Elyon Gibbs était une jeune universitaire, en dernière année avant son examen. Son père était agent du NCIS, et elle connaissait tous ses collègues et les appréciait comme des membres de la famille, ce qui était réciproque. La jeune fille, tout juste âgée de seize ans, était surdouée, et avait sauté un nombre conséquent de classes. Elle aidait parfois son père dans ses enquêtes lorsqu'elle avait cinq minutes de libre. Aujourd'hui, on était vendredi. Elle était rentrée de l'école avant son père, et avait donc fait la cuisine. Lorsque Leroy était rentré, ils avaient diné, et le père était allé dans la cave, où il construisait un bateau. Elyon avait pris sa douche et regardait maintenant la télévision en pyjama, lorsqu'on frappa à la porte. Elle se leva, enfoui une arme dans son dos, coincé dans l'élastique de son short, et alla ouvrir. Elle se trouva face à deux hommes, un grand métis armé, et un homme blanc, il avait l'air plus jeune et mal à l'aise.

« Bonjour, nous sommes bien chez l'agent spécial Gibbs ?

- FBI ?

- Comment vous savez ? s'étrangla le plus jeune.

- Vous êtes armés. Enfin, votre collègue le porte comme n'importe qui, mais vous, vous le portez bizarrement, seul un flic ferait ça. Mais les flics ont un uniforme. Donc vous êtes des agents. Pas du NCIS, vous auriez juste frappé avant d'entrer et je vous aurais reconnus. Pas de la CIA parce que vous avez l'air trop gentil pour ça, pas du JAG parce que vous auriez fait le salut militaire, et pas de la NASA parce que si ça avait été le cas, votre collègue aurait été votre supérieur, et un supérieur ne se balade pas avec son subalterne là-bas. Donc par élimination, FBI.

- Joli mademoiselle. Nous sommes les agents Derek Morgan et Spencer Reid des sciences du comportement.

- Des profilers alors. Je me disais aussi. Que voulez-vous à mon père ?

- Euh, et bien nous travaillons ensemble sur une série de meurtres impliquant une marine. Sauf que vu l'heure, votre père n'était plus au bureau, et nous avons donc pensé qu'il serait chez lui.

- Exact. Entrez, je vais le chercher. »

La jeune fille se décala pour les laisser passer et alla appeler son père, qui travaillait sur son bateau dans la cave. Il remonta et avisa les deux agents du FBI.

« Vous n'êtes que deux ? demanda-t-il.

- Non, mais le reste de notre équipe est allé à la rencontre du reste de votre équipe.

- J'en connais une qui ne va pas être contente, sourit Elyon.

- C'est sûr. Que voulez-vous messieurs ?

- Nous travaillons ensemble sur la série de meurtres, vous n'êtes pas au courant ?

- Une série ? Nous travaillons juste sur le meurtre du quartier-maître.

- Oui, nous le savons, mais il se trouve que votre victime fait partie d'une série plus large. Notre patron a été contacté par la police locale, et quand on a fait des recherches, le quartier-maître Johnson avait été tuée selon le même rituel que les autres.

- Que pouvez-vous nous dire sur les autres ? demanda Elyon.

- Euh, excusez-moi, cette enquête est une histoire d'adultes mademoiselle.

- Sans rire ? J'avais bien besoin qu'on me précise qu'un corps découpé en pièces de puzzle n'était pas un truc pour les enfants, merci agent Morgan.

- Vous pouvez parler devant elle agent Morgan, il lui arrive souvent de nous donner son avis lorsqu'elle n'est pas en cours.

- Vous êtes aidé d'une enfant ?

- Une enfant accréditée au secret défense pour être exacte, sourit Elyon.

- Bon, ça suffit vous deux, dit Reid en se frottant les yeux. On a une enquête à mener, vous vous souvenez ?

- Exact. Qu'avez-vous de nouveau ? demanda Gibbs, déjà fatigué de l'attitude de l'agent du FBI et de sa fille.

- Alors, elle a été étranglée avec un sac plastique, puis violée. Cependant le corps a été trouvé en bon état, il a été maquillé, lavé et les vêtements étaient propres aussi, ce qui nous prouve que le suspect est atteint d'un dédoublement de la personnalité.

- Si je peux me permettre, commença Elyon tandis que Derek croisait les bras, il y avait deux ADN sur le cadavre. Il est plus probable qu'il y ait deux tueurs.

- Elle a pu avoir des relations avec son mari.

- Impossible, elle a disparu juste après avoir fini une mission, pendant laquelle elle était en planque avec une équipe de femmes. Elle n'a pas pu avoir de contact humain avec un homme, sauf ceux qui l'ont violée, compléta Gibbs.

- Bon, alors nous avons deux suspects à appréhender. Ce qui est globalement plus simple, parce que le schéma est classique. Il s'agit d'un tandem où le dominant est charismatique, fier, impitoyable, narcissique, enragé, impulsif, d'une intelligence moyenne. Le dominé, lui en revanche, est intelligent, socialement replié, influençable, introverti et sexuellement déviant, et seul le partenaire ou les proies choisies peuvent le satisfaire.

- En gros, on recherche deux fous furieux, c'est noté.

- C'est l'idée, mais ils seront simples à localiser, pour la simple et bonne raison que leur comportement est prévisible.

- Ok. Vous savez comment ils choisissent leurs victimes ? demanda Leroy.

- Il est très probable que ce soit le dominant qui les choisisse, mais on ignore comment.

- D'accord. Vous savez pourquoi il les tue ?

- Vous voulez savoir s'il y a un facteur déclencheur ?

- Un quoi ? demanda la jeune fille en haussant un sourcil.

- Ah, j'oubliais que vous ne travaillez que sur des cas isolés, pas sur des séries.

- Pour être honnête, on en a déjà eu, mais ce ne sont jamais des psychopathes.

- Donc pour une personne, il y a toujours une raison à tuer. La petite-amie qui l'a plaqué, son patron qui l'a licencié, etc. Seulement, les psychopathes sont définis par une pulsion qui les pousse à tuer. Ils peuvent tuer des gens au hasard, certaines catégories socioculturelles, ou des substituts.

- Hum, émit Leroy pour simple réponse.

- Il y a toujours un facteur qui déclenche cette tuerie, et c'est souvent ce qui nous mène à arrêter le tueur.

- Et donc là, vous savez quel est le facteur déclencheur ? demanda Elyon.

- Non, mais en nous penchant sur le rituel de notre homme, nous pourrons peut-être le découvrir.

- Si son rituel est lié au sexe, vous saurez que c'est quelque chose qui a à voir avec sa vie privée par exemple ?

- Exactement.

- Mais là son fantasme, c'est de la violer quand elle est morte, énonça Gibbs en fronçant les sourcils. Ca veut dire qu'il aurait récemment eu une expérience qui lierait la mort et le sexe ?

- Exactement ! Et comme toutes les femmes agressées sont brunes aux yeux bruns, de taille moyenne et très fines, cela signifie qu'une femme de ce genre est liée à l'expérience.

- Oui, mais ça peut être n'importe quoi, la mort et le sexe, ça cohabite partout. Ca peut être un enfant mort-né, une femme qui l'a aimé et qui est morte, un complexe d'Œdipe inaccompli car la mère est morte, un délire zoophile impliquant un cheval brun, c'est pas précis du tout.