Bon, voilà un OS tout frais, sorti du four *meurs* Je me dépêche, demain j'ai cours tôt et je suis censée dormir depuis au moins dix minutes xD Voilà, un petit truc sur Gale, une demande expresse d'une de mes amies, ElsaMLS (peut pas linker ce soir, pas le temps xD) ;) Donc voilà, j'espère que ça va vous plaire ^^' Gros risque d'OOC sachant que je n'ai pas lu les livres et que je me base donc sur les impressions que j'ai eu en regardant les films ^^' Ne m'en voulez pas, je vous en supplie /o/
Edit du 05/02: Donc, maintenant que j'ai le temps (LOL), je vous annonce que la mise en page a été actualisée, ce qui donne un peu mieux je pense ^^' Bon, finalement, j'arrive toujours pas à linker, mais tant pis x) Et je n'ai pas vraiment le temps de corriger les fautes d'orthographe, j'ai trop peur que la connexion Internet me lâche ^^' Oui, le WiFi de la FAC, c'est pas le truc le plus sûre au monde ^^'
Edit du 05/02 (bis): Bon, alors, tout d'abord, cet OS va finalement devenir un TS xD Oui, ma chère ElsaMLS a prévu de m'assassiner à cause de la fin xD Donc gardez un oeil sur cette petite chose ;) Oh, et j'ai enfin eu le temps de corriger les fautes, et ajout ou oubli de mots d'ailleurs xD Enfin bref, cette publication fut laborieuse, mais j'y suis arrivée /o/
UNE PORTE DE SORTIE
Gale avait simplement voulu aider. Comme d'habitude, il n'avait pas supporté l'attitude des Pacificateurs. Toute cette violence, il n'arrivait plus à la tolérer. Alors il s'était interposé, encore, borné comme il était.
Il avait sauvé cette pauvre femme des coups d'un mastodonte et avait riposté pour laisser le temps à la précédente victime de fuir. Il avait essayé de déstabiliser son adversaire. Le combat fair-play ne faisait plus partie de ses façons de faire. Et ce depuis longtemps. Depuis que Katniss avait participé aux soixante-quatorzième Jeux de la Faim. Depuis qu'il l'avait vue embrasser Peeta dans cette grotte.
Il n'avait jamais réellement réussi à repousser ces images. Son cœur avait souffert. Il avait espéré pourtant, au retour des deux vainqueurs, que tout ceci n'ait été que pure comédie. Mais il s'était trompé. Parce que dès que l'Expiation avait débuté, il avait compris. Katniss ne serait jamais à lui. Elle appartenait déjà entièrement à Peeta.
Il avait su contenir sa rage cependant, se donnant à fond dans les mines, protégeant les habitants contre les attaques meurtrières des Pacificateurs. Néanmoins, même si son esprit s'était fortifié, son corps lui, lui hurlait de prendre une pause, de s'arrêter. Parce que pour Gale, la seule façon d'exprimer ses sentiments, sa rancœur, sa déception, c'était de cogner jusqu'à ce ses articulations se déchirent et que le sang qu'on y voyait soit un mélange dense. Un mélange de son propre sang et de celui qui recevait les coups.
Seulement cette fois-ci, le Pacificateur ne lui laissa pas beaucoup de marge de manœuvre, et la jouer de manière peu orthodoxe semblait faire partie de l'entraînement des chiens du Capitole. Sa défaite fut inéluctable lorsqu'il reçut un coup de matraque sur le crâne. Le monde se décomposa autour de lui jusqu'à devenir une masse sombre.
Lorsqu'il se réveilla, sa tête vibrait encore du coup qu'elle avait encaissé. Son sang avait dû couler devant ses yeux car sa vision périphérique droite lui était maintenant inutile. Il tenta de découvrir, malgré l'obscurité ambiante, où il se trouvait.
Il entendait des bruits de pas synchronisés, tout près. Et, à mesure qu'il s'adaptât aux ténèbres, il distingua une porte en face de lui. Il fit mine de se lever, mais quelque chose le maintenait au sol. En regardant à ses pieds, il grogna de frustration. De lourdes chaînes le gardaient immobiles. Lorsqu'il voulut s'en débarrasser, des cordes lui lacérèrent les poignets. Il était fait comme un rat.
