Bonjour à tous et toutes. Oui, une rechute dans le monde de la fanfiction avec un éternel : Baldur's Gate.

D'abord, je suis désolée d'avoir abandonné le reste des fanfics mais c'est sans doute le risque, on peut changer souvent et rapidement de fandom, de fait, j'ai décidé de ne rien poster qui ne soit terminé. Donc, bonne nouvelle, ceci est un travail achevé.

Un point important : Cette histoire est brève, composée de scénettes focalisées sur la relation entre Edwin et un PC barde maître-lames avec un fil rouge portant sur les marques laissées par Irenicus, complètement ignorées dans le jeu de base. Il n'y a pas de suivi strict du jeu mais nombre de références, il vaut donc mieux y avoir joué et s'en souvenir un peu pour comprendre certaines choses, mais libre à vous de lire si vous ne connaissez même pas le jeu. /!\Nous suivons le pov d'Edwin.

Cet écrit est motivé et inspiré par le Mod Edwin Romance pour BG2 écrit par Laufey et Dorotea. Si vous souhaitez lire une autre histoire avec EdwinxPC (et aussi une barde en plus), je vous conseille Truth or Tale par Kaispan (en anglais cependant) qui suit BG1 et maintenant BG2 (pas encore lue, pas de spoilers.) :)

Sur ce, bonne lecture et n'hésitez pas à me donner votre avis, comme toujours, pour signalez ce qui va ou ce qui ne va pas.


–Qu'as-tu donc fait tout ce temps ? La quantité de chatons et de vieillards à secourir n'est pas illimitée j'imagine.

Elle est de bonne humeur après sa performance. Même le plus décérébré des bouseux pourrait voir pleinement qu'elle s'incarne dans son art. Elle s'isole complètement et renaît, se délectant de chaque prestation, tout comme l'audience. Alors la question et surtout, la réponse qu'elle prépare, n'effacent son sourire que le temps d'un battement de cil, d'une gorgée d'hydromel. Il remarque la sueur qui luit encore sur les minimes éclats de sa peau laissés à la vue de ces ignares.

–Non en effet. Et j'aurais pu te montrer la merveilleuse collection de dessins avec lesquels les petits propriétaires des chatons m'ont récompensée mais hélas ! Vois-tu, à court de vieillards je me suis dit que je pourrais être agréable à cet homme étrange et me suis donc lassée kidnapper pour lui servir de cobaye. Rien ne vaut la peau humaine pour aiguiser ses sorts et ses couteaux, pas vrai ? Malheureusement, j'ai oublié de lui demander de me restituer ma collection de chatons crayonnés si j'arrivais à m'échapper.

Il ne manque pas la façon dont son regard s'éteint. Elle prend trois gorgées d'affilée et fixe les flammes de la cheminée. Il ne doute pas qu'elle dise la vérité. Le sourire a disparu derrière la chope. Il cherche les traces sur sa peau et comprend mieux pourquoi tant de tissu, ce ne sont pas que des caprices de bonne femme.

–Et toi, Edwin ? Comment es-tu arrivé auprès de ton tortionnaire ?

Elle ne le regarde pas. Elle n'a lancé la question que pour garder la face.

–Les affaires d'un sorcier rouge ne regardent que lui, Lyszéa et tu devrais le savoir. (Allez inculquer quoi que ce soit à une fille faite pour danser dans les rades.)

Elle soupire, un tic agite ses lèvres. Vers le bas.

–De toute façon, je ne suis pas sûre de vouloir savoir.

Elle se lève et s'étire, s'arrête en sentant l'insistance du regard.

–C'est donc cet homme que nous traquons, ton tortionnaire. Je me demande bien quelle genre d'expériences il a pu pratiquer sur un... toi. (Ce n'est pas tous les jours qu'on a un enfant de Baal entre les mains, il y aurait un bon prix pour ça.)

–Je ne sais pas, Edwin, et je ne veux pas savoir. C'était...

Et elle se ferme, totalement.

–Bonne nuit, Edwin.

–Ne sois pas idiote. Tu tournes le dos à la connaissance. Si tu sais ce qu'il veut, c'est toi qui auras le pouvoir ! (Oui, c'est forcément cela qu'on cherche dans cette progéniture), je croyais que vous autres, bardes, vous faisiez un devoir de fourrez votre nez partout pour tout savoir.

Elle pose brutalement ses mains sur la table.

–Ne... Elle le fusille du regard. Cela te ferait plaisir, pas vrai ? Que je te raconte tout ce qu'il faisait, le détail de ce que j'ai subi, de voir. Je comprends mieux pourquoi je t'ai trouvé chez Mae'var. Ta perversité me dégoûte, thayien !

Elle part sans se retourner, ses lames prenant l'éclat des torches, ses jupons volant dans le silence.

