Chapitre 1 :
Aro s'ennuyait. Cela faisait près de 3000 ans qu'il existait et il avait l'impression d'avoir tout vu. Il avait voyagé et vu les gens évoluer à travers le temps, l'espace et même leurs esprits ! Si autrefois, il se réjouissait de parcourir le monde, il n'y voyait désormais guère qu'un déplacement professionnel (et très occasionnel). Il s'était installé il y a près de 1000 ans à Volterra et il n'était plus question pour lui de partir à l'aventure. Ce n'est pas qu'il appréciait trop sa vie de château mais il n'avait tout simplement plus de raison de sortir : ses gardes lui procuraient du sang frais, des criminels à juger et même des personnes douées de talents spéciaux. De plus, de temps en temps, il recevait de la visite alors pourquoi sortir ? Respirer l'air frais ? Il n'en avait pas besoin ! Il se dirigea vers sa bibliothèque mais là aussi, il fut déçu : il avait déjà tout lu et les auteurs contemporains ne lui plaisaient guère. Il se dirigea vers sa fenêtre et l'ouvrit (le soleil n'atteignant pas cette partie du château). Peut-être verrait-il dehors quelque chose qui retiendrait son attention ? Mais là encore, il fut découragé. Il y avait bien quelques jolies femmes mais il avait eu tellement de conquêtes que cela ne le divertissait plus. Sa dernière compagne, Sulpicia, avait tenu un gros record : il était resté avec elle plus de deux semaines ! Mais le pouvoir lui était monté trop vite à la tête, pensant devenir reine parce qu'il couchait avec elle et il avait dû s'en séparer.
Alors qu'il s'éloignait de la fenêtre, il reçut un projectile en plein sur la tête ! Bien entendu, cela ne lui fit pas mal mais l'offense était immense ! Qui osait s'attaquer au Roi des Rois ? Quelqu'un avait-il des tendances suicidaires ? Aro regarda précipitamment par la fenêtre pour voir une silhouette vêtue de la cape de son clan courir dans une direction opposée au château. Est-ce que quelqu'un de son clan oserait s'attaquer à lui ? Il en doutait car tous savaient quel était son pouvoir et sa fierté. Il décida de confier cette recherche à Démétri, son meilleur traqueur, mais ne le fit pourtant pas. Un objet avait attiré son attention : le fameux projectile. Il était en morceaux mais Aro reconnut ce qui était autrefois une bouteille. Une feuille de papier était coincée à l'intérieur de ce qu'il restait de son contenant. L'ombre d'un sourire se dessina sur le visage parfait du Roi : « si ce fou a trouvé un moyen de tromper mon ennui, j'accepte de lui pardonner » se dit-il.
Lorsqu'il ouvrit la lettre, il lut :
« Très cher ami,
Oui, je vous qualifie « d'ami » alors que je ne vous connais pas mais j'ai l'impression que, tout comme moi, vous souffrez actuellement de la plus grave des pathologies de ce monde : l'ennui ! Je vous préviens tout de suite : vous connaître m'est complètement égal ! La seule chose que je souhaite, c'est de ne plus m'ennuyer. Je pense que c'est pareil pour vous. Si cela vous convient, je vous propose un petit jeu : nous allons nous lancer des défis à tour de rôle et devoir raconter ensuite à l'autre personne comment nous avons relevé ce défi. Voici les règles :
1. Les joueurs, c'est-à-dire vous et moi, ne doivent pas chercher à se connaître
2. Chaque joueur devra signer sa lettre de défi soit par son prénom, soit par un pseudonyme
3. Les joueurs doivent être sincères et honnêtes. Par exemple, un joueur ne prétendra pas avoir relevé un défi qu'il n'a pas relevé.
4. Tout joueur qui n'aura pas réussi un défi aura un gage.
5. Les gages, tout comme les défis, ne devront impliquer aucune action illégale ou immorale.
6. Le jeu ne s'arrêtera qu'à la mort d'un des joueurs
7. Les défis seront soumis par l'intermédiaire d'une lettre de défi où seule l'action à effectuer est décrite.
8. La lettre de défi devra être déposée entre 20h et 20h15 pour moi et entre 20h30 et 20h45 pour vous au pied de la fontaine, là où la pierre est fendue. Cela évitera à des curieux indésirables de les intercepter.
Si ces règles vous conviennent, merci de m'écrire une lettre contenant votre approbation des règles et de la déposer au même endroit que la lettre des défis (et à la même heure). Je vous déposerai alors dès demain soir votre premier défi. Une fois que vous l'aurez relevé, vous pourrez m'en lancer un.
Dans l'attente de votre approbation, veuillez agréer, mon cher ami, l'expression de mes salutations distinguées.
Lady Kitty Black »