Il s'adossa un peu trop brusquement au mur sous l'effet de la colère et sa tête, déjà bien amochée, heurta violemment la pierre derrière lui. Il siffla de douleur. Puis un cliquetis lui fit dresser l'oreille et il regarda fixement face à lui, à l'endroit même où se trouvait la porte.
Le battant s'ouvrit légèrement vers l'intérieur, laissant entrer un rai de lumière dans ce que Gale avait identifié comme étant un cachot.
Un homme, sans doute aussi âgé que lui, entra dans la cellule, un plateau entre les mains. Étrangement, il était à visage découvert. Quelque chose de bizarre pensa Gale. Il lui semblait évident que cet homme n'était autre qu'un Pacificateur. Or, il n'était pas dans leurs habitudes de se déplacer sans avoir un casque vissé sur le crâne, bien que Romulus Thread se soit fait une joie de laisser voir à tous son affreux visage. Le souvenir laissa un goût amer dans la bouche de Gale. Mais il s'en défit.
L'homme qui avait ouvert la porte avait un comportement étrange. Avant de refermer le battant derrière lui, il avait vérifié que personne ne l'avait suivi, jetant un coup d'œil de part et d'autre du couloir qu'avait pu apercevoir le prisonnier. Gale fronça les sourcils. Il ne le sentait pas. Alors quand il vit l'autre soupirer de soulagement, la surprise prit la place de la méfiance.
- C'était moins une, lâcha le Pacificateur encore inconnu.
Gale l'observa alors que l'autre se mouvait tranquillement dans le cachot. Il recula autant que possible contre le mur derrière lui quand son homologue s'approcha. Mais ce dernier posa simplement le plateau qu'il avait gardé tout ce temps entre ses mains au sol, face au prisonnier.
Gale arqua un sourcil.
- Qu'est-ce que tu fais ?
Son ton avait été plus accusateur qu'il ne l'aurait souhaité et sa voix lui avait semblé plus grave qu'à l'habitude. Son vis-à-vis eut un mouvement de recul. Il plaça ses mains devant lui, comme une barrière le séparant du prisonnier.
- Hé, je ne suis pas là pour te torturer. Je voulais juste m'assurer que tu allais bien et –
Gale retint un éclat de rire quand il vit l'autre se prendre les pieds dans le sol inégal. Le Pacificateur tomba pile sur son postérieur et poussa un cri tout sauf viril. On était bien loin de l'image du Pacificateur menaçant détruisant tout sur son passage. Le mineur du District 12 se fit finalement la remarque que peut-être, cet homme était plus jeune que lui. Le dégoût l'emporta sur la surprise. Comment pouvait-on enrôler un gamin dans une guerre pour laquelle il n'était pas responsable ? Toute idée de plaisanter s'envola de l'esprit du prisonnier.
Il fut distrait par les mouvements de son geôlier. Ce dernier semblait chercher quelque chose dans sa poche et, quand il l'eut apparemment trouvé, la lumière baigna les lieux, aveuglant Gale par la même occasion.
Il ne se plaignit cependant pas. Il put enfin voir le visage de celui qui s'était faufilé dans le cachot. Et bien qu'il n'eût pas l'habitude de réagir de cette façon, le cœur du mineur loupa un battement.
Il avait eu raison de penser que l'autre était plus jeune que lui. Son visage portait encore quelques traits ronds de l'enfance, et ses yeux étaient remplis de l'innocence de ceux qui n'ont pas encore vu, connu, vécu, la mort. De grands yeux verts, ouverts sur le monde, brillant d'un éclat que ceux de Gale avait perdu depuis bien longtemps.
Le souffle du prisonnier se bloqua dans sa gorge quand l'autre s'avança et se pencha au-dessus de lui, laissant son regard planer sur la blessure qu'il devait avoir à la tête.
Gale déglutit difficilement. Cette nouvelle proximité ne lui allait pas. Il remua et l'autre parut comprendre son inconvenance. Il fit un pas de côté, les yeux toujours rivés sur le crâne du mineur.
- Il faut faire quelque chose pour ce… ce truc, fit le Pacificateur en désignant un rond au-dessus de sa propre tête à l'aide de sa main, ou ça va s'infecter et tu risques d'y passer.
