Voici ma (toute) petite contribution au défi 27 du Poney Fringant, qui porte sur les relations entre Melkor et Sauron. Bonne lecture !
Sauron,
Mon capitaine, mon jeune ami. Quand tu liras cette missive, ma fratrie m'aura définitivement anéanti. Comment, par quelle main, par quel pouvoir, il ne m'est pas encore donné de le savoir. Cependant, si ce jour devait arriver et que tu aies la réponse au mystère que je viens de soulever alors même que tu lis ces mots, sache, mon fidèle, que tu tiens entre les mains mon testament et que je t'en fais le dépositaire exclusif.
Angband est à toi. Fais-toi-s'en maître et use-s'en selon les prérogatives de ce titre. C'est une formidable forteresse, mais, ne l'ayant pas construite de tes mains, tu n'en connaîtras jamais l'entière profondeur et étendue, à moins de poursuivre pendant mille années les minutieuses explorations que tu as déjà entreprises.
J'ai, cependant, d'autres espérances et projets pour toi. Angband est à toi, rend-toi-s'en maître, des murs comme des habitants. Ils sont habitués à te voir commander. Qu'ils s'habituent à te voir seul commander. Si on te conteste, n'hésite pas à faire preuve de ta légitimité par ce document. Tu connais mon armée mieux que quiconque, à mon exception. Je sais que toi, et toi seul, est capable de me succéder à la tête de mon armée si laborieusement créée et si patiemment entraînée. Vois la puissance que je te laisse.
Use d'elle pour poursuivre mon dessein, mon compagnon. Pour que mon nom et mon but perdurent, même en mon absence. Nous n'aurons de cesse de défaire cette bouffonnerie, cette injuste mascarade à laquelle je n'ai pas été autorisé à prendre part. Garde à l'esprit, mon dévoué, que tant qu'Eä sera selon les volontés de mes frères et sœurs, nous en serons exclus. Leur obstination les a menés à nous haïr et a engendré ce perpétuel conflit entre nous. J'ai souvent tourné et retourné le problème : il faut tout détruire pour mieux recommencer. Le salut n'est point dans la demi-mesure ou dans la concession. Garde cela à l'esprit.
Je te recommande cela avec soin car je sais que nous divergeons parfois sur ce point. Ne fais confiance à rien ni personne que tu n'aurais pas créé toi-même. Les enfants d'Illuvatar sont trop instables, prendre appuis sur eux, quel qu'ils soient, c'est tendre la main à la trahison et courir à la ruine. Ne cherche pas à réparer en recollant les morceaux, c'est à dire en cherchant des alliés, c'est peine perdue et le meilleur moyen d'échouer: il faut détruire et recommencer. Je te laisse les outils parfaits pour y parvenir. Et te laisse libre, outre cette recommandation, de fabriquer tes propres outils de pouvoir.
Je compte sur toi, mon capitaine, brandis mon nom et ma gloire si ceux-ci devaient menacer de s'éteindre. Je te connais assez pour savoir que tu en es digne et capable. De tous mes capitaines, tu es celui qui allie le mieux l'intelligence, la stratégie et la puissance. J'ose dire que tu as été à bonne école. Qu'ils croient m'avoir mis à terre, tant que toi, Sauron, tu restes debout, même caché, la défaite ne sera jamais complète.
A l'aube d'une bataille qui devrait trancher nettement et décider de l'avenir sur monde, je prends le temps de t'écrire cette missive, afin que, dans l'hypothèse d'une défaite, l'Espoir subsiste.
Ton Seigneur et Maître,
Melkor
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