se rouvrit une de ses nombreuses, beaucoup trop nombreuses, blessures.
Le ventre de l'enfant gargouilla soudain, réclamant de la nourriture. Il n'en avait pas reçu depuis si longtemps…
Il reçut un coup pour cela, puis un autre pour le forcer à quitter le domicile. Tremblant de douleur, il tentait de se remettre quand l'un de ses bourreaux lui ordonna de nettoyer le chemin menant au village.
Comment demander cela à un enfant d'un an et demi ? Même si il comprenait, ce qui ne fut pas le cas d'Eönardë, il n'a à cet âge pas les moyens de faire un tel travail. C'est l'évidence même…
Mais ses bourreaux ne s'en préoccupaient pas. Les jours se transformèrent en semaines, les mois en années ; les nuits au milieu des chiens devinrent des siècles de terreur éveillée, où il fallait mordre pour ne pas être soi-même dévoré...
Les nuits de tempête faisaient craquer sinistrement les arbres et leurs branches, qui gémissaient dehors avec le vent ; et si un os brisé les accompagnaient dans leur plainte, quelle importance ? Il n'était qu'un jouet, un joujou à user pour le plaisir, avant de le laisser pourrir dans un coin quand il ne supporterait plus la douceur méritée de sa vie…
Mais l'enfant résista, on ne sait comment…
…
Un temps trop, beaucoup trop long passa ainsi. La croissance d'Eönardë se stoppa du fait du manque de nourriture. Des carences énormes se révélèrent… Déjà peu épais, il maigri jusqu'à ce que ses côtes soient visibles… il ne recevait à manger que pour rester en vie et faire la basse besogne du couple de bûcherons.
Un jour, alors qu'il accompagnait son "père" en forêt une nouvelle fois, il vit apeuré celui-ci tenter d'abattre un puissant arbre. Dès la première entaille réalisée, le tronc de l'arbre se divisa en deux, une partie se souleva devant le regard médusé de l'humain, et l'écrasa en terrifiants craquements d'os et giclements de sang.
- Houm-bouraboum… personne… houm… ne fait de mal… bouram… à un… bourabaraboum… Onodrim… barab-houma… sans en subir… houm-boum les conséquences... baraboum-houm-boum-houmbaboum…
Terrifié, Eönardë poussa un hurlement de peur et prit la fuite en direction du seul endroit qu'il connaissait bien : sa niche, généreusement offerte par ses maîtres et partagée avec les chiens.
Là, il se tassa tout contre le mur, tremblant de terreur, s'urinant dessus, se roulant dans ses propres excréments dans ses mouvements saccadés…
Mais le destin se mêle parfois étrangement à l'existence… un autre couple de bûcherons, qui était venu rendre visite à ses amis, aperçu l'enfant. La femme mit sa main devant la bouche en apercevant le fils de sa défunte amie Eäraniel.
Sans attendre un seul instant, ils prirent Eönardë avec eux et l'emmenèrent chez eux, dans un autre village. Là, ils le soignèrent comme ils purent, et l'endormirent avec des tisanes pour que sa terreur disparaisse dans un sommeil réparateur…
L'enfance d'un mythe
Février 3006 III.
Sauvé. Il était sauvé, enfin.
Cela faisait maintenant des jours entiers qu'Eönardë avait quittés ses bourreaux, et qu'il épanchait ses larmes dès qu'il pouvait le faire sans être vu. Il avait bien vite compris, dans sa terreur enfantine, que si ses nouveaux parents ne l'aimeraient peut-être pas, ils ne le battraient jamais.
Mais il s'était trompé, oh que oui !
Ses parents l'aimaient bel et bien. Ils venaient le consoler quand il pleurait, ils le cherchaient quand il ne donnait pas de nouvelles trop longtemps… tout comme pour leur fils du même âge que lui et pour leur fille de deux ans plus jeune.
La jeune fille se nommait Eowyn, un prénom fort courant partagé avec le peuple des anciens Eotheod, les Rohirrims. Elle arborait de doux cheveux châtains qui lui atteignaient les épaules, et avait des yeux bleus de la même couleur que le ciel du pays.
