Note : Bonjour à tous !
Je vous en avais parlé, la voilà, la dernière fic de Faithwood que j'ai traduite.
Alors, c'est sans doute la dernière (de Faith, je veux dire) que je posterai, parce que ça fait 3 ou 4 ans qu'elle n'a plus rien publié. (Tiens d'ailleurs, il est possible que son retrait du fandom ait eu une influence sur ma propre disparition.) J'ai pas exactement traduit ses œuvres complètes, mais quand même un morceau significatif de l'ensemble. Et en principe, ce que j'ai pas traduit, c'est parce que ça m'intéressait moins. ^^

Cette fic fait 5 chapitres, et je vais en poster un toutes les deux semaines – si j'oublie, il faudra vous en prendre à ma cheeleader – histoire de pouvoir avancer la traduction de Whoo-la-hoop d'ici là.

À ce propos, si vous n'avez pas encore voté sur la fic que vous voulez, dépêchez-vous, je ferai les comptes demain soir (dimanche). (Et si vous débarquez : dans les notes de fin du ch. 12 d'À vot service, je vous proposais de choisir entre deux fictions pour que j'en traduise une.)


Chapitre 1

Les jambes de Drago ne voulaient pas supporter son poids. Il avait dû les tirer jusqu'à la grande salle pour le petit-déj, déplorant le fait qu'on ne puisse pas laisser ses jambes derrière quand elles se montraient inutiles et refusaient de coopérer. Et sa tête aussi tant qu'on y était, puisque franchement, il semblait que sa tête soit la cause principale de ses problèmes. Une migraine épouvantable lui donnait l'impression qu'elle était deux fois plus large que d'habitude, et Drago avait été jusqu'à vérifier dans le miroir qu'elle était à la bonne taille.

C'était bien fait pour lui. Quelle personne saine d'esprit s'amusait à réviser si tard un samedi soir ? À quoi est-ce qu'il pensait ? Il avait passé beaucoup trop de temps à réviser. Les ASPICs étaient toujours loin, et même si l'année précédente se confondait en un magma de peur et de douleur, il avait appris plus qu'il ne pensait. S'il avait eu le choix, il ne serait jamais revenu à Poudlard. Mais apparemment, pour avoir un futur, il fallait avoir une bonne réputation, une bonne éducation, et des tonnes d'or. Il avait sans aucun doute perdu la bonne réputation, et son père était celui qui avait tout l'or, alors la bonne éducation était le seul truc qu'il pouvait espérer obtenir. Cela dit, la quantité de travail qu'il avait accompli ces derniers mois était tout simplement aberrante. Même son père aurait pensé qu'il exagérait. Enfin, non. Sans doute pas.
Drago fit la moue et essaya de penser à autre chose que son père. Ça le mettait mal à l'aise. Son côté manipulateur de semblait avoir décuplé cette année. Tout ça parce qu'ils avaient échoué là où tous les autres Malefoy avaient réussi avant eux : à savoir se mettre du côté des vainqueurs. Et puis merde, c'était tout ce que Drago avait à dire sur le sujet. Il ne pouvait pas arranger ça avec un O en Potions. Même s'il n'avait pas l'intention d'avoir quoi que ce soit d'autre qu'un O en Potions. Mais moins de migraines et des jambes plus coopératives devait absolument faire partie de ses projets.

C'était décidé. Aujourd'hui, il s'amuserait, et personne ne l'en empêcherait. C'était dimanche, après tout, et il méritait une pause. Tout ce qu'il avait à faire était de décider comment il voulait se distraire. Le Quidditch était une solution évidente, mais il lui aurait fallu trouver quelqu'un avec qui jouer. A la place, il pouvait chercher l'endroit idéal pour une embuscade et jeter des boules de neige aux élèves qui ne se méfieraient pas. Il n'avait besoin de l'aide de personne pour faire ça.

Drago se sentit beaucoup mieux en entrant dans la Grande Salle, soit à cause de la décision qu'il venait de prendre, soit à cause de la délicieuse odeur de nourriture. La Salle était emplie de lumières, de couleurs, de bavardages et de bacon. Il n'y avait pas de place pour les migraines et les jambes lourds, ou le sentiment angoissant qu'il aurait dû être en train de faire quelque chose de productif plutôt que d'avoir un moment de paix.