Gale lui adressa un regard noir. Jamais il n'accepterait l'aide d'un Pacificateur. C'était contre ses principes. Mais le léger mouvement de tête qu'il avait fait en direction du plus jeune suffit à lui donner le tournis.
Il resta quelques instants à garder les yeux clos pour que la sensation de fourmillement disparaisse mais une autre, bien plus impromptue, le fit sursauter. Le jeune Pacificateur s'était avancé de nouveau et Gale pouvait sentir la pulpe de ses doigts sur la peau de son poignet. Puis ce fut la paume entière de l'inconnu qui se referma sur l'avant-bras du mineur. Gale ne put retenir un frisson de se propager sur son corps. Sûrement dû au contraste entre la main brûlante du Pacificateur et la fraîcheur de sa peau. Mais ce simple contact suffit à le déstabiliser.
Il retrouva alors sa liberté de mouvement, du moins concernant ses bras. Il dévisagea le Pacificateur et celui-ci lui offrit un sourire étrangement chaleureux.
- Je vais voir ce que je peux trouver pour ta tête. En attendant, mange un peu. Je te laisse ça, finit-il en posant aux pieds de Gale, sur le plateau, une lampe à dynamo de poche.
Il commença à s'éloigner, mais le mineur n'était pas dupe. Il retira le torchon que le Pacificateur avait posé sur le plateau et ses yeux tombèrent sur une assiette remplie de carottes et d'une viande qu'il ne pouvait pas identifier. Un morceau de pain avait même été posé sur le côté.
Gale regarda cela d'un œil suspect.
- Qui me dit que ce n'est pas empoisonné ?
L'autre sursauta au ton de sa voix avant de dodeliner de la tête. Il s'accroupit au niveau du prisonnier, se saisit des couverts qui avaient été disposés autour de l'assiette et avala une bonne fourchette de carottes.
Gale analysa sa réaction à l'aliment. Mais rien ne se produisit, à part ce sourire chaleureux de nouveau placardé sur le visage de l'autre.
- Tu vois ?
Le mineur détourna le regard et attendit que l'autre soit sorti. Une fois qu'il entendit la porte claquer derrière le Pacificateur, et parce qu'un gargouillement répugnant fit trembler son estomac, il se jeta sur la nourriture, des larmes coulant le long de ses joues. Il n'avait rien mangé d'aussi bon depuis des années.
Gale avait fini son repas depuis plusieurs heures et un bandage provisoire avait été fait autour de sa tête. Son œil droit était partiellement dissimulé derrière une gaze. Mais cela ne l'empêchait pas d'observer son compagnon de cellule. Enfin, s'il pouvait l'appeler comme ça. Le jeune Pacificateur – Whyll, de son prénom – faisait les cents pas dans le cachot.
Ils n'avaient pas échangé beaucoup, et ce n'est qu'après que l'autre se soit occupé de sa blessure que Gale avait dénié lui demander son prénom. La question de l'âge avait elle aussi été abordé, et le mineur était resté bouche-bée en apprenant que son geôlier était en fait plus vieux que lui. De deux ans seulement, mais tout de même.
Il avait alors développé une espèce de fascination pour le plus vieux. Il n'arrivait pas à comprendre comment Whyll avait réussi à garder cette innocence dans ses yeux malgré toutes les horreurs dont il avait certainement été témoin.
Et quelque chose, dans le sourire chaleureux du plus vieux, lui faisait mal. Pas un mal comme celui que sa blessure à la tête lui faisait subir. Non, c'était autre chose. Il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, tout simplement.
- Je dois te sortir d'ici, statua soudainement Whyll, sortant Gale de ses pensées.
Le mineur releva prestement la tête. Il ne comprenait pas. Il avait abandonné l'idée de pouvoir sortir d'ici un jour. Alors pourquoi ?
- Pourquoi un Pacificateur m'aiderait à sortir de là ? ricana-t-il sombrement. Au contraire, tu devrais te réjouir, non ?