Le jeune garçon portait nom Hylwid. Il avait les yeux marron foncés, presque noirs, et était avait les cheveux de la même coloration. Son caractère était assez belliqueux, et il n'appréciait pas Eönardë, qui "venait voler ses parents", disait-il. Pour cela, il se chamaillait souvent avec lui. Ou plutôt, il se montrait égoïste et tentait de faire retomber le poids de ses fautes sur son nouveau frère. Mais leurs parents veillaient au grain, et il n'y arriva jamais…
L'enfance d'un mythe
12 Juin 3009 III.
Un peu plus de trois ans avaient passés depuis qu'Eönardë avait été sauvé de ses bourreaux par les anciens amis de sa mère. Il n'avait jamais été aussi heureux que maintenant, entouré de parents qui l'aimaient et d'une sœur qui l'adulait, et qu'il chérissait.
Le seul bémol était que, hormis ladite sœur, il n'avait aucun enfant qui souhaitait jouer avec lui. Inspirés par leurs parents, ou par le frère adoptif d'Eönardë, ils le rejetaient à cause de "l'anomalie" de ses oreilles. Pourquoi étaient-elles donc ainsi pointues et sans lobe ? Alors que les autres en ont des rondes…
Loin de ses soucis et autres malheurs, il se trouvait dans la maison de ses parents, en compagnie de sa mère adoptive, Lindwen. Ils discutaient des géniteurs de l'enfant.
- Ta nana était quelqu'un de très gentille, Eönardë, dit Lindwen (II). Elle adorait la forêt, et toutes les plantes en général. Elle déplorait de vivre dans un village de bûcherons.
- Et… mon ada ? Demanda Eönardë timidement.
- Ton père ? Je ne l'ai malheureusement que très peu connu, mais j'ai une petite histoire si tu veux…
Eönardë sourit à cette proposition, et acquiesça de la tête. Il voulait vraiment l'entendre…
…
Juin 3000 III, là où Dùnedhil avait construit sa petite cabane en bois…
- Vous êtes sûrs de vouloir vous marier ? Demanda Lindwen d'une voix inquiète.
- Parfaitement sûrs ! Répondit Eäraniel.
- Mais… enfin, vous n'avez rien ! Et je suis sûre que tes parents refuseraient de te voir mariée à un homme sans rien !
Dùnedhil bougea inconfortablement, puis se résigna à dire :
- Je ne suis pas sans rien.
- Qu'as-tu, en ce cas, Dùnedhil ? Demanda Lindwen. Hormis tes deux colliers précieux ?
- Un héritage.
- Ah ? Et… de quoi ? Sans vouloir être indiscrète.
- De quoi vivre plusieurs vies dans l'opulence, sans se soucier du lendemain.
- Tu disposes vraiment d'un trésor, alors ? S'exclama Eäraniel, une main devant la bouche, surprise.
- Non…
- Tu plaisantes ? Demanda Lindwen. Tu viens de dire que…
- J'ai dis que j'avais droit à un héritage, Lindwen, corrigea Dùnedhil. Pas que je l'avais.
- Qu'attends-tu pour le récupérer, en ce cas ? Gronda Lindwen.
- Il m'a été confisqué, expliqua Dùnedhil, en juste punition de certains actes que j'ai commis. Il ne me sera rendu que quand ses gardiens jugeront que mon repentir sera assez grand.
- Peu m'importe, Melet-nìne, dit Eäraniel en se blottissant dans les bras de son amant.
- Non, il faut dire "Meleth-nìn", corrigea celui-ci en souriant.
- C'est pareil ! Protesta Eäraniel.
- Il y a une petite nuance, malgré tout, dit-il. C'est important, en Sindarin.
…
- Et ils se sont mariés comment ? Demanda Eönardë d'une petite voix, après un moment à rêver.
- Dans la forêt, non loin de là, dit Lindwen.
…
- Allons-y, pressa Eäraniel.
- Oui oui, dit Lindwen, émue. Alors… Eäraniel, fille de Beowulf, acceptez-vous de prendre pour époux Dùnedhil ?
- Oui.
- Jurez-vous de l'aimer jusqu'à ce que la mort vous prenne, de passer outre les épreuves de la vie, et de toujours veiller à son bien être et à celui de vos enfants ?
- Je le jure.