Il s'assit à côté de Pansy à la table des Serpentard et jeta un coup d'œil de l'autre côté de la Salle, par pure habitude. Potter était à sa place habituelle, entouré de sa bande de Gryffondor, en train de rire avec Weasley et Granger d'un truc que la fille Weasley avait dit. Les yeux fixés sur Potter, Drago remplit son assiette d'œufs au bacon. Il fallait que Potter regarde de son côté aujourd'hui, parce qu'aujourd'hui était une journée détente, et que rendre Potter marteau était tout simplement la meilleure distraction qui existe. Et c'était tellement facile. Par exemple, tout ce que Drago avait à faire était de lui jeter un regard noir, et les yeux de Potter s'étrécissaient aussitôt d'incrédulité, comme s'il ne parvenait pas à croire que quelqu'un ose le regarder de travers après qu'il les ait tous sauvés avec tellement de courage. Mais Drago osait et il en était vachement fier. Drago se sentait d'humeur à oser aller encore plus loin aujourd'hui. Quand Potter finit par regarder vers lui, Drago ne se contenta pas de lui jeter un regard noir, mais il fit aussi un geste vulgaire dans sa direction. L'air d'incompréhension qui se peignit sur le visage de Potter valait de l'or. Mais il dura à peine deux secondes. L'instant d'après, les lèvres de Potter frémirent, comme s'il était sur le point de sourire, et puis, il lui fit un clin d'œil.

— J'ai bien dormi, merci de demander.

La voix agacée de Pansy le fit se retourner.

— Ah oui, bonjour, dit-il d'une voix distraite.

Potter s'était retourné vers ses amis, comme si rien de sortant de l'ordinaire ne venait de se produire. Drago se retrouva à fixer le dos de son crâne.

— Potter vient de me faire un clin d'œil.

Pansy poussa un gros soupir.

— Oh, ne recommence pas.

— Recommencer quoi ?

— Avec ta haine de Potter. C'est le matin, là, c'est trop tôt.

Elle jeta un coup d'œil nerveux autour d'elle.

— Ou alors fais au moins en sorte de parler à voix basse.

Pansy ne jetait plus de regards noirs à Potter, ces derniers temps. Elle avait plutôt tendance à lui sourire, avec la timidité d'un gosse de deux ans, ou à carrément éviter de le regarder. C'était elle qui y perdait.

— Non, Pansy, tu comprends pas. Il m'a fait un clin d'œil.

— Mm-hmm. Ce qui est clairement un signe qu'il prévoit de te faire un truc abominable.

— Et bien, peut-être.

Potter n'avait pas l'air de quelqu'un en train de dresser des plans machiavéliques, cela dit. Il était de nouveau en train de rire avec ses amis, et il ignorait complètement Drago.

— Ou alors, tu l'as imaginé, continua Pansy. Ou alors il faisait un clin d'œil à quelqu'un d'autre et tu es juste super égocentrique.

Elle fit la moue devant sa saucisse.

— Ou peut-être qu'il faisait un clin d'œil à Blaise.

Drago se retourna vivement pour jeter un regard soupçonneux à Blaise qui était en train de se servir du jus de citrouille.

— Pourquoi est-ce qu'il ferait un clin d'œil à Blaise ?

— Tout le monde fait des clins d'œil à Blaise.

Blaise avait dû sentir qu'on le regardait parce qu'il releva la tête, sourit et fit un clin d'œil. Les joues de Drago se mirent à chauffer. Il fut complètement sous le charme l'espace de quelques secondes, et puis il s'ébroua, comme pour se sortir d'une transe. Il avait longtemps soupçonné que Blaise était en réalité un Vélane.

— Je vois, dit Drago. Mais je doute que Potter fasse des clins d'œil à un Serpentard.

— Tu es un Serpentard.

— C'était un clin d'œil méchant. Ça fait une différence.