Gale continua de rire jaune pendant plusieurs secondes jusqu'à ce qu'on le plaque contre le mur. Il put constater de lui-même la force que possédait Whyll. Il pouvait voir les muscles se contracter sous le tee-shirt blanc du Pacificateur. Il distinguait très bien les os de la mâchoire de son vis-à-vis, et la colère dans les yeux verts qu'il avait seulement vus remplis de cet éclat enfantin jusqu'à maintenant. Il découvrit même les rides se creusant sur le front de son opposant alors que celui-ci avait les sourcils froncés au possible.
- Tu crois que j'ai choisi d'être un Pacificateur ? Tu crois que je suis d'accord avec tout ce que fait le Capitole ?
Gale ne savait plus quoi penser. Pour lui, Whyll n'était qu'un grand gamin qui avait choisi la facilité et qui l'avait connue dès sa naissance. On ne devenait pas un Pacificateur en naissant dans le District 11 ou 12.
Il avala bruyamment sa salive, le visage de Whyll toujours trop près du sien. La pression que l'autre exerçait sur ses épaules devenait douloureuse. Pourtant, il ne put s'empêcher de rosir. Cette proximité, le souffle de Whyll butant contre sa peau. Tout cela était mal.
Il hocha donc négativement la tête pour répondre aux questions du Pacificateur. Whyll le scruta de ses grands yeux verts pendant encore quelques secondes avant de lâcher prise. Gale reprit alors son souffle. Un souffle qu'il ne se souvenait pas avoir retenu.
Face à lui, Whyll se gratta distraitement l'arrière de la tête, ébouriffant un peu plus des cheveux déjà en bataille. Le mineur le vit inspirer et expirer profondément avant de retrouver des traits sereins. Un sourire timide remonta la commissure des lèvres du Pacificateur.
- Je suis désolé, marmonna-t-il finalement, refusant toujours de regarder Gale. C'est juste… Je ne suis pas comme eux.
Gale poussa un "Tch" peu discret qui lui valut un regard noir.
- Je sais ce que tu penses, grommela Whyll. Que je dis ça pour m'attirer ta compassion. Mais pas du tout. J'ai été forcé à devenir un Pacificateur. Mon père était criblé de dette. C'était soit son fils, soit sa vie. Autant te dire que son choix a été rapide.
Gale ne dit rien. Il n'en revenait pas. Même au plus près du Capitole, on trouvait encore des gens, qui comme lui, n'avaient pas eu d'autre choix que de vivre la vie qu'ils menaient. Il vit alors Whyll sous un nouveau jour.
- Quand je t'ai vu t'opposer au Lieutenant, j'étais tétanisé. J'aurais dû intervenir, mais je n'ai pas ton courage, avoua franchement le plus vieux, ricanant bêtement devant sa faiblesse.
Gale eut la sensation qu'on pinçait légèrement son cœur. Il n'était pas courageux. Il voulait juste chasser Katniss de son esprit. Il était inconscient, têtu, borné, mais pas courageux.
- C'est pour ça qu'il faut que je te fasse sortir de là. Et aussi…
Le mineur attendit la suite, impatient, mais surtout inquiet. Une ombre était passée devant le visage de Whyll.
- Quoi ? Parle !
Whyll hésita un instant.
- Le bombardement du District 12 a été prévu.
Le jour suivant passa à une vitesse fulgurante. À la mi-journée, comme il en avait pris l'habitude, Whyll s'était introduit dans la cellule de Gale, de multiples rouleaux sous le bras. Ils avaient alors passé l'après-midi à programmer son évasion ainsi que l'évacuation du District 12. Tout avait été réglé au millimètre près.
Bien entendu, l'humeur joueuse de Whyll avait considérablement ralenti la progression de l'établissement de leur plan, et Gale avait de plus en plus de mal à croire que l'homme à qui il avait à faire soit plus vieux que lui.
Mais il fallait croire que la bonne humeur du Pacificateur était contagieuse. Gale n'avait pas autant ri depuis des semaines. Et même s'il avait dû contenir ses éclats de rire, il avait senti la chaleur de la gaieté s'insinuer en lui.
Il avait alors posé les yeux sur Whyll. Un sourire avait pris place sur ses lèvres.
Gale dormit particulièrement mal cette nuit-là. À chaque fois que Whyll partait pour rejoindre les troupes, il lui liait de nouveau les mains pour ne pas éveiller les soupçons. La position devenait donc particulièrement insupportable.
