Premier chapitre de "We the dreamers". La scène prend place dans le bureau de Rick!


Ses doigts glissèrent doucement sur l'écran tactile de son bureau. Face à lui, le fruit de ses soirées de travail à traquer le sniper ayant blessé Beckett à l'enterrement de Montgomery allait disparaitre en un fragment de secondes. Il soupira, caressa son menton de la main gauche et sentit la barbe naissante sous ses doigts.

4 ans, 4 longues années passées à côté de Katherine Beckett et tout venait de voler en éclat, en un fragment de secondes. Il resta plusieurs minutes, silencieux, à fixer l'écran face à lui. 4 ans défilèrent devant ses yeux, les réprimandes, les soupirs exaspérés, les éclats de rire, les dizaines de fois où ils avaient frôlé la mort, les fois trop rares où leurs lèvres avides de baisers s'étaient rencontrées, les petits amis de Beckett et ses passades amoureuses. Tout lui revenait, en rafales s'écrasant violemment contre les parois de son coeur meurtri.

Il éteignit l'écran, regardant une dernière fois le sourire éclatant de celle dont il avait envahi la vie 4 ans plus tôt. Il pressa le bouton de l'écran et tout devint noir. Il s'approcha des grandes fenêtres de son appartement et regarda au loin, le regard perdu dans les lumières de la ville, là où avant il aurait passé toutes ses soirées, à la recherche d'une aventure d'un soir.

Mais c'était avant. Avant d'être abordé par cette détective dans une soirée pour une affaire de meurtre. Avant d'avoir failli être dévoré par un tigre. Avant de plonger dans l'Hudson avec une voiture de police. Avant de frôler la mort, sa partenaire dans les bras. Tout ça c'était avant qu'il la rencontre. Avant qu'il se trouve lui-même.

Il s'assit à son bureau, tira son fauteuil jusqu'à lui et se laissa glisser un peu. Le cuir du fauteuil crissa un peu, bruit déchirant dans le coeur de la nuit. Alexis et Martha étaient parties pour le week-end, il était donc seul. Malgré les demandes insistantes de sa mère et de sa propre fille, il avait préféré rester seul. La réalité était qu'il souhaitait passer cette soirée avec Kate et l'avait programmée avant l'explosion de la bombe lors de la manifestation. Il ouvrit un tiroir de son bureau, sortit une feuille de papier et s'empara d'un stylo.

Il le déboucha, posa le bouchon sans bruit sur le bureau. Seule la petite lampe de bureau éclairait la feuille de papier. Les reflets dansants de la lumière sur le visage de Richard faisaient ressortir sa barbe naissante et ses cernes. Il paraissait fatigué, préoccupé et terriblement malheureux. La pointe du stylo commença à gratter doucement le papier. Il écrivait doucement, pesant chacun de ses mots. Il écrivait comme il aurait parlé à Kate, avec douceur, avec tendresse. Et pour une fois, sans rien cacher. Sans passer par des chemins détournés, sans avoir besoin de lire entre les lignes.

Il arriva à la fin de sa lettre. Près d'une heure s'était écoulée depuis qu'il s'était assis à son bureau. Dehors il pleuvait. Les gouttes s'écrasaient doucement sur la vitre et entamaient une course folle les unes entre elles. Richard les regarda dévaler la vitre. On frappa à sa porte. En se retournant, il regarda la lettre posée sur son bureau. Les quelques mètres séparant son bureau et sa porte lui parurent durer une éternité. Il ouvrit la porte, s'efforçant de prendre un air détendu.