Pansy secoua la tête et continua à martyriser sa saucisse.
Drago parcourut la Salle du regard à la recherche d'un autre truc inhabituel. Un Poufsouffle lui sourit, mais les Poufsouffles étaient bizarres et avaient une tendance à trop sourire, donc ça ne voulait sans doute rien dire. Tout le reste semblait normal. Peut-être un peu trop normal. Pour tout ce qu'il en savait, il était possible que les trois autres maisons soient en train de préparer quelque chose, un coup tordu à faire aux Serpentard. Ou bien juste à Drago. Il s'était attendu à ce que ça arrive bien plus tôt. C'était comme si le calme avant la tempête durait depuis le début de l'année. Les Gryffondor se montraient bien trop amicaux, d'après lui. Peut-être que c'était un type de générosité que seuls les vainqueurs pouvaient démontrer. Aussi inquiétant que soit tout cela, du coin de l'œil, Drago remarqua que Pansy versait quelque chose dans son jus de citrouille. Elle vida ça d'un trait et poussa un soupir satisfait.
Drago s'en trouva plus qu'un peu désarçonné.

— C'était quoi ça ?

Elle le regarda sans comprendre.

— Ça quoi ?

— Tu viens de mettre quelque chose dans ton jus de citrouille. Une potion ou un truc.

— Et ?

Elle releva le menton.

— C'est mon jus de citrouille. Je peux y mettre ce que je veux.

— Mais… Tu es malade ou…

— J'apprécierais si tu n'insistais pas.

Elle avait l'air assez troublée.

— Pourquoi tu ne t'occuperais pas des plans machiavéliques de Potter à la place.

— Tu m'as dit d'arrêter de le faire.

— Non, non. Je t'en prie. Fais-le en silence, c'est tout.

Plusieurs Serpentard étaient déjà en train de les regarder et Drago laissa tomber pour le moment. Il donna un petit coup dans les côtes de Pansy.

— Il faut que tu t'amuses un peu plus. Allez. Viens avec moi dehors, on fera du Quidditch.

C'était pas gagné, il s'en rendait bien compte.

— Genre. Il faut que je bosse. Tu ferais mieux de venir avec moi à la bibliothèque, plutôt.

C'était sans aucun doute la dernière chose que Drago avait envie d'entendre. L'espace d'une seconde il eut envie de hurler, mais il parvint à garder le contrôle de lui-même.

— J'en ai marre de bosser. J'ai rien fait d'autre depuis des mois. On devrait faire un truc sympa pour une fois.

Pansy lui jeta un regard glaçant.

— J'ai pas le temps pour les trucs sympas.

Drago soupira. Pansy se retrouvait avec la même équation réputation-éducation-or que lui. sauf que son père avait nettement moins d'or que celui de Drago alors c'était certainement pire pour elle. Mais ça ne voulait toujours pas dire qu'elle devait bosser un dimanche.

Tant pis. Elle était nulle au Quidditch de toute façon. Sauf que Goyle aussi, à moins que vous n'appréciez de vous faire jeter à bas de votre balai de façon répétitive. De toute façon, il était toujours au lit et n'allait probablement pas se lever avant midi. Il semblait bien que Drago ne jouerait pas au Quidditch ce jour-là. Tout comme il n'y avait pas joué la veille.

Se rendant bien compte que Pansy ne lui serait d'aucune aide, Drago se dépêcha de finir son petit-déjeuner, but un verre de jus de citrouille, et s'enfuit de la Grande Salle. Mais pas avant d'avoir saisi la tête de Pansy entre ses mains, soufflé dans son oreille, et dit :

— J'espère que tu ne prends pas des drogues que tu refuses de partager.

Elle le repoussa avec une grimace et il la laissa tranquille.