Quand il monte, plus tard cette nuit-là, il s'arrête devant la chambre de la barde. La curiosité est forte. Il a longtemps pensé à ce que ce dément aurait pu vouloir à un rejeton de Baal et aux moyens utilisés pour y parvenir. Il a en tête les techniques d'interrogations de Mae'var, maus aussi celles de Thay, ô combien plus raffinées et vicieuses. Il se souvient l'avoir vu blême dans la salle de torture, focalisée sur ce voleur de pacotille. Avec quelle rapidité elle a mis fin à ses jours avant de tourner les talons, presque en courant ! Sa main est sur la poignée. Elle a probablement fermé la porte si tel est le cas, tant pis, autrement...

Un bruit l'arrête. Il tend l'oreille, grimace. Elle est réveillée et... malade. Entre deux nausées il pense entendre le nom d'Oghma et celui d'Imoen. Ah ! oui, il l'a entendue parler de cette petite peste idiote, c'est après la petite guenon savante qu'elle court. Il entend le bruit de l'eau, une respiration saccadée que l'on retrouve péniblement, un corps qui s'affaisse, des prières...

Il n'est pas certain que la connexion soit directe, mais il se rappelle les nuits de voyage où elle se rendait compte que son Gorion (quel magicien pathétique il avait dû être !) mangeait bel et bien les pissenlits par la racine. Elle pleurait une fois, étouffait sa douleur dans sa couchette et se relevait le lendemain avec le regard vague mais l'esprit toujours alerte. Elle n'avait jamais prié de façon aussi... indécemment répugnante. Où est la descendance du dieu du meurtre là-dedans !?

Il passe son chemin.

La barde l'ignore le lendemain et même cette misérable petite avariel infirme ose un regard dans sa direction entre deux remarques totalement stupides.

Lyszéa est absorbée par une conversation avec un homme, un noble qui, semble-il, a entendu parler de ses exploits. Allons bon ! Jusqu'à Amn on entend parler de la fameuse héroïne de la porte de Baldur, mais évidemment ! Elle n'est pas dupe, mais sa suspicion est déstabilisée lorsque ce lord très douteux ajoute qu'il a également entendu vanter ses talents d'artiste et qu'il aurait préféré profiter de ceux-ci uniquement. Elle sait lever les jambes et agiter les bras mieux que la moyenne, quelle gloire y a-t-il à ça ?! Certainement pas de quoi passer les frontières. Finalement le nobliau prend congé, mielleux à en vomir.

–Nous partons, annonce-t-elle aux autres.

La troupe se lève, ce gros balourd de berserker braillant quelque réplique sans intérêt. Tous déjà près de la porte, elle s'arrête, en retrait. Elle jette un regard en arrière. Mais il n'est pas un chien qui suivrait sa maîtresse la queue entre les jambes. Il vide son verre et se tourne vers la serveuse qui vient lui demander en quoi elle peut être utile.

Elle met longtemps à revenir en ville, ou peut-être simplement dans le théâtre qui est désormais sien. Son arrivée est annoncée par tous les moyens disponibles, elle est le meilleur revenu de la taverne du pont. Il assiste au son de flûte, une mélodie amère. Elle sait jouer, certes. Mais après tout, un babouin est capable de souffler dans un instrument, sa magie est à peine acceptable et ses connaissances ne sont que récitées, pompées dans les livres, pitoyables. Elle termine par quelques pas. Oui, elle est souple et... elle sait utiliser ses lames. Il regarde ses jambes, voit les bandages sous le tissu, enveloppant parfaitement sa cheville, le galbe de son mollet... Son regard remonte. Une fleur rouge en pleine éclosion sur ses côtes... Mais elle s'incline et sourit, comme si le vêtement était enchanté pour prendre cette teinte. L'odeur humide de vieilles pierres et de bois vermoulu dans ce sous-sol miteux masqueront l'odeur du sang. Personne ne remarquera rien. Le théâtre se vide et la druidesse n'attend pas pour réprimander celle qu'elle considère encore comme une enfant.

–J'en avais besoin, Jaheira. Je... Ce... serpent qui fait remonter le souvenir de Gorion a choisi le pire moment possible.

–Nous le tuerons en temps voulu, cette vermine ne sortira pas de son trou.

–Bizarrement, la griffe d'un dragon fait moins mal que je ne le pensais. Tout fait moins mal. Chaque blessure est presque un soulagement. De vraies blessures, naturelles...

–Bien soignées, surtout. Mais ce n'est pas une raison pour défier un dragon, mon enfant...

–Encore un qui voudrait voir à quoi ressemble la magie d'un aliéné inscrite dans la chair d'un enfant de Baal, hein ?

–Veux-tu une potion pour cette nuit ?

–Non, merci, je vais...

–Dormir.

La barde rit.

–Oui, Jaheira, promis.

–Et si une douleur se manifeste tu viendras me trouver.

–Oui, ô grande druidesse Jaheira !

Il sent qu'il est temps de s'éclipser s'il ne veut pas se retrouver dans une situation délicate.

Lorsqu'il passe devant sa chambre, tard dans la nuit, tout à fait par hasard, bien évidemment, il l'entend chantonner. Un chant triste, pitoyable, mais il faut avouer, elle a une jolie voix. Il lui faut bien ça si elle veut pouvoir vivre en fermant les cuisses de temps en temps.