Cet OS est écrit pour un jeu du FoF, il fallait le rédiger sur le thème "loup" en une heure. Comme très souvent, j'ai un peu dépassé (je suis lente). Pour plus de précisions, vous pouvez m'envoyer un mp.
L'avantage avec un fandom comme Sherlock, c'est qu'on peut toujours prendre le mot au sens propre. L'impossible devient probable.
Un loup.
Un loup dans leur salon.
John prend une grande inspiration, fait trois pas en arrière, referme la porte. Il compte jusqu'à dix les yeux fermés. Il rouvre la porte, fait de nouveau trois pas en avant.
Le loup est toujours là.
Il est allongé entre leurs deux fauteuils, apparemment endormi, la gueule posée sur les pattes avant. John sort tout de même son téléphone de sa poche et lance une rapide recherche internet.
Il compare les images qu'il trouve à l'animal présent devant ses yeux.
Il peut clairement observer le museau allongé, les angles saillants indiquant la puissance musculaire de la mâchoire, les oreilles pointues plantées bien droites sur le sommet du crâne. Il y a aussi le pelage majoritairement gris-noir, teinté de blanc sous la gueule, et de marron le long des pattes.
Ce pourrait être un chien-loup.
Si l'on prend en compte l'inversion de probabilités liée à l'effet Sherlock Holmes, c'est très certainement un loup.
John enjambe le fusil hypodermique, passe dans la cuisine et met en marche la bouilloire. Pendant que l'eau chauffe, il se rend dans la salle de bains et se dévisage dans le miroir.
Pas de dilatation apparente des pupilles. Pouls calme et régulier. Pas de goût particulier en bouche, ni d'odeur significative dans le nez. Le sandwich du midi a été acheté dans une supérette.
Aucune trace, donc, de l'ingestion de la moindre substance hallucinatoire.
La bouilloire siffle.
John repasse dans la cuisine. Il écarte les fioles de produits abandonnées sur l'étagère et saisit son mug. Il en vérifie la propreté, puis le pose à côté des erlenmeyers, éprouvettes, pipettes, verres doseurs et autres matériels de chimie qui occupent actuellement la table. Il sélectionne un thé noir et verse l'eau sur le sachet. Pendant que le thé infuse, il retourne dans le salon.
Le loup est toujours là.
Apparemment endormi.
John va chercher son ordinateur portable. Il s'installe dans son fauteuil et pose son mug sur la petite table à côté de lui. Mrs Hudson y a laissé des gâteaux que Sherlock n'a pas daigné manger. Il n'y touche pourtant pas : il n'est pas exclu que Sherlock ait commencé une nouvelle expérimentation.
Il cale confortablement son dos dans le fond du fauteuil, croise la jambe droite sur la gauche, sirote une première gorgée de thé brûlant, et allume son ordinateur. En attendant le retour de son colocataire, il a le temps de mettre son blog à jour, et de consulter les sites d'informations.
Il fait attention à garder les pieds près du fauteuil, pour ne pas risquer de toucher le loup.
Sherlock revient une heure plus tard. John l'entend commencer à monter l'escalier alors que la porte d'entrée du 221B claque derrière lui. Il ne relève pas les yeux de son ordinateur.
« Quand le tranquillisant ne fera-t-il plus effet ? »
La question est posée avant même que Sherlock ait eu le temps de rentrer dans la pièce.
« Si mes calculs sont exacts - et ils le sont toujours - d'ici trois petites heures. »
Sherlock a déjà laissé son manteau sur une patère, et il s'est jeté dans son propre fauteuil, les joues rougies par le mouvement, les yeux aussi brillants qu'un enfant découvrant ses cadeaux le jour de Noël. Du moins, un enfant autre que Sherlock ou Mycroft, et qui n'aurait donc pas deviné plusieurs jours à l'avance le contenu de ses différents présents. Il est même en train d'émettre des petits bruits de satisfaction. L'affaire en cours doit être intéressante.
Au bout de deux minutes de quasi-silence, John cède et pose la question attendue.
« Sherlock, pourquoi y a-t-il un loup dans notre salon ?
— Sois plus précis, John, il s'agit d'un splendide spécimen féminin de la sous-espèce canis lupus.
— Merci pour la correction. Je répète : pourquoi y a-t-il une louve dans notre salon ?
— Parce qu'il s'agit d'une pièce à conviction très importante ! Je suis sur le point de trouver la solution et de remonter une bonne partie de la filière de drogue que je piste depuis maintenant un mois ! »
John prend un instant pour s'imprégner de cette explication et observe à nouveau l'animal.
« Sherlock, est-ce que la pièce à conviction est le loup lui-même, ou quelque chose en rapport avec elle ?
— Figure-toi que l'un des dirigeants du gang a une manière très particulière de faire régner la discipline. »
Le ton est allègre, plein de délectation.
« Quand l'un des membres a mis le reste du groupe en danger, il lui sectionne une phalange, ou un doigt entier, au pied ou à la main, c'est selon la gravité. Et il s'en débarrasse devant eux. »
Sherlock s'arrête et lance un regard significatif en direction du loup. John regarde son colocataire et baisse à son tour les yeux sur l'animal.
« Non.
— Si. »
John se demande un instant ce qu'il aurait découvert dans leur appartement, si ce chef de gang avait eu un requin, au lieu d'un loup. Sherlock aurait-il trouvé le moyen de ramener le squale chez eux ? Aurait-il retrouvé le poisson en vie dans leur baignoire, ou en cours de dissection sur la table de la cuisine ?
Que pensez-vous de la fin ? Qu'aurait fait Sherlock, à votre avis ?