C'est seulement en arrivant dans le hall d'entrée et en regardant dehors qu'il se rendit compte que la neige avait fondu pendant la nuit. C'était mort pour les boules de neige en embuscade pour aujourd'hui.
Ou carrément pour toujours, en fait. Il serait parti depuis longtemps la prochaine fois que les pelouses de Poudlard seraient blanches de neige. Il réalisa soudain : encore trois mois, et il quitterait l'école, sa routine familière et le millier d'autres élèves. Il ne reverrait jamais la plupart d'entre eux, ou à peine en passant. Il serait chez lui, avec ses parents, à faire des plans pour sa future carrière, à chercher un travail. Il se retrouverait sûrement coincé au manoir pour des mois, voire plus. Ça n'aurait pas été un problème deux ans auparavant, mais dernièrement, sa maison était devenue un lieu plus sombre, moins agréable.
Et voilà où il en était, à s'inquiéter de ne trouver personne avec qui jouer au Quidditch en ce jour, mais c'était valable pour l'entièreté de son futur, pas juste un dimanche en passant.

Drago grimaça en entendant les rires qui venaient de la Grande Salle. D'un autre côté, ces gens étaient vraiment chiants, et il serait enfin débarrassé d'eux. Franchement, il aurait dû s'en réjouir. Il y avait au moins un truc sympa qu'il pouvait toujours faire, et il n'avait besoin de personne pour l'aider. Il décida de rentrer au dortoir pour une longue et satisfaisante branlette.

Il avait déjà commencé à retourner vers les cachots quand il perçut un mouvement au coin de son champ de vision. Potter était sorti de la Grande Salle tout seul, ce qui n'aurait pas dû être si étrange que ça, sauf que Drago ne pouvait pas se rappeler la dernière fois qu'il avait vu Potter se balader tout seul. En temps normal, il était constamment entouré par ses amis et ses admirateurs et ne pouvait pas faire un pas sans eux. On aurait bien dit qu'il s'était échappé en secret. Drago se sentit obligé de faire une petite enquête.

Il fit demi-tour et se hâta dans la même direction que Potter, qui avait déjà tourné derrière un angle. A gauche ou à droite, Drago n'en savait rien, mais le couloir de gauche menait à la tour des Gryffondor, alors il choisit celui-là. Potter n'était nulle part en vue. Il ne pouvait pas avoir disparu aussi vite. A moins… à moins qu'il n'ait utilisé sa cape d'invisibilité. C'était sûrement ça. Peut-être que c'était le jour de détente de Potter, et que Drago était sa cible. Il était tout proche, à rire du fait qu'il était si simple de forcer Drago à le suivre. Pansy avait raison. Il fallait que Drago fasse attention à ne pas montrer trop d'intérêt pour Potter, ou ça se retournerait contre lui et Potter aurait encore plus l'impression d'être une star.

Drago tourna des talons et reprit la direction des cachots. Franchement. Maintenant qu'il y pensait, il était sûr que c'était ça. Les Serpentard avaient perdu le match la veille et il était probable qu'ils perdent la coupe, mais Drago se disait que personne ne se moquerait de lui à cause de ça vu que le nouveau capitaine l'avait viré de l'équipe il y avait des mois de ça. Décaler le match Gryffondor-Serpentard pour donner au nouvel Attrapeur le temps de se préparer n'avait servi à rien. Gryffondor avait gagné quand même. Le match avait été douloureux à regarder. Le nouvel Attrapeur n'était en rien une menace pour Potter. Alors si quelqu'un avait le droit de se moquer ici, c'était Drago. Cela aurait au moins dû être clair pour les gens capables de former un raisonnement logique. Il aurait dû savoir que Potter et sa bande seraient davantage intéressés par tout ce qui pouvait faire que Drago se sente minable. C'était sûrement un piège. Les Gryffondor allaient bondir de derrière un coin à tout moment maintenant pour l'insulter et le forcer à faire un truc qui lui attirerait des problèmes. Il fallait qu'il se sorte d'ici avant ça. La veille, après le match, Potter lui avait jeté un regard tellement mauvais et intense que Drago s'était enfui en sécurité dans son dortoir. Il avait réussi à effacer Potter de son esprit en se concentrant à fond sur son essai de Métamorphose. Mais si Potter pensait qu'il avait fait quelque chose de mal, c'était peu probable qu'il passe simplement à autre chose.

Drago se dépêcha de traverser le couloir, en essayant de ne pas trop regarder derrière son épaule.
Sa paranoïa était justifiée.
Quelque chose de rapide bondit du couloir. Ça attrapa Drago par le bras et ça tira. Avant de pouvoir réagir, Drago se retrouva brutalement poussé dans un placard à balais. On en claqua la porte. Les lumières s'intensifièrent. Le cœur affolé de Drago s'arrêta carrément de battre.