Si on ajoutait à cela le stress que ressentait le mineur quant à l'opération du lendemain, on arrivait parfaitement à comprendre l'état de conscience accrue dans lequel se trouvait Gale.
Il avait beau fermer les yeux, le sommeil ne venait pas. Il essaya pourtant, pliant et tendant les jambes pour faire circuler le sang. Il cala sa tête contre le mur dans son dos pour plus de confort, mais rien n'y fit. Milles et une question bourdonnaient dans sa tête et il n'arrivait pas à mettre un terme à ce capharnaüm.
Petit à petit, un nuage lui embrouilla les sens. Il ferma lentement les yeux pour les rouvrir aussi sec.
Le bâtiment avait tremblé. Il avait entendu des gravillons se séparer du mur auquel il était attaché. Et la porte de son cachot s'ouvrit en grand. Un homme casqué entra à grands pas et lorsque Gale le vit lever sa matraque, il sut que c'était la fin. Il ferma hermétiquement les yeux, s'attendant au choc, à la violence du coup. À la douleur lancinante qui s'estompe à mesure que la vie vous quitte. Mais il n'en fut rien.
À la place, une poigne solide se referma sur son épaule. Une force familière. Whyll. Gale écarquilla les yeux quand le Pacificateur ôta son casque, les traits de Whyll apparaissant progressivement. Le front du plus vieux était recouvert d'une fine couche de sueur et l'affolement était visible dans ses yeux. Gale fixa sa bouche, ne captant que la moitié des mots qui s'en échappèrent.
- Changement de programme, Gale. Nous devons partir, maintenant !
Le cri réveilla le prisonnier de sa transe. Gale comprit la situation et attendit calmement que Whyll le détache. Quand il put se relever, il tituba légèrement avant de retrouver son équilibre. Il se massa les poignets, puis les chevilles, alors que Whyll avait déjà remis son casque et s'assurait que personne ne s'était aventuré dans le couloir des détenus.
- C'est bon ?
Gale décela l'inquiétude dans la voix de son aîné mais hocha positivement la tête. Il devait sortir d'ici, sauver sa famille, et fuir.
Ils parcoururent le dédale de couloir que représentait la base des Pacificateurs, tombant de temps à autre sur des gradés dont Whyll se chargea. Gale ne cessait d'être étonné. Lui-même essayait vainement d'en mettre quelques-uns à terre, mais ces quelques jours d'emprisonnement l'avaient grandement affaibli. Et ce, malgré les trois repas par jours que Whyll s'était efforcé de lui apporter.
Gale observa alors le plus vieux. Sans lui, il n'aurait jamais eu la force, ne serait-ce que pour sortir de son cachot. Il lui devait la vie. Il fut arraché à sa vision par le son des coups de feu et la voix de Whyll qui lui hurlait de bouger.
Le mineur s'exécuta. Ils furent enfin à l'air libre. La prochaine étape était d'évacuer les habitants. Du moins, le plus possible. Gale n'était pas idiot. Ils ne pourraient jamais sauver tout le monde.
Lui et Whyll allèrent donc d'habitation en habitation, ordonnant aux familles de se rendre dans la forêt, les prévenant du bombardement qui aurait bientôt lieu. La majorité d'entre eux furent apeurés par la présence de Whyll. Et Gale avait beau leur assuré que le Pacificateur était de leur côté, les autres ne voulurent rien entendre. Il se retrouva plusieurs fois sur le pas de la porte, incrédule, face aux silhouettes prostrés de ceux auprès desquels il avait grandi.
Combien de fois Whyll avait dû le secouer, lui montrer qu'il ne pouvait rien y faire et le forcer à continuer ? Il avait arrêté de compter.
Le principal était que sa propre famille, Prim, et la mère de Katniss avaient coopéré. D'autres avaient bien sûr cru le natif du District 12, avaient su faire abstraction de la présence du Pacificateur.
Maintenant, tous ceux qui avaient eu assez confiance en Gale couraient vers la forêt. Gale et Whyll fermaient la marche et le mineur ne pouvait s'empêcher de regarder par-dessus son épaule.