- Dùnedhil, acceptez-vous de prendre pour épouse Eäraniel, fille de Beowulf ?
- Oui.
- Jurez-vous de l'aimer jusqu'à ce que la mort vous prenne, de passer outre les épreuves de la vie, et de toujours veiller à son bien être et à celui de vos enfants ?
- Je le jure.
- Je vous déclare donc unis devant les Valar par les liens sacrés du mariage, acheva Lindwen les larmes aux yeux. Vous pouvez vous embrasser.
Et les deux amants officieusement mariés s'embrassèrent avec passion, et avec tout l'amour qu'ils ressentaient l'un pour l'autre.
- Et voici pour sceller notre union, Meleth-nìn, dit Dùnedhil à Eäraniel.
Sur ce, il sortit de sa poche un collier fait de maillons de Mithril si fins qu'il était difficile de les voir à l'œil nu. Une émeraude plate d'une finesse étonnante et d'une merveilleuse pureté était enveloppée dans des fils d'or, et pendait au bout des maillons.
Il l'accrocha au cou d'Eäraniel et le referma par un maillon amovible. Puis il mit le collier jumeau autour de son propre cou.
- C'est superbe, Meleth-nìn, dit Eäraniel les larmes aux yeux en se serrant contre celui qu'elle aimait.
- Et dès que possible, je t'offre un mariage digne d'une reine, dit Dùnedhil.
Lindwen les laissa là, repartant pour le village en tentant de tarir les pleurs dus à son émotion. Tout ce qu'elle sut de ce qui se passa ensuite, c'est qu'Eäraniel revint au village tard dans la nuit, les cheveux étrangement décoiffés…
…
Eönardë avait lui aussi les larmes aux yeux en pensant à ses parents. Il les adorait, même si il ne les avait pas connus. Et de savoir qu'ils étaient des gens bien renforçait cet adoration, de même que savoir qu'ils étaient profondément amoureux.
Mais soudain, ils furent interrompus dans leur discussion par des cris venant de l'extérieur.
Portant leurs regards par la fenêtre sans carreaux ouverte, ils virent le groupe de bûcherons dont faisait partie leur père et mari revenir en courant. Immédiatement, Lindwen se précipita à l'extérieur, inquiète qu'il soit arrivé quelque chose à celui qu'elle aimait.
Ensembles, ils se précipitèrent pour savoir ce qui se passait, et la terrible vérité dût être admise. Soulevé par ses camarades sur un brancard improvisé, se trouvait le corps écrasé de leur père et mari.
Aussitôt, Lindwen fondit en pleurs et se précipita sur celui qui ne partagerait plus sa vie.
- L'arbre qu'il coupait lui est tombé dessus, expliqua un bûcheron. Il était en train de s'écarter, mais il a trébuché au sol, et…
S'en fut trop pour Lindwen et ses trois enfants, qui fondirent tout en pleurs. Malgré l'aide morale apportée par les autres villageois, ils restèrent tous inconsolables…
Le corps fut enterré le soir même, et si Eowyn et Hylwid purent assister à l'enterrement, ce ne fut pas le cas d'Eönardë, obligé de rester à la maison, car pourchassé par la haine des villageois, qui l'accusaient d'être un envoyé des Démons…
Durant les semaines qui suivirent, leur situation fut précaire, et Lindwen se comporta plus en mort vivant qu'en la mère idéale qu'elle était avant…
Eowyn passait de plus en plus de temps avec Eönardë, l'aidant à se défendre des autres enfants, qui ne cessaient de tenter de lui faire du mal, l'accusant de la mort de son père…
Heureusement, Lindwen faisait preuve de beaucoup plus de bon sens que les autres villageois, et elle savait bien qu'Eönardë n'y était pour rien dans les malheurs qui les frappaient. Elle continua à être sa mère de substitution…
L'enfance d'un mythe
Seize Décembre Trois-mille Treize III
- Nana ? Dit Eowyn en frappant à la porte de la chambre de sa mère.
Il était tard dans la matinée, et Lindwen n'était toujours pas sortie de sa chambre. Elle était très fatiguée la veille, et ses enfants avaient décidé de la laisser se reposer. Ils s'étaient débrouillés jusque là, mais il était presque midi, grand temps pour elle de se lever.