— Potter ? souffla-t-il.

Parce que c'était vraiment Potter, avec ses cheveux noirs et ses yeux verts qui étaient bien trop verts et bien trop proches.

Malgré toutes ses théories précédentes, Drago ne s'attendait pas à ce que Potter lui tende un tel traquenard. Il n'avait vraiment rien fait pour s'attirer ses foudres. Pas cette fois. Potter n'avait pas de raison de l'attaquer, à moins que ce ne soit à cause du doigt d'honneur de tout à l'heure.
Drago essaya de saisir sa baguette, mais Potter posa ses mains à plat sur sa poitrine et le poussa contre le mur. Il n'avait pas l'air en colère. Mais il avait l'air très… passionné. Drago se figea. Il resta là, bloqué, sans défense, et Potter se colla à lui et l'embrassa. L'embrassa sur la bouche avec des lèvres chaudes et une passion telle que Drago avait la tête qui tournait. Il fut si choqué qu'il ne ferma même pas les yeux. Il voyait très bien Potter, ses mèches sombres qui tombaient autour de son visage, la monture de ses lunettes rondes, les cils épais qui touchaient ses joues. La langue de Potter se glissa dans sa bouche avec une lenteur sinueuse qui fit instantanément réagir le corps de Drago. Sa peau se mit à chauffer et une pression pas désagréable s'installa dans son bas-ventre. Il faillit se laisser aller, fermer les yeux et rendre le baiser, mais c'était Potter. Ça ne collait pas.

Drago l'attrapa par les épaules et le repoussa. Potter eut l'air surpris et fronça les sourcils devant l'expression sur le visage de Drago et ses mains qui le tenaient à distance.

— Putain, qu'est-ce que tu fous ? chuchota Drago alors qu'il avait l'intention de hurler.

Sa gorge était sèche et sa voix grave. Ses lèvres semblaient trop pleines, brûlantes, et elles le picotaient. Ça ne rendait pas l'élocution facile.

— Ça s'appelle embrasser.

Potter pencha la tête de côté.

— Ou se bécoter, si tu préfères. Mais il paraît que ça ne se dit plus trop.

Maintenant que Potter avait arrêté de l'embrasser, Drago avait les idées plus claires. Assez claires pour être carrément énervé.

— Je sais pas à quoi tu joues, mais ça ne me fait pas rire.

Drago fut heureux de constater que cette fois sa voix était calme et menaçante. Cependant, ça n'eut pas le moindre effet sur Potter. Il se contenta de sourire.

— Ben, il y a un truc avec lequel j'aimerais bien jouer, et je n'avais pas l'intention que ça te fasse rire. Donc je pense qu'on est sur la même longueur d'ondes.

Drago le regarda qui souriait, incapable de dire quoi que ce soit. Potter flirtait de façon si peu subtile que c'était impossible à manquer. Ce qui voulait dire qu'il était devenu pas mal taré. Ou que quelqu'un le forçait à faire ça avec de la magie. Ou que Drago était en train de devenir fou et que rien de tout ceci n'était réel.

— Heu.

Potter baissa les yeux sur les mains de Drago.

— Tu fais de la muscu ? Parce que tu as une sacrée poigne. Je vais bientôt devoir dire Aïe.

Il se mordit la lèvre.

— Un Aïe très excité, bien sûr.

Non seulement Potter était dingue, mais en plus sa folie était contagieuse. Drago pouvait se sentir céder, ne vouloir rien d'autre que juste lâcher prise et laisser Potter flirter avec lui et l'embrasser autant qu'il voulait.
Ses bras perdirent de leur force. Potter se rapprocha, ses mains se retrouvèrent à nouveau sur la poitrine de Drago, et ses lèvres l'hypnotisèrent.

— Tu vois ? C'est impossible de me résister.