C'était mauvais. Les troupes avançaient beaucoup trop vite. Bientôt, elles seraient sur eux. Sur sa gauche, le mineur entendit un ricanement. Il dévisagea Whyll. Le Pacificateur avait un sourire sur les lèvres et, alors qu'ils approchaient de leur but, il ralentit. Gale continua, pensant que l'autre avait besoin de reprendre des forces, avant de constater que ce n'était absolument pas le cas. Whyll avait arrêté de courir et s'était retourné.
La réalisation frappa Gale de plein fouet. Non, il ne le laisserait pas faire une chose aussi stupide. Ils iraient dans la forêt ensemble et Whyll pourrait recommencer une nouvelle vie.
Le mineur s'avança prudemment et, sans vraiment comprendre pourquoi, il prit l'autre dans ses bras, emprisonnant les épaules du Pacificateur dans une étreinte puissante. Il posa son front dans le creux que formait la clavicule de son vis-à-vis. Il sentit la main de Whyll sur son avant-bras.
- S'il te plaît, ne fait pas ça…
Il n'en revenait pas lui-même. Sa voix était si faible, son cœur battait à cent à l'heure. Il refusait de perdre à nouveau un être cher. Il avait perdu Katniss. C'était suffisant. Il avait sans doute perdu beaucoup d'autres de ses amis dans l'assaut qu'ils venaient d'essuyer. Il avait déjà payé pour son appartenance au District 12. Alors il voulait au moins garder Whyll auprès de lui.
- C'est pour ça qu'il fallait que je te sauve, Gale.
Le mineur relâcha la pression, surpris par les mots du Pacificateur. Whyll fit volte-face et la vision qu'il offrit au mineur lui coupa la respiration. Des traces de larmes étaient visibles sur les joues de l'autre, mais son sourire était toujours aussi chaleureux. Ce petit pincement au cœur revint tourmenter Gale.
Whyll s'approcha lentement de l'ancien prisonnier. Il posa une main à la poigne toujours aussi solide sur l'épaule large de Gale qui frissonna au contact, le tout accentué par une bourrasque de vent. Son rythme cardiaque ne fit qu'accélérer.
Il vit de plus en plus nettement la couleur jade des yeux de Whyll à mesure que le Pacificateur comblait la distance qui les séparait.
- C'est dommage… Peut-être que dans un autre monde –
Mais Gale ne voulait pas entendre la suite. Alors il parcourut de lui-même les quelques centimètres qui le séparait encore de Whyll et leurs lèvres s'entrechoquèrent, tout comme leurs dents, et ils se mordirent la langue plus d'une fois. Gale apprécia le contact, la douceur des lèvres de Whyll contre les siennes une fois que la passion fut rassasiée. Mais pas autant qu'il l'aurait voulu. Il manqua rapidement d'air et s'éloigna du Pacificateur, ce tiraillement dans sa poitrine refusant de disparaître. Il avait manqué sa chance, encore une fois. Il colla son front à celui de son vis-à-vis, les yeux clos. Il ne voulait pas le voir partir. Pas maintenant.
- Souviens-toi que tous les Pacificateurs ne sont pas ce qu'ils paraissent.
Le contact de la main de Whyll sur sa joue s'estompa, sa prise sur les épaules du plus vieux se brisa.
Il releva les yeux pour ne voir que le dos du Pacificateur. Ce dernier lui accorda alors un dernier sourire en jetant un regard par-dessus son épaule.
Et Gale décida que c'était le bon moment pour lui de fuir. Il essaya de garder le plus longtemps possible l'image de ce sourire sur sa rétine et traça sa route jusque dans la forêt. Sa famille l'attendait. Il essuya les dernières traces de larmes présentes sur ses joues, tenta de refouler les coups de feu qu'il entendait faire écho contre les arbres.
Il grinça des dents et la fureur s'insinua en lui. Il avait encore perdu une chose en en sauvant une autre. Il n'arrivait toujours qu'à remplir le verre à moitié.
Le sourire de Whyll fut le seul souvenir qu'il garda du Pacificateur. Accompagné du goût de ses lèvres. La guerre était à leur porte, et il avait décidé de se battre. Pour lui, pour tous les morts du District 12. Pour ce Pacificateur inconnu de tous qui lui avait sauvé la vie.