- Elle fait quoi, Nana ? Demanda timidement Eowyn.
- Je sais pas, répondit Hylwid, son frère.
- Je vais voir, proposa Eönardë.
Les deux autres acquiescèrent, et il poussa faiblement la porte pour laisser voir la pièce inondée de lumière. Et sur le lit, Lindwen qui semblait dormir profondément.
Il entra à petits pas, sous le regard de son frère et de sa sœur qui restèrent à la porte, à regarder la scène.
- Nana ? Demanda-t-il doucement, au pied du lit.
Pas de réponse.
- Nana ? Continua-t-il en lui secouant faiblement la main.
Rien.
- Nana ! Dit-il avec inquiétude, suivit par sa sœur.
Même résultat qu'auparavant.
Décidée, Eowyn arriva aux côtés de son frère et grimpa sur le lit. Elle secoua sa mère vigoureusement pour la réveiller.
- NANA ! Cria-t-elle en sentant des larmes d'inquiétude lui couler sur les joues.
Mais il n'y avait toujours aucune réponse. Pas un mouvement ne venait de Lindwen. Son corps était pâle et froid.
Déplacé par les mouvements d'Eowyn sur le lit de paille, le corps de la jeune mère chuta soudain sur le côté du lit, mais il n'y eu pas plus de réactions qu'auparavant.
Lindwen était décédée durant la nuit.
La dure vérité s'empara des enfants aussi violemment que la douleur, provoquant des spasmes de souffrance, inondant leur esprit de tristesse.
Terrifiés par ce qui venait de se passer, les trois enfants restèrent sans bouger pendant un moment qui leur paru une éternité. Puis, dans un mouvement commun, ils résolurent d'aller chercher de l'aide.
Hylwid devança Eowyn et Eönardë, et il se dirigea droit vers les premières personnes qu'il vit.
- Nana est partie ! Cria Eowyn en pleurant.
- Il a tuée ma Nana ! Hurla Hylwid en désignant Eönardë.
Celui-ci se stoppa immédiatement. Il n'avait rien fait !
A la demande d'un des hommes présents, son frère raconta en pleurant ce qui venait de se passer.
- Nana se levait pas, alors il est allé voir ce qu'elle faisait. Elle dormait bien, mais il l'a pas réveillée, il s'est approché et lui a fait du mal ! Et maintenant, elle se réveille plus ! Il l'a tuée !
Malgré ses pleurs, Eowyn voulu protester et défendre son frère adoptif, mais elle fut attrapée par une femme qui tenta de la consoler.
Eönardë fut prit à parti par les bûcherons, qui, pour une raison qu'ils ignoraient, étaient en colère. Il se serait fait rouer de coups si quelques sceptiques n'étaient pas allés voir Lindwen dans sa maison. Mais quand ils revinrent peu après, avec un corps enveloppé dans des draps, tous comprirent que la femme était bel et bien décédée.
Dans un mouvement général d'idiotie et de superstition, la peur du Démon s'empara des villageois, qui rouèrent Eönardë de coups. Il fallut un miracle et l'intervention en pleurs d'Eowyn pour que le jeune garçon parvienne à s'enfuir, couvert d'hématomes hideux des pieds à la tête, les lèvres en sang et sûrement avec des os cassés…
- Que ce maudit Monstre s'en aille à jamais ! Dit un homme. Lindwen n'aurait jamais du le recueillir, il les a tués, elle et son mari !
- Il n'est rien de plus qu'une bête sauvage, éructa une femme du village. Et il va vivre comme tel !
- Nous allons nous faire un plaisir plus intense qu'auparavant de partir à la chasse, dit son mari en regardant son arc dans ses mains.
…
Quelques semaines plus tard…
- C'est qui, nana ? Demanda un jeune garçon à sa mère, en montrant du doigt une forme vêtue de loques.
- C'est "La Bête", répondit la femme. Ne lui prête attention que pour la frapper, ou elle t'apportera un incessant malheur.
L'enfance d'un mythe
I. Les chiffres romains placés ici représentent l'âge calendaire (I, II, III ou IV par la suite).
II. Le nom "Lindwen" se décompose par "lind" et "wen", respectivement "mélodie" et "dame" en Sindarin.