C'était vrai. En tout cas, Drago ne put résister quand Potter pencha sa tête de côté et posa ses lèvres dans le cou de Drago, pour suçoter et lécher la zone sensible sous son oreille. Il effleura la peau de ses dents et Drago frissonna. Ses hanches se portèrent en avant et furent stoppées par les mains de Potter. Comment celui-ci avait-il réussi à les mettre là, Drago n'en savait rien, mais il semblait que c'était un endroit parfait pour elles. Un truc intense et fougueux le terrassait chaque fois qu'il essayait de bouger et que Potter l'en empêchait.

— Je déteste les robes, marmonna Potter en mordillant la mâchoire de Drago.

Ses paumes traînaient contre le tissu de sa robe, passaient de bas en haut autour de sa taille et de ses hanches, comme si elles cherchaient désespérément une ouverture où elles pourraient se faufiler. En conséquence de quoi Drago se mit lui aussi à haïr les robes avec une rage qu'il réservait d'habitude à… eh bien, Potter.

— Ça t'embête beaucoup si je la déchire ? demanda Potter le souffle court, ses lèvres à nouveau contre celles de Drago.

Il attira la lèvre inférieure de Drago entre ses dents, mordit légèrement et puis lécha la peau sensible. Drago se rendit compte qu'il poussait un gémissement pitoyable. Ça l'affola tellement qu'il repoussa une nouvelle fois Potter.
Ça n'eut pas l'air de perturber terriblement celui-ci ; Drago n'avait pas réussi à le pousser très loin. Les mains de Potter étaient toujours fermement en place sur ses hanches.

— Ne t'inquiète pas trop pour tes fringues, lui dit-il avec un drôle d'air attendri qui ne fit que rajouter à l'incompréhension de Drago.

— Ce n'est pas mes fringues qui m'inquiètent, dit-il.

Il s'inquiétait davantage pour sa santé mentale. Tout ça n'était pas en train d'arriver. Ça se passait juste dans sa tête. Le visage de Potter fut soudain marqué par une inquiétude réelle :

— Pourquoi ? Qu'est-ce qui ne va pas ?

— Heu. Le fait que tu m'agresses sexuellement, par exemple. »

Incompréhensiblement, Potter se mit à rire.

— Tu as raison. Je suis pas mal tactile, hein ?

Il se rapprocha et, avec une lueur perverse dans le regard, déclara :

— J'ai entendu dire que ça ne te déplaisait pas.

Drago sursauta, horrifié.

— C'est faux !

Potter eut l'air de trouver aussi ça drôle.

— Oups. C'est ma faute alors. Tu préférerais peut-être que ce soit toi qui me molestes ? Moi, j'aime ça.

Avec un large sourire, il les fit tournoyer de façon à ce que ce soit lui qui se retrouve coincé contre le mur. Drago en eut la tête qui tournait.

— Allez, vas-y, dit Potter. Te gêne pas. Tu as le droit de déchirer mes fringues.

C'était sans doute l'offre la plus tentante que Drago ait jamais entendu. Ses doigts le démangeaient de pointer sa baguette vers les vêtements de Potter et de les réduire en lambeaux.

Sauf que c'était comme si un mage noir venait de lui offrir un million de Gallions sans raison, et que s'il acceptait, il se retrouverait sûrement à vendre son âme.

Cela dit… Potter avait l'air si excité et enthousiaste, avec ses lèvres entrouvertes et ses pupilles dilatées, que ça valait peut-être la peine de vendre son âme. Ça n'atteindrait probablement un tel prix de toute façon.
Drago sortit sa baguette et la pointa vers Potter, l'imaginant déjà nu. Mais il y avait quelque chose dans le fait de se tenir là avec sa baguette à la main et les yeux verts de Potter qui le fixaient qui lui rappela la réalité de la situation : il était Drago Malefoy et c'était Harry Potter. Ils ne se retrouvaient pas dans des placards pour s'arracher leurs vêtements et baiser. C'était forcément une blague. Une blague à ses dépens s'il montrait la moindre faiblesse.

Il agrippa sa baguette plus fermement.

— Tiens-toi éloigné de moi, Potter, dit-il. Ou bien la prochaine fois, je te casserai le nez. De nouveau.

Là-dessus, il tourna les talons, ouvrit la porte et s'enfuit vers son dortoir